- Auguste Maure
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Auguste Maure (Marseille, 1840 - Biskra, 1907) est un photographe français du XIXe siècle ayant vécu à Biskra (Algérie) de 1855 à 1907.
Sommaire
Création du premier studio de Biskra
Biskra (Algérie) est la reine des oasis (Reine des Ziban - Arrous-ezzibane) à la porte du grand désert du Sahara. Elle est une station thermale et d'hivernage qui accueillera au XIXe siècle, nombre d'artistes et d'écrivains célèbres comme Oscar Wilde, Anatole France ou Bela Bartok. Les œuvres d'André Gide et de Robert Hichens contribueront directement à lui assurer une renommée internationale.
Les photographes Delmotte & Alary furent les premiers à photographier Biskra avec leur daguerréotype intitulé "Minaret en ruine"[1] datant des années 1845. Entre 1855 et 1860, des photographes voyageurs tels Félix-Jacques Moulin, Paul Jeuffrain ou Gustave de Beaucorps séjournèrent à Biskra saisissant les premières séries de clichés du sud de l'Algérie. Auguste Maure appartient à ces pionniers de la photographie ayant su restituer l'atmosphère intemporelle de cette oasis algérienne où les modes de vies semblaient s'être figés depuis l'antiquité. Ses photos témoignent du regard fasciné et respectueux qu'il portait à ce lieu et à ses habitants. Auguste Maure était un vescerien[2], Biskra est la ville qui l'a vu grandir depuis son adolescence et où il a définitivement choisi de vivre et de s'installer.
En cette fin du XIXe siècle, Biskra devient un véritable Pont-Aven du désert. Auguste Maure appartient à ces artistes formant l'École de Biskra constituée de peintres tels Eugène Fromentin, Paul Jean Baptiste Lazerges, Eugène Girardet, Gustave Guillaumet, Maurice Bompard ou Étienne Dinet ainsi que des photographes Émile Frechon, Alexandre Bougault, Rudolf Lehnert ou Marius Maure, son fils ainé.
Auguste Maure fonde la Photographie Saharienne dans les années 1860 : le tout premier studio de photographie du sud de l'Algérie. Il devient « le premier artiste-peintre ayant Ateliers "[3] sur Biskra : c'est ainsi que l'on qualifiait alors les artistes photographes. En 1870, Auguste acquiert une maison dans la rue Berthe (rue principale de Biskra) et y installe le studio Photographie saharienne.
Note: Dans les années 1860, un mystérieux studio algérois installé au "1, rue Tourville", faisant face à ce qui fût l'église Notre-Dame des Victoires, diffuse de nombreux clichés des oasis sahariennes et de ses habitants sous la signature : "Photographie Saharienne". Rien ne permet à ce jour de déterminer la nature des relations entretenues par ce studio et celui du même nom créé à Biskra par Auguste MAURE[4].
Production photographique
Les instruments photographiques utilisés dans les années 1870-80 étaient lourds, fragiles et sensibles. La forte luminosité ambiante, la chaleur et le sable ne facilitaient pas les prises de vues extérieures[5]. Auguste MAURE est néanmoins sorti de son studio, il a été à l'origine de nombreux clichés illustrant les paysages de Biskra et de ses environs (El Kantara, Tilatou, Sidi Okba, Chetma, Tolga, Touggourt ...). Les liens étroits qu'il entretenait avec la population locale lui ont grandement facilité la prise de clichés représentant des modes de vie perpétués depuis l'antiquité et aujourd'hui disparus.
Les photographies Maure font partie d'un courant orientaliste naissant cependant toujours emprunt d'un profond réalisme. Il traite son sujet et ses modèles avec beaucoup de dignité et de respect. Les membres de la tribu des Ouled Nails de Biskra, danseuses et prostituées arabes portant une tenue, une coiffe et des bijoux incomparables, sont très souvent représentées sur des clichés très appréciés des touristes.
En 1889, le travail d'Auguste Maure est récompensé. Il emporte une médaille à l'Exposition universelle de Paris de 1889 qu'il partage avec son fils Marius Maure, fin prêt pour assurer la relève.
Galerie de photosBiographie
Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) en 1840, Auguste Maure est originaire par sa mère (Marie Sophie Bertrand) du canton de La Mure (Isère) où il se rendra régulièrement en famille se mettre à l'abri des grosses chaleurs estivales du sud algérien. Son père (César Augustin Maure) est originaire de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence). Orphelin dès l'âge de 12 ans, Auguste est recueilli en 1852 par son jeune oncle : Germain Bertrand, le frère de sa mère, exerçant le métier de boulanger sur la commune de Lambèse près de Batna. La famille Bertrand s'installe à Biskra vers 1855 pour finalement se fixer en 1863 à El Kantara à la direction de l'hôtel Bertrand[6] jouissant à cette époque d'une très grande renommée.
En 1860, Auguste Maure fonde le studio Photographie Saharienne. L'année 1867, une importante épidémie de choléra touche Biskra. Auguste toujours domicilié à Biskra se réfugie temporairement à Marseille où il se marie avec Magdeleine Louise Sibille, originaire comme lui du canton de La Mure (Isère). En 1870, Auguste devient propriétaire à Biskra d'un immeuble au 33 de la rue Berthe. Il y installe le studio Photographie Saharienne ainsi que le café des Messageries. Ce café marquant alors le lieu d'arrivée et d'attente de la malle poste en provenance de Batna.
Germain Bertrand, oncle et tuteur d'Auguste Maure, a organisé dès 1859 la toute première liaison postale par diligence entre Batna et Biskra : les Messageries du Sahara[7]. L'hôtel d'El Kantara faisait alors fonction de relais de poste et de caravansérail. Cet hôtel, dirigé par la famille Fouquet de 1859 à 1863, accueillait les touristes qui empruntaient la diligence des messageries à destination ou en provenance de Biskra[8]. De nombreux artistes peintres, écrivains et photographes célèbres ont ainsi largement contribué à construire la réputation de ce lieu et de cet hôtel. Auguste Maure pris part à ce service postal et exerça aussi à cette époque le métier de courrier. Le premier client de cette liaison par diligence fut le général Desvaux, commandant la place de Biskra, et connu par ailleurs pour être un grand amateur de photographie. Paul Pizzaferri[9], historien de Biskra, nous raconte : « L'arrivée de la malle poste avait lieu sur la place face au café des messageries. Son arrivée dans un nuage de poussière avait un petit air de western à la mode biskrite. C'était l'événement attendu à l'heure de l'apéritif par toute une population en mal de solitude, avide de connaître les dernières nouvelles venant du nord ». Auguste a eu l'opportunité de rencontrer beaucoup d'artistes venus découvrir la lumière et les magnifiques paysages du sud de l'Algérie. Ces rencontres ont sans doute contribué à la vocation de ce jeune photographe. Les multiples occasions de parcourir la région de Biskra ont aussi donné à Auguste l'envie et l'opportunité d'en saisir de magnifiques clichés.
Auguste Maure eut trois enfants prénommés Marius, Auguste et Joseph. Il décède le 3 mars 1907 à Biskra laissant à son fils aîné Marius Maure la propriété du studio photo. Son fils Auguste Ambroise Maure, né en 1873, assurera sur Biskra la gestion d'une librairie jouxtant le studio photographie de son frère et d'un petit hôtel (Hôtel-Orient des voyageurs) acquis par son père en 1875. Célestin Joseph Maure, né en 1878, deviendra meunier, héritant en 1907 du moulin acquis par son père en 1878.
Repères- 4 décembre 1840 : Naissance à Marseille (Bouches-du-Rhône) de Joseph Augustin Maure (dit Auguste Maure)
- 1843 : décès de sa mère Marie Sophie Bertrand
- 1852 : décès de son père César Augustin Maure
- 1852 : Auguste Maure est recueilli à l'âge de 12 ans par son jeune oncle Germain Bertrand (de 10 ans son ainé) habitant alors Lambèse (près de Batna)
- vers 1855 : Installation de la famille Bertrand à Biskra
- 1859 : Création de la première liaison postale Batna-Biskra par Germain Bertrand. Auguste exerce le métier de courrier.
- 1860 : Date supposée de la création du studio photo "Photographie Saharienne" (selon l'inscription murale 'Maison fondée en 1860').
- 1868 : Mariage à Marseille avec Magdeleine Louise Sibille
- 1869 : Naissance d'un premier fils (Louis Joseph) qui décédera en bas âge
- nov. 1870 : Décès de Germain Bertrand, oncle et tuteur d'Auguste à l'âge de 40 ans. Son épouse Julie Catherine Tacon assure seule la gestion de l'hôtel Bertrand d'El-Kantara avec son fils Eugène. Eugène n'assurera véritablement la direction de l'hôtel que vers 1880.
- nov. 1870 : Achat par Auguste de la maison de la rue Berthe à Biskra où est installé le studio "Photographie Saharienne"
- 1871 : Naissance de son fils Marius Jacques Maure(photographe)
- 1889 : Médaille à l'Exposition universelle de Paris de 1889 qu'il partage avec son fils Marius Maure
- de 1990 à 1895 : Reprise progressive de la direction du studio par Marius Maure
- vers 1899 : Le studio Maure publie ses toutes premières cartes postales
- vers 1900 : Ouverture d'une librairie jouxtant le studio (au 35 rue Berthe)
- 3 mars 1907 : Décès à Biskra et reprise du studio par Marius Maure
Articles connexes
- Marius Maure, fils ainé d'Auguste Maure qui reprendra la direction du studio "Photographie Saharienne" dès les années 1895.
Publications
- Biskra et ses environs, 78 vues, Notice et un plan, Maure Photographe Biskra, édition FRANCE ALBUM, vers 1900
- Vues de Biskra. 19 héliographies, Maure Photographe Biskra, edition ND Phot., vers 1900
Musées
Liens externes
- (fr) Auguste et Marius MAURE, père et fils, photographes à Biskra
- (en) Luminous Lint - Auguste Maure
- (fr) Ils ont photographié Biskra ...
- (fr) Ils ont peint Biskra ...
- (fr) Ils ont écrit sur Biskra ...
- (fr) Site de Michel Megnin sur la photocarte et CDV en Algérie
- (fr) Quatre albums dédiés à l'histoire de Biskra, une oeuvre colossale de Paul Pizzaferri, 2011
Références
- Daguerréotype appartenant aux tout premiers clichés d'Algérie datés des années 1845, Delemotte et Alary, collection Gabriel Cromer conservée à l'International Museum of Photography (maison de George Eastman, Rochester, N. Y.)
- Vescerien : Nom donné aux premiers civils français venus habiter Biskra dont l'ancien nom romain était Vescera, signifiant « escale » ou « carrefour d'échanges commerciaux ».
- Citation d'Abdelhamid Zerdoum. Livret Les Français à Biskra, 1998 - édité à compte d’auteur.
- XIXe siècle siècle" publié aux éditions "Non Lieu". Lire à ce sujet les recherches réalisées par M. Michel Mégnin et son ouvrage "La photo-carte en Algérie au
- Ces difficultés ont été évoquées par Félix-Jacques Moulin en préambule à son recueil: «Souvenir d'Algérie ou l'Algérie Photographiée» publié en 1860.
- Avant 1863, l’hôtel était dirigé par la famille Fouquet, il s'appelait alors l'hôtel "El Kantara"
- Charles Thierry-Mieg, dans son livre "Six semaine en Afrique" publié en 1861 aux éditions Michel Lévy Frères, décrit admirablement son voyage de Batna à Biskra par diligence et la création des Messageries du Sahara. Il évoque une relation particulière avec le cocher de la diligence, qui pourrait bien être Auguste Maure.
- La liaison ferrée entre Batna et Biskra n'ayant été inaugurée qu'en 1888.
- Paul Pizzaferri consacre quatre albums à l'histoire de Biskra, des ouvrages de référence parus en 2011 aux éditions Gandini.
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