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Racisme antiblanc
Le racisme antiblanc (racisme anti-Blancs ou albophobie) est un concept qui tend à envisager le racisme dirigé contre les personnes de couleur blanche comme un phénomène distinct du racisme général, voire comme un racisme à « l’envers ». Pourtant dans son sens commun, le terme « racisme » englobe normalement déjà les formes d’hostilité et d’intolérance dirigées contre les Blancs. Mais comme l’explique Damien Charrieras, la notion de racisme antiblanc s’est construite en s’appuyant sur une articulation du mot « racisme », où celui-ci ne désignerait plus que les formes d’intolérance dirigées contre les immigrés et exclurait les Occidentaux[1]. Cette notion se serait donc développée par antithèse à cette acception restrictive du terme racisme qui ne prendrait pas en compte le racisme dirigé contre les Blancs.
Selon le Dictionnaire de l’extrême droite du psychosociologue Erwan Lecoeur, la notion de « racisme antiblancs » a été inventée à l’origine par l’association d’extrême-droite, l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (AGRIF)[2], au côté de termes comme « racisme antifrançais » et « racisme antichrétien » [3]. D’après le dictionnaire, l’emploi de ces notions s’inscrit dans une stratégie de « retournement victimaire »[4] contre l’antiracisme pour « sortir du piège de l’accusation récurrente de racisme » [5] et « la retourner par tous les moyens possibles »[6]. Cette notion a été largement défendue et instrumentalisée par des groupes apparentés à l’extrême-droite française[1][7] (le FN, le MNR, l’AGRIF, le Bloc identitaire…). Mais l’emploi de ce terme s’est répandu et popularisé en dehors de la sphère de l’extrême-droite en 2005, suite à l’appel du 25 mars [1] soutenu par des personnalités comme Ghaleb Bencheikh, Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner et Jacques Julliard.
Cependant le concept de racisme antiblanc reste encore controversé parmi de nombreuses associations de droit de l’homme et de lutte contre le racisme ainsi que parmi de nombreux intellectuels[1] non pas parce que l’existence du racisme visant les Blancs est niée en tant que tel, mais parce que le concept de racisme antiblanc, qui prétend rendre compte de ce racisme, l’envisage comme un racisme à part et adopte un point de vue communautariste qui fait des distinctions entre les différents types de racisme et ses différentes victimes, et attise ainsi les antagonismes communautaires[1]. Dans cette perspective, le concept de racisme antiblanc est contesté au profit d’une vue qui considère le racisme envers les Blancs comme étant un racisme comme les autres.
Sommaire
Étymologie
- Racisme : Composé du mot race (qui signifie en latin: ordre des choses, catégories, espèces et par extension: descendance {latin moyen}) et du suffixe -isme (suffixe substantivant indiquant une opinion, une profession).
Attitude de mépris et d’hostilité, pouvant aller jusqu’à la violence, envers des individus appartenant à une ethnie différente ; ces comportements, conscients ou non, sont supposés s’accorder avec une théorie raciste, en considérant telle catégorie de personnes comme inférieure. Le mot racisme commence à s’utiliser à partir du XIXe siècle.
- Anti : préfixe grec signifiant « contre », « opposé ».
- Blanc : de l’ancien allemand blank, « brillant ». Désigne une personne ayant la peau de couleur blanche.
La notion de racisme antiblanc
La notion dans le monde
La notion de « racisme antiblanc » est récente. Elle s’est développée dans les conditions diverses :
- Dans le cadre des luttes de décolonisation et guerres d’indépendance, les colons européens ont pu faire l’objet ou se sentir l’objet d’un racisme antiblanc. C’est en particulier le cas de colons restés dans les ex-colonies après les indépendances.
- Dans les pays où vivent plusieurs communautés ethniques, la notion de racisme antiblanc a pu apparaître également.
La notion en France
La notion est apparue en France dans les années 1980, essentiellement propagée par une pensée d’extrême droite (notamment dans le sillage de la nouvelle droite), en réponse à l’émergence du thème de l’antiracisme comme thème politique à part entière dans la vie politique française.
Une notion instrumentalisée
La notion de racisme antiblanc est fréquemment instrumentalisée.
- La notion de racisme antiblanc, en tant que symétrique des autres formes de racisme, a pu permettre de briser intellectuellement le schéma classique du Blanc raciste et de la personne de couleur victime.
- La notion de racisme antiblanc a pu être utilisée pour relativiser ou banaliser la notion de racisme.
- Elle a pu être utilisée pour banaliser l’idée de désignation des personnes en raison de leur supposée appartenance à une « race » bien que cette désignation soit invalidée par la science[8]. Afin de lutter contre cet état de fait, vers 1990, un certain consensus a été établi dans les grands médias français pour ne plus désigner les protagonistes des faits divers en fonction de leur couleur de peau ou de leur origine ethnique.
Dans une large mesure, la notion de racisme antiblanc a été propagée à des fins politiques par la mouvance d’extrême droite nationaliste, au même titre qu’une notion de « racisme antifrançais », avec des associations telles que l’Agrif.
En France
La distinction d’un racisme spécifique envers les Blancs est récente.
Évocation chez Pascal Bruckner
Dès 1983, l’écrivain Pascal Bruckner utilisait le terme « racisme anti-Blancs » dans son livre Le Sanglot de l'homme blanc[9].
Dans un article publié dans le Nouvel Observateur en 2005[10], il se félicitait de son évocation précoce de ce racisme :
« Il y a vingt-trois ans, je publiais Le Sanglot de l’Homme blanc, où je dénonçais déjà la culpabilisation de l’Occident, accusé de tous les maux de la terre parce que lui et lui seul pratique l’autocritique et le repentir. J’y évoquais déjà, à l’époque, le racisme anti-Blancs dont je demandais qu’il soit dénoncé au même titre que les autres. Je fus, pour cet essai, mis au ban de la gauche pendant des années, y compris dans ce journal. Alain Finkielkraut lui-même jugea le livre, à l’époque, excessif. Je constate qu’il m’a rejoint sur ce point. »
« Et comment ne pas avoir la plus grande méfiance, le plus grand dégoût vis-à-vis de tout mouvement, toute révolte qui proclame son anti-occidentalisme a priori et prend le caractère macabre d’une croisade raciale contre l’homme blanc ? Quand l’ONU inscrira-t-elle l’antioccidentalisme et le racisme anti-Blancs au rang des crimes contre l’humanité ? »
Emploi des expressions « racisme antiblanc » et « racisme antifrançais »
En 1997, Henri de Fersan l’employait dans son livre politique Le racisme antifrançais. Dans un article du quotidien d’extrême-droite Présent daté du 5 mai 1995, il avait employé le terme « françonnade » (calqué sur « ratonnade ») mais employa finalement le terme « racisme antifrançais » ultérieurement.
En France, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen prononçait l’expression « racisme antiblanc » dans son discours de l’université d’été de 1998[11], dont il se servait pour l’assimiler à l’antiracisme :
« L’antiracisme, instrument politique d’aujourd’hui, comme le fut l’antifascisme avant guerre n’est pas un non-racisme. C’est un racisme inversé, un racisme antifrançais, antiblanc, antichrétien. »
Lors de manifestations de lycéens en 2005
Un article du journaliste Luc Bronner paru dans le quotidien français Le Monde le 15 mars 2005, « Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-Blancs » a provoqué une controverse médiatico-politique en France quant à la labellisation « anti-Blancs » de ces violences. Dans cet article, un agresseur affirmait « se venger des Blancs »[12].
À la suite de cet article, sept personnalités réputées « proches » de la gauche ont lancé, le 25 mars 2005, un « Appel contre les "ratonnades anti-Blancs" », appel soutenu et relayé par le mouvement sioniste de gauche Hachomer Hatzaïr et la radio communautaire juive Radio Shalom.
Lors de la mort du gendarme Raphaël Clin en 2006
Dans son « bloc-notes » du Figaro du 3 mars 2006[13], Ivan Rioufol considère comme une preuve de leur « myopie » le délai (plus de deux semaines) pris par la Licra et par SOS-Racisme (qui a parlé d’« attitude raciste ») pour exprimer leur réprobation envers cet événement.
Diffusion dans des chansons de rap
En France, plusieurs chanteurs de rap (comme le groupe Sniper) ont été accusés d’incitation à la haine et de racisme envers les personnes ayant une couleur de peau blanche. Ils ont notamment fait l’objet de poursuites judiciaires de la part de députés UMP, à l’initiative de l’un d’entre eux, François Grosdidier. Les propos de certaines de leurs chansons pouvant sembler flous quant à la cible, entre les Blancs (« Français de souche »), les policiers et la France en tant qu’État. La qualification raciste de ces propos est sujette à controverses. Voici un exemple parmi les propos incriminés, où Ministère Amer semble viser le gouvernement, selon une de leurs interviews :
- « Dommage mon petit que ta mère ne t’ait rien dit sur ce putain de pays
- Où 24 heures par jour et 7 jours par semaine
- J’ai envie de dégainer sur des faces de craie. » (Ministère Amer, Stomy Bugsy, Flirt avec le meurtre).
La plainte de François Grosdidier n’a pas été reçu, au motif que « le tribunal a jugé irrecevable son action en justice, estimant que les poursuites en sa qualité de député n’étaient pas fondées et qu’il n’avait pas d’intérêt personnel à le faire […]. »[réf. souhaitée]
En Belgique
En Belgique, le terme « Belge », « Flapi » ou « Flamand » utilisé comme une insulte est d’usage courant parmi les jeunes immigrés bruxellois et wallons pour désigner toute personne d’apparence physique européenne, mais aussi toute personne immigrée qui a, du point de vue de ces jeunes, abandonné les normes sociales en vigueur dans sa communauté. Le terme « Flapi » est également utilisé pour désigner des personnes appliquant, dans leur mode de vie, les normes morales de la société bourgeoise, indépendamment de l’origine de la personne visée. On relève également des termes tels que « (Sale) blanc », « Face de craie », « Roumi » en arabe ou « Babtou » (verlan de « Toubab », mot désignant, sans connotation raciste, les « Blancs » en Afrique de l'Ouest « francophone »).
Les observateurs relèvent un sentiment antiblanc dans des milieux d'origine immigrée, surtout arabo-musulmane [14], et notent une recrudescence de violences visant les « blancs » notamment à l'occasion des incidents de plus en plus violents qui marquent le ramadan à Bruxelles [15].
Comme dans d'autres pays, on note également une instrumentalisation du phénomène par l'extrême-droite. On a par exemple relevé que le meurtre de Joe Van Holsbeeck a été l'occasion pour le mouvement Nation de stigmatiser un crime raciste à l'occasion de la confusion ayant suivi le meurtre (on avait erronément décrit les suspects comme des maghrébins) [16].
Des analystes modérés regrettent que le débat sur le sentiment antiblanc et ses conséquences soit rendu difficile ou simplement impossible notamment par la culpabilité par association qui les lie à l'extrême droite [17].
Aux États-Unis
Aux États-Unis, le racisme antiblanc est évoqué dès les années 1930 et la formation des premiers groupements black-supremacists tel Nation of Islam.
L’utilisation de ce terme constitue une importation d’outre-Atlantique, ainsi Bruno Gheerbrant (royaliste et également organisateur de manifestations contre les étrangers en situation irrégulière), auteur d’un ouvrage en ligne intitulé Le racisme antiblanc[18] a publiquement expliqué ses prises de position par « la découverte du racisme antiblanc aux États-Unis »[19].
Aux États-Unis, il existe des Black supremacists prônant la supériorité de la « race noire ». Il s’agit de groupes organisés comme les Black Muslims et Nation of Islam. Nation of Islam fut notamment représenté par Khalid Abdul Muhammad qui tient des discours antiblancs[20].
Au Zimbabwe
Le président Mugabe a mis en œuvre au Zimbabwe une réforme agraire en 2000 visant essentiellement les grands fermiers du pays, spécifiquement les fermiers blancs qui avaient été maintenus sur leurs terres à l’occasion de l’indépendance. Les redistributions de terre se sont passées de manière semi-anarchique en ce sens que, souvent, des groupes ou milices notamment d’anciens combattants de la guerre d’indépendance prenaient purement et simplement possession de la terre, chassant les fermiers blancs et leurs employés[21]. Certains fermiers et aussi certains de leurs employés noirs ont été confrontés à la violence, et il y eut des morts sans que les autorités interviennent autrement que pour soutenir les envahissements - ou en limogeant un ministre qui s’était élevé contre les confiscations de fermes aux Blancs[22]. Robert Mugabe et son parti ont donc été accusés de complicité au moins de fait dans les meurtres survenus et de mener une politique raciste ; cette dernière accusation est renforcée par une décision d’un tribunal régional pour l’Afrique australe en décembre 2008[21]. La force publique a refusé d’appliquer des décisions de justice donnant raison à des fermiers blancs qui contestaient leur expropriation[21].
Suite à cette réforme conjuguée à la corruption et au népotisme généralisés, a eu des conséquences catastrophiques sur la situation alimentaire du pays[23], ainsi que suite à la dégradation de la situation politique notamment avec les élections truquées de 2002, le pays a été suspendu de sa participation au Commonwealth. Suite à cet événement et à la levée de bouclier que cette politique a provoqué dans le monde, les autorités zimbabwéennes dénoncent un complot des « pays blancs » (notamment ceux du Commonwealth, le Canada, la Grande-Bretagne, et Australie). En 2005, il reste encore environ 400 fermiers blancs au Zimbabwe (sur 4 500 avant la réforme agraire), et le président Mugabe a exprimé son souhait de les « chasser » à court terme. En 2005, le parti au pouvoir, le ZANU-PF a lancé une campagne appelé « Tous les Blancs dehors en 2005 ».
Par ailleurs, le président du Zimbabwe, Robert Mugabe a fait à de nombreuses reprises des déclarations pouvant être qualifiées de racistes[24] :
- « Notre parti doit continuer de faire entrer la peur dans le cœur de l’homme blanc, notre véritable ennemi » (s’adressant au ZANU-PF)
- « Le seul homme blanc que vous pouvez croire est l’homme blanc mort »
- « L’homme blanc est ici comme le second citoyen : vous êtes en numéro un. Il est numéro deux ou trois. C’est ce qui doit être enseigné à nos enfants »
En juillet 2007, Mugabe et son parti le ZANU-PF proposent au parlement de voter une loi qui interdira toute fusion, restructuration ou acquisition d’une entreprise si 51 % de son capital n’est pas en possession de Zimbabwéens noirs[25]. Puis, en septembre 2008, un accord conclu avec l’opposition du MDC fait quelque peu marche arrière sur la confiscation des fermes aux Blancs même si le ministre de la Justice affirme le contraire[26], que l’accord souligne le caractère raciste-colonialiste de la répartition précédente des terres, et qu’aucune restitution ne se fera en tant que telle[27]. En décembre 2008, le Zimbabwe rejette le jugement d’une cour régionale (SADC) qui a décrété que les confiscations terriennes étaient discriminatoires[21].
Voir aussi
Article connexe
Notes et références
- ↑ a , b , c , d et e Damien Charrieras,« Racisme ? Une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-Blancs en France », in COMMposite V2007.1, p. 40-73 (ISSN 1206-925)
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) Dictionnaire de l‘extrême-droite, Paris, Larousse, 2007, p.50
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., pp.50-51; p.249
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., p. 51
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., p.51
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., p. 51
- ↑ LECOEUR Erwan (éd.) op.cit.
- ↑ Réfutation du concept de race dans l’article de Wikipédia sur le racisme
- ↑ Pascal Bruckner, Le Sanglot de l'homme blanc, édition poche, « Points Actuels », p. 246, chapitre « La fin du messianisme » / « Les mains sales »
- ↑ Pascal Bruckner, « Finkielkraut, le Sarkozy des intellos », Le Nouvel Observateur no 2143, 1er décembre 2005.
- ↑ Discours de Jean-Marie Le Pen, lors de l’université d’été de 1998 du FN, accédé en 2005 sur le site du Front national, plus disponible en juin 2006 Archive du discours de Jean-Marie Le Pen, sur web.archive.org, archive crée le 4 juin 2004
- ↑ Article du Monde du 15 mars 2005, intitulé « Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-Blancs »
- ↑ Le Figaro – Actualité en direct et informations en continu
- ↑ Voir cet article sur le site du Parti Communiste belge
- ↑ Voir cette tribune de Claude Demelenne, rédacteur en chef du Journal du mardi, publiée dans La Libre Belgique du 3 septembre 2009. L'article relève également, sans en tirer de conclusion, l'utilisation de l'expression Visages pâles par le président du MRAX
- ↑ Voir article de Resistance.be
- ↑ article précité sur le site du Parti Communiste belge
- ↑ Le racisme Antiblanc - Table des matières
- ↑ L’Humanité 17 février 2002
- ↑ (en) ADL ALERTS NATION’S ACADEMIC LEADERSHIP ABOUT VIRUS OF BIGOTRY BEING SPREAD BY KHALID ABDUL MUHAMMAD
- ↑ a , b , c et d (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe vows to defy land ruling
- ↑ (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Upset over latest Zimbabwe farm death
- ↑ (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe’s famished fields
- ↑ www.racismeantiblanc.bizland.com - Compilation d’articles relatifs au Zimbabwe
- ↑ (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Mugabe vows to save sick economy
- ↑ (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ What’s the lie of Zimbabwe’s land?
- ↑ (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe Deal: Key Points
Liens externes
- Luc Bronner et Piotr Smolar, Questions sur les violences commises lors du défilé lycéen du 8 mars, Le Monde, Article paru dans l’édition du 14 avril 2005
- Arrêt sur images, Le Monde et le racisme anti-Blancs : malaise sur le Net, France 5, avril 2005[réf. incomplète]
- Racisme « anti-blancs » : un appel contesté, section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme
- Interview de l’historien engagé Pap Ndiaye dans Libération
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