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Astolphe de Custine
Pour les articles homonymes, voir Custine.Astolphe Louis Léonor, marquis de Custine, né à Niderviller (Moselle) le 18 mars 1790 et mort à Paris le 25 septembre 1857, est un écrivain français, célèbre pour son ouvrage La Russie en 1839, parfois considéré comme le pendant pour la Russie de l'essai De la démocratie en Amérique de Tocqueville.
Sommaire
Biographie
Astolphe est le deuxième fils d’Armand de Custine et de Delphine de Sabran. Sa famille est durement affectée par la Révolution : son grand-père, le général révolutionnaire Adam Philippe de Custine est guillotiné en août 1793 et son père en janvier 1794, sa mère est incarcérée à la prison parisienne de Sainte-Pélagie, puis aux Carmes jusqu'à la chute de Robespierre en juillet 1794.
En 1795, la famille de Custine retourne en Lorraine. Astolphe passe alors sous la responsabilité morale de son précepteur alsacien, nommé Bertoecher. Sa mère, Delphine de Custine, connue pour son intelligence et sa grande beauté, fréquente les salons littéraires, se lie d'amitié avec Madame de Staël qui lui dédie son roman Delphine et noue une relation amoureuse avec François-René de Chateaubriand.
La disgrâce d’un des amis les plus chers de Delphine de Custine, Joseph Fouché, ministre de la Police de Napoléon Ier, provoque la rupture d’avec l’Empire en 1810. Commence alors un périple européen qui mène Astolphe et sa mère en Allemagne et en Suisse en 1811, en Italie l’année suivante. En 1814, Delphine et son fils rejoignent à Bâle Louis XVIII et le comte d’Artois qui préparent la Restauration.
C'est alors qu'Astolphe rentre dans l'armée et le corps diplomatique, assistant au congrès de Vienne aux côtés de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
Après plusieurs tentatives de fiançailles infructueuses arrangées par sa diligente mère (dont Albertine de Staël, fille de Madame de Staël), il se marie, en 1821, à Léontine de Saint-Simon de Courtomer. Un fils, Enguerrand, naît de cette union en juin 1822. L'été de cette même année, le marquis de Custine fugue en Angleterre avec Édouard de Sainte-Barbe, un jeune homme de quatre ans son cadet rencontré quelques années auparavant.
Léontine décède le 7 juillet 1823 , de tuberculose, laissant Astolphe un peu plus libre de vivre sa passion avec Édouard de Sainte-Barbe.
Le 28 octobre 1824, la vie de Custine est irrémédiablement changée. Alors qu'il se rendait à un rendez-vous galant avec un soldat, il est attaqué par les compagnons d'armes de celui-ci, battu, dénudé et abandonné inconscient sur le pavé. Sa mésaventure est bientôt connue du Tout-Paris et la réputation de Custine entachée. Il est désormais, à son corps défendant, l'inverti le plus célèbre de France. Un conseil de famille décide de son éloignement de la capitale : Custine rejoint, accompagné de Sainte-Barbe, le domaine familial de Fervaques (le château familial de Niderviller a été, entre temps, vendu).
Les années suivantes sont passées dans la mouvance romantique avec plus ou moins de succès. Heinrich Heine appelait Custine “un demi-homme des lettres.”
En 1832, Astolphe de Custine fait également construire le château Catinat à Saint-Gratien (Val-d'Oise) (il est rasé en 1860 par ses héritiers) ; il y reçoit de nombreux artistes : Honoré de Balzac, Victor Hugo, Frédéric Chopin, Eugène Delacroix, François-René de Chateaubriand qui fut intimement lié à sa mère pendant vingt ans, Alfred de Musset, Jules Barbey d'Aurevilly, George Sand et Alphonse de Lamartine ; il en reste un bâtiment de dépendances.
La princesse Mathilde-Létizia Bonaparte, fille de Jérôme Bonaparte, passait ses étés tout d'abord au château Catinat en tant que locataire du marquis de Custine. Puis elle acheta en 1853 le château construit par le comte de Luçay (aujourd'hui appelé "château de la princesse Mathilde"). Elle y reçoit, elle aussi de nombreux écrivains et artistes du Second Empire : Prosper Mérimée, Théophile Gautier, Jules et Edmond de Goncourt, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas.
Il gagne quelque reconnaissance grâce à ses récits de voyage en Espagne. La publication, en 1835, par Alexis de Tocqueville de De la démocratie en Amérique dont le dernier chapitre prophétise que le futur appartient aux États-Unis et à la Russie, aide Custine à décider d'entreprendre, en 1839, un voyage en Russie, principalement à Saint-Petersbourg mais aussi Moscou et Iaroslavl.
Une autre explication réside dans l'arrivée à Paris, d'un jeune comte polonais de 23 ans, Ignacy Gurowski, qui emménage au domicile parisien de Custine et Sainte-Barbe. Custine aurait entrepris son voyage en Russie pour convaincre le tsar de mettre fin à la disgrâce du jeune homme. Après de nombreux scandales mondains, Ignacy Gurowski enleva à son couvent et épousa l’infante Isabelle d’Espagne en 1842. Cet évènement affecta profondément Custine. Il fuit la France pour l'Italie où il composa son ouvrage, trois ans après son retour de voyage.
La Russie en 1839 (dont des extraits ont été publiés sous le nom Lettres de Russie), publié le 13 mai 1843, a un succès immédiat et prolongé : six rééditions verront le jour. Le livre est publié en Angleterre et en Allemagne, mais interdit en Russie. La description qu'il fait du tsar Nicolas Ier est peu flatteuse. Il écrit entre autres :
« si le Tsar n'a pas plus de pitié dans son cœur qu'il n'en exprime dans sa politique, je plains la Russie. En revanche si ses sentiments sont supérieurs à ses actes, je plains le Tsar. »En Occident le livre tomba dans l'oubli pendant une centaine d'années, avant qu'au moment de la Guerre froide, on remarque que les jugements de Custine sur la Russie tsariste étaient parfaitement transposables à la Russie soviétique. En Russie, il ne cessa jamais d'être imprimé clandestinement et de circuler sous le manteau.
Astolphe de Custine décède le 25 septembre 1857 et est enterré à Saint-Aubin d’Auquainville, près de Fervaques. Sa famille intente un procès en nullité contre le testament par lequel il lègue sa fortune à son ami Sainte-Barbe. Ce dernier décède quelques mois après Custine, le 18 octobre 1858 mais obtint néanmoins gain de cause à titre posthume.
Œuvres
- Aloys ou le Religieux du mont Saint-Bernard, 1829
- Mémoires et voyages, ou lettres écrit à diverses époques, pendant des courses en Suisse, en Calabre, en Angleterre et en Écosse, Paris, 1830
- Béatrix Cenci, théatre, 1833
- Le Monde comme il est, 1835
- L’Espagne sous Ferdinand VII, 1838
- Ethel, 1839
- La Russie en 1839, 1843
- Romuald ou la Vocation, 1848
- Lettres au marquis de la Grange (date de parution inconnue), publiés en 1925 par M. de Luppé
- Souvenirs et portraits (date de parution inconnue), publiés en 1956 par P. de Lacretelle[1]
Citations
- « Les femmes sans charme sont comme les poètes qu'on ne lit pas ».
- « Tant d'hommes qu'on croit heureux parce qu'on ne les voit que passer ».
- « Ma patrie, à moi, est partout où j'admire ».
- « Les maux du corps donnent l'idée de la mort, les peines de l'âme celles de l'éternité ».
- « L'architecture est la physionomie des nations ».
- « Le gouvernement russe est une monarchie absolue tempérée par l’assassinat ».
Bibliographie et filmographie
Ouvrages
- Albert Marie Pierre de Luppé, Astolphe de Custine, Monaco, Éditions du Rocher, 1957
- Anka Muhlstein, A Taste For Freedom : The life of Astolphe de Custine, New York, Helen Marx Books, 1999
- Julien Frédéric Tarn, Le Marquis de Custine ou les Malheurs de l'exactitude, Paris, Fayard, 1985
- Francine-Dominique Liechtenhan, Astolphe de Custine voyageur et philosophe, Paris, Honoré Champion, 1990
- Pascal Pia, Romanciers, poètes, essayistes du XIXe siècle, Paris, Denoël, 1971
- George F. Kennan, The Marquis de Custine and his Russia in 1839, Princeton University Press, 1971.
- Anka Muhlstein, Astolphe de Custine 1790-1857 — Le dernier marquis, Paris, Grasset, 1996
Thèses et mémoires
- J. Ruiz de Chastenet, "L'Expression de la marginalité aristocratique dans les œuvres du marquis de Custine", mémoire DEA, Université d'Angers, 2003
Film
- Le marquis de Custine est l'un des deux personnages principaux de L'Arche russe, film d'Alexandre Sokourov dans lequel il voyage d'un siècle à l'autre à travers les salles du musée de l'Ermitage.
Notes
- ↑ Laffont-Bompiani, Dictionnaire des œuvres, volume VI, p. 241.
Lien externe
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