- Ricine
-
La ricine est une toxalbumine produite par un arbrisseau de la famille des euphorbiacées, le ricin (Ricinus communis).
Elle est classée comme agent biologique toxique de catégorie B[1].Sommaire
Chimie, biochimie
La ricine est une glycoprotéine très toxique de poids moléculaire 66 000, formée de deux chaînes polypeptidiques A et B, reliées entre elles par un pont disulfure.
- La chaîne B permet à la toxine de se fixer à la paroi cellulaire et la chaîne A, responsable des propriétés toxiques, est capable d’inhiber la synthèse des protéines en attaquant l'ARN des ribosomes, entraînant la mort cellulaire.
- Elle est présente à une concentration variant de 1 à 10 % dans la graine de Ricin.
- Elle peut être extraite de l'huile de ricin incomplètement purifiée.
La molécule de ricine est proche de la curcine produite par Jatropha curcas.
Toxicologie
La ricine est hautement toxique ;
- Si ingérée, elle est en grande partie détruite par les enzymes digestives protéolytiques. Mais son absorption perlinguale peut augmenter la quantité absorbée.
- Elle est mille fois plus toxique inhalée (par voie pulmonaire (inhalation) ou parentérale.
« La ricine dispersée sous forme de poudre ou d'aérosol peut entraîner dans un délai variant de quelques minutes à plusieurs heures des signes d'irritation oculaire (sensation de brûlure, larmoiement, conjonctivite plus ou moins sévère) et pharyngée ainsi qu’une irritation respiratoire plus ou moins marqués : toux, dyspnée, œdème pulmonaire pouvant conduire à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Il existe un risque de réaction anaphylactique. La dose létale est de 1 mg/kg. » [2] - La ricine a été utilisée comme poison dans les années 1980, par les services secrets bulgares ("parapluie bulgare") ou pour des suicides.
Au delà d'une certaine dose, les effets sont généralement irréversibles. Les symptômes apparaissent en quelques heures, conduisant à la mort de la personne exposée en trois à cinq jours.
On craint qu'elle puisse être utilisée dans le cadre d'attaques terroristes (voir bioterrorisme et Plan Biotox).
Antidote
Les premières molécules protégeant contre la ricine ont été découvertes récemment par des équipes françaises. Elles ont identifié deux composés chimiques capables de bloquer de manière sélective le transport de la toxine vers les cellules humaines, après l'analyse de 16 500 composés. Suite à l'injection d'une dose létale de ricine à des souris, elles ont pu remarquer qu'une de ces molécules leur a permis de survivre. Ces travaux ouvrent ainsi la voie à la mise au point d'un antidote[3].
Protection préventive
On dispose maintenant d'une molécule active préventivement, si ingérée avant l'exposition.
En 2010, une équipe[4] a annoncé[1],[5] avoir découvert une molécule dite Rétro-2, qui - in vivo - protège, préventivement, des souris contre la toxine issue de la ricine. Cette molécule semble également protéger aussi de toxines produites par le choléra ou par la bactérie Shigella (cause de dysentries (shigellose) [1]. Ces chercheurs avaient antérieurement identifié une autre molécule (dite Rétro-1), mais qui ne semble active que in vitro contre la toxicité de la ricine[1]. Le mécanisme de protection est l'inhibition de l'entrée de la toxine dans les cellules cibles, entre les endosomes précoces et l'appareil de Golgi. Les souris exposées à un empoisonnement à la ricine par voie nasale ont toutes survécu (contre 15% pour le groupe témoin).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Site d'information sur l'huile de Ricinus communis
- (fr) La ricine (Ministère chargé de la santé)
- (en) Guides d'investigation épidémiologique - Ricine (INVS)
Bibliographie
Notes
- Communiqué CNRS n° 1860, intitulé « Découverte de molécules pour se protéger de la ricine, arme du bioterrorisme » 2010/04/16
- (Ministère de la santé, France)
- Inhibition of retrograde transport protects mice from lethal ricin challenge
- équipe associant le CEA, l'Institut Curie, le CNRS, l'Afssaps et l'Université de Montpellier, dans le cadre du programme interministériel de R&D NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosifs) confié au CEA en 2005 par le SGDSN ; résultats publiés en ligne par la revue Cell
- Cell, online, (résumé + illustration), 2010 B. Stechmann, SK Bai, E. Gobbo, R. Lopez, G. Merer, S. Pinchard, L. Panigai, D. Tenza, G. Raposo, B. Beaumelle, D. Sauvaire, D. Gillet, L. Johannes, J. Barbier. ; Inhibition of retrograde transport protects mice from lethal ricin challenge.
Wikimedia Foundation. 2010.