Sortie du nucleaire civil

Sortie du nucleaire civil

Sortie du nucléaire civil

Une centrale nucléaire à Grafenrheinfeld, Allemagne. Toutes les centrales nucléaires allemandes sont programmées pour être arrêtées en 2020.

La sortie du nucléaire civil est l'arrêt de l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité. Elle comprend principalement l'arrêt des centrales nucléaires.

La sortie du nucléaire civile a été mise en place en Autriche (1978), Suède (1980), Italie (1987), Belgique (1999) et Allemagne (2000), et elle a été discutée dans de nombreux autres pays. L'Autriche interdit l'utilisation de l'énergie nucléaire dans sa constitution. Les Pays-Bas et l'Espagne ont des lois qui interdisent la construction de nouvelles centrales nucléaires. Dans d'autres pays, ces politiques ont été suspendues, par exemple en Suisse, où le moratoire existant sur la construction de centrale n'a pas été reconduit par le peuple et en Suède.

L'expression « sortie du nucléaire » est principalement utilisée par les militants antinucléaires. Ceux-ci montrent du doigt l'insécurité nucléaire, les effets sur l'environnement et leurs conséquences sociales et politiques. À la sortie du nucléaire est souvent associée l'idée d'économiser l'énergie et l'utilisation des énergies renouvelables.

Sommaire

Pays ayant renoncé à l'énergie nucléaire civile

Autriche

Après avoir construit la centrale nucléaire de Zwentendorf, le peuple autrichien s'est prononcé contre sa mise en service en 1978 lors d'un référendum. L'utilisation de l'énergie nucléaire est interdite depuis 1999 par la constitution autrichienne. Pour plus d'information, voir la liste des réacteurs nucléaires en Autriche.

Belgique

L'abandon de l'énergie nucléaire a été décidée en 1999 par le gouvernement de l'époque (libéraux, socialistes, et écologistes). Une loi exige l'arrêt des 2 centrales nucléaires belges de Doel et de Tihange après 40 ans d'exploitation si une alternative viable est possible et interdit la construction de nouveau réacteur nucléaire.

Après que la loi fut votée, il a été dit que cette décision serait supprimée dès qu'un gouvernement sans écologiste serait au pouvoir.[1]

En 2003, un nouveau gouvernement a été élu sans les Verts. En septembre 2005, le gouverment décide d'étendre la période d'arrêt du nucléaire de 20 ans supplémentaires. La raison évoquée cette décision est le coût de l'importation d'électricité à l'étranger, et les restrictions imposées par l'accord de Kyoto concernant les émissions de gaz à effet de serre des centrales thermiques au fuel ou au charbon.

En août 2005, la société Suez racheta près de 98,5% des parts de la société Electrabel, qui exploite les centrales nucléaires belges.[2] Au début de l'année 2006, Suez et Gaz de France ont annoncé une fusion.

Allemagne

L'abandon progressif de l'énergie nucléaire a été décidée en Allemagne par le biais de la convention du 14 juin 2000 entre la coalition au pouvoir à l'époque (verts et socialistes) et les exploitants, qui a mené à une modification de la loi sur le nucléaire. Les quantités d'énergie à produire annuellement par chaque centrale sont fixées pour les trente-deux années suivant la signature de cette convention.

Suite à la signature de cette convention, deux centrales nucléaires étaient déjà arrêtées fin 2005. Depuis, le moratoire ou son rythme sont politiquement remis en cause, sans qu'en octobre 2008 une décision formelle contraire ait été prise.

Il résulte de la convention de juin 2000 le scénario de sortie suivant jusqu'en 2020:

Puissance installée en MW Couverture des besoins en TWh
Année Nucléaire Autre Nucléaire Autre
2005 21690 1029 164,4 5,2
2006 21690 1029 164,4 5,2
2007 21690 1029 162,0 7,6
2008 20465 2254 155,5 14,1
2009 20465 2254 151,0 18,6
2010 19625 3094 143,6 26,0
2011 18819 3900 134,8 34,7
2012 15636 7083 109,1 60,5
2015 14226 8139 98,0 71,6
2020 5739 16980 23,1 146,5

Le 30 octobre 2006, lors d'un discours à Wiesbaden, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé que la décision de sortir le pays du nucléaire était une erreur, et critiqué le refus des sociaux-democrates de revenir sur l'accord de 2000, arguant des conditions économiques très différentes depuis. Le 7 mars 2007, elle a participé à la décision du conseil européen de réduction des gaz à effet de serre émis par l'Union de 20% d'ici 2020. Le 4 septembre 2007, elle a refusé d'accéder à une demande du ministre SPD de l'environnement Sigmar Gabriel, de fermer 7 réacteurs d'ici 2009. Le 20 juin 2008, à un an des législatives, la chancelière a rappelé sa position en argumentant sur la flambée des prix de l'électricité qui, en cas de maintien de l'accord de 2020, accroîtra la charge pesant sur les ménages comme sur la compétitivité des entreprises. A cette date, le ministère de l'économie allemand indiquait que 17 centrales étaient en activité et comptaient pour 26% de l'électricité produite en Allemagne.

Pays envisageant de renoncer à l'énergie nucléaire

Pays ayant renoncé à un moratoire sur l'énergie nucléaire

Italie

En 1987, soit un an après la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine), il fut décidé par référendum de la sortie du nucléaire civil en Italie. Les quatre centrales nucléaires présentes en Italie furent arrêtées, la dernière en 1990.

Un moratoire sur la construction de nouvelles centrales, initialement voté de 1987 à 1993, a depuis été prolongé indéfiniement.[4]

L'Italie importe de l'électricité nucléaire (notamment de France), et la société italienne Enel SPA investit dans la construction de réacteurs nucléaires en France et en Slovaquie, ainsi qu'au développement de la technologie de l'EPR.

En mai 2008, le nouveau gouvernement de Silvio Berlusconi a annoncé le retour à l'énergie nucléaire dans les cinq ans[5].

Suède

Après la fusion partielle du cœur d'un réacteur de Three Mile Island (É.-U.) en 1979, un référendum a eu lieu en Suède et s'est prononcé contre l'utilisation future de l'énergie nucléaire dans le pays. Par conséquent, le parlement suédois décida en 1980 qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne devrait être construite, et que la sortie du nucléaire civil devrait être réalisée avant 2010.

Après la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, la question de la sécurité nucléaire resurgit en Suède. En 1997, le parlement suédois décida d'arrêter l'un des réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Barsebäck le 1er juillet 1998, et un second avant juillet 2001, sous la condition que leur production électrique serait compensée. Le gouvernement suivant, conservateur, essaya d'annuler l'arrêt des réacteurs, mais après de nombreuses protestations, décida d'étendre la limite temporelle à 2010. À Barsebäck, le réacteur 1 a été arrêté en 1999 et le réacteur 2 en 2005.

En août 2006, 3 des 10 réacteurs nucléaires suédois ont été temporairement arrêtés en raison de l'inquiétude générée par l'incident majeur de la centrale nucléaire de Forsmark.

La plus importante centrale nucléaire suédoise, Ringhals, dispose de 4 réacteurs et est située environ 10 km au sud de Göteborg. Elle délivre environ 24 TWh par an, soit 21 % de la consommation électrique suédoise[6].

En février 2009, la Suède lève son moratoire sur la construction de centrales nucléaires. Le gouvernement a décidé d'en autoriser la construction, mais uniquement pour remplacer les anciennes[7].

Suisse

La Suisse envisage la construction de nouveaux réacteurs pour 2020 [1] [2] [3]

Pays n'envisageant pas d'avoir recours à l'énergie nucléaire

Certains pays ont inscrit la non-utilisation de l'énergie nucléaire dans leur loi nationale : l'Australie, le Danemark, la Grèce, l'Irlande et la Norvège ont proscrit tout projet de construction de centrale suite à la catastrophe de Tchernobyl.

L'Australie dispose néanmoins d'un réacteur de recherche (OPAL), inauguré en 2007, ainsi que de Synroc pour contenir les déchets nucléaires.

Pays n'ayant pas recours à l'énergie nucléaire

Hormis l'Afrique du Sud, la majorité du continent africain n'utilise pas l'énergie nucléaire. Néanmoins, l'Algérie a construit une centrale à Aïn Oussara (réacteur à eau lourde) avec l'aide de la Chine et de l'Argentine, qui est en service depuis 1993. Elle dispose en outre d'un réacteur de recherche à eau légère à Draria.

En Amérique du Sud, seuls l'Argentine et le Brésil disposent de centrales nucléaires. Le président Lula a signé un accord avec son homologue argentin, la présidente Cristina Kirchner, en 2008, pour un programme commun de nucléaire, comprenant un volet d'enrichissement d'uranium.

Au Moyen-Orient, seul Israël dispose d'électricité d'origine nucléaire. Pour l'ensemble de ces pays, il est difficile de savoir quelle est leur position par rapport à l'énergie nucléaire. En particulier, des tentatives de construire des centrales ont déjà eu lieu en Irak avec Osirak, et en Iran avec Bushehr. Jusqu'à présent elles sont stoppées par la communauté internationale pour des raisons de non-prolifération nucléaire. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan essaie aussi de relancer le programme nucléaire de la Turquie.

Notes et références

Articles connexes

Liens externes

Liens en français

Liens en anglais

Liens en allemand

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