- Société nationale académique de Cherbourg
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La Société nationale académique de Cherbourg (ou Académie de Cherbourg) est une société savante française, fondée à Cherbourg en 1755.
Sommaire
Historique
La Société académique de Cherbourg est créée le 14 janvier 1755 à Cherbourg par Pierre Anquetil, prêtre, Jean-François Delaville, médecin, Thomas Groult, procureur de l’Amirauté, Voisin-La-Hougue, professeur d’hydrographie, Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne, receveur de l’Amirauté, et Pierre Fréret, sculpteur. La première séance se tient le 1er mai suivant, et Pierre Anquetil est le premier directeur.
Elle est l’une des manifestations de la sociabilité des « élites » locales de l’époque, qui aimaient se réunir pour partager leurs connaissances. Selon Robert Lerouvillois, les fondateurs auraient été influencés par la figure de l’abbé de Saint-Pierre, académicien natif du Val de Saire, et mort en 1743[1]. Cette société, visant à développer également la réputation de leur ville en Normandie[2], naît aussi alors que Cherbourg, longtemps ville de faible importance économique, sans université ni activité culturelle, aux faibles relations avec Paris, renaît à travers les travaux du port de commerce de Caligny, en attendant ceux de la rade, prend un poids économique essentiel dans le Cotentin[3].
Avec pour devise « Religion et honneur », les fondateurs placent la société à l'écart des discussions politiques et théologiques. « Plus scientifique que littéraire ou philosophique » selon Robert Lerouvillois, l’académie s’est intéressée particulièrement à l’histoire locale (Chantereyne et Voisin La-Hougue ont écrit chacun une histoire de Cherbourg dès la création de la société) et à l’archéologie (études des Pierres Pouquelées de Vauville dès 1755 par exemple). La vocation maritime de Cherbourg a également influencé plusieurs recherches[2].
La première décennie voit l'arrivée de 57 nouveaux membres[3] avant de connaitre une première interruption entre 1761 et 1767 suite aux décès de plusieurs membres[4]. Reconnue par le roi en 1775, les membres travaillent dans une optique de réalisations pratiques dans la vie économique et sociale, concentrée comme l'est Cherbourg, sur le commerce et la navigation. La société organise par exemple un concours d'hydrographie pour valoriser les jeunes les plus méritants.
Nommé commandant de la place de Cherbourg, et membre de droit de la société dont il prend la présidence honoraire, Dumouriez décrit une académie « qui ne s'assemblait jamais, étant composée que de cinq à six membres fort peu instruits. […] Une société de gens de lettres, marins et Bas-normands, ne pouvaient enrichir ni la littérature ni la langue française. C'étaient des juges d'amirauté, des marchands, des curés de campagne […] »[5]. Souhaitant dynamiser les travaux de ces érudits, il en appelle à leur fidélité au Roi : « Lorsque le roi s'occupe essentiellement de l'augmentation de notre ville, lorsqu'il veut la rendre une des plus importantes du royaume en se procurant dans sa rade, par des travaux aussi glorieux qu'immenses, un asile assuré pour ses vaisseaux de guerre ; lorsqu'il joint à ce grand projet l'attention paternelle de favoriser l'augmentation de votre commerce, de vos fortunes et de votre bien-être, l'accroissement de vos habitants, l'embellissement de votre ville, en employant annuellement des fonds à vous former un port marchand, je crois que notre société doit se livrer avec zèle à cette impulsion générale ». Leur demandant en 1779 l'écriture de mémoires sur l'économie locale, l'agriculture ou encore la démographie, regroupés au sein des Mémoires sur le Cotentin qui n'a pas laissé de traces, il se vante d'avoir réveillé la société qui tombe cependant en sommeil en 1783. Officiellement dissoute comme les autres sociétés savantes en 1793, certains membres ne cessent pas pour autant de se réunir[3].
La société est reconstituée en 1807 sous l'impulsion de Thomas Groult, cofondateur et principal animateur avant la Révolution.
Elle reçoit notamment Alexis de Tocqueville en 1835 pour une étude sur le paupérisme, et Emmanuel Liais qui donne, en 1849, une communication sur les perturbations mutuelles des planètes et les oscillations du baromètre.
La Société académique publie irrégulièrement des Mémoires regroupant quelques-unes des communications faites par ses membres. Elle est actuellement présidée par Claude Coutanceau.
Dénominations
- 1755 - 1793 ; 1807 - 1833 : Société académique de Cherbourg
- 1833 - 1847 : Société royale académique de Cherbourg
- 1848 - 1855 : Société nationale académique de Cherbourg
- 1856 - 1867 : Société impériale académique de Cherbourg
- Depuis 1871 : Société nationale académique de Cherbourg
Membres
Outre ses six fondateurs, la Société académique de Cherbourg a compté parmi ses membres le gouverneur de Cherbourg, Charles François Dumouriez, l’historien Augustin Le Maresquier, le naturaliste Jacques-François Dicquemare, le critique d’art et mécène Thomas Henry, Alfred de Celles, l'abbé de Beauvais, l’amiral d’Aboville, les maires de Cherbourg Augustin Asselin et Nicolas Noël-Agnès, le maire de Tourlaville et La Glacerie, Henri Menut, l’avocat Adrien Legrin (1852-1938), Gustave Féron (1851-1913), Georges Rouxel, l’écrivain Jean Fleury, le capitaine de vaisseau et explorateur Henri Jouan, Émile Le Chanteur de Pontaumont, les abbés Leroux et Bernard Jacqueline, l'ingénieur général du génie maritime Louis-Émile Bertin, Digard de Lousta, et actuellement Hugues Plaideux, Roger-Jean Le Barbenchon.
Notes et références
- Robert Lerouvillois, « Naissance des compagnies de Rouen et Cherbourg », in La Gazette de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, n° spécial, été 2007
- Robert Lerouvillois, « Les membres fondateurs de la Société Académique de Cherbourg », in La Gazette de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, n°18, hiver 2007
- Chanoine Mahieu, « La Société nationale académique de Cherbourg (1755-1955) », dans Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, t. 25, 1956, p. 39-55
- M. Noël, « Notice historique sur la société académique de Cherbourg », 1855
- Charles François du Périer Dumouriez, La vie et les mémoires du général Dumouriez, Baudouin Frères, 1822. Tome 1, p. 341
Voir aussi
Lien interne
Lien externe
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