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Secret maçonnique
Le thème du secret est l'un des éléments essentiels de l'initiation maçonnique.
S'il existait très probablement, à l'époque des corporations de maçons, des secrets de métier que les professionnels s'attachaient à conserver, la franc-maçonnerie devenue « speculative » (c'est-à-dire en français « philosophique ») en Angleterre en 1717, a toujours exigé de ses membres un engagement de garder secrets ses signes, mots et poignées de mains (« signs, words and grips »).
Bien que ces secrets aient été publiés et divulgués par des indiscrétions au public, en Angleterre comme en France, dès les années 1730, les francs-maçons ont toujours continué à les respecter et à s'interdire de les communiquer en dehors de leurs loges.
Progressivement, ce thème du secret a continué à se développer et on distingue aujourd'hui différents aspects historiques, initiatiques, philosophiques et pratiques du secret maçonnique.
Le secret maçonnique dans le rite des Anciens Devoirs
On appelle parfois Rite des Anciens Devoirs la cérémonie de réception d'un nouveau membre dans la corporation des maçons en Angleterre et en Écosse selon les usages du Moyen Âge et de la Renaissance[1].
Cette cérémonie de réception comprenait trois moments successifs[1]:
- Le nouveau membre posait la main sur le livre des Devoirs du métier, pendant qu'on lui donnait lecture des préceptes qu'il contient.
- Une brève exhortation solennelle suivait, exigeant du postulant le respect de ces règles.
- Un avertissement était enfin donné, exposant au postulant qu'il commettrait une grave faute, devant Dieu, s'il manquait à sa parole de respecter ces devoirs.
Cette cérémonie différait du Rite du Mot de maçon d'origine calviniste qui apparaîtra plus tard en Écosse, entre 1628 et 1636, par deux particularités :
- Elle ne comprenait pas en général de transmission de signes ou mots secrets. On trouve cependant quelques exceptions tardives, mentionnées dans les manuscrits connus sous les noms de Grand Lodge 2, Harris 1, Buchanan et Colne 1 (c. 1685). [2]
- Son serment se prêtait sur le « Livre des devoirs » du métier, et non pas sur la Bible, conformément aux usages catholiques et anglicans et à l'interdiction contenue dans l'Évangile, Mt. 5,34-36.
Il est cependant vraisemblable qu'existaient dans ce rite des secrets de métiers, ainsi peut-être que des secrets symboliques, peut-être liés à un art de mémoire, sous la forme de figures qui ne devaient être tracées que sur des supports éphémères tels le sable d'une plage ou la neige[3].
Le secret maçonnique dans le rite du Mot de maçon
Le Rite du Mot de maçon, créé vers 1637 en Écosse est d'origine calviniste[4]. Il interdit la pratique des figures secrètes traçables sur le sable ou la neige, mais met en place pour la première fois un mot et une poignée de main secrets. A la fin du siècle, le manuscrit Edinburgh register house de 1696, qui était le rituel de la loge Canongate Kilwining à proximité d'Édimbourg, atteste de l'état d'évolution atteint par ce premier ensemble de secrets maçonniques rituels, distincts des secrets techniques du métier.
Le secret traditionnel concernant les signes, mots et poignées de mains
Le secret traditionnel concerne principalement les signes, mots et poignées de mains (signs, grips and words) qui sont spécifiques à la franc-maçonnerie. Il ne saurait concerner la totalité du symbolisme maçonnique, qui est souvent d'origine biblique et qui est largement connu du public.
Le secret d'appartenance
Le secret d'appartenance concerne le Frère. Un maçon est libre de révéler son appartenance. Par contre il ne doit, en aucun cas, révéler l'appartenance d'un frère.
On peut remarquer que le secret d'appartenance est perçu par les anglo-saxons de façon complètement différente. Ainsi il n'est pas rare de voir à l'entrée de certaines villes (Néo-Zélandaises par ex.) l'affichage des horaires des tenues. Il est vrai que ces pays n'ont pas subi de persécutions antimaçonniques.
Le "secret par nature"
Sans doute doit-on entendre par "secret par nature" l'incommunicabilité totale du secret de l'initiation qui doit être vécue. Seul ce vécu, cette expérience "intime", est "le" secret de l'initiation.
Les divulgations
Le secret maçonnique a en fait été abondamment divulgué au public dès les origines de la franc-maçonnerie. Parmi les divulgations les plus anciennes et les plus célèbres, on compte :
- « A mason's examination » (« Le tuilage d'un franc-maçon »), publiée à Londres en 1723. C'est la plus ancienne divulgation imprimée connue [5].
- « Masonry dissected » (« La franc-maçonnerie disséquée »), de Samuel Prichard, imprimé à Londres en 1730[6]. C'est une des plus célèbres.
- « La réception d'un frey-maçon », première divulgation en langue française. Publiée en 1738 dans la « Gazette de Hollande ». Elle fait suite aux perquisitions du lieutenant de police Hérault ainsi qu'au témoignage d'une demoiselle Carton, danseuse d'opéra, à laquelle un frère se serait confié.
- « Three Distinct Knocks » (« Trois coups distincts »), célèbre divulgation de 1760.
La discipline de la conservation du secret dans la démarche initiatique maçonnique
Bien que tous les signes « secrets » de la franc-maçonnerie aient été révélés depuis ses origines, les francs-maçons ont toujours continué, dans tous les rites et loges du monde, de s'engager à les conserver. L'un des « secrets » de la pratique maçonnique résiderait ainsi dans l'attitude même de continuer à les respecter.
Controverses
L'apparition des hauts grades maçonniques, à partir des années 1740, a relancé les controverses autour du secret maçonnique. On a vu en particulier apparaître à la fin du XIXe siècle la thèse, soutenue à la fois par certains francs-maçons et par certains anti-maçons, selon laquelle le véritable secret maçonnique ne serait pas celui exposé dans les diverses divulgations ou autres rapports de police et resterait ignoré de la plupart des francs-maçons eux-mêmes. Selon cette thèse, invérifiable par nature et très en vogue parmi les théories du complot, seuls les très rares membres des plus hauts grades le connaîtraient.
Voir aussi
Ressources bibliographiques
Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article
- Jules Boucher, La Symbolique maçonnique, Dervy, 1948 (ISBN 2-85076-027-7)
- Gilbert Garibal, Devenir franc-maçon, De Vecchi, 2005 (ISBN 2-7328-3831-4)
- Philippe Langlet, Les Textes fondateurs de la franc-maçonnerie, Dervy, 2006 (ISBN 2-84454-448-7)
- Patrick Négrier, La Tulip - Histoire du rite du Mot de maçon de 1637 à 1730, Ivoire Clair, 2005 (ISBN 978-2-913882-30-0)
Autres ouvrages faisant autorité dans ce domaine
Articles connexes
Liens et documents externes
Références et notes
- ↑ a et b (Patrick Négrier 2005, p. 247)
- ↑ (Patrick Négrier 2005, p. 249).
- ↑ (Patrick Négrier 2005, p. passim)
- ↑ (Patrick Négrier 2005, p. IV)
- ↑ (Philippe Langlet 2006, p. 265)
- ↑ (Philippe Langlet 2006, p. 495)
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