Récifs corallien

Récifs corallien

Récif corallien

Les récifs de coraux sont une forme de vie parmi les plus anciennes et primitives, datant d'au moins 500 millions d'années. La plus grande de ces formations est la Grande barrière de corail, au large des côtes australiennes. Elle s'étend sur quelque 2 000 km, la seconde est la barrière de corail de Nouvelle-Calédonie (France).

Un récif corallien résulte de la construction d'un substrat minéral durable (carbonate de calcium) par des êtres vivants symbiotiques communément appelés coraux, en fait la réunion d'une algue, la zooxanthelle et d'un cnidaire, le polype. Il existe de très nombreuses espèces de coraux qui forment des écosystèmes marins complexes et parmi les plus riches en biodiversité, généralement à faible profondeur. Les massifs coralliens, notamment en région tropicale procurent des niches écologiques à de nombreux animaux qui y trouvent nourriture, refuge, protection et abri. De très nombreuses espèces de poissons en sont dépendantes.

Les récifs coralliens diffèrent des côtes d'accumulation en ce qu'ils sont d'origine biologique. Ces récifs sont aussi une partie des puits de carbone océaniques, menacés par la dégradation des récifs. 50 % environ des récifs coralliens étaient en mauvaise santé à la fin du XXe siècle.

Sommaire

Formation des récifs

Biologie

Article détaillé : corail.

Géologie

Formation d'un récif corallien

Certaines île volcaniques se forment à partir de points chauds présents juste sous la croute terrestre. Ces points chauds sont à l'origine de remontées de magma qui forment des volcans en surface. Un point chaud est relativement stationnaire par rapport à la plaque tectonique en mouvement au-dessus de lui. Ainsi une chaîne d'îles émerge lorsque la plaque bouge. Sur de longues périodes, ce type d'île est érodé et s'enfonce dans la croute océanique, jusqu'à être submergé.

Ce type d'île offre au corail un support pour pouvoir croitre en recevant un apport nécessaire en lumière. C'est également le cas des littoraux continentaux tropicaux, comme en Australie où s'est formée la Grande barrière de corail.

Types de récifs

Trois types de récifs coralliens sont distingués dans le cas des îles volcaniques tropicales, mais ils découlent tous des mêmes phénomènes de croissance.

Récif frangeant

Coupe schématique d'un récif frangeant.

Le récif frangeant pousse sur les bords du littoral et forme avec le temps un court platier de faible profondeur composé de corail mort, de sable et d'alluvions, entre la côte et la zone active de croissance du corail. Ce platier ne présente plus de conditions favorables à la croissance du corail, en raison notamment du faible courant et des températures élevées. Le corail se développe principalement sur les bords du lagon, où les conditions sont favorable à sa pousse : température, degrés de salinité, oxygénation et apports en nutriments.

Récif barrière

Récif barrière côté lagon, avec un motu.
Motu en formation sur les bords de la passe d'Avatoru, sur l'atoll de Rangiroa.

Le récif barrière se trouve à une certaine distance du littoral (des distances de 800 mètres à 1 kilomètre sont communes), laissant un espace dégagé formant le lagon. Il s'agit à l'origine d'un récif frangeant éloigné du littoral par l'enfoncement de l'île par un effet de subsidence et le creusement du lagon par les courants, alors que la pousse des coraux se poursuit sur le récif. Il peut être discontinu, en fonction de l'âge de l'île, et certaines zones étant plus favorables à la croissance du corail (côte sous le vent, salinité, etc). Avec le temps, il forme une couronne récifale enserrant l'île.

La partie du récif barrière coté lagon accumule des dépôts de sable. Ces bancs de sables sont parsemés de "patates" de corail et descendent en pente douce vers le lagon. Le courant en creuse d'avantage le bord. Le sable peut s'accumuler, en particulier sur les bords des passes, jusqu'à former des îlots de sable émergés, offrant un support à la végétation : ce sont les motu.

Le platier est émergé et battu par les vagues, qui forment un courant puissant qui creuse le bord immédiat du platier côté lagon, formant une tranchée. La partie exposée aux vagues de l'océan descend en pente douce. Elle est creusée de rigoles perpendiculaires au récif, formées par le reflux. Cette partie du récif est la plus favorable à la croissance du corail malgré l'érosion causée par les vagues, grâce à l'oxygénation des eaux et l'apport de nutriments et de lumière.

Le récif barrière laisse passer une partie de l'eau provenant des vagues, alimentant le lagon. Il présente également des failles appelées hoa qui sont la principale source d'alimentation du lagon en eaux océaniques. De larges passages généralement navigables, les passes récifales, assurent également une importante communication entre les eaux du lagon et l'océan, et sont sources d'importants courants. Ces passes se forment souvent en face de l'embouchure d'une importante rivière, la salinité plus faible des eaux limitant la croissance des coraux.

Atolls

Article détaillé : atoll.
Un atoll.

Les atolls se forment lorsque l'île volcanique est totalement immergée, ne laissant émerger que la couronne récifale. Il existe deux types d'atoll :

  • les atolls tels que décrits ci-dessus ;
  • les atolls de faro, des « atolls d'atolls ». Les faro sont des atolls circulaires qui forment eux-mêmes une couronne appelée grand atoll. On les voit surtout dans l'Océan Indien (notamment dans l'archipel des Maldives).

Répartition géographique

Distribution des récifs coralliens à travers la planète

Les trois plus grands récifs coralliens du monde sont situés en Australie, au Belize et en Floride (parc national de Dry Tortugas)[1]. Bien que certaines espèces de coraux existent en eaux froides, dans les régions tempérées, ou en profondeur, l'immense majorité des récifs se répartit dans la zone de lumière des 20 premiers mètres des eaux tropicales, notamment dans l'Ouest de l'Océanie (Indonésie, Australie, Nouvelle-Calédonie...), au large du Mexique (Riviera Maya) et aux Antilles.

Écosystème

Menaces

Facteurs et stress

Les récifs coralliens quand ils ne sont pas dégradés comptent parmi les milieux les plus riches du monde en biodiversité.
Le blanchiment des récifs coralliens (ici à la Réunion) a des causes encore mal comprises et préoccupe les experts du monde entier

De nombreux polluants et microbes menacent ou peuvent menacer les coraux (eutrophisants et pesticides en particulier). Localement ils peuvent être menacés par leur exploitation directe. On a remarqué qu’au cours des 30 dernières années, les maladies et le blanchissement des coraux ont gravement augmentés en fréquence et en ampleur et cela malgré les divers essais pour les protéger [2]. On estime que déjà 30% de ceux-ci sont en grave déclins et que d’ici 2030, plus de 60% seront perdus [2]. Divers facteurs détruisent les récifs coralliens et menacent leur survie. La surpêche, la pollution, l’agriculture et l’aménagement du territoire au cours des deux derniers siècles ont favorisé, de façon directe ou non, les changements dans cet écosystème ce qui a accéléré la perte d’espèces le composant [2]. Les différents facteurs de stress comme une faible salinité, une température trop basse ou trop élevée, une exposition aérienne et l’exposition au cyanure engendrent le blanchissement des récifs coralliens [3]. De plus, les changements climatiques mondiaux ont aggravé leur état, ce qui complique beaucoup la gestion de leur survie [2].

Changements climatiques et climat

L’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique crée un changement dans la chimie des océans. Dans le futur, cela pourrait affaiblir les squelettes des coraux et ainsi réduire l’accumulation de récifs, principalement aux latitudes les plus hautes [2]. Même s’ils sont généralement situés dans des mers d’eaux chaudes, les récifs coralliens sont très vulnérables aux changements de climat rapides [2] [4] [5]. Les changements climatiques risquent d’affecter certaines variables des écosystèmes comme la circulation, la température, la chimie de l’eau (potentiel hydrogène (pH), salinité, éléments nutritifs), le niveau de la mer ainsi qu’El Nino. Cela affectera donc les récifs coralliens dans la distribution des organismes y vivant, dans la structure des communautés et dans la fonction des principaux processus écologiques [5]. Déjà, l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère au 20ième siècle a entraîné une hausse de 17 cm du niveau de la mer et de 0.74°C de la température moyenne des océans [4].

Le dérèglement climatique, via les phénomènes de montée de la mer, de réchauffement climatique, d'acidification des mers et peut-être une augmentation des UV liée à l'affaiblissement de la couche d'ozone agissent probablement synergiquement en dégradant les coraux et leur biodiversité, et leurs capacité de résilience écologique.

Article détaillé : Blanchiment des coraux.

Pêches destructives

Récif affleurant à Eilat

La pêche affecte en général l’écosystème corallien, mais certaines des méthodes utilisées détruisent directement les récifs coralliens. Une pêche destructive amène une perte des poissons comestibles, une réduction de la diversité et de la richesse des espèces. Les dommages qu’elle cause pourraient être contrôlés, comparativement aux perturbations naturelles qui affectent les récifs. [6].

La pêche au cyanure permet d’étourdir les poissons du récif de façon temporaire afin de pouvoir les capturer. Les pêcheurs peuvent ainsi les revendre aux collectionneurs pour garnir leurs aquariums. Cette pêche entraîne un blanchissement des coraux, car elle tue le polype du corail tout en laissant le squelette intact [6]. Certains pêcheurs détruisent à coups de marteau les coraux afin de récupérer les poissons s’étant échappés et cachés lors de l’ajout du cyanure. Ce type de pêche peu coûteux et très efficace est pratiqué dans les Philippines, l’Indonésie, le Cambodge, les Maldives, la Thaïlande et le Vietnam [6], même si elle y est interdite par la loi. On estime que plus de 4000 pêcheurs de poissons des récifs coralliens au Philippines ont utilisé, à ce jour, plus d’un million de kilogrammes de cyanure sur leurs récifs [6].

La pêche explosive est pratiquée dans au moins 40 pays ou îles à travers le monde [6], et utilise de la dynamite. L'explosion tue directement les poissons les plus proches de l'explosion, et le souffle provoque l'explosion de la vessie natatoire des autres. Cet organe permet aux poissons de contrôler leur profondeur, comme un ballast. Une portion mineure des poissons touchés remonte en surface, le reste coule. Cette activité est dangereuse et très destructrice pour le corail, mais sa forte rentabilité explique sa longue pratique. Les dommages qu’elle cause aux récifs coralliens sont importants et perdurent pendant des années, principalement au niveau de sa structure. La dynamite diminue également la capacité des coraux à repousser puisqu’il en résulte une modification de la topographie et une perte du substrat [6]. Ce type de pêche diminuerait de 14% la couverture corallienne par an et en résulterait d’un important déclin des coraux et des poissons y vivant[6].

Les filets Muroami provoquent d’importants bris des récifs coralliens. Le filet Muroami combine des décorations ayant des couleurs vives qui attirent les poissons, ainsi que des outils de martèlements (pierres, morceaux de ciments) pour les assommer. C’est lorsqu’ils sont remontés et redescendus que ceux-ci provoquent les dommages aux récifs coralliens. Cette pêche continue d’être pratiquée de façon illégale aux Philippines, bien qu'elle soit interdite depuis les années 1980[6].

Sauvegarde et préservations

L’année 1997 avait été nommée année Internationale des récifs coralliens afin de sensibiliser les gens à la détérioration continuelle des récifs coralliens causée par l’homme [4]. La participation communautaire ainsi que la coopération de toutes les institutions impliquées dans la gestion des ressources sont importantes, puisqu’elles sont des éléments clés de la gestion durable des récifs coralliens [7]. Finalement, l’adoption de meilleures méthodes de pêches résulterait en une pêche durable tout en protégeant le récif [6].

Plusieurs initiatives internationales sont nées dans les années 1990/2000 pour tenter de freiner les dégradation, voire de reconstruire des récifs dégradés par la pollution ou certains tsunamis.

En France, le Grenelle de la mer a en juin 2009 insisté sur la responsabilité française en matière de protection des coraux. En particulier, il a proposé en Polynésie française que soient renforcés les moyens d’action de l’Institut des Récifs Coralliens Pacifique (EPHE) récemment créé pour la formation à la recherche et à la gestion des coraux, des jeunes des pays riverains, futurs cadres de leurs pays. Le Grenelle a aussi suggéré d'étendre « le champ d’action de l’IFRECOR sur les écosystèmes associés (mangroves et herbiers) ou créer un réseau complémentaire d’échange sur ces écosystèmes fragiles et menacés »

Une autre proposition (n° 31) est : « renforçons les moyens de l’Initiative française pour les Récifs coralliens pour développer ses actions locales et transversales et tout spécialement en vue de la désignation ou l’inscription de récifs coralliens, voire progressivement également de mangroves, au titre des grandes conventions internationales, pour mener les actions d’éducation à l’environnement, de production scientifique et de gestion intégrée des usages, pour valoriser ses actions au sein de l’International Coral reef Initiative dont la France assure le secrétariat international à compter du 1er juillet 2009 ». [8].

Galerie

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Outdoor activities, National Park Service. Consulté le 17-12-2008
  2. a , b , c , d , e  et f Hugues, T. et al. 2003. Climate Change, Human Impacts and the Resilience of Coral Reefs. Ecology. 301(5635); 929-933
  3. Wooldridge, S. A. 2009. Water quality and coral bleaching thresholds: Formalising the linkage for the inshore reefs of the Great Barrier Reef, Australia. Marine Pollution Bulletin. 58; 745-751
  4. a , b  et c Hoegh-Guldberg, O et al. 2007. Coral Reefs under rapid climate change and ocean acidification. Ecology. 318(5857); 1737-1742
  5. a  et b Munday, P.L. et al. 2009. Climate change and coral reef connectivity. Coral Reefs. 28; 379-395
  6. a , b , c , d , e , f , g , h  et i McClellan, K. 2008. Coral degradation through destructive fishing practices. The encyclopedia of earth. http://www.eoearth.org/article/Coral_degradation_through_destructive_fishing_practices. Consulté le 21 juin 2009
  7. White, A.T. and H. P. Vogt. 2000. Philippine coral reefs under threat: Lessons learned after 25 years of community-based reef conservation. Marine Pollution Bulletin. 40(6);537-550
  8. Proposition 30 et 31 : Outre Mer, mutualisons les efforts de connaissance, créons des « pôles », p 14 à 16/114 du Rapport du Groupe I – La délicate rencontre entre la terre et la mer ; Grenelle de la Mer, Juin 2009


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