- Rite du Mot de Maçon
-
Rite du Mot de maçon
Selon le maçonnologue Patrick Négrier, le Rite du Mot de maçon, créé vers 1637 en Écosse[1] serait le plus ancien rite de la franc-maçonnerie dite spéculative[2].
Sommaire
Contexte d'apparition
L'expression Mason's Word qui est à l'origine du « Mot de Maçon » est sans doute calquée sur l'expression God's word, soit « Mot de Dieu »[3]. C'est par cette expression que les calvinistes d'Écosse désignaient en effet la Bible, référence entre toutes, le Sola Scriptura[4] de Luther. En utilisant cette expression de « Mot de Dieu », les calvinistes entendaient revenir à un christianisme authentique, antérieur aux pratiques de l'Église des catholiques romains considérés par ces derniers comme des « idolâtres » et des « gothiques », allusion à la construction des cathédrales en France et sur le reste du continent européen.
Pour comprendre l'histoire du Rite du mot de Maçon, il faut d'abord en rappeler le contexte, à savoir en premier lieu que l'arrivée du réformateur calviniste John Knox (1514-1572) en Écosse (1555 puis en 1559 pour y fonder la Réforme), fut à l'origine de profonds bouleversements sur le plan de l'organisation des confréries jusqu'alors catholiques. Suite à leurs nouvelles conversions, ceux des francs-maçons qui étaient devenus presbytériens souhaitèrent à leur tour réformer la pratique des anciennes règles et revenir à une lecture seulement scripturaire des devoirs.
La réorganisation des devoirs entraina de nombreux changements dans les loges opératives qui devinrent plus ouvertes à la libre interprétation des Écritures selon le principe de la liberté de jugement des réformateurs.
De plus l'abolition du culte des Saints, le rejet de l'esthétique catholique et la controverse de l'époque au sujet de l'art de mémoire amena les francs-maçons des loges presbytériennes à développer une méthode de symbolisation désormais plus basée sur des dialogues et des métaphores littéraires que sur les symboles graphiques des Anciens Devoirs[5].
Sources et évolutions du Rite du Mot de maçon
Les témoignages comprenant l'expression de "Mason Word" sont nombreux et furent en leur temps examinés par le maçonnologue David Stevenson. Cela représente en tout une vingtaine de textes écossais rédigés au XVIIe siècle et une douzaine de textes britanniques du XVIIIe siècle.
Le Rite du Mot de maçon aurait été élaboré au sein de la loge calviniste[6] de Kilwinning entre 1628 et 1637[7].
Les plus anciens documents le concernant mentionnent un rituel qui consiste à recevoir en loge un nouveau membre en lui donnnant une poignée de main (origine de la "griffe") pendant qu'on lui communiquait oralement le nom des deux colonnes du Temple de Salomon[8] en référence au passage biblique de l'Epître de Paul aux Galatiens (Gal 2,9) rappelant l'échange des poignées de la main droite (main de vérité) entre Jacques, Paul de Tarse et Jean[9].
Les documents plus tardifs, et notamment le « Manuscrit d'Édimbourg » (Edinburgh register house) qui date de 1696 et qui était le rituel de la loge « Canongate-Kilwinning »[10],[11], font apparaître des évolutions notables dès cette époque. Ils mentionnent notamment un « cathéchisme » par questions et réponses, la pratique des cinq points du compagnonnage[12], ainsi que la transmission d'un mot supplémentaire en "M.B." au second grade[13],[14].
Notes et références de l'article
- ↑ Patrick Négrier, La Tulip - Histoire du rite du Mot de maçon, Ivoire Clair, 2005 (ISBN 978-2-913882-30-0)
- ↑ Dans le sens du mot anglais de l'époque. On dirait de nos jours "philosophique".
- ↑ Négrier 2005, p.22
- ↑ Sola Scriptura sur le site "Bible ouverte" (vérifié 02/03/2007)
- ↑ Négrier 2005, passim
- ↑ Les historiens peuvent déterminer si une loge était calviniste, catholique ou anglicane en examinant certains détails présents dans ses rituels ou autres documents d'archives, tels que la présence ou l'absence du qualificatif holy (sainte) à côté du nom d'une chapelle, ou même dans certains manuscrits des références plus explicites, par exemple "Holy Catholic Church" dans la manuscrit "Dumfries n°4" de 1710 (voir par ex. Négrier 2005 p.106 et 109).
- ↑ Négrier 2005, p. 93
- ↑ Négrier 2005, p.19
- ↑ Négrier 2005, p.21
- ↑ Il s'agit de la loge de Canongate, petite bourgade de l'Est d'Édimbourg. Cette loge, dont les archives remontent à 1630, se rattacha à la Loge presbytérienne de Kilwinning en 1677. (Stevenson 2000, p.64)
- ↑ Négrier 2005, p.87
- ↑ Que certains auteurs associent aux cinq points calvinistes de la TULIP (Négrier 2005, passim)
- ↑ Négrier 2005, pp.87-101
- ↑ Les rituels maçonniques du XVIIe siècle ne connaissent que deux grades: apprenti et compagnon-maître.
Voir aussi
Ressources bibliographiques
Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article
- Patrick Négrier, La Tulip - Histoire du rite du Mot de maçon de 1637 à 1730, Ivoire Clair, 2005 (ISBN 978-2-913882-30-0)
- David Stevenson, Les premiers francs-maçons, Ivoire Clair, 2000 (ISBN 2-913882-02-1)
Autres ressources bibliographiques
Articles connexes
Liens et documents externes
- Fiche bibliographique de l'ouvrage "Histoire du rite du mot de maçon..." (vérifié 02/03/2007)
- Portail de la franc-maçonnerie
Catégorie : Rite maçonnique
Wikimedia Foundation. 2010.