Septante-huit tours

Septante-huit tours

Disque 78 tours

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Phonographe portable avec un disque 78 tours.

Les disques (dont l’âge d’or était 1920-1950) tournant à 78 tours par minute avaient généralement un diamètre de 25 cm (environ 3 minutes d’enregistrement) ou 30 cm (environ 5 minutes d’enregistrement) et contenaient une chanson par face. Parfois seule une face était utilisée. Les 78 tours furent les remplaçants du cylindre. On distingue le disque 78 tours à aiguille ou à gravure latérale et le disque 78 tours à saphir ou à gravure verticale. Leur fabrication a cessé dans les années 1950 lorsqu’ils ont été supplantés par les disques microsillons. Ils sont aujourd’hui recherchés par les collectionneurs.

Sommaire

Période d'activité commerciale du format

En 1888, Emile Berliner invente le disque plat qui a pour avantage par rapport au format précédent, le cylindre, de pouvoir se dupliquer plus facilement. Mais les deux formats ont continué à coexister commercialement, d’autant plus que jusqu’en 1894, Berliner n’a destiné le disque que pour sonoriser des jouets. À partir de cette date, il fonde sa propre maison de disque, la Berliner Gramophone. De son côté, Thomas Edison qui avait inventé le cylindre et en détenait le brevet, continuait à améliorer ce dernier. En 1918, le brevet que détenait Berliner sur son disque à gravure latérale a expiré, ce qui a eu pour conséquence que de nombreux concurrents de Berliner ont commencé à produire des disques, assurant à ceux-ci un avantage commercial décisif sur les cylindres. La vente de ces derniers a commencé progressivement à baisser jusqu’à l’arrêt total de la production en 1920, proclamant de ce fait la victoire du format disque sur celui du cylindre.

En 1930, RCA Victor invente le disque vinyl, mais ce format ne viendra définitivement détrôner le 78 tours que vers 1950 en Occident. Le format 78 tours reste populaire dans le tiers-monde quelques années supplémentaires, ce qui fait qu’en Inde, jusqu’au milieu des années 60, on continue de graver dans ce format des enregistrements des Beatles (aujourd’hui très prisés des collectionneurs).

Composition du support

Les tous premiers disques pouvaient être composés de différentes matières, y compris le . À partir de 1897, ces matériaux ont été largement remplacés par du « shellac » (une substance obtenue à partir de la sécrétion d’un insecte de l’Asie du Sud-Est), , un tout petit peu de lubrifiant automobile et une base de composé en coton proche du papier de Manille. La production de disques Shellac a commencé en 1898 à Hanovre en Allemagne. Quelques disques « incassables » (fabriqués en celluloïd, une sorte de matière plastique) ont été pressés à partir de 1904 mais ils avaient pour inconvénient majeur de provoquer un bruit de surface important à la lecture. Ces disques « incassables » pouvaient plier, casser ou être maltraités de différentes façons mais étaient tout de même plus robustes que les disques Shellac.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Shellac n’était produit qu’en quantité extrêmement limitée, ce qui a conduit les fabricants de 78 tours à produire ces derniers en vinyl. Ils existaient en 25 cm pour le marché intérieur et en 30 cm pour la distribution aux soldats américains en mission.

Vitesse de lecture et durée de l'enregistrement

Vidéo : Un tourne-disque 78 tours de 1936 en fonctionnement.

La mention « 78 tours » doit être plutôt comprise comme un terme générique plus que littéralement car ces disques pouvaient en fait être enregistrés à des vitesses allant de 66 à 103 tours par minute en fonction de la durée d’enregistrement désirée. Il est vrai que la vitesse 78 tours était largement la plus répandue. Il faut ajouter que la vitesse réelle d’enregistrement était rarement mentionnée sur l’étiquette du disque. De plus, mais c’est un détail, la vitesse de 78 tours par minute n’est qu’une approximation, car elle est le résultat d’un calcul qui fait intervenir la vitesse du moteur (souvent mécanique) du phonographe et la fréquence du courant électrique dans le studio d'enregistrement. Cette dernière étant de 50 Hz en Europe et 60 Hz en Amérique, la vitesse de rotation des disques sur ces deux continents n’est donc pas exactement identique à quelques dixièmes de tour près.

Quand le disque tournait à 78 tours, comme la majorité d’entre eux, la durée de l’enregistrement par face atteignait trois minutes environ. Comme indiqué plus haut, si le besoin s’en faisait sentir (une chanson plus longue), on pouvait allonger cette durée en réduisant la vitesse de rotation du disque pendant l’enregistrement. Le résultat était un glissement du son vers les graves. Tous les phonographes de bonne qualité disposaient d'un règlage fin de vitesse utilisant un régulateur à patin utilisant un pantographe similaire à celui du régulateur à boules de Watt. Dans son ouvrage Les Silences du colonel Bramble, André Maurois décrit le rituel du réglage fin de la vitesse pour chaque disque par le colonel.

Le ressort des phonographes était calculé pour permettre au minimum la lecture d'une face de disque (cinq minutes donc), après quoi il fallait le remonter avec une manivelle. L'art du fabricant consistait entre autres à fabriquer des moteurs mécaniques parfaitement silencieux.

Aiguilles

Vidéo : Aiguille d'un tourne-disque 78 tours en fonctionnement.

Deux types d'aiguilles étaient utilisées pour lire les disques 78 tours : celles en bambou qu'il était recommandé de changer après chaque disque et les métalliques que l'on pouvait conserver pour écouter plusieurs disques du suite, bien que les notices recommandent pour une qualité optimale de ne les utiliser qu'une fois. Ces aiguilles étaient vendues par boites de 50 ou 100 et le mécanisme les fixant à la tête de lecture permettait même à un enfant de les changer avec facilité.

Méthodes d'enregistrement

Il faut distinguer deux techniques de prise de son : jusqu’en 1925, les artistes chantaient dans un cornet en métal directement relié au stylet utilisé pour la gravure du disque. À partir de cette date, les 78 tours sont enregistrés au moyen d’un microphone.

Le disque 78 tours avait la particularité d’être enregistré en direct, c’est-à-dire sans passage préalable par une phase d’enregistrement sur magnétophone avant la gravure, ce dernier n’étant pas encore inventé. Cet état de fait n’est pas sans poser des problèmes : si pendant l’enregistrement un problème technique survenait, il fallait jeter le disque master et en regraver un autre, ce qui conduisait les artistes à recommencer leur morceau depuis le début. La gravure en direct ne permettait pas non plus le montage des enregistrements. Comme il n’y avait pas de bande magnétique, la seule façon qu’ont aujourd’hui les techniciens des maisons de disques pour transférer un enregistrement d’un 78 tours vers un support plus moderne tel que le CD est d’utiliser comme source un 78 tours du commerce en relativement bon état et de filtrer numériquement les bruits de surface avant la recopie finale.

Certains disques 78 tours sont des témoignages précieux car ils contiennent des enregistrements historiques. Lorsque ceux-ci présentent un intérêt certain, notamment les grands chanteurs du XXe siècle, on n’hésite pas à repiquer ces 78 tours pour les enregistrer sur CD. On dispose aujourd’hui d’outils informatiques performants permettant de « nettoyer » et de « rafraîchir » ces vieux enregistrements.

Bande passante des enregistrements

Compte tenu de la technique de l’époque, il ne fallait pas attendre une bande passante supérieure à 5 000 Hz (5 kHz) en moyenne — parfois encore moins — à -80 dB d’atténuation, et encore, quand ce niveau n’était pas recouvert par le bruit de surface du disque s’il était usé. On trouve néanmoins sur des enregistrements bien conservés quelques exceptions à la règle : la prise de son de la chanson de Charles Trenet « Vous oubliez votre cheval » datant de 1936 affiche étonnamment une bande passante de 11 kHz à -80 dB, ce qui est exceptionnel pour l’époque mais c’est à peine la moitié de la bande passante des enregistrements récents stocké sur CD ou sur un autre média moderne.

Force d'appui du bras de lecture

Beaucoup de disques 78 tours de collection ont été abîmés par la lecture sur des phonographes d’époque en raison d’une force d’appui du bras de lecture de l’appareil trop importante sur le disque. En effet, si la force d’appui a été considérée comme un paramètre important par les ingénieurs ayant conçu les platines de disque vinyl, il n’en était pas du tout de même en ce qui concerne les phonographes. Au début du XXe siècle, les constructeurs d’appareils négligeaient totalement la prise en compte de la force d’appui du bras sur le disque pour une lecture de qualité : le bras n’était conçu qu’en fonction de paramètres esthétiques. Tout ce qui importait, c’était de faire joli. En conséquence, beaucoup de disques ont été « labourés » plutôt que lus par les phonographes équipés de bras de lecture trop lourds.

Une erreur répandue est de chercher à lire un disque 78 tours avec une cellule magnétique, qui est optimisée pour la qualité du microsillon et donnera trop d'aigus comme de bruit de fond (même si les plus anciennes acceptent des aiguilles doubles : microsillon d'un côté, 78 tours de l'autre). Les meilleurs résultats - en particulier si l'on désire en transférer le contenu sur un support numérique - sont les cellules piézo, seules aptes à accepter la pression plus grande indispensable à la bonne lecture des 78 tours.

Voir aussi

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