- Siris (Grande-Grèce)
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Siris est une ville de l'Italie antique située en Lucanie, sur le sinus Tarentinus, à l'embouchure du fleuve du même nom, dans l'actuelle province de Matera, en Basilicate.
Fondée comme une colonie grecque ionienne au début du VIIe siècle av. J.‑C., elle était très florissante et célèbre par le luxe et les mœurs efféminées de ses habitants. Elle était en lutte avec Sybaris, Métaponte et Crotone, qui formèrent une ligue achéenne contre elle et la détruisirent vers 540 av. J.-C..
Elle fut relevée dans la suite, un peu plus au Nord, après la fondation d'Héraclée, à laquelle elle servait de port. Elle peut être rapprochée de l'actuelle Policoro par l'intermédiaire de son passé portuaire.
Géographie
Elle fut d'abord nommée Leuternia, ensuite Policum, ensuite Siris, et enfin Heraclium, car elle ne fut plus regardée que comme le port de la ville d'Héraclée lorsque les tarentins eurent fondé cette dernière ville. Pline, liv. III, chap xj se trompe donc, lorsqu'il dit qu'Héraclée fut pendant quelque temps appelée Siris. Héraclée et Siris étaient toutes deux situées entre les fleuves Aciris et Siris, la dernière à l'embouchure du fleuve du même nom, et l'autre aux bord de l'Aceris, mais à quelques distances de la mer.
Siris était situé dans la contrée d'Italie que l'on nomme Siritis ou Sirenetis
Histoire
Siris fut fondée vers 680 av. J.-C. par des Grecs provenant de Colophon dans un lieu nommé Semnum sur un territoire situé à la limite de l'actuelle commune Policoro et celle de Rotondella, dans la province de Matera, en Basilicate. On prétendait que Siris avait été bâtie par les Troyens et pour prouver cette idée, on y montrait un simulacre de la Minerve de Troie (Pallas Athéna). On le montrait encore du temps de Strabon, comme une image miraculeuse, car elle baissait les yeux, de l'horreur qu'elle éprouva lorsque les Ioniens prirent la ville, et qu'ils n'eurent aucun respect pour son simulacre. Plusieurs habitants s'étaient sauvés près de la statue de Minerve, et imploraient dans cette asile, qu'ils croyaient inviolable, l'humanité du vainqueur; mais sans aucun égard à leurs prières, on les arracha barbarement de cet asile. La déesse n'eut pas le courage de contempler ce crime, et voilà pourquoi elle avait les yeux fixés en terre. Ce n'était pas la première fois qu'un spectacle affreux l'avait obligé à détourner la vue; elle se conduisit ainsi dans Troie quand on viola Cassandre.
Strabon, dont j'emprunte tous ces faits, les accompagne d'une réflexion judicieuse, liv. VI. p. 182. sur le grand nombre d'image de la même Minerve, qu'on prétendait que les Troyens avaient consacrées depuis leur dispersion. C'est une impudence, dit-il, que d'oser feindre, non-seulement qu'autrefois un simulacre baissait les yeux, mais même qu'on peut montrer aujourd'hui un tel simulacre. C'est une impudence encore plus grande que d'oser parler d'un bon nombre de tels simulacres apportées de Troie. On se vante à Rome, continue-t-il, à Lavinium, à Luceria, à Siris, d'avoir la Minerve des Troïens, et l'on applique à divers lieux l'action des femmes Troïennes. Conquise par Sybaris, puis, en 510 av. J.-C., par Métaponte, cette dernière cité eut à cœur de recenser les richesses du temple de la « déesse » du champ de courses, qui ne peut être qu'Athéna, la Minerve de Troie.
La cité de Métaponte fondée par Sybaris devait contenir la politique expansionniste de Tarente. En réalité, la présence d'une colonie non achéenne en pleine sphère d'influence de Sybaris ainsi que le renforcement de la population de Siris par des exilés d'Ionie nuisaient aux intérêts de Sybaris. Une coalition achéenne regroupant Crotone, Métaponte et Sybaris est constituée et rase la cité de Siris à l'issue d'une bataille située entre 570 et 540.
En l'an 437 av. J.-C., ce fut près de cette ville que se donna le premier combat entre Pyrrhus, roi d'Épire et les Romains.
Sources
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VI, 127 ; VIII, 82.
- Aristote, Politique [lire en ligne], VII, 9, 2.
- Lycophron, Alexandra [détail des éditions] [lire en ligne][réf. à confirmer] , 978 et suiv.
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 36.
- Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 2.
- Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 523.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], III, xj[Où ?].
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