Saint Jean Baptiste (Léonard de Vinci )

Saint Jean Baptiste (Léonard de Vinci )

Saint Jean Baptiste (Léonard de Vinci)

Saint Jean Baptiste
Leonardo da Vinci 025.jpg
Léonard de Vinci, entre 1513 et 1516
Huile sur bois
69 × 57 cm
Musée du Louvre

Saint Jean Baptiste est un tableau de Léonard de Vinci conservé au Musée du Louvre à Paris. Il est peint sur une planche de noyer et mesure 69 x 57 cm [1] On le date en général de sa période romaine entre 1513 et 1516. Pedretti suppose même qu‘il pourrait s‘agir d‘une commande de Léon X, pape florentin. Le tableau serait donc un hommage au Saint protecteur de Florence[2].

Sommaire

Données historiques

Parmi les premiers biographes de Léonard de Vinci, seul l’anonyme Gaddiano cite un Saint Jean dans ses œuvres [3]. Une autre source en fait cependant état : Le 10 octobre 1517, le cardinal Louis d'Aragon, au retour d'un périple qui l'a vu traverser l'Italie du Nord, la Suisse, l'Allemagne et la France, rencontre Léonard au Clos Lucé. Son secrétaire, Antonio de Beatis, rédige une sorte de journal de voyage, son Itinerario. Il y rapporte que Léonard de Vinci leur a montré un Saint Jean-Baptiste jeune[4].

Léonard de Vinci meurt en 1519. Salai, qui l'avait suivi en France, retourne à Milan en emportant le tableau. Il meurt lui-même prématurément, tué d'un coup d'arquebuse en 1524. L’inventaire de ses biens à sa mort, fait état d’un tableau « cum uno santo Johannes grando » et d'un autre « cum uno Johannes pizinino zoveno », souvent identifiés au Bacchus/Saint Jean-Baptiste et au Saint Jean-Baptiste du Louvre. François Ier achète ensuite le Saint Jean Baptiste [5]. Au XVIIe siècle, le tableau entre dans les collections du roi Charles 1er d’Angleterre (il offre en échange à Louis XIII un Portrait d’Érasme de Hans Holbein et une Vierge à l’Enfant et Saint Jean-Baptiste du Titien). Après l'exécution du roi, le parlement anglais décide de disperser ses biens. Le marchand Everhard Jabach acquiert le Saint Jean Baptiste lors d'une de ces ventes publiques. Louis XIV le lui achète en 1666[6]. Le tableau entre dans les collections du Louvre à la Révolution. Les analyses radiographiques ont confirmé l’attribution du tableau à Léonard : la minceur de la couche picturale est caractéristique de sa manière.

Description

Le torse et le visage de saint Jean-Baptiste se dégagent sur un fond sombre. Il tient un fin crucifix en roseau dans la main gauche et tend la main droite vers le ciel. Il est représenté tel qu’il vivait, en ermite, vêtu d’une simple peau de bête.

Le vernis en fonçant a fortement altéré l’image que nous pouvons avoir du tableau. Difficile d’apprécier le soin particulier avec lequel Léonard a travaillé le passage entre les zones claires et les zones sombres Sur le tableau, son dessin est à peine esquissé (à peine visible sur les radiographies) et il s‘est attaché à rendre les contours par les seuls effets de l‘ombre et de la lumière. La couche de peinture est si mince, par l'usage de glacis superposés, « où les pigments sont comme en suspension »[7]. Chaque couche, du blanc de la préparation jusqu’au dernier glacis, font vibrer le tableau.

Analyse

Le Saint Jean-Baptiste reprend la pose d’un tableau de Léonard connu seulement par des copies (notamment celles du Künstmuseum de Bâle et de l’Ashmoleum d’Oxford), l’Ange de l’Annonciation, le bras étant simplement tourné vers l’intérieur du personnage au lieu de l’extérieur.

Le visage de saint Jean-Baptiste a été rapproché d’un type d’adolescent aux cheveux bouclés récurrent dans les dessins de Léonard. Cela a suffi à faire de Salai, sans certitude, le modèle de ces dessins et du Saint Jean-Baptiste[8].

Zöllner voit dans la lumière tombant sur saint Jean-Baptiste la métaphore de saint Jean-Baptiste, lui-même, « récepteur et témoin de la lumière divine ». Kenneth Clark, lui, voit dans ce geste le paradigme de la quête de Léonard, « l’éternel point d’interrogation, le mystère de la création » et dans le sourire du Saint, celui du Sphynx[9]. L’androgynie du Saint Jean-Baptiste a été interprétée à la lumière de la philosophie néo-chrétienne : saint Jean-Baptiste est le nouvel Adam, l’homme avant le pêché, en qui coexistent natures féminine et masculine[10].

Notes et références

  1. Frank Zöllner Léonard de Vinci, tout l’œuvre peint et graphique, Taschen, 2003, p248
  2. Carlo Pedretti, Leonardo, A Study in Chronology and Style, p. 164
  3. manuscrit conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence, publié par André Chastel, dans Léonard de Vinci, Traité de la peinture, Berger-Levrault, 1987, p.34-38.
  4. voir André Chastel, Le cardinal Louis d’Aragon, Fayard, 1986, p.107-110.
  5. Bernard Jestaz propose dans François 1er, Salai et les tableaux de Léonard in La Revue de l’Art n° 126, 1999 une autre interprétation. François 1er aurait acheté le Saint Jean Baptiste du vivant même de Salai. Les tableaux cités dans l’inventaire ne seraient alors que des copies.
  6. Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle, Flammarion, 1994,p.162.
  7. Jean Rudel, le métier du peintre, in Connaissance de l’Art n°67-68-69, 1954.
  8. Pietro. C. Marani, par exemple, dans Léonard, Une carrière de peintre, 1999 (édition française : Actes Sud / Motta 1999) p.254-255, voit dans ces dessins « peut-être des profils idéalisés de Salai », tout en les rapprochant de la mode pour les bustes-portraits de l’empereur Hadrien à cette époque.
  9. Kenneth Clark, Leonard de Vinci , 1967, le Livre de Poche p.324-328 .
  10. voir Sylvie Béguin, Léonard de Vinci au Louvre, 1983, rmn, p.79 - 80.



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