- Sinisation du Xinjiang
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La sinisation du Xinjiang est la transformation de la société Ouïghour sur la base de normes chinoises, au moyen de l'assimilation culturelle et la migration de chinois Han.
Sommaire
Le Xinjiang : histoire, populations et religions
On ne sait pas quand a commencé le peuplement du Xinjiang par des Hans (Chinois). Cependant sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), les habitants du Xinjiang se répartissaient respectivement entre les Sai (Sak), Rouzhi (Tohri), Wusun (Usun), Qiang, Xiongnu (Huns) et Han (Chinois). Il est à noter que "Sak" correspond à Saka (population iranienne, donc indo-européenne), Tohri aux Tokhariens (encore indo-européens), tout comme les Wusun/Asiens. La présence de populations indo-européennes dans le bassin du Tarim est bien attestée (ex: momies du Taklamakan, et dialecte khotanais (langue iranienne) parlé dans la future Khotan.
En -121 les Han établissent 4 préfectures de Wuwei, Zhangye, Jiuquan et Dunhuang. En 101 av. J.-C., les Han de l’Ouest envoyèrent quelques centaines de militaires à Luntai et Quli pour défricher les terres et établirent un poste de fonctionnaire local, appelé « émissaire officier », pour les diriger. Plus tard, ce poste fut dénommé « émissaire pour protéger l’ouest de Shanshan (Qarqan) ». Ces postes militaires ne peuvent toutefois pas être considérés comme un peuplement de colonisation à proprement parler.
Le gouvernement central des Tang (Dynastie chinoise 618-907) appliquait une administration distincte pour les Han et pour les autres peuples : A Yizhou, Xizhou et Tingzhou où les Han étaient relativement nombreux, furent adoptés les systèmes administratifs (province, préfecture, district, canton et village), économiques (distribution égalitaire des champs et perception des impôts) et militaires pareils à ceux de l’intérieur du pays. Dans les régions habitées par des peuples autres que Han, fut conservé le système d’administration par les chefs de tribu locaux qui portaient pourtant des titres accordés par les Tang. En même temps, quatre points stratégiques furent établis à Qiuci, Yutian, Shule et Suiye (ou Suyab), appelés « Quatre bourgs d’Anxi ».
En 751, les Chinois subissent une défaite militaire à l'ouest du Xinjiang près du mont Pamir (ils étaient 10 000 contre 170 000) contre une coalition d'Arabes, de Tibétains et aussi de Turcs. Cette bataille s'appelle la bataille de Talas. Cependant, les Chinois durent faire très bonne impression car l'armée arabe ne colonisa pas la région, sans doute impressionnée par la solidité de l'armée chinoise malgré son faible nombre.
En 840, les Turcs Ouigours, venus de Mongolie, s'installent en Xinjiang pour fuir un coup d'État (ils étaient auparavant le peuple maître de la Mongolie). Le métissage avec les populations déjà établies dans la région formera les Ouïghours actuels.
En 1009, les Karakhanides envoyèrent des représentants à la Cour des Song du Nord (960 – 1127) pour offrir des produits et spécialités de Yutian qu’ils venaient d’occuper. En 1063, les Song du Nord conférèrent au khan des Karakhanides le titre de « prince loyal ». La troisième année après la fondation des Song du Nord, les Ouigours de Gaochang envoyèrent 42 représentants payer tribut aux Song du Nord.
En 1759 la dynastie Qing établit son pouvoir sur la région. Les Mandchous seront confrontés entre 1815 et 1862 à plusieurs révoltes menées par les Khojas. Après le soulèvement de la population musulmane chinoise en 1862, les Mandchous perdent le contrôle du territoire en 1864. Entre 1864 et 1877, Yaqub Bey crée l’Emirat de Kachgar[1]. En 1884, les Mandchous reconquièrent la région et l'intégrent à l'empire comme province chinoise.
Par la suite, la région a connu deux périodes d'indépendance de facto d'une part entre 1933 et 1934 avec la République du Turkestan oriental[2](dans le bassin de Tarim, entre Alisu au nord et Khotan au sud) et d'autre part entre 1944 et 1948 avec la Seconde République du Turkestan oriental (dans trois districts du nord) [3].
Elle est peuplée de 21 millions d'habitants, dont 60% sont des minorités ethniques. Il y a en tout 47 groupes ethniques (c.-à-d. communautés) : Ouïghours, Hans, Kazaks, Huis, Mongols, Kirghizes, Ybes, Tadjiks, Ouzbeks, Mandchous, Daurs, Tatares et Russes. La région comporte cinq préfectures autonomes pour quatre groupes ethniques (Kazaks, Huis, Kirghizes et Mongols) et six comtés autonomes.
Les principales religions sont l'islam, le bouddhisme (dont le tibétain), le protestantisme, le catholicisme et le taoïsme. Le chamanisme exerce encore une grande influence dans certains groupes ethniques[4].
La capitale régionale, Urumqi (ou Ouroumtchi), comptait 1 569 769 habitants en 2007[5].
Politique chinoise
Population
En 1949 les Chinois Han représentaient 6 % de la population de la région[6].
La sinisation du Xinjiang au cours de ces dernières années fait que le Xinjiang est aujourd'hui peuplé minoritairement de musulmans turcophones ouïghours. L'ethnie han est devenu majoritaire ainsi dans la capitale Urumqi, les Hans représentent 70% de la population. Ces communautés vivent dans des quartiers séparés[7].
Économie
Le sinologue Jean-Luc Domenach indique que les Ouïghours considèrent « que la progression de l'économie chinoise se fait à leurs dépens et facilite une domination croissante des Chinois sur leur population » [8].
Voir aussi
Articles connexes
- Troubles en région autonome ouïghoure du Xinjiang
- Mouvement d'indépendance du Turkestan oriental
- Sinisation du Tibet
- Sinisation de la Mongolie-Intérieure
- Sinocentrisme
Lien externe
Notes et références
- Sources : Perspectives chinoises.
- Opposition politique, nationalisme et islam chez les Ouïghours du Xinjiang par Rémi Castets
- Source : Thierry Kellner, doctorant spécialiste des relations entre la République populaire de Chine et les Républiques d'Asie centrale sur Diploweb
- (en) Backgrounder: Xinjiang Uygur Autonomous Region, www.chinaview.cn, 7 juillet 2009.
- (en) Fiche de World Gazetteer sur Ürümqi
- Source : Université de Laval (Québec)
- Source : RFI du 7 juillet 2009.
- Source : Le Figaro du 8 juillet 2009
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