- Raisonnement analogique
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Analogie
En grec, analogia signifie proportion. Le terme désigne une similitude entre des choses ou des idées de nature différente. Une analogie est une ressemblance.
Sommaire
Linguistique
L'analogie — du grec ἀναλογἰα « proportion mathématique » — est une ressemblance perçue comme non fortuite entre deux éléments. Il y a par exemple une analogie de nom entre astronomie et astrologie, qui indique leur parenté étymologique. Il faut cependant se garder dans un raisonnement de confondre une analogie avec une identité.
Phonétique
L'analogie désigne la force de nivellement inconsciente et prégnante qui pousse les locuteurs, par souci d'économie de la mémoire, à rendre un système quelconque moins irrégulier. On parle aussi de quatrième proportionnelle. L'explication par l'analogie permet très souvent de justifier, en phonétique historique, l'existence de formes anormales contredisant les règles habituelles d'évolution. Elle peut donner naissance à des formes intégrées à la langue remplaçant des formes plus anciennes ou, au contraire, des formes senties comme des erreurs.
On dit que telle forme B a été créé par analogie avec une autre C quand cette forme nouvelle B remplace une plus ancienne A qui semble inattendue et irrégulière (quoique souvent régulière d'un point de vue diachronique). Par exemple, le participe passé passif du verbe cocer (« cuire ») en castillan n'est pas *cocho, qu'on attendrait selon le respect de l'évolution phonétique depuis le latin dans cette langue (coctu(m) devrait donner *cocho comme nocte(m) donne noche et pectu(m) donne pecho : le groupe latin ct passe en effet à ch) mais cocido, sur le modèle de nombreux autres verbes (beber → bebido, vivir → vivido, etc.). On dit que cocido, forme contredisant les règles d'évolution phonétique, a été créé par analogie avec les autres participes passé, ce qui rend la flexion du verbe moins irrégulière en regard d'autres modèles. On peut expliquer cela ainsi :
- beb-er / beb-ido : coc-er / x ; x = coc-ido.
Inversement, le verbe hacer fait bien son participe passé en hecho, forme normale d'après l'évolution phonétique mais irrégulière en regard des autres participes passés. En effet, ce sont les formes les plus fréquentes qui sont le moins susceptibles d'être modifiée par analogie. Ainsi, pour reprendre l'exemple de l'espagnol, les participes passés verbes hacer (faire) ou decir (dire) n'ont pas subi l'effet de l'analogie, parce qu'ils sont beaucoup plus fréquents que le verbe cocer. Un enfant ou un locuteur débutant utilisant une forme analogique (*hacido ou *decido) a en effet beaucoup plus de chance d'être corrigé et de retenir les formes « correctes » hecho et dicho, vu la fréquence de ces deux verbes, que dans le cas de cocer.
Le nivellement analogique ne touche pas les seuls aspects phonétiques d'une langue.
Sémantique
Il y a deux manières de dire « A c'est comme B », l'analogie et la métaphore.
Certains auteurs emploient indifféremment les deux termes. D’autres auteurs préfèrent réserver le terme d’analogie lorsque A et B sont dans le « concret ». Exemple : La voiture, cette diligence à moteur.
Le terme de métaphore désigne alors l'assemblage de mots où un métapheur B concret permet de mieux comprendre un métaphrande A abstrait. Exemple : « un grain de sagesse ». Le métapheur « grain » nous dit du métaphrande « sagesse » que ça peut être petit puis croître comme une graine.
Lorsque les choses sont exprimées sous forme d’une histoire, on parle de parabole. Exemple : la parabole du grain de moutarde attribuée à Jésus dans le nouveau testament.
Logique
Blaise Pascal a écrit à ce sujet : Les uns disent que ma fantaisie est sentiment, les autres que mon sentiment est fantaisie. Il faudrait une règle. La raison ? Elle est ployable en tout sens. (cf. L'esprit de géométrie).
Ces trois modes de raisonnement sont identifiés depuis longtemps :
- raisonnement analogique - par association d'idées, combinaison et synthèse, (carte mentale), dit aussi processus fantaisiste
- raisonnement analytique - par identification des composants, dit aussi processus rationnel
- raisonnement affectif - par comparaison et relation sympathique, plaisirs, désirs, dit aussi processus sentimental.
Psychologie
L'analogie est un des processus organisateurs de la pensée, en ce sens qu'il permet à l'enfant de catégoriser des concepts, de les organiser en schémas ou d'en extraire des prototypes, qui permettront alors à l'enfant d'aborder plus facilement des situations analogues.
De nombreux tests psychologiques comprennent des épreuves de raisonnement par analogie, qu'on lie au développement et à l'intelligence. De plus en plus, cependant, on délaisse ce type de raisonnement chez l'homme, pour en étudier les aspects plus élémentaires : la catégorisation, la schématisation et l'abstraction.
Anthropologie, ethnologie
On peut se rapporter à ce sujet aux ouvrages de Pierre Bourdieu, Le Sens pratique et de Philippe Descola, Par delà nature et culture.
Informatique
Par rapport à un enregistrement numérique, l'enregistrement d'un son sera dit analogique si le signal qui le représente est continuellement en rapport avec l'original et non crénelé. De même la photographie peut être analogique ou numérique selon qu'elle impressionne directement une pellicule ou qu'elle est échantillonnée par un capteur.
Biologie
Métaphysique
Voir aussi
Articles connexes
- Analogies et correspondances : doctrine ésotérique sur les corrélations cosmiques
- Métaphore
- Proportion
Liens externes
- L'analogie et la métaphore comme piliers pour la pensée quotidienne comme pour la pensée scientifique
- L'analogie en psychologie - raisonnement par analogie
- La contre-analogie, récusation de certaines analogies bien formées cognitivement, par Françoise Douay-Soublin
CNRS / Université de ProvenceCatégories : Anthropologie | Logique | Concept fondamental en linguistique | Figure de style
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