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Assurbanipal
Pour les articles homonymes, voir Sardanapale.Assurbanipal ou Ashurbanipal, roi d'Assyrie (Mésopotamie) de 669 av. J.-C. à 627 av. J.-C., fils du roi Assarhaddon, fut le dernier grand roi de l'Assyrie antique. Son nom, Aššur-ban-apli, signifie « Assur est le créateur du fils héritier ».
Il est connu comme l'un des rares souverains de son temps sachant lire et écrire. La sculpture assyrienne atteignit son apogée sous son règne (Palais nord et sud-ouest de Ninive). Les Grecs le connaissaient sous le nom de Sardanapale et le considéraient comme un symbole de luxure ce qui explique d'ailleurs le sens du mot sardanapale en français, « sensuel ». Les textes latins et d'autres textes médiévaux se réfèrent à lui comme Sardanapale (Sardanapalus). Dans la Bible, il s'appelle As(e)nappar ou Osnapper (Ezra 4:10).
Pendant son règne, la renommée assyrienne ne fut pas seulement due à sa puissance militaire, mais aussi à sa culture et à son art. Assurbanipal fonda à Ninive, sa capitale, une bibliothèque dans laquelle il recueillit l'ensemble de la littérature cunéiforme disponible à son époque, créant ainsi la première « bibliothèque » (en tant que rassemblement organisé et systématique, par opposition à une archive, constituée d'un simple dépôt de documents successifs). Les tablettes de la bibliothèque de Ninive comprennent notamment la source la plus complète de l'épopée épique suméro-babylonienne de Gilgamesh. D'autres séries de tablettes constituent un dictionnaire sumérien/akkadien. On y trouve également des textes traitant d'astronomie et d'astrologie. Cependant, la plupart des tablettes (qui se trouvent presque toutes au British Museum de Londres) sont des textes de « prédictions » qui permettaient aux scribes de reconnaître le sens des présages.
Son frère aîné Sin-iddina-apla étant mort en 672, Assurbanipal fut couronné roi en 669, à la mort de son père Assarhaddon[1]. Le droit d'aînesse n'était pas toujours respecté dans l'ordre de succession en Assyrie et à Babylone, ainsi en fut-il pour Assarhaddon[2]. Assurbanipal était très impopulaire à la cour et parmi les prêtres. Il passa des accords avec les dirigeants assyriens, les membres de la famille royale et les souverains étrangers afin de s'assurer de leur loyauté envers le prince couronné. Mais il fallut toute l'énergie de sa grand-mère Naqi'a-Zakutu pour le faire monter sur le trône à la mort d'Assarhaddon pendant une campagne militaire en Égypte.
Le règne d'Assurbanipal, comme celui de la plupart des rois assyriens, fut marqué par des guerres incessantes. Il commença par faire la guerre à son frère Shamash-shum-ukin, qui était roi de Babylone ; Assurbanipal conquit Babylone et la détruisit. Il régna d'une main de fer, en écrasant les insurrections égyptiennes comme celles que son frère mena contre lui à Babylone. Il conquit également Élam, la Phénicie, l'Arménie et une grande partie de l'Arabie, et vainquit la cité de Suse.
La date de fin du règne (ou de la mort) d'Assurbanipal n'est pas connue avec certitude : la dernière tablette qui mentionne son nom est un contrat privé de Nippur datant de 631, la 38e année de son règne. D'autres textes mentionnent un règne de 42 années, c’est-à-dire jusqu'en 627-626.
Sommaire
Un roi mythique
Sardanapale a été représenté, d'abord par les Grecs, comme un roi débauché et efféminé. Ctésias de Cnide (vers 400 av. J.-C.), médecin à la cour des rois perses, a était le premier à faire le triste portrait de ce dernier grand roi assyrien :
« Sardanapale surpassa tous ses prédécesseurs en débauches et paresse. Car non seulement il ne se montrait jamais au monde extérieur, mais il menait la vie d'une femme (...). Il s'efforçait même de rendre sa voix féminine et (...) il cherchait aussi les joies de l'amour des deux sexes (...). Pour ne pas tomber aux mains des ennemis, il fit édifier un immense bûcher dans son palais, y amassa tout son or et tout son argent ainsi que ses vêtements royaux. Il enferma dans une chambre construite au milieu du bûcher ses concubines et ses eunuques, se joignit à eux tous et mit le feu à l'ensemble du palais. »[3]
À l'époque d'Alexandre le Grand, il se disait qu'on lui avait élevé, sur son tombeau, la statue d'un danseur ivre, accompagnée de cette inscription qu’il aurait composée lui-même :
- « Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien. »
Ces deux vers reprennent la même idée :
- « Je n’ai fait que manger, boire et m’amuser bien,
- Et j’ai toujours compté tout le reste pour rien. »
Références
- ↑ Voir page 80 in Die altorientalischen Reiche, Elena Cassin, Jean Bottéro & Jean Vercoutter, Fischer Bücherei, 1965.
- ↑ Voir pages 131-34 in Images, Power, and Politics: Figurative Aspects of Esarhaddon's Babylonian Policy, Barbara N. Porter, Diane Publishing, 1993
- ↑ "Assurbanipal le lettré", Le Monde, 17 août 2007
Bibliographie
- D. Arnaud, Assurbanipal, roi d'Assyrie, Fayard
- P. Villard, « Assurbanipal », dans Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Robert Laffont, 2001, p. 102-105
Autres :
- (en) Barbara N. Porter, Images, Power, and Politics: Figurative Aspects of Esarhaddon's Babylonian Policy, Diane Publishing, 1993
- (en) A. K. Grayson, « Assyria 668-635 B.-C.: The Reign of Ashurbanipal », in The Cambridge Ancient History, t. III, The Assyrian and Babylonian Empires and other States of the Near East from the Eight to the Sixth Centuries B. C., Cambridge, 1991, p. 142-159
- (en) S. Parpola, Letters from Assyrian Scholars to the Kings Esarhaddon and Assurbanipal, 2 vol., AOAT 5, 1993
- (de) R. Borger, Beiträge zum Inschriftenwerk Assurbanipals, Die Prismenklasse, Wiesbaden, 1996
- P. Villard, « L'éducation d'Assurbanipal », dans Ktèma 22, 1997, p. 135-149
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