- Radiologies
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Jacques Dapoz
Jacques Dapoz, né le 11 juin 1952 à La Louvière, est un poète et écrivain belge.
A ses débuts, il rencontra le poète Achille Chavée, l'éditeur et poète André Balthazar, l'auteur de théâtre Jean Louvet avec qui il devint acteur.
Sa passion pour le travail du son l'a rendu actif dans le domaine de la création radiophonique. À la Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF), il a participé comme auteur ou interprète à bon nombre d'émissions originales, successivement avec les réalisateurs Daniel Stevens, Jacques Bourlez, Thierry Genicot.
Il a également travaillé régulièrement, pour ce qui est de la matière sonore, avec le cinéaste Boris Lehman.
Poète
Le centre de son œuvre reste toutefois l'écriture poétique. Depuis 1976, il a publié de nombreux ouvrages dont les principaux s'intitulent Vie quotidienne en images de cire, Le cri du fou et l'or du silence, Les lettres de pierre blanche, Raptus, Un homme dangereux, La passe de Kee, Ish & Isha, Journal de l'antenne rouge, ou encore, sous plusieurs formes, son poème permanent : Radiologies.
Au-delà de son autobiographique, politique et néanmoins poétique Journal de l'antenne rouge (Editions du Cerisier, Cuesmes, Belgique, 2007), est engagé de longue date dans une démarche existentielle proche d'un zen qui aurait atteint sa forme athée (marche méditative, dépouillement, retrait, effacement) et est resté fidèle à une idée de la Commune respectant une philosophie du partage des biens communs. Le droit absolu à la sécurité sociale, à un revenu vital universel, à l'éducation et au logement représentent pour lui le résultat du devoir d'engagement personnel dans une action citoyenne, à l'encontre de toute velléité de privatisation de l'espace public.
Entre solitude et appartenance, servitude et liberté, cerner le bon niveau de relation avec soi et avec les autres : ainsi va le poème d'être pour ce témoin discret solidaire de tous les écorchés de la vie et de tous les chercheurs d'humanité.
Se consacre dorénavant à retravailler ses écrits à la fois dans le sens de la synthèse et dans celui de l'épure. En cela se constitue progressivement le corps d'un texte unifié toujours revu, corrigé, réduit ou augmenté, paraissant dans ses versions successives en de modestes tirages limités sous un titre désormais immuable : Radiologies.
Distille également certains aspects sonores de ses Radiologies qu'il confie à ses fidèles compagnons de route ; dont le créateur radiophonique Thierry Genicot et le cinéaste Boris Lehman.
Un poète enraciné
A une certaine époque acteur de trente-troisième plan ou figurant invisible dans l'un ou l'autre film de série B, mais aussi rôle principal au Théâtre du Campagnol à Paris ("L'arbre à soleils", création collective d'après Henri Gougaud) ; naguère proche de Jean Louvet pour avoir joué au Théâtre Prolétarien et au Studio-Théâtre de La Louvière, lié à des poètes comme Gérard Prévot et Claude Bauwens ou encore à l'écrivain et journaliste Gérard de Sélys, José Fontaine, dans sa revue Toudi, retient de lui : Il y a ici une préférence nette pour la colombophilie, la balle pelote, plutôt que pour l’homme-tronc de télévision, et un goût poussé pour la lutte intérieure face à soi-même, car chaque jour nous avons à débusquer le dragon dans la banalité qui parfois voit renaître un songeur halluciné de Berchtesgaden et aussi , une formule à la Louvet : Cela aide tout de même un peu d’histoire sous les pieds[1].
Cadre de référence socioculturel et socioéconomique, lieu de vie et milieu de vie, tel un centre de gravité et d'accueil physique autant que psychique ; cela qui constitue une réponse indispensable à la satisfaction d'un besoin de base pour tout individu en quête d'équilibre au-delà de tout voile idéologique, ces attaches, pour Jacques Dapoz, ne sont pourtant liées ni à des objectifs, ni à des résultats. Plutôt sont-elles des moyens, des repères dialectiques entre le particulier et le général, le singulier et l'universel, l'intime et le lointain. Rien de stratégique, donc. Rien qu'un état de l'être, une attitude, un point de vue, une équation personnelle en ce lieu de conjonction entre poétique et politique. Rien d'étonnant, non plus, de la part de cet homme né de parents austro-hongrois arrivés en Belgique au hasard de quelques guerres et autres bouleversements sociaux.
"Je suis ici, et d'ici, je capte tout l'ailleurs, tout l'autre, tout l'autrement. Tout l'univers rayonne, accordé aux fréquences secrètes de mes neurones, sur les ondes courtes de mes résistances et de mes libertés", confie-t-il en préambule de ses Radiologies.
"Mon implantation profonde, en vérité, se situe en l'état poétique même : ce lieu de création à la fois concret et mental où géopolitique et géopoétique ne font qu'un et où s'effectuent simultanément la construction de soi, le changement à la rencontre de l'autre et la réalisation d'un espace vivifiant considérant les flux divers d'une permanente mutation", ajoute-t-il.
Jacques Dapoz est en outre post-gradué en éducation et travaille dans une importante institution pour personnes mentalement déficientes.
Le principal des archives de l'auteur (textes, sons, images, éditions originales, manuscrits et documents divers) se trouve, consultable sur demande, à la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) ; Archives et Musée de la Littérature (AML), à Bruxelles.
L'essentiel des ouvrages édités de Jacques Dapoz se trouve également au centre de documentation de la Maison de la Poésie de Namur, à la Bibliothèque centrale de la Province de Hainaut, ainsi qu'à la bibliothèque du Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz.
En 2009, le cinéaste Boris Lehman a terminé la réalisation d'un film consacré à l'auteur : Jacques Dapoz, autoportrait.
Notes
- ↑ Le cri du fou et l’or du silence, Écaussinnes, 1992.
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