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Félicien Rops

Portrait de Félicien Rops par Paul Mathey, 1888
La Buveuse d'absinthe, 1877
La Dame au cochon - Pornokrates
1878.

Félicien Rops est un artiste belge, peintre, aquafortiste, dessinateur, illustrateur et graveur, né à Namur le 7 juillet 1833, mort à Essones (aujourd'hui Corbeil-Essonnes), le 23 août 1898.

Sommaire

Biographie

Après une première carrière de caricaturiste (journal Le Crocodile), il illustre notamment les livres de son ami Charles de Coster, dont la Légende et les aventures d'Uylenspiegel (1866).

Féru de botanique, il s'y adonne en compagnie de l'éditeur français Auguste Poulet-Malassis, exilé à Bruxelles de septembre 1863 à mai 1871. Pour celui-ci, il réalise les frontispices des Bas-fonds de la société d'Henry Monnier (1864), du Diable au corps d'Andrea de Nerciat (1865), des Épaves de Charles Baudelaire (1866), des Jeunes France de Théophile Gautier (1866), de Gamiani d'Alfred de Musset (1866) ou encore de Point de lendemain de Vivant Denon (1867).

Ami de l'archéologue Maurice Hagemans, il voyage avec lui en Suède et en Norvège en 1874. Il dessine ou peint également sur les bords de la Meuse, du Danube, à Barbizon, à Monte-Carlo, en Espagne ou en Algérie.

Son succès l'ayant amené à Paris, il y illustre les œuvres de Jules Barbey d'Aurevilly, de Joséphin Péladan, de Félicien Champsaur ou de Stéphane Mallarmé. En dépit de ces collaborations, le caractère érotique d'une partie de son œuvre obère sa reconnaissance publique.

Félicien Rops est avant tout un dessinateur; il utilise à sa façon différentes techniques toutes ensembles, les crayons (dont de couleurs), le pastel, la détrempe, la gomme; les dessins les plus prestigieux sont: L'Attrapade, Le Bouge à Matelots, La Tentation de Saint-Antoine; la Femme, dans La Dame au cochon - Pornokrates, est si puissante qu'elle est capable, presque nue, les yeux bandés, seulement vêtue de bas et de chaussures noirs de coquette, de longs gants noirs, l'estomac ceint d'un large ruban d'un bleu plus bleu que le ciel sur le fond duquel elle marchait, précédée par trois petits anges facétieux, de mener en laisse un verrat.

Il est également un grand graveur — utilisant: la gravure à plat : la lithographie; la gravure en creux : l’eau-forte; la pointe sèche : l’aquatinte; la gravure de reproduction : l’héliogravure. Ses gravures comprennent: La Peine de mort, L'Ordre règne à Varsovie, La Médaille de Waterloo, La Buveuse d'absinthe, La Grève, Pornokrates ou Mors syphilitica.

Il définit ainsi sa démarche artistique, en maître de la Femme et du Désir: « Je tâche tout bêtement et tout simplement de rendre ce que je sens avec mes nerfs et ce que je vois avec mes yeux, c'est là toute ma théorie artistique. J'ai encore un autre entêtement, c'est celui de vouloir peindre des scènes et des types de ce XIXème siècle, que je trouve très curieux et très intéressant; les femmes y sont aussi belles qu'à n'importe quelle époque, et les hommes sont toujours les mêmes. De plus, l'amour des jouissances brutales, les préoccupations d'argent, les intérêts mesquins, ont collé sur la plupart des faces de nos contemporains un masque sinistre où l'instinct de la perversité, dont parle Edgar Poe, se lit en lettres majuscules; tout cela me semble assez amusant et assez caractérisé pour que les artistes de bonne volonté tâchent de rendre la physionomie de leur temps. »[1]

En 1857, il épouse Charlotte Polet de Faveaux, fille d'un juge au Tribunal de Namur. De ce mariage naissent un fils, Paul, et une fille, Juliette, décédée en bas âge. Divorcé en 1875, il vit dès lors avec les sœurs Léontine et Aurélie Duluc, créatrices d'une maison de couture.

Fondateur à Bruxelles de la Société Internationale des Aquafortistes, en 1869, il est également l'un des membres fondateurs du Groupe des XX en 1883.

Sa vue commence à baisser en 1892 mais il reste actif jusqu'à son décès. Sa correspondance avec ses amis est d'une érudition et d'une verve étincelantes.

Un magnifique musée lui est dédié à Namur, sa ville natale. On peut également visiter à Mettet, le château où il vécut avec Charlotte Polet de Faveaux.

Une notice importante lui est consacrée dans le PIRON, le dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles.


Notes et références

  1. site WEB, Musée Provincial Félicien Rops, Namur, page « Les techniques »

Bibliographie

  • Benoît Noël et Jean Hournon : Parisiana - La capitale des peintres au XIXe siècle (Étude de Pornokratès), Paris, Les Presses Franciliennes, 2006.
  • Bernadette Bonnier (dir.) : Le musée provincial Félicien Rops, Bruxelles – Namur, Dexia – Fonds Mercator, 2005.
  • Benoît Noël : La Rebuveuse d'absinthe - autour de l'œuvre de Félicien Rops, Sainte Marguerite des Loges, Éditions BVR, 2005
  • Hélène Védrine : Le Cabinet de curiosités de Félicien Rops - Caprice et fantaisie en marge d'estampes, Paris, Somogy, 2003.
  • Véronique Leblanc et Hélène Védrine : Injures Bohêmes - Les plus belles lettres illustrées de Félicien Rops, Paris, Somogy, 2003.
  • André Guyaux, Hélène Védrine et al. : Autour des Epaves de Charles Baudelaire, Catalogue Musée Provincial Félicien Rops, Namur, 1999.
  • Bernadette Bonnier, Véronique Leblanc, Didier Prioul, Hélène Védrine : Rops suis, aultre ne veulx estre, Bruxelles, Complexes, 1998.
  • Hélène Védrine : Félicien Rops : Mémoires pour nuire à l'histoire artistique de mon temps, Bruxelles, Labor, 1998.
  • Véronique Leblanc : D’Art, de Rimes et de Joie - Lettres à un ami éclectique - Correspondance de Félicien Rops à Théodore Hannon, Province de Namur, 1996.
  • Olivier Salazar-Ferrer : Lettres à un ami vagabond - Correspondance de Félicien Rops à Jean d'Ardenne, Musée Rops, Namur et Revue Agone, Marseille, 1994.
  • Thierry Zéno - Préface de Jean-Pierre Babut du Marès : Les Muses sataniques - Félicien Rops, œuvre graphique et lettres choisies, Bruxelles, Jacques Antoine, 1985.
  • Robert Delevoy, Gilbert Lascault, Jean-Pierre Verheggen et Guy Cuvelier : Félicien Rops, Lausanne – Paris, Bibliothèque des Arts, 1985.
  • Camille Lemonnier : Félicien Rops - L’homme et l’artiste, Paris, Henri Floury, 1908. Réédité avec une préface d’Hélène Védrine (Paris, Séguier, 1997).
  • Jef Meert : Félicien Rops - L'oeuvre gravé érotique, Anvers, Loempia, 1986.

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