Rembercourt-sur-mad

Rembercourt-sur-mad

Rembercourt-sur-Mad

Rembercourt-sur-Mad
Administration
Pays France
Région Lorraine
Arrondissement Toul
Canton Thiaucourt-Regniéville
Code Insee abr. 54453
Code postal 54470
Maire
Mandat en cours
Paul Carpentier
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes des Trois Vallées
Démographie
Population 190 hab. (1999)
Densité 38 hab./km²
Géographie
Coordonnées 48° 59′ 17″ Nord
       5° 54′ 14″ Est
/ 48.9880555556, 5.90388888889
Altitudes mini. 192 m — maxi. 322 m
Superficie 5,04 km²

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Rembercourt-sur-Mad est une commune française, située dans le département de Meurthe-et-Moselle et la région Lorraine.

Sommaire

Géographie

Histoire

Rembercourt aux Groseilles et ses seigneurs

Ermariscourt et Rembercourt, des origines à l’an mil

Rembercourt-sur-Mad, village du canton de Thiaucourt-Regniéville (arrondissement de Toul, en Meurthe et Moselle), implanté sur le cours moyen de la rivière de Mad, non loin du confluent du Rû de Charey, en aval de Jaulny, ne doit pas être confondu avec Rembercourt-aux-Pots (aujourd’hui Rembercourt-Sommaisne), Rembercourt-sur-Ornain (aujourd’hui Val d’Ornain) et Rambucourt, tous situés dans la Meuse.

Le village tire son origine d'un colon franc (mérovingien ?) du nom de « Ragimbert ». Celui-ci aurait installé sa "curtis" (son domaine) contre les domaines du Soiron, de la « Warbordis villa » (Herbeuville les Saint-Julien) et de « Buriacum » (l’actuelle Buret). Elle se trouvait sur la partie aval de l’ancienne villa gallo-romaine de "Galliniacum", qui a donné elle-même le toponyme de Jaulny.

Ragimbert (ou Rambert) trouve sur le site des terres déjà en culture depuis quelques siècles, de la vigne, des sources, du bois, un terrain calcaire bien exposé, à l'abri du vent du nord et donc propre notamment à la viticulture, le long d’un chemin antique menant à la Moselle.

La première mention écrite citant clairement le domaine de Rembercourt, la "villa Raimberti curte", remonte à l'année 848, sous Charles le Chauve. À cette date, un certain "Fredal", fils d’ »Osianna », frère d’ « Ogtulf » et époux de « Blitgiane », grands propriétaires carolingiens dans la vallée du Rupt-de-Mad et aux alentours, fait une importante donation pieuse à l'abbaye de Gorze (fondée vers 750). Elle porte sur environ 12 hectares de terres labourables, de bois, de vignes avec leurs serfs, leurs habitations et un moulin farinier. Le texte de la donation («(…) in fine Raginbertiaca vel in ipsa villa Raginberto curte (…) ») fait une séparation claire entre le territoire (le finage) et les fonds cédés, la « curtis ». Les quelques mentions anciennes ou plus récentes de ce moulin et de la bourgade qui l’entoure tendent à montrer que le village actuel de Rembercourt et les biens cités en 848 ont une histoire souvent distincte.

Capté dés 855, sous Lothaire II, par les abbés laïques de Gorze, le site fait l’objet en 959, au temps de l’empereur Otton, d’une sentence arbitrale du duc de Haute-Lorraine, Frédéric d’Ardenne prononcée à la cour de justice royale de Gondreville. Après différentes péripéties inconnues, on retrouve en 972 le moulin et le foncier environnant au sein de la mense abbatiale des bénédictins de Saint-Mihiel dont le même Frédéric est alors l’avoué. Frédéric est l’époux de Béatrice de France, sœur d’Hugues Capet (avoué lui-même des domaines de l’abbaye de Saint-Denis) et a construit le premier château de « Bar-au-Duc ». En 972, il soussigne au nom du couple et de son fils Thierry, un bail emphytéotique qui porte notamment sur l’antique moulin farinier, au profit de deux exploitants, Vidon et Étienne. C’est alors que le moulin et le hameau où il se situe sont désignés sous le vocable d’« Ermariscurte surper fluviulum Matthe ». Ainsi, à moins d’imaginer que les toponymes d’Ermariscourt et de Ragembercourt ont été confondus par déformation linguistique, dés l’origine, il existe un hameau avec un moulin, nommé Ermariscourt, sur le finage de Rembercourt, mais qui n’est pas le village-centre portant (lui aussi ?) le nom de Rambert. En effet, l’ensemble visé en 848 et 972, situé au bas du vallon de Hacnivaux, à la limite avec Waville, sera appelé jusqu’au XVI-XVIIes siècles, Amecourt (avatar certain d’Ermariscourt, Armacourt, peut-être Ramecourt…). Il y existe des chaumières, une « fontaine » (le ruisseau aujourd’hui tari de Hacnivaux) et le moulin banal d’origine. La charte de l’abbaye de Saint-Mihiel ne saurait en tout cas concerner Saint-Baussant, comme cela a été envisagé par les érudits du XIXe siècle.

La période médiévale

On peut penser qu’après l’an mil, plus en amont de l’ensemble dont on vient de parler, sur la rive droite du Mad, la sécurisation du gué et du carrefour entre les antiques chemins de Villecey-sur-Mad, Viéville-en-Haye, Charey et Jaulny, commande l’édification opportuniste d’un fortin. C’est l’ancêtre du futur Château de Rembercourt ; sans doute implanté au siège d’un des anciens domaines carolingiens disposés de part et d’autre de la rivière. Ce fortin est construit par un clan de hobereaux qui entre rapidement dans le réseau d’alliance des possesseurs de l’alleu et du château de Jaulny, dans l’orbite des premiers sires d’Apremont. L’idée des miliciens est de monnayer leur protection aux habitants du groupe d’habitation qui peut avoir préexisté à cet endroit, comme les archives de la période franque le font supposer et même si celles de 972 leur sont étrangères. La famille de ces petits chevaliers se pare du nom du site : « Ramber-court ».

Le village prend rapidement ses aises ou rejoint l’habitat de la rive gauche du Mad, le long de la « strata publica » gauloise menant vers Amecourt, Waville et Metz, pour évoluer vers la physionomie qu’on lui connaît encore aujourd’hui. Il est vraisemblable que l’une des abbayes locales, certainement Saint-Benoît, le dotent d’une modeste chapelle peut-être dés la fin du XIIIe siècle. Quant au passage sur le Mad, il rend vite nécessaire de jeter un pont entre les deux rives mais jusqu’après l’Empire napoléonien, il restera en bois.

Les documents montrent en effet que vers le XIIIe siècle, une part du ban et finage de Rembercourt est aux mains de l’abbaye cistercienne de Saint-Benoît-en-Woêvre, qui est devenue au gré des aumônes, la détentrice du moulin et du hameau d’Amecourt. Le village de Rembercourt, où évoluent toujours les petits seigneurs du même nom qui gardent la tour féodale, fait partie des innombrables possessions que les sires d’Apremont ont réussi à capter tout le long du cours du Rupt- de-Mad et dans la région. Il est cependant avéré que les abbayes messines (Sainte Glossinde, Gorze…) ou la cathédrale, y ont des rentes, en particulier sur les terres de la rive droite, du côté de Villecey-sur-Mad. Le finage est à cheval sur les deux diocèses ecclésiastiques copiés sur les diocèses laïques gallo-romains de Metz (rive gauche) et de Toul (rive droite) qui, eux-mêmes ont repris les tracés des anciennes cités gauloises des Médiomatriques et des Leuques. Mais cette frontière du Mad est théorique puisque l’église Saint-Gengoult de Rembercourt, sur la rive « messine » demeure rattachée au spirituel à l’épiscopat toulois. Il est peu probable que soit là la raison du maintien fort tardif de Rembercourt comme annexe de Jaulny, village de la rive touloise lui-aussi (jusqu’en 1802). L’église elle-même n’est attestée qu’à partir du XVe siècle sous le terme de « moutier » ; d’où l’idée d’une fondation par le couvent de Saint-Benoît, mais certainement bien antérieure.

Les chevaliers de Rembercourt, pour leur part, sont en voie d’absorption. Comme beaucoup de familles de seconde importance, ils s’épuisent en aumônes pieuses. Sans qu’on puisse en tirer des conclusions définitives, notons qu’elles concernent nettement la rive droite : ainsi de la donation par Gérard, "miles de Rembercourt" à l’abbaye prémontrée de Sainte-Marie-aux-Bois d’un alleu situé sur le ban de la "vetis-villa" (Viéville-en-Haye)(1206). Ainsi de la confirmation par Hugues, frère ou fils du précédent, du droit de pâture accordé par le même Gérard à Sainte-Marie dans la contrée de la "Petite Montagne"(1219) . Hodiarde, sœur de celui-ci est alors l’épouse du sire Erard de Jaulny.

Le premier acte important du millénaire sur la seigneurie et le terroir de Rembercourt remonte à avril 1260. On y apprend que l'abbaye de Saint-Benoît-en-Woêvre échange avec le Comte de Bar Thiébaut II notamment tout ce qu'elle a à Rembercourt en bois, en prés, en terres, en rentes et autres revenus de la "ville et du ban". S’y ajoutent ses serfs du lieu, un moulin et un four. En échange, les moines reçoivent du comte différents biens situés dans le Barrois. Il n'est pas question du château et de ses dépendances et l’échange ne concerne donc apparemment que les parts des deux villages situées sur la rive gauche (côté de la « Grande Montagne »), y-compris le four et les pressoirs qui seront toujours sur cette rive, au débouché du pont. Les vénérables de Saint-Benoît garderont cependant quelques rentes au village.

Il semble que cet achat ne trouble pas les droits dont la famille d’Apremont dispose à Rembercourt depuis quelques décennies déjà, soit en propriété soit en fief du Comte de Bar (les sires d’Apremont dits « à la croix », en raison de leur écu armorié). Toujours est–il que le 7 mai 1315, on voit un certain Vauthier d'Apremont (d’une des branches cadettes ou homonymes de la célèbre dynastie précédemment citée) reprendre ses droits au château d’Apremont. Il entend restituer aux héritiers de la première (au jeune Joffroy d’Apremont et à sa mère Isabeau de Kiévrain) ce qu'il a à Rembercourt avec Pannes et Charey, contre notamment des droits sur des villages du "haut Rupt-de-Mad" comme Rambucourt, Ressoncourt et Cuvery. Cette part du village de Rembercourt qui devient ainsi barroise en 1315, ne comporte ni le château, conservé selon toute vraisemblance par les sires de Rembercourt (Richier) ni, apparemment, les four et moulin.

En 1353-54, le comte Robert, duc de Bar, tient cependant encore sous sa "directe" une part des hommes et du ban de Rembercourt incluant le four, qu'il loue à un laboureur. Il partage apparemment le reste de ses droits avec un second seigneur indéterminé mais très certainement de la famille d'Apremont ou l’une de ses obligées.

Ces transactions ne mettent pas en cause la séparation du terroir de Rembercourt en deux sites bien distincts. D’un côté se tient le village de Rembercourt, étalé sur les deux rives du Rupt de Mad avec sur une rive, le fort ou le futur château, et sur l’autre, le four, les pressoirs et le moutier. Plus loin, en aval, au débouché du vallon d’Hacnivaux, de part et d’autre de la route de Waville, subsiste l’écart d’Ermariscourt-Armacourt-Ramecourt-Amecourt, avec son antique moulin banal.

Les chevaliers de Rembercourt sont désormais happés par les vicissitudes de l’histoire et les calamités naturelles ou humaines. À partir de 1348, les guerres incessantes, les crises dynastiques, la peste, les désastres frumentaires et climatiques s’abattent sur la région et déciment la population. Les comptes ducaux montrent qu’en dix ans, entre 1347 et 1357, le nombre de redevables à la taille à Rembercourt a chuté de moitié, passant d’une trentaine à moins de quinze ; ce qui donne vers 1360 une population approximative de soixante quinze âmes. À cette époque, la terre et seigneurie de Rembercourt, les deux entités villageoises avec leurs bâtiments banaux (château, moulin, four…) sont devenues de simples monnaies d’échange pour les besoins guerriers ou spéculatifs de l’aristocratie barroise ou messine. Ils restent cependant des fiefs liés à la « baronnie » d’Apremont.

En 1360, la part de Rembercourt-sur-Mad (et de Charey), mouvante de Geoffroy d’Apremont est dans les mains de Poince de Vy, échevin de Metz. L’autre part appartient au duché de Bar. La terre de Rembercourt est en effet mise en gage pour plus d’un siècle contre un prêt de 400 livres tournois accordé au sire d’Apremont, à l’origine par Jean de Marly. Celui-ci en a cédé les droits à Jean de Puxe, avant que celui-ci ne les donne à Poince de Vy. Ces personnages sont tous de riches membres de l’oligarchie qui gouverne la république bourgeoise de Metz. En 1433, le gage que constitue la seigneurie de Rembercourt et d’Amecourt se trouve aux mains de Thiébault de Vy. Il l’offre alors en dote à sa fille Béatrice lorsqu’elle épouse de Jehan Baudoche, maître échevin de Metz qui en rend hommage à Hue d’Autel, sire d’Apremont de la nouvelle dynastie. Naimery Baudoche, son ancêtre, a pu s’entremettre dans ces transactions fiduciaires vers 1378…

En novembre 1466, Jehan Baudoche renouvelle l'hommage pour la Terre de Rembercourt dans les mains d'Emich de Linange, successeur des précédents sires d'Apremont. En 1454, Poincette de Thiaucourt, d’une famille de fidèles officiers du Duc de Bar et originaires du bourg qui leur a donné son nom, fonde une messe anniversaire en l'église abbatiale de Saint-Mihiel, assise sur ses revenus de Rembercourt. En 1463, dans des conditions inconnues, son lointain cousin Didier de Thiaucourt, déjà maître de Villotte-devant-Louppy et qui exerce à la cour ducale de Bar, est devenu aussi seigneur de « Rembercourt-sur-Maid » en partie.

Le 22 décembre 1484, sous le règne du duc de Lorraine et de Bar René II, Henri de Moncelz et Didier de Thiaucourt l'ancien se partagent Rembercourt à parts égales. Henri de Moncelz a la partie où se situe Amecourt et son moulin (« encore – dit-il – j’ai ung un villaige de petite valleur »). Ce sont les premières mentions modernes des deux parties du village : Amecourt d’une côté et « Rembercourt-aux-Groseilles », parfois appelé simplement « Grozelles », de l’autre. Les groseilliers ont en effet remplacé le vignoble, maltraité par le climat et la situation sociale, très dégradés depuis deux siècles. Dix ans après, en 1494, la portion des Moncelz échoit à l’écuyer Martin Lambert par mariage avec une fille de cette famille, Valence, sœur du précédent. La communauté de Rembercourt compte alors environ cent trente cinq âmes et au-moins six familles de laboureurs.

Rembercourt au temps des ducs de Lorraine

Entre 1534 et 1541, au gré des transactions, les revenus des deux villages sont scindés par moitiés, quarts, ou trois quarts, entre deux, voire trois seigneurs: Didier de Thiaucourt, valet de chambre du Duc René II, Mahaut d'Apremont (de la branche dite « aux Merlettes ») et Christophe des Armoises. En 1541, la part des Thiaucourt est cédée aux propriétaires du château de Jaulny : Ferry III et Joseph de Jaulny. À partir de 1562, Rembercourt est partagé entre Ferry III de Jaulny et son cousin germain Christophe 1er des Armoises.

Christophe II des Armoises, son fils, lui succède et donne dénombrement de sa moitié au duc Charles III le 27 janvier 1573. Le document énumère dans le détail les cens et redevances dues par chacun des habitants du village ainsi que les droits et biens seigneuriaux détenus. On en déduit la présence de soixante dix ménages, ce qui donne une population d’environ trois cents habitants. Les redevances seigneuriales sont exprimées en argent et en vin, signe tangible de la réapparition de la vigne, ce qui montre que la situation relativement florissante d’avant 1350 s’est un peu rétablie. L’antique moulin d’Amecourt n’y suffisant plus, un second moulin est construit à partir du milieu du siècle (d’où son nom de « neuf moulin »). On a choisi l’amont du village, à l’endroit où il se tient de nos jours. On l’appelle aussi « moulin Marcou », du nom de l’homme d’affaires de la famille des Armoises.

Cette famille de la haute aristocratie lorraine, a repris le château (« la maison forte »), rendu par les Thiaucourt. C’est certainement au temps des Armoises qu’il subit des transformations pour le mettre au goût du jour. On y entre par une porterie à mâchicoulis et un pont-levis jeté sur le fossé alimenté en partie par les eaux de la rivière. Le « château » possède un jardin, ceint de murailles et protégé symboliquement par quatre tours rondes qui seront transformées plus tard en colombiers (il en subsistera encore une, « découronnée » avant la guerre de 1914-1918). Les pressoirs banaux sont installés dans une grange de l'autre côté du pont en bois, à l'angle de la rue de l'église, donnant sur la place de « la fontaine » (l’abreuvoir qui descend à la rivière contre le pont). Les deux moulins, « Happe-le-moulin », celui des origines (celui d’Amecourt) et le nouveau, partagé par moitiés entre les Jaulny et les Armoises, leur rapportent en droits de mouture près de cinq tonnes de blé. Il n'y a plus de four banal à Rembercourt: les seigneurs y tolèrent l'existence de trois boulangers qui font commerce du pain et payent une taxe en contrepartie.

En 1579, calviniste convaincu et tombant sous le coup des ordonnances du Duc de Lorraine Charles III, Ferry III de Jaulny, seigneur d'un quart de Rembercourt depuis 1562 doit s’exiler en Suisse. N’ayant aucun héritier, il est obligé de vendre ses biens et meurt à Bâle en 1587. Le nom des Jaulny s'éteint avec lui. Ses droits sur les terres et châteaux de Rembercourt et Jaulny échoient d'abord indivisément à ses plus proches héritiers, ses cousins de la lignée des Armoises, Christophe II et Thierry IV et à leur propre cousin, Nicolas des Armoises.

A la mort de Christophe II des Armoises, en 1588, l’héritage des Armoises sur Rembercourt échoit à Thierry, pendant que Jaulny revient à Nicolas. Par la suite, les droits sur Rembercourt, très parcellisés et imbriqués notamment à ceux de la seigneurie de Hannoncelles (à Ville-en-Woêvre – 55) reviennent successivement aux garçons (Paul, Philippe….) et aux filles de la famille (Marie, épouse de Nicolas de Gourcy et Anne, épouse de Dominique d’Ourches) ( voir famille d'Ourches )[1]. Guillemette des Armoises introduit dans la place par son mariage la famille des Gournay, seigneurs de Friauville, avec son mari Samuel, de la dynastie des maîtres échevins de la Cité messine.

Il semble cependant que par Nicolas des Armoises, une seconde branche de la famille de Gournay (celle de Marchéville) ait été mise sur les rangs pour disputer des droits sur Rembercourt, notamment le Comte Henri de Gournay de Marchéville, homme influent et riche, seigneur de plus d'une dizaine de villages, dont la Comté de Marchéville-en-Woêvre . Il cumule les offices et dignités à la cour des ducs: bailli de Saint-Mihiel, bailli de l'évêché de Metz, précepteur du jeune Duc Charles IV de Lorraine… Malgré tout, on le retrouve plus tard comme ambassadeur du Roi de France à Constantinople et comme co-fondateur de la Compagnie de la Guyane, créée sous les ordres du roi Louis XIII pour coloniser les Amériques. Il sera condamné à mort par contumace en 1648 pour haute trahison par le Duc Charles IV, en raison de ses activités politiques et militaires dans le camp des français, ennemis jurés des lorrains (affaire du bailli d’Hattonchâtel).

Le sombre XVIIe siècle

Le 27 novembre 1619, Henri de Gournay de Marchéville consent à céder ses droits sur Rembercourt à son cousin Regnauld de Gournay de Friauville contre une rente annuelle représentant en capital trente mille francs barrois.

Le dénombrement seigneurial de 1620, effectué dans les mains du Duc Henri II de Lorraine montre que Regnauld de Gournay de Friauville partage encore le village avec le seigneur de Hannoncelles, Paul des Armoises ou son successeur. Celui-ci en a fait la reprise en 1612.

On compte à cette époque, avant les horreurs de la guerre, soixante dix à quatre vingt chefs de familles dans la village dont près de la moitié sont des veuves, soit entre deux cent soixante dix et trois cents habitants. La terre de Rembercourt rapporte au seigneur vingt queues de vin au pressoir (soit environ quatre vingt quinze hectolitres à raison de 468 litres/queue) et, notamment, trente chariots de foin. Mais chaque foyer doit à la saint Remy un pot de vin par jour de vigne (vingt ares) et une geline par an pour « droit de bourgeoisie » (traduction fiscale de l’ancien servage). Deux boulangers exercent à Rembercourt depuis que les habitants ont acheté la fin de la banalité du four. Le groupe des habitants taxés possède en propre plus de cinq hectares de vignes environ. Deux vignes appartiennent à de gros propriétaires de Thiaucourt. En 1632, deux belles parcelles du vignoble situées dans la côte au-dessus de l’église sont vendues à un écuyer de Béney pour cent quatre francs barrois. On n’en connaît malheureusement pas la superficie.

1617 marque, semble-t-il, la fin de la présence des Armoises à Rembercourt au profit des seuls Gournay. Regnauld de Gournay est un militaire actif, au sein d'une Lorraine tiraillée entre ses intérêts propre, la défense officielle de la religion catholique contre les réformés et les vues annexionnistes précises du roi de France, de l’empire germanique et de leurs alliés divers. Le seigneur de Rembercourt est d'abord officier du roi puis repasse dans le camp lorrain aux pires moments que va connaître la Lorraine: la Guerre de Trente ans.

Regnauld de Gournay de Friauville prête un nouvel hommage pour ses seigneuries de Rembercourt et Friauville le 27 août 1625. Il est absout le 30 janvier 1630 du meurtre de Paul de Haraucourt, perpétré au cours d'un duel à Gorze. Il semble être depuis 1625 le seul à disposer du château et de la seigneurie de Rembercourt. Il meurt avant 1643. Il a laissé procuration à sa femme Dorothée de Tavagny à de nombreuses reprises pour la gestion de ses rentes lors des longues campagnes militaires aux côtés du duc. Le testament par lequel il laisse l'usufruit de tous ses biens à sa femme remonte à 1635 mais il meurt peu après et Dorothée de Tavagny rédigera elle-même ses dernières volontés en 1639.

Entre 1639 et 1658, ses deux fils conservent Rembercourt dans l'indivision. Paul de Gournay épouse Charlotte de Ficquelmont, une illustre famille de haute noblesse lorraine, très influente à la Cour; et Regnault II, capitaine de cavalerie, Louise de Revers. Ils cumulent les revenus et les droits sur les seigneuries laissées par leurs parents: Rembercourt, Friauville, Molinel et Champigneulles. À cette époque, les ravages incessants de la soldatesque, la famine et les épidémies ont cumulé leurs effets pour détruire plus de 60% de le population des duchés…

C'est le 4 septembre 1658 que les deux frères décident de partager les Terres ancestrales. Pendant que Paul conserve Friauville (il est à l'origine des derniers seigneurs de Jaulny et Friauville, alliés aux Raigecourt), Regnauld II devient le seul seigneur de Rembercourt. Il reçoit de sa mère les titres d'Etreval, d'où le nom de cette nouvelle branche des Gournay, dite d'Estreval.

Regnauld II de Gournay fait un premier dénombrement de Rembercourt en 1664 et il doit le renouveler devant la "chambre de réunion" de Metz, c'est-à-dire, dans les mains du Roi Louis XIV, le 1er février 1681 alors que progresse le projet d’annexion de l’État lorrain à la France. Le seigneur de Rembercourt prête à nouveau l'hommage féodal pour sa seigneurie le 20 novembre 1699 mais cette fois dans les mains du Duc de Lorraine Léopold à qui le traité de Ryswick an rendu ses droits à la couronne. Il administre sa Terre paisiblement pendant près d'un demi siècle et laisse les familles et les forces des hommes reconstituer le tissu social, les patrimoines et les terroirs laissés pantelants par les horreurs du siècle qui finit.

Rembercourt au temps des Lumières

Le dernier Gournay à posséder Rembercourt est le Comte Ignace, fils de Régnault II, né en 1662. Il en hérite fin 1707. Il est chambellan du Duc Léopold, gouverneur du Comté de Vaudémont et grand-bailli de Vézelize, où il réside souvent dans son hôtel particulier. Il fait trois mariages mais n'en aura aucun enfant. Le dernier mariage en date, celui de 1729, crée des jalousies et l'on soupçonne dans l'entourage du vieil aristocrate qui a alors soixante-sept ans, une captation d'héritage de la part de la jeune épousée, Marie-Charlotte de Gourcy qui n'en a que vingt-trois.

La sœur du vieux comte, Louise-Dorothée de Gournay, épouse de Nicolas-François de Baillivy, demande alors la révision du contrat de mariage de son frère qui emporterait cession de tous les fiefs à la jeune "donzelle": deux fermes de Thorey, la Terre de Rembercourt et l'hôtel de Vézelize. En fait, le Comte Ignace de Gournay a rétabli l'équilibre en prévoyant dans son testament, rédigé en 1734, que sa jeune veuve se contentera de l'usufruit de la seigneurie de Rembercourt; le reste revenant à sa sœur et à ses neveux, jusqu'à ce que ceux-ci puissent à leur tour en jouir en toute intégrité.

Le Comte Ignace meurt en août 1738 et effectivement, les revenus de la seigneurie de Rembercourt passent provisoirement à Marie-Charlotte de Gourcy, sa douairière, jusqu'en l'année 1748. À cette date, devenu majeur, le jeune comte Ignace, son neveu, fils aîné de Louise-Dorothée de Gournay (épouse de Baillivy), peut lui-même en hériter. C’est ainsi qu’à l'automne 1748, les plaids annuels du village sont convoqués au nom du Comte Ignace de Baillivy, seigneur de Mérigny, lieutenant-colonel de cavalerie au Régiment de Rosen-Allemand. Marie-Charlotte de Gourcy, veuve, a retrouvé un bon parti en 1752 en la personne du Marquis de Toustain de Virey.

En 1748, la Terre de Rembercourt est donc conservée au sang des Gournay grâce aux femmes mais passe ainsi à la dynastie des Baillivy, militaires issus des anciens échevins de Toul, les Bailly ou Baillivy.

Accaparé par ses fonctions militaires, le Comte de Baillivy fait administrer ses intérêts de Rembercourt et Mérigny à sa femme, Henriette-Armande de Saint-Blaise, qui vient parfois au château de Rembercourt. Veuve en 1771, la comtesse de Baillivy demeure quelque temps tutrice de ses deux fils, François-Xavier et Charles-Marie-Dieudonné de Baillivy de Mérigny, tous deux capitaines dans l'armée royale et qui seront co-seigneurs de Rembercourt de 1771 à la fin 1774 sans laisser de souvenir véritablement chaleureux dans la mémoire locale, tant leur conduite est typique des excès aristocratiques du régime finissant; les archives en témoignent.

La « douce époque » du Comte de Malartic

Jean-Vincent-Anne de Malartic de Maurès, marié en 1768 à Jeanne-Dorothée de Baillivy de Mérigny (la sœur des précédents), leur rachète leur part dans la Terre de Rembercourt et devient ainsi le nouveau et dernier seigneur du village au début de l'année 1775.

Le Comte de Malartic descend lui-même d'une antique et illustre famille de chevaliers dont on trouve les racines dès le XIIIe siècle dans l'entourage des Comtes d'Armagnac, de Fezensac et de Rodez. Le nom lui vient du village et château de Malartic. Jean-Vincent-Anne est né le 27 décembre 1739. Il est le fils de Pierre-Hippolyte-Joseph de Malartic de Maurès, chevalier, Comte de Montricoux, seigneur d'Artigues et de Saint-Genies, en Agenois et en Quercy, lieutenant aux Gardes françaises (mort en avril 1768) et d'Antoinette-Charlotte de Savignac (fille d'un conseiller du Roi à la Cour des Aides de Montauban). On voit là les attaches généalogiques méridionales et l’ancienneté des quartiers de noblesse du nouveau seigneur de notre village barrois. On imagine l’effet produit par l’accent gascon du nouveau seigneur sur les simples manouvriers et vignerons de Rembercourt…

Les quatre frères du nouveau seigneur de Rembercourt sont tous officiers aux armées et s'illustrent dans différentes campagnes aux Amériques et au Canada (fondation de la ville de Malartic).

Le 30 décembre 1776, le Comte de Malartic prête foi et hommage pour la seigneurie de Rembercourt au Roi de France, pour son duché de Bar, incorporé depuis dix ans au Royaume. Contrairement aux fils de Baillivy de Mérigny, le nouveau maître est présent dès qu'il le peut auprès de ses ouailles avec lesquelles il semble avoir de bons rapports. Avant 1900, le souvenir du Comte de Malartic est encore présent à Rembercourt, pour son caractère serviable. Il est aussi sensible aux besoins financiers des bourgeois de Thiaucourt à qui il prête la somme de 6200 Livres en 1787, qui ne seront remboursées (sans hâte) que dans le courant de 1790…

Jean-Vincent-Anne de Malartic est homme pieux, charitable et sensible aux misères de ses sujets. Il y a par exemple entre lui et la communauté un litige dès son arrivée sur les droits d'affouage dont le seigneur dispose dans les bois de la communauté, "pour lui et sa maison". Le 26 octobre 1775, il passe convention avec les habitants par laquelle il est convenu qu'on se soumettra à l'arbitrage de trois avocats de Nancy pour y remédier. Diverses autres conciliations avec les habitants sur des droits féodaux ou des cens montrent son esprit accommodant.

L'aristocrate gascon sera l'un des commissaires désignés pour la rédaction du cahier des doléances de la Noblesse locale qui se tient en l'hôtel du bailliage et de la ville de Thiaucourt le 16 mars 1789. Elu par ses pairs, le lendemain, comme député à la chambre de réduction de Bar, il est aussi désigné comme député de la Noblesse barroise aux États généraux du Royaume.

Le Comte de Malartic est lieutenant du Roi à Nancy et en tant que tel, il fait partie du commandement de la garnison lorsque se déroulent les événements de l'"affaire de Nancy" en août 1790, où il joue, semble-t-il, un rôle fort honorable, témoignant là-aussi de beaucoup de courage et de modération.

Le 22 messidor an VIII (mardi 3 juillet 1799), encore une marque de générosité à son actif, le Comte de Malartic écrit à Napoléon 1er pour lui demander de rayer de la liste des émigrés son beau-frère, l'ancien seigneur de Rembercourt, François-Xavier de Baillivy de Mérigny.

Sous l'Empire, il décide d’entrer dans les ordres. Ordonné prêtre en 1802, il est nommé supérieur diocésain du nouveau séminaire de Nancy où ses bienfaits sont remarqués. Il démissionne modestement en janvier 1812 et meurt fin mars.

Ainsi disparaît le dernier seigneur du village de Rembercourt.

Rembercourt sous la Révolution et l'Empire

Rembercourt ne connaît aucun trouble notable, si ce n'est l'effervescence légitime véhiculée par les gazettes et les potins qui courent de campagne en campagne à partir des colporteurs ou des gens qui ont la fortune de se déplacer en ville. Les différents événements qui marquent par intermittence la mise en place des nouvelles institutions, les réquisitions, les appels aux armes et les nouvelles des armées ou de la capitale mettent chacun en émoi. On imagine aussi l'espoir teinté d'une sourde inquiétude qui gagne les esprits à Rembercourt lors de la rédaction des cahiers de doléances, de l'élection des députés aux États généraux ou des événements qui suivent : constitution des gardes nationales, prise de la Bastille, émigration des aristocrates, nationalisation des biens du Clergé, fête de la Fédération, serment des prêtres, saisie des biens émigrés, arrestation du roi à Varennes, très proche, les jours difficiles du gouvernement "de salut public" avec les angoisses légitimes de l'invasion venant de l'est (déjà) etc..

Une Municipalité est bien-sûr constituée. Elle comprend en 1793 comme maire Sébastien Robert et comme procureur un certain Naudin, l'ancien laboureur du Comte… On appliquera… avec difficulté… le calendrier républicain. Sans nul doute, mis à part les "Montagnards" convaincus (à Rembercourt, il n'était pas besoin d'être député à la Convention pour être "de la montagne") peu de monde, sauf les plus activistes ou les plus conformistes, ne se lance le célèbre "Salut et Fraternité, Citoyen !". Malgré cette prudence et cette modération innées du vigneron lorrain, ceux de Rembercourt ne failliront jamais à leur devoir envers la République.

En juin 1791, au-moment de la fuite du roi arrêté à Varennes, la levée de volontaires pour la Garde Nationale de Rembercourt à raison de un homme sur vingt donne six noms: Joseph Pérot, capitaine, Pierre Gozillon, lieutenant, Nicolas Philippot, Antoine Cailloux, Jean Manson et François Remy. Signe qui ne trompe pas, lui non plus, François Baudot, ex-curé de Jaulny et Rembercourt, est alors maire du village…

En avril 1792, les 99 hommes valides de Rembercourt se portent (ou sont portés) volontaires pour défendre les acquis révolutionnaires. Avec les 51 de Xammes, ils formeront la 1re compagnie basse du bataillon des Gardes nationaux de Thiaucourt, comprenant 94 fusiliers, qui est commandée par le capitaine Joseph Louis, de Rembercourt. Parmi eux on note la présence de Nicolas Châteaux, caporal. En juillet 1792, quelques semaines avant la victoire de Valmy, la commune déclare posséder 16 fusils, 1 pistolet, 2 pistolets de poche, 1 sabre et 1 épée…

Le 1er mars 1793, 15 rudes gaillards du village de 18 à 40 ans sont déclarés aptes à porter les armes pour défendre la "Patrie en Danger"… Trois citoyens de Rembercourt sont déjà sous les tout nouveaux drapeaux tricolores et quatre autres sont "aux fédérés de Paris": Antoine Pérot, Clément Henry, Nicolas Pierre, François Mouxaux. Ils rapporteront dans leurs besaces un chant nouveau, qu’ils entonneront à leur retour, qu'on imagine triomphal, dans la salle commune du ci-devant château, face à la populace assemblée: "le chant de guerre pour les armées du Rhin", alias "la Marseillaise".

La population dans son ensemble est mise à contribution à plusieurs reprises, notamment sous la Convention, pour des réquisitions de fourrage, grains et chevaux dont cependant sont frappés par préférence les plus riches : les laboureurs et des aristocrates discrets que la pondération des habitants ou l’attitude politique n'aura pas obligés d'émigrer. Ainsi les filles De Gourcy, ex seigneurs de Charey, à la gentilhommière de Montplaisir et le Comte de Malartic lui-même semblent épargnés par la tourmente. De leur côté, les Raigecourt-Gournay, maîtres de Jaulny et réactionnaires-nés, par trop mouillés de par leurs relations avec Versailles et les Tuileries, ferraillent aux côtés des Autrichiens contre la République naissante. Les grosses cloches de l'église de Rembercourt sont descendues et livrées à la fonte (mitraille oblige). Les ordres parviennent directement des "Représentants du Peuple aux Armées", soit du Comité de salut public, par l'intermédiaire du district de Pont-à-Mousson qui répercute et centralise. En juillet 1795, sous la Convention Thermidorienne, lors de l'un des nombreux recensements de denrées susceptibles de réquisitions, on compte à Rembercourt 31 chevaux, 48 bêtes à cornes, 276 moutons, 21 chèvres et 24 porcs.

Loin de l'échauffement des clubs et des débats politiques parfois sanglants de Paris ou des grandes villes de l'ex-Province, les vignerons de Rembercourt persévèrent à guetter la gelée printanière qui risque de porter un coup fatal à leur récolte et s'ingénient obstinément à remonter la terre aux pieds des ceps…

Napoléon ponctionnera encore son tribut d'hommes courageux et opiniâtres à Rembercourt puisque, notamment, Dominique Châteaux, l'un des nombreux enfants du village et de la contrée à figurer dans la Grande Armée, est fusilier au 17e régiment d'infanterie de ligne à partir de 1802. Il verra le "soleil d'Austerlitz" et sera bravement tué le 14 octobre 18O6 à la bataille d'Iéna. Son propre frère, Nicolas, au 8e puis au 4e régiment de Hussards, participera à beaucoup de batailles de Napoléon depuis 1805 jusqu'à la retraite de Russie et à la campagne de France de 1814.

Tous ces hommes n'ont certainement qu'une idée en tête, toucher la solde après de si vaillants combats et rentrer à Rembercourt, dans la vallée du Rupt-de-Mad qu'ils aiment tant, pour y fonder un foyer et reprendre le chemin de leurs vignes.

La vie quotidienne au temps des ducs

Le meilleur moment pour évoquer l’ancien Rembercourt, ses hommes, les paysages et la paisible histoire du village, est peut-être celui où le Comte Ignace de Gournay franchit en nouveau maître la porterie du château. Ce doit être vers 1708 (voir les chapitres précédents).

Le village se relève alors lentement de ses ruines et se repeuple depuis la fin de la Guerre de Trente Ans.

La population

Elle est passée d'environ 160 âmes en 1534 à environ 310 en 1573. Elle a dû chuter considérablement au milieu du XVIIe siècle en raison des épidémies, de la famine et des atrocités commises par les soldats de toutes nationalités ayant eu à chevaucher dans la Province. En 1708, elle parvient à nouveau à une quarantaine de familles (entre 180 et 200 personnes) contre soixante huit à la fin du XVIe siècle (entre 280 et 350 âmes). En 1758, elle sera revenue à 300-350 habitants (351 en 1794), pour atteindre un sommet de 429 habitant pour 115 foyers vers 1850.

Le terroir de Rembercourt

Il est le reflet de l'activité de la communauté. Elle est alors accaparée essentiellement par les travaux de champs et surtout des vignes. Le fond de la vallée du Rupt-de-Mad est occupé par les chènevières et les jardins qui bordent la rue "du Lozeret" (ou de l’oseraie), actuelle rue du moulin, et la rue du Val de Metz, avec en retrait de basses maisons aux toits couverts de tuiles-bottes. Plus loin, au pourtour du village, mais toujours dans la partie basse ou proche de la rivière, viennent les prairies à foin, où le pâtre communal met paître le troupeau hardal après la fenaison. Pour les foins et les temps de labour (« le vaque »), elles sont mises « en épargne » par les laboureurs, conformément à la coutume de Saint-Mihiel. Ils y font brouter leurs chevaux: "le pré à l'huile" (sur lequel fut certainement prélevée longtemps la rente du luminaire pour l’église, agrandie au milieu du siècle), "le Grand Pré", "le Pré le Maréchal", "le Pré le Serizier", "Mailla-Champs", "les Petites Croix"…

Au centre du finage, de part et d'autre du château des comtes, s'étend "le Breuil", en amont, et le "Grand Jardin", en aval; les deux parts de la réserve seigneuriale d'où les gens du château tirent les légumes et les fruits de la table comme le fourrage des bestiaux. À flanc de coteau, sur la rive gauche, coincés entre les prés et les vignes, quelques champs de céréales: "Les Beaux Moulins", "les champs Cunots" (qui ont conservé le nom de leur tenancier, un certain Cunos, qui le cultivait l'an 1353) et, sur la rive droite, à la petite montagne, les grandes terres à céréales (froment et avoine, surtout, un peu d'orge et très peu de seigle): "la Cumine", "Mailla-Champs", "Les Fourchottes", "la Pièce de Viéville", "sous Chanois"…

L'intégralité de la côte exposée au sud-est, la Grande Montagne, est couverte de vignes, depuis "les Bourgognes" jusqu'aux Perrières. Seules échappent à la vigne les espaces boisés dispersés sur le ban et les falaises calcaires ("les roches") qui surplombent la vallée à partir du sentier de Saint-Julien. Au delà et à partir des revers de côtes, quelques champs de céréales et les premiers champs de pommes de terre prennent naissance (vers la fin du siècle). Les forêts (vers Haillebas et Jaulny ou du côté de Villecey) sont seigneuriales ("le Bois de Debat ou de But, dit les treize Journaux") ou communautaires (les futurs bois communaux). Les habitants y ont le droit d'affouage, sévèrement contrôlé par les gruyers et forestiers. Les coupes en sont réglées et partagées annuellement. Ils ont le droit d'y faire marquer des arbres pour la construction des maisons, faire leurs meubles et outils.

Le village

La physionomie du village demeurera intacte jusqu'au début de notre siècle, avant que celui-ci soit considérablement amputé et défiguré par le talus du chemin de fer qui dédouble la coupure du Rupt-de-Mad. Au XVIIIe siècle, le village a la forme générale d'une croix déposée en travers du ruisseau, le pied à la Petite Montagne, les bras et la tête dans la Grande Montagne. Plaçons-nous le dos vers Viéville-en-Haye, dans la côte de la Petite Montagne, au-dessus du chemin de Villecey, face à cette croix, et regardons dans la direction de l’église.

Des maisons lorraines de laboureurs et vignerons, typiques, tout en longueur, accolées les unes aux autres, crépies, avec leurs grands toits "plats" couverts de tuiles-bottes s’étagent le long de l’axe central, jusqu'au bas de la côte. Elles sont en recul par rapport à la rue, la rue de Viéville, où vaquent les volailles en liberté. Le chemin à peine caillouté est bordé de parges assez courts, les usoirs. Ils sont plus courts que dans la Toulois ou la Woêvre, mais encombrés comme eux de piles de bois, d'outils agricoles et de tas de fumiers, certes pas si gros que ceux que l'on trouve hors de la vallée du Mad. Les granges avec leurs grandes portes alignées, rythmées par les fenêtre vitrées de petites dimensions, voisinent parfois avec des gerbières basses. Les maisons s'ouvrent à l'arrière sur d'étroits jardinets, des chènevières ou des enclos plantés d'arbres fruitiers.

Après être passés devant la porterie du château et avoir coupé le chemin de qui mène à Jaulny par Haillebas, au bas de la rue de Viéville, nous traversons le Rupt de Mad, par le petit pont de bois de la largeur d'un tombereau, régulièrement endommagé par les crues et par les billes de bois qu'on fait flotter depuis Thiaucourt jusqu'à la cité et citadelle de Metz. Nous voici sur la rive gauche du Mad, du côté de l'église. On y trouve la place, avec sa fontaine et au fond, l'antique halle des pressoirs. À gauche, parallèlement au ruisseau, la rue du Lozeret (ou de l'oseraie ?) fuit là-bas vers le moulin-neuf et vers un ancien gué de Jaulny (auquel un embranchement du chemin du moulin mène toujours). Les anciens appellent encore parfois ce moulin "Moulin Marcou". À main droite au débouché du pont, débute la rue du Val de Metz ou rue de Waville, avec ses maisons de vignerons et leurs usoirs serrés. Contre le ruisseau, des jardins et chènevières, fermés par des haies et des charmilles. Ils ont été parfois gagnés frauduleusement sur le Rupt-de-Mad, à force de remblais, eux aussi régulièrement recouverts par le flot boueux des crues.

Le quartier du haut est constitué de deux ruelles en "V" surplombées par le cimetière et la petite Église. Au-delà, on débouche sur la "rue de derrière l'église" avec ses maisons vigneronnes et leurs jardinets, adossées à la côte, couverte de vignes. De là on peut gagner le plateau et la gentilhommière de Montplaisir (chez les De Gourcy) en empruntant à gauche la "Taye de Charey", ou vers les Perrières en prenant à droite le sentier escarpé de Saint-Julien. Derrière l'Église prend naissance "la ruelle", chemin étroit de la largeur d'un âne ou d'une charrette qui longe l’axe des roches et mène jusqu'aux Perrières. Ce coteau de la Grand’Montagne est en vignes, closes de haies vives, parsemées de plants de légumes ou d'arbres fruitiers.

Le Rupt-de-Mad

La rivière est déjà engoncée dans ses roseaux et certainement polluée par tous les rejets qu'on y fait en amont (Les habitants de Jaulny, ceux de Thiaucourt, le flottage du bois et la tannerie installée en ce lieu au bas du faubourg Saint-Jean y déversent toutes sortes de rejets infâmes). Son eau est très certainement impropre à la consommation mais cette pollution est toute biologique et il y prospère une faune riche et variée de poissons, de batraciens, d’écrevisses, d’oiseaux et insectes. On y pêche l’anguille, le brochet, la carpe et une variété telle de petits poissons que l’on peut y lancer l’épervier, y tendre des nasses et même louer les revenus d’une pêche quasi artisanale. Le ruisseau dresse inconsciemment une véritable frontière psychologique et matérielle entre les deux portions du finage (qui est le faubourg de qui ?). Les seigneurs y laissent de tout temps le droit de pêche aux habitants, parfois limité à la partie située entre le patural et la "fosse Jean Guidon". Il leur demande de respecter la période de la fraye, les ordonnances de police sur la taille du poisson et sur les ustensiles utilisés; étant aussi entendu qu'ils ne peuvent pécher de nuit ou avec des "engins" interdits, soit en faire commerce… Ceci n'empêche pas le braconnage en tout genre, comme cela se pratique à la chasse; actes inlassablement poursuivis par le garde surveillant, véritable gendarme seigneurial, renard rusé et incorruptible qui surveille lui-même les bangardes communaux, le pâtre, la pêche, la chasse, les cultures, les bois… Car poissons, oiseaux et gibier de toute sorte complètent le menu d’un vigneron madin qui, sans cela, serait souvent au bord de la famine. C’est ainsi que les inventaires après décès comptent parfois des éperviers et des filets à alouettes… preuve d’une abondance certaine de la petite faune.

Le château et la Justice de Rembercourt

Mais le centre vital du village se trouve aux abords du pont: la place de la fontaine avec la halle aux pressoirs, animée par les gamins du village au sortir de chez le régent d'école. En face se tient le château; grosse bâtisse assez austère, plus maison-forte que gentilhommière, qu'on imagine un peu égayée par quelques transformations dans le style classique, entouré d'un jardin d'agrément et de grands arbres décoratifs mais possédant encore ses quatre grosses tours d'angle, rondes, reconverties en colombiers. En 1708, il en subsiste encore la porterie avec ses mâchicoulis, faisant face au chemin venant de Jaulny.

C'est ici, dans la grande salle du château, que se tiennent les assemblées de justice régulières et les réunions annuelles des plaids, au cours desquelles le comte rappelle ses prérogatives de seigneur haut, moyen et bas justicier. Il y édicte les prescriptions de police perpétuelles ou spéciales à l'année, rappelle les impositions personnelles issues de l’ancien servage : « les droits de bourgeoisie ». Il y prononce les sentences répressives à l'encontre des sujets, tranche quelque litige entre particuliers et perçoit les diverses taxes seigneuriales. Les droits seigneuriaux s'élèvent depuis le Moyen Âge en monnaie locale à deux Gros et une "poulle" pour les droits "de bourgeoisie", un franc barrois pour le rachat de la banalité du four et un pot de vin (2,5 litres) par jour de vigne (20,44 ares). Les laboureurs quant à eux doivent un setier de blé et un setier d'avoine par cheval "trayant"; soit 45 kg de chaque sorte par animal de trait. Ces droits ont été fixés aux XIII-XIVe siècles, en contrepartie de l'abandon du servage et sont rappelés tout au long de la longue succession des seigneurs de Rembercourt.

La famille De Gournay qui se trouve donc en possession d'une part de Rembercourt à partir du début du XVIIe siècle, n'en devient définitivement seul détentrice qu'à partir des années 1620, à titre de vassal du Duc de Lorraine et de Bar. Rembercourt a appartenu depuis le XIIIe siècle au Barrois non-mouvant et à la châtellenie de Lachaussée, rattachée ensuite à la prévôté puis au Bailliage de Thiaucourt. Au début du dernier siècle de l'Ancien Régime, le seigneur est donc un Gournay: Messire Ignace, fils de Regnauld II, Grand Bailly de Vézelise, Gouverneur du Comté de Vaudémont, premier Ecuyer et Chambellan du Duc Léopold. Il sera honoré du titre de marquis avant sa mort. Il préfère, bien-sûr, sa résidence de Vézelise à sa gentilhommière de Rembercourt; ce qui oblige la communauté à lui envoyer fréquemment des messagers pour y prendre ses ordres, lui porter des missives ou des papiers. Le Marquis Ignace de Gournay décède en 1738 (voir chapitre précédent).

Les seigneurs ont à Rembercourt des officiers qui y règlent les questions administratives, judiciaires et de gestion courante: un juge-garde, un procureur d'office, tous deux généralement choisis au sein des dynasties d'avocats au bailliage de Thiaucourt, parfois au sein même d'une seule famille (tels les Picquant). Un greffier complète l'appareil judiciaire du lieu. C’est généralement un homme lettré, mais dont les tournures de phrase très typées agrémentent le déchiffrage des registres de la Haute Justice de Rembercourt. Il est assisté d'un maire seigneurial, de son lieutenant et d'un sergent, officiers seigneuriaux choisis pour leur intégrité et leur fidélité à l'ordre, plus que pour leur culture livresque. Ces charges font les choux gras de certaines familles du village qui en tirent prestige et autorité par rapport aux manants. Le comte a aussi des domestiques et un personnage redouté par dessus tout, le garde-surveillant "des bois, rivières, plaines, et chasses", parfois même chargé de la "moralité du cabaret". Le comte entretient aussi une petite domesticité sur place avec un jardinier, homme de confiance qui s'occupe du "Grand Jardin" (le Breuil). Ces postes furent souvent occupés au XVIIIe siècle, au moins, par des membres de familles encore subsistantes dans la contrée.

La communauté, ses biens et ses édiles

Les biens de la communauté, ancêtre de la commune, se composent de quelques terrains et bois ainsi que du droit de pêche dans la rivière. Mais les dettes n’en sont pas absentes. On le sait par la déclaration qu’elle fait comme tous les villages des duchés une première fois en 1700, mais avec plus de précisions en 1738. Elle a une centaine d’arpents à 400 verges à la Grande Montagne, sur le plateau, moitié en friche, moitié labourable, dont les fermiers du sire de Gournay exploitent une partie. Le reste est laissé gratuitement à l’usage « du premier occupant ». La mesure utilisée ici est l’arpent de Metz à 400 verges, faisant 35,45 ares. ; ce qui donne pour ces terres communes 35,5 ha. À la Petite Montagne, elle a un canton de labours à moitié en friches, d’ailleurs estimés ingrats, d’une trentaine d’arpents à la même mesure (10,6 ha). Elle a fait essarter un petit canton de broussailles à la Pèrière, qu’elle compte louer pour y planter du vignoble. Depuis 1726, la communauté a cédé par bail emphytéotique au Marquis de Gournay son droit de pêche sur le ban de Rembercourt et sur le ban de Waville, jusqu’au « pont de Vuoiel », contre un capital de cinq cents Livres. Les bois de la communauté comportent les cantons suivants: Ø « La Périère », de cent arpent à 250 verges, (arpent de Lorraine à 20,44 ares, soit 20, 5 ha), Ø « Le Deffoy » de quarante cinq arpents dont le tiers est « remply d’espines et bois picants » (16 ha), Ø un petit bois de quinze arpents situé à la « Côte de Hailbacq » (5,3 ha) Ø un autre de cinquante arpents à la « Croix Vuarin » (17,7 ha) Ø une forêt de quatre cents arpents « en la Coste de Bouffey » (14 1, 8 ha) et une autre de deux cents arpents à la « Coste des Tyllot » (70,9 ha).

La communauté ne possède pas de titre écrit à ce propos. « La possession immémoriale » suffit à prouver ses droits sur ces huit cent dix arpents, séparés par bornes et fossés (soit environ 320 hectares dont 272 de bois). Tout en confirmant la communauté dans ces droits, Nicolas Parxel, alors « capitaine prévôt gruyer et chef de police de Thiaucourt et Lachaussée » adresse plusieurs remontrances aux syndics communaux qui sont assez instructives. Il leur fait remarquer qu’il serait plus profitable à la communauté de céder au plus offrant la location des terres, plutôt que de les abandonner à la friche ou à l’exploitation notamment de « quelques particuliers des plus aysés ». Par ailleurs, il annule le bail emphytéotique de la pêche, passé sans l’accord du Conseil d'État de Lorraine et Bar et commande la restitution de l’argent au Marquis de Gournay. Quant aux bois, il en prescrit l’arpentage précis. Le quart en réserve sera maintenu et vingt arpents seront délivrés annuellement pour les affouages, « avec réserve des vieilles écorces, balivaux, anciens, modernes, et de l’âge de tailly ». C’est ainsi que chaque année, à l’automne, on voit soixante dix à quatre vingt affouagistes tirer au sort leur coupe de bois de l’année. Quant aux cent dix neuf livres que la communauté doit à Nicolas Guéry et à Antoine Cailloux, le prévôt en prescrit le règlement aux habitants, avec l’accord du Chancelier de la Galaizière, gouverneur de Lorraine et protecteur zélé des intérêts français sous Stanislas.

Lors du plaid annuel (l’assemblée seigneuriale des habitants) qui se tient le premier lundi suivant la Saint-Martin (11 novembre), la communauté, ancêtre de la commune, désigne deux jeunes adultes ou mariés récents pour gérer ses affaires au jour le jour (les syndics). Elle se réserve de délibérer la plupart du temps à la sortie de la messe, sur les affaires nécessitant décision collective : entretien des chemins, de l’église, de la cloche et de l’horloge, du pont, souvent mis à mal par les crues, des droits de la communauté sur les bois etc.…. Cela donne de sérieuses échauffourées verbales… Il y a aussi à Rembercourt des échevins d'église; titre purement honorifique quand on sait que la fabrique du lieu n'a pratiquement rien à gérer, si ce n'est quelques redevances désuètes sur quelques carreaux de vignes et sur le "pré à l'huile"…. Il y a aussi un "maistre d'eschole", désigné par la communauté, présenté par le curé de Jaulny mais de toute façon accepté par lui. Contre quelques pièces de monnaie, il apprend aux gamins de Rembercourt les rudiments d'alphabet, les cantiques et le catéchisme pendant la partie de l'année où les parents ont moins besoin d'eux aux champs. Il fait office de chantre et sacristain. 80 à 90% des hommes, beaucoup moins de femmes, savent "signer" leur nom vers 1780. Les femmes choisissent entre elles une matrone (une accoucheuse) mais il revient au curé de Jaulny de l'introniser… On va comprendre pourquoi. Malgré son expérience pratique certaine, la matrone est plus chargée des baptêmes in extremis que des gestes minimum susceptibles de sauver les mères en gésine et les enfants dont il y a alors une véritable hécatombe. L’hygiène est déplorable et les manipulations, les recettes "fumeuses" aidant, la porte de fer du petit cimetière entourant l'église se referme trop souvent sur les mamans décédées en couches, les bébés ou bambins du village à peine refroidis. Les gens sont enterrés à peine une journée après leur mort, tradition très ancienne et souvenir des épidémies du siècle précédent….

Les cultures

Les cultures suivent la rotation coutumière des trois soles, l'une d'elles étant à tour de rôle mise en jachère et servant à la pâture du troupeau communal (vaches, brebis, chèvres). À l'automne, après reconnaissance des bois par des experts, généralement des anciens du village, chaque foyer a le droit d'envoyer le porc familial à la glandée dans les bois communaux, sous la houlette du pâtre adjudicataire; ce qui fait un troupeau d'une centaine de bêtes, préalablement marquées au fer rouge avec un « R ». Aux jours les plus sombres de la Révolution, en période de pénurie, d'une certain désordre administratif, de réquisition et d'insécurité, au début de 1795, les habitants de Rembercourt déclarent leur récolte de l'année écoulée comme suit. Les chiffres sont pingres : on les minimise encore, par crainte de nouvelles ponctions. Les chiffres donnent donc la vision la plus pessimiste possible de la productivité du terroir avant et pendant la Révolution:

- 4 hectares de blé rapportant 24,44 quintaux; soit 6,11 quintaux/ha, - 4 hectares en seigle rapportant 44 quintaux; soit 11 quintaux/ha, - 1,6 hectare en orge, rapportant 18,4 quintaux; soit 11,5 quintaux /ha - 6,5 hectares d'avoine rapportant 71,5 quintaux; soit 11,5 quintaux /ha, - 35 fauchées de foin (7,15 Ha) rapportant 45 quintaux soit 6,3 quintaux /ha, - 40 quintaux de légumes secs cultivés dans les vignes.

Ces chiffres, très misérables (23,25 hectares ensemencés) sont confirmés en partie par le recensement de denrées qui est effectué le 7 octobre 1793. Les réserves de céréales engrangées des 5 laboureurs de Rembercourt sont évaluées à 30 quintaux de blé, 40 quintaux d'avoine, 30 quintaux d'orge et 300 quintaux de foin; la ration de blé par personne est estimée à 5 quintaux par an… Et la visite domiciliaire prescrite à Rembercourt en octobre 1792 révèle la présence dans les greniers du village de seulement 87 kg de farine, 250 kg de blé, 400 kg d'orge et 245 kg d'avoine… Signalons qu'au milieu du XIXe siècle, 175 hectares de terre étaient emblavés sur les 504 hectares de la commune, le reste du territoire étant partagé entre 14 hectares de prés, 49 hectares de vignes et 187 hectares de bois.

C'est la vigne qui, au XVIIIe siècle, occupe le plus les gens de Rembercourt. Les cantons où les ceps s'accrochent sont les suivants : "la Vaux des Anes", "en Espagne", "en Bourgogne", "les Beaux Moulins", "les Vignes au Four", "les Vignes au Bout", "les Belloces", "à la Taye", "aux Grandes Côtes", "aux Monte-Regrets", "aux Prêteresses", "aux Sauterots", "les Vignes aux Seriziers", "aux Côtes derrière l'église", "aux Sentes la Tournelle", "aux Perrières", "à la Ruelle", "à la Vaucotte", "les Vignes au Bas", "aux Chauves Cousots", "au-dessus du Chemin de Waville".

La plupart des habitants déclarent faire profession de vigneron, tout en prenant part à toutes sortes de travaux comme par exemple la fenaison ou la moisson, y compris sur les bans voisins. La culture de la vigne est étroitement réglementée pour éviter toute fraude sur les dîmes, les droits de pressurage et sur la qualité, reconnue médiocre par rapport au vignoble de Thiaucourt-Bouillonville. La misère et l'extrême morcellement des vignes pousse la plus grande part des vignerons, réputés pour leur pauvreté, à planter des ceps jusque dans les cantons les plus reculés ou à remplacer le cépage noble par du gros plant de gamay; ce qui fait chuter les prix et la qualité. De nombreuses ordonnances, même locales, prescrivent l'arrachage ou le contrôle sévère de la "romaine", plant de Liverdun qui porte atteinte à la réputation du cru (ordonnance du bailliage de Thiaucourt daté de 1775).

Le travail des champs

Le travail des champs lui-même (labours, fenaison, moissons, vendanges…) est rigoureusement réglementé: c'est un travail essentiellement collectif qui débute et finit chaque jour au son de la cloche. L'individualisme comme d'ailleurs les clôtures sont bannis par la tradition et par la coutume de Saint-Mihiel, qui régit la vie publique et constitue le code civil de l’époque. Il faut attendre au cours des saisons l'édiction des bans, bans à bêcher, bans à "chavoutrer" etc…. Il est prescrit de clore les vignes et d'en interdire l'accès à partir de la publication des bans, lors du début de mûrissement et de ne pas y laisser divaguer des animaux… Les bangardes communaux veillent jour et nuit pour verbaliser ou surprendre tout individu qui passe dans les vignes, même sans idée de chapardage. La vendange elle-même ne débute qu'après l'expertise officielle et la publication du ban au prône de la messe, lorsque le comte a lui-même déterminé "son jour de préférence", date de sa propre récolte, prioritaire. Chacun doit alors sa journée de corvée au seigneur qui va ainsi profiter du cours encore élevé. En contrepartie, il doit nourrir les vendangeurs. Leur repas consiste en du pain trempé de soupe grasse ou de lait, du fromage blanc, arrosé de vin ou plutôt d’eau mélangée à du vin, de fruits de saison. Le comte prélève par ailleurs les taxes, notamment du pressoir banal et reçoit le tiers des dîmes en vins; les deux autres tiers vont au curé de Jaulny et Rembercourt.

Il apparaît que le vigneron ne peut pas se permettre de boire de sa récolte; préférant le plus souvent passer de l'eau sur les marcs pour sa propre consommation, afin de vendre le sien. En raison de sa qualité moyenne, le vin du lieu est surtout vendu et emporté vers les villes de garnison. Cela n'empêche pas l’habitant de conserver quelques pots de son meilleur vin pour les fêtes, noces ou baptêmes (mais les bouteilles en verre sont encore un luxe réservé à l’aristocratie). On voit aussi souvent le curé de Jaulny fulminer contre des vignerons qui négligent la fréquentation des offices, vêpres ou processions, passant leurs après-midi en libations et au jeu de quilles, agapes qui se terminent trop souvent par des bagarres mémorables…

Le vin se vend en pichets à 8 ou 10 sols le pot de deux litres et demi au cabaret de Rembercourt, suivant l'année. On a le choix entre du vin "clairet" et "du vin vieux". Un peu de vin, le jeu de quilles et quelques danses populaires au son d'un vieux crincrin permettent au vigneron d'oublier sa misère, les dettes qui le menacent et la gelée qui, "six fois sur sept" gâte la récolte un petit-matin de mai…

Le vigneron de Rembercourt

Le vigneron en est donc souvent réduit à se contenter de cultiver son potager et ses champs pour sa consommation personnelle. Il agrémente ses ressources des quelques pièces de monnaie que lui rapporte la location de ses bras pour les travaux des champs, les battages, un peu d'artisanat ou d'autres entreprises telles que le débardage des arbres, le transport de denrée, le flottage du bois sur le Rupt de Mad… Nombreux sont les artisans qui travaillent à satisfaire à tous les besoins du lieu et des environs: boulangers, bouchers, maître maçons tailleurs de pierre, coquetiers, tailleurs, chapeliers, tisserants, maréchaux ferrants, ferblantiers, sabotiers, scieurs, charpentiers, cabaretiers… La liste des métiers, des activités et des échoppes présentes dans les villages, la vie grouillante du petit commerce qui l’accompagne alors, étonnerait très fortement nos contemporains, habitués aux villages-dortoirs frappés par l’exode rural. Mais aucun de ces artisans ne rechigne à la culture, à l’élevage et aux travaux des vignes ou des champs, tant le travail quotidien est tourné vers la subsistance vivrière.

Du côté de la finance, l’heure n’est pas à l’orgueil « bourgeois » du siècle d’après où chacun mettra un point d’honneur à ne faire aucun prêt. Au contraire, avant la Révolution, les emprunts d’argent sont légions. Le vigneron-manouvrier n’hésite pas, en effet, à emprunter aux paysans plus riches (souvent laboureurs), aux aristocrates ou bourgeois aisés de Thiaucourt ainsi qu’aux usuriers de Metz ou Pont-à-Mousson pour se marier, construire sa maison, acheter champs et vignes. Il n’hésite pas à enchérir à crédit lors de la liquidation des successions familiales, pour compléter son attirail d’ustensiles agricoles ou ménagers. Plus grave : trop souvent obligé de consommer les semences qu’il a mises de côté lors de la récolte, il doit emprunter encore pour semer. Ceci l’entraîne dans le cycle infernal de l’endettement, du procès et de la saisie. Les archives de la « haute justice » locale fourmillent de ces actes judiciaires, extra-judiciaires, procès verbaux de police et autres actes notariés qui ponctuent le quotidien. Voilà certainement l’origine de cette formule locale populaire édifiante : « raide comme la justice d’Arnaville ». Mais elle aurait bien pu s’appliquer à beaucoup d’autres villages madins. La maison et les champs du vigneron de Rembercourt sont souvent hypothéqués et les réels détenteurs du terroir sont le seigneur, la bourgeoisie des commerçants, magistrats ou fonctionnaires exerçant à la prévôté ou au bailliage de Thiaucourt, à la fois juges et parties. On comprend mieux pourquoi les cahiers de doléance de 1789 dénoncent avec une telle force l’ « essaim des parasites en robe », juges, avocats, procureurs, greffiers et leurs acolytes qui s’engraissent sur la populace. La justice seigneuriale de Rembercourt, qui voit officier ce Tiers État, trop prompt à la chicane implacable, n’échappe pas à la règle.

La maison du vigneron, achetée à grand sacrifice contre emprunt à un bourgeois de Thiaucourt, Chambley, Gorze ou aux usuriers de Metz, parfois héritée ou louée, compte deux ou trois pièces. La pièce principale, le poêle, est la pièce à tout-faire, avec sa vaste cheminée. De l'autre côté du couloir se tient la grange où il rentre le chariot de foin, bat ou range sa récolte (« le battoir ») et où il tient son maigre cheptel. Une cave ou réduit semi enterré dans la côte lui permet d'entreposer son vin en tonneau, jamais conservé plus de deux ans.

Les inventaires dressés après les funérailles trop fréquentes permettent de se faire une opinion sur son train de vie modeste, souvent misérable. Ses affaires et son mobilier comprennent quelques hardes, cinq ou six chaises en paille, une ou deux tables aux pieds tournés, une armoire en chêne, une maie, un rouet, un porte vaisselle et le coffre qui vient du fond des âges, contenant son linge, son plus bel habit et ses papiers. On trouve répertorié en premier à l’inventaire tout l'attirail de la cheminée avec sa taque en fonte, les chenets, grils, tisons, pinces à braise, quelques ustensiles de cuisine, quelques rares couverts et écuelles en étain ou en faïence, de nombreux éléments de poterie de toutes tailles. Une ou deux couchettes en bois (en chêne ou plus souvent en sapin) figurent en bonne place dans la description. Mais ce qui vaut le plus cher, c'est encore le lit conjugal, à baldaquin, avec son ciel, ses rideaux, son matelas épais, ses draps, taies, traversin et l'énorme plumon "rempli de plume", où l'on peut encore se serrer l'hiver, homme, femme et enfants. Quelques instruments aratoires complètent le tableau (fourche, couteau, houe, rebinottte, hache… et l'incontournable "kâ", sorte de pioche à deux dents d’un côté, plate de l’autre). S’ajoutent les tonneaux en chêne et les tandelins de sapin, à côté de ce qui subsiste de la dernière récolte : des sacs de farine, de pois, de fèves, des fruits séchés, du vin, du foin, des javelles de blé, d’avoine, à battre et un stock de bois d’affouage trié par taille : le gros, la charbonnette et les fagots de « fin bois ». On ne compte pas dans les inventaires les nombreux paniers et autres « charpagnes » bien utiles pour l’activité domestique ou agricole quotidienne. On y dédaigne aussi les ficelles, cordes et divers tissages de chanvre faits à la main; toute famille possédant sa chènevière. Ces objets et ressources sont considérés certainement comme « sans valeur marchande ». Ils sont en effet travaillés et tressés sur place par chaque famille au gré des besoins, sinon par le cordier. On trouve au bord du Rupt-de-Mad de nombreux plants d’osier, au point que la rue qui mène au moulin (au bas du Ru de Charey) soit appelée « la rue du Lozeret » ou plutôt de l’oseraie…

Le cheptel du vigneron consiste en quelques poules, qui circulent librement et dont il consomme surtout les oeufs, la denrée noble de la gastronomie en Lorraine. Il a aussi une ou deux brebis avec leur suivant, l’agneau de l’année, le cochon, qu’on gavera de glands à la « paisson » d’automne et qui finira au saloir, quelquefois une vache, pour le lait et le fromage et puis, souvent, la bourrique, très utile dans les coteaux viticoles, au-mieux, un vieux cheval.

Le laboureur

« Le laboureur et ses enfants » bien nourris, qui besogne en briguant les petits offices locaux ou ceux de la ville, avec ses charrues, ses chevaux et ses prétentions, domine la société rurale des vignerons et manouvriers. Il y en a toujours trois ou quatre familles au village au cours de siècles, payant des droits particuliers assis sur le nombre de charrues et de chevaux « trayants » (deux, quatre, six…) et dont l’un d’eux est exonéré : « l’herpiant ». Le laboureur jouit de certains privilèges, attachés traditionnellement à la « filière du pain », notamment celui de réserver les prés fauchés pour mettre reposer ses chevaux lors de la période des labours, de la fenaison ou des moissons. Avec le meunier, amodiateur du Comte, souvent son homme de confiance, expert et respecté, le laboureur fait partie de « l’aristocratie » paysanne. Souvent d’ailleurs, meunier et laboureur jouissent tous deux des droits seigneuriaux, soit qu’ils soient au service du seigneur, soit qu’ils aient loué ce qui subsiste des banalités ou droits féodaux. À la fin de l’ancien Régime, le plus riche d’entre eux loue quasiment toujours la ferme seigneuriale, possède les belles pièces de prés et de céréales et place son fils comme meunier. Les autres sont envoyés en pension en ville et entreront dans les offices. C’est le noyau dur du futur Tiers État.

La faim

La plupart des habitants de Rembercourt sont très pauvres et la moindre mauvaise récolte fait resurgir les affres du passé : disette, épidémies. La mortalité est forte, saisonnière, surtout chez les jeunes enfants, dont la moitié ne dépasse pas dix ans. Ils sont emportés rapidement dans la tombe par la fièvre et les infections diverses. Enormément de femmes disparaissent en couches. Les hommes, usés par le labeur, les maladies et l’inconfort meurent en moyenne avant cinquante ans. Les familles comptent ainsi beaucoup d’enfants de parents différents et d’épouses successives rapidement remariées et les successions sont réglées avec la plus grande rigueur par les notaires royaux. La vie est dure à Rembercourt au temps des seigneurs et beaucoup de jeunes hommes de l’Est partent à l’aventure, par exemple en tournant leurs regards vers l’armée. Séduits par les promesses des sergents recruteurs, ils se retrouvent ainsi aux ordres de leurs propres seigneurs, souvent capitaines des unités qui les enrôlent.

Les fêtes et les saints

Le dimanche et les quatre-vingt ou quatre-vingt-dix jours de fêtes religieuses chômées sont consacrés à la prière: messes, vêpres et processions. Mais on enfreint les saints jours sans vergogne. Le curé de Jaulny, qui dessert aussi son annexe de Rembercourt s'en plaint à de nombreuses reprises. Il y a aussi "les traques", parties de chasse mémorables organisées par les comtes et où les habitants servent de rabatteurs contre quelques morceaux de gibier et la nourriture. Le vigneron quitte son sérieux et exerce ses talents de musicien, conteur, comédien, à la veillée, qui rassemble les familles à tour de rôle chez l’un ou chez l’autre autour de la cheminée et de la lampe à huile jusqu’à l’heure du couvre-feu. Chacun y apporte sa bûche et quelque friandise : pruneaux, pommes, noix, noisettes… . Les femmes filent, cousent, tricotent et papotent pendant que l’un ou l’autre entonne une chanson du répertoire traditionnel, conte les histoires de l’ancien temps, les légendes régionales ou les anecdotes récentes. C’est là l’école du peuple, où garçons et filles s’éduquent au contact des anciens, des hommes et des femmes du village. Ils et elles y acquièrent leur culture de jeunes lorrains, dans le respect de la religion, des parents et des maîtres. De ce patriotisme lorrain émergera bientôt un patriotisme national qui s’épanouira à partir de la Révolution et tout au long du XIXe siècle. Au son de la cloche, chacun rentre chez soi et c’est alors, avec le souci des incendies dévastateurs, que l’on couvre le feu, enfouissant ainsi sous la cendre les braises qui serviront, grâce aux fagots de brindilles, à lancer la flambée du lendemain-matin au lever du soleil.

L’année est marquée par les « mai », les trimazzos, toutes sortes de réjouissances collectives, farces, blagues et autres taquineries comme celles de la Saint Gengoult, patron du village… (et des hommes trahis…). On tire des pétards ("les boites") et des feux d'artifice lors de la Saint François (fête du dernier duc de sang) etc… La Saint-Jean, la Saint-Martin, la Saint Remy et beaucoup d’autres moments de l’année sont marqués par toutes sortes de rites, de jeux, de festoiements et entorses culinaires d'origine plus ou moins païenne qui rythment les saisons, les jours du calendrier et accompagnent les différents états de la nature ou de la vie des hommes. On date alors les événements et les jours par le nom des saints. Car la religion officielle des duchés a tout enveloppé de ses préceptes et régit tout de la vie quotidienne, spirituelle ou matérielle.

L'église

L’église ou "moutier" de Rembercourt, entourée de son petit cimetière et transformée au cours des ans, est en place certainement bien avant les XIVe ou XVe siècle, même si elle n'est attestée pour la première fois qu'en 1494, au temps du Sire Martin Lambert. Au milieu du siècle des Lumières, elle se révèle trop petite pour pouvoir accueillir le "troupeau d'ouailles" de Rembercourt qui, comme dans tous les villages de la région, a cru au cours du siècle. Et après plusieurs campagnes de réparations vers 1730, la communauté d'habitants doit, en 1740, intenter - vainement - un procès aux deux décimateurs, c'est-à-dire Marie-Charlotte de Gourcy, marquise douairière de Gournay et au curé de Jaulny, qui est aussi le curé de Rembercourt, pour les contraindre à engager des travaux d'agrandissement qui leur incombent financièrement. L'évêque vient d'interdire leur église, pour des raisons de sécurité et de moralité. En attendant, on marchera en groupe jusqu’à Charey ou Jaulny pour respecter les nombreux offices et rites religieux. Rembercourt restera en effet une annexe de la paroisse de Jaulny jusqu’au début du XIXe siècle.

Les travaux de reconstruction de l’église ne sont adjugés qu'en 1762 à des entrepreneurs de Commercy et aux maçons de Saint-Julien et de Rembercourt (les célèbres Charron). En 1764, François Châteaux et Charles Bastien, vignerons du lieu, se chargent à leur tour des fondations du mûr de soutènement du cimetière et de la mise à niveau du parvis de l'église (ouvrages endommagés pendant la guerre de 1914-1918 mais maintenus et qui n’ont disparus qu’en 1994). Compte tenu de la pauvreté de la fabrique, on recourt à des expédients pour la fourniture du mobilier : la communauté doit acheter une pierre d'autel à Pont à Mousson en 1766 et fournit régulièrement la cire du luminaire, les cordes de la sonnerie, le suif pour le graissage de l'horloge; les seigneurs faisant quelques dons eux aussi, notamment de lingerie.

Le moulin

Le moulin "neuf" ou "moulin Marcoux", dont l'architecture actuelle est quasiment celle de l'époque ici décrite, est exploité par un fermier. L'ancien moulin de Happlumoulin, situé en aval, appelé aussi "Happe le Moulin", remonte au temps de Charlemagne avec l’ancien village d’Ermariscourt, devenu Amecourt. Il ne tourne plus depuis environ 1650. Il existe encore vers 1780 mais complètement ruiné, au milieu des vestiges discrets de l'ancien hameau d’Amecourt, qui avait appartenu aux premiers ducs de Bar, proches d’Hugues Capet, puis aux abbayes de Gorze, Saint-Mihiel et enfin Saint-Benoît-en-Woêvre. Il n’en reste que le bief, le long de le route de Waville. Le comte a consenti autrefois aux habitants de Charey, privé de sources d’eau potable, de venir abreuver leur bétail et de rouir leurs javelles de chanvre dans le bief du moulin neuf, "à la queue de la vanne", en empruntant le chemin de la Vaux des Anes. Ils en doivent reconnaissance en argent à la Saint Remi et l'on voit tous les ans les représentants de la communauté de Charey se présenter au château pour en rendre compte.

Ainsi s'écoule la vie à Rembercourt avant que n'éclate la Révolution de 1789 dont on sent monter les prémisses dans la vie quotidienne des vignerons de cette époque.

sources: Ces éléments historiques son tirés des travaux inédits de M. Maurice Châteaux, notamment "les seigneurs de Rembercourt sur Mad" (1990).

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
Ernest Collet
Henri Udot
André Bastien
Marie Mausset
André Sinteff
Françoise Chevalier
Bernard Lemoine
mars 2001 Paul Carpentier
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[2])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
116 129 118 127 133 190
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Notes et références

  1. Jeanne d'Arc à Domremy, recherches critiques sur les origines de la mission de… ,page 105 de Siméon Luce - 1886 - 416 pages
  2. Rembercourt-sur-Mad sur le site de l'Insee

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