- Raccord (cinéma)
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En cinéma, le terme « raccord » désigne la cohérence entre deux plans. Celui-ci est régi par certaines règles de montage.
Les plans successifs d'un film sont couramment tournés à plusieurs jours d'intervalle, parfois plus. Il faut donc s'assurer que les objets du décor sont à la même place, que l'éclairage est le même (même intensité, même couleur, même direction), que les vêtements et la coiffure des acteurs sont les mêmes... Le rôle du script et du ou de la scripte est d'assurer cette cohérence.
On dit aussi « raccord », lorsque au montage, deux plans sont rattachés avec du son, ou des effets visuels, ceci permet d'assurer la bonne cohésion entre deux plans, séquences etc.
Les raccords relatifs à l'intensité de la lumière ou à la colorimétrie peuvent parfois être corrigés en postproduction, lors de l'étalonnage.
Sommaire
Le raccord « cut »
Il s'agit d'un raccord direct, sans aucun effet, entre deux plans. C'est la transition la plus usitée entre deux plans d'une même séquence, une image/scène est coupée et une autre apparaît.
Le raccord champ/contre-champ
La caméra change régulièrement d'angle de vue sans changer son cadrage. C'est un raccord très utilisé pour un dialogue lors duquel la caméra s'oriente successivement vers le locuteur courant.
La règle des 30°
Lorsqu'un même sujet est présent dans deux plans qui se succèdent, et que la valeur de ces plans est la même, la différence entre l'angle sous lequel le sujet est filmé dans le premier et le deuxième plan doit, en principe, être supérieure à 30°.
Le raccord dans l'axe
Un raccord dans l'axe est une coupe franche faite dans un même plan. C'est une sorte d' ellipse fonctionnelle (contrairement à une ellipse dite narrative). Ce type de raccord est difficile à réussir.
La règle du raccord de valeur de plan doit être respectée.
Le raccord d’entrée et de sortie de champ ou raccord de direction
Sur le premier plan un personnage sort du cadre à un point donné. Le plan suivant, le personnage entre dans le cadre au point opposé. Par exemple le personnage sort du champ par la droite et au plan suivant il entre par la gauche. Il est aussi possible de le faire aller vers la caméra, obstruant ainsi l'objectif, puis vers la scène, dans le même axe, au plan suivant.
Le raccord de regard
Un regard permet d'introduire le plan suivant qui précisera l'objet ou la scène regardé. C'est un raccord qui vient ajouter une dimension expressive à une nécessité discursive. La direction du regard doit raccorder subjectivement avec le plan suivant.
Le raccord de valeur de plan
Pour éviter une saute visuelle entre deux plans montés en raccord dans l'axe, il faut sauter au moins une valeur, par exemple passer d'un plan taille à un gros plan, mais pas, en théorie, d'un plan américain à un plan taille (voir l'article: plan (cinéma)).
Le raccord 180°
La caméra effectue une rotation de 180° pour passer d'un plan au suivant.
La règle des 180°
La règle des 180° est liée à la perception de l'espace dans une scène où des personnages sont en interaction. L'exemple typique est le champ-contre-champ. Si l'on trace une ligne imaginaire entre les deux comédiens (l'axe des 180°), la caméra ne devra pas franchir cet axe pendant la scène. Le non-respect de la règle peut avoir deux conséquences: si les plans montés sont larges, le spectateur aura l'impression que les deux plans n'appartiennent pas à la même scène. Si les plans montés sont des gros plans, le spectateur aura l'impression que les personnages se tournent le dos, même si les comédiens se regardaient effectivement pendant la prise. S'il est nécessaire de franchir cet axe pendant la scène, une solution est de le faire par un travelling ou bien d'intercaler entre les plans sur les différents personnages un plan d'ensemble qui les situe les uns par rapport aux autres.
La saute d'axe
Un raccord de plan dépassant les 180° est appelé une saute d'axe.
Ce raccord a pour conséquence de brouiller la perception de la géographie du décors (ou du lieu), le spectateur est troublé: ce qui devrait se trouver d'un plan sur l'autre, à droite se retrouve à gauche et réciproquement.
En principe, il est déconseillé, cependant des réalisateurs peuvent le revendiquer et l'utiliser dans certaines conditions de narration.
Le raccord dans le mouvement
Le raccord est effectué au cours d'un mouvement qui se poursuit dans le plan suivant.
Le raccord panoramique
Lorsque la caméra effectue un mouvement panoramique sur une scène et qu'au plan suivant la caméra filme une scène différente mais dans le même mouvement, on parle de raccord panoramique.
En principe le mouvement des deux plan va dans le même sens (de gauche à droite ou inversement) et à la même vitesse. Cependant il est possible mais délicat de raccorder sur des mouvements inversés. Les techniques numériques de montage permettent de varier la vitesse et le cadre de ces mouvements; cela peut aider à améliorer substantiellement ce type de raccord.
Le raccord par analogie
On peut utiliser une analogie de formes ou de couleurs entre deux images pour effectuer un raccord. C'est un type de raccord qui permet d'établir un lien d'idées très fort et qui évoque un procédé métaphorique.
Il existe un exemple connu dans le film 2001 : L'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Inspiré par la découverte d'un monolithe noir, un « grand singe » comprend qu'il peut faire d'un os une arme qu'il lance victorieusement en l'air après avoir abattu un autre « singe ». Le plan suivant montre une station spatiale en orbite dont la forme et le mouvement évoquent ceux de l'os.
Le faux raccord
Il s'agit d'une incohérence entre deux plans qui peut rendre difficile la compréhension d'une scène ou l'appréhension du lieu dans lequel elle se déroule.
Un faux raccord crée une discontinuité narrative perturbante pour le spectateur, mais dans certains cas il s'agit d'un effet recherché. Notamment avec l'avènement de la Nouvelle Vague, les « faux raccords » apparaissent comme des dissonances maîtrisées. Le film À bout de souffle de Jean Luc Godard contient de nombreux exemples. Jean Cocteau y voyait le moyen de ne pas trop verrouiller sa mise-en-scène et de l'ouvrir aux effets de poésie : « Le montage escamotera mes fautes et le peu d'importance que j'attache à l'exactitude des raccords. (Ce qui concerne Lucienne, ma script.) Trop de soin, aucune porte ouverte au hasard, effarouchent la poésie, déjà si difficile à prendre au piège. On l'apprivoise avec un peu d'imprévu. Des arbres où il n'y aura pas d'arbres, un objet qui change de place, un chapeau enlevé qui se retrouve sur la tête, bref une crevasse dans le mur et la poésie pénètre »[1].
Effets visuels
Il est fréquent qu'entre deux séquences un effet visuel soit utilisé pour effectuer une transition. En revanche, lorqu'un effet visuel est utilisé entre deux plans d'une même séquence, il peut paraître inutile et même être perçu comme un faux raccord.
Le fondu enchaîné
Article détaillé : Fondu enchaîné.C'est un trucage qui fait se chevaucher deux plans. Le premier plan disparait peu à peu pour laisser apparaître le plan suivant.
Traditionnellement, cet effet est obtenu par surimpression de deux images. Aujourd'hui, comme pour la plupart des effets, il est obtenu à l'ordinateur.
Le fondu au noir ou au blanc
Article détaillé : Fondu.C'est la fermeture d'un plan par obscurcissement ou éclaircissement progressif de l'image, puis l'ouverture vers le plan suivant. Cette transition permet de marquer une courte pause, par exemple lors d'un changement significatif de lieu de l'action.
Le volet
Article détaillé : Volet.L'image est balayée, opérant une translation le plus souvent horizontale ou verticale.
L'ouverture ou la fermeture à l'iris
Un cercle se referme sur l'image laissant apparaître un écran le plus souvent noir, puis un cercle s'ouvre sur le plan suivant. Ce procédé permet souvent de mettre l'accent sur un élément de la scène. Il est essentiellement utilisé dans le cinéma muet ou dans le cartoon.
Autres
De nombreux effets visuels sont possibles et imaginables et n'ont pour limite que l'imagination du réalisateur et du monteur.
Certains raccords, notamment elliptiques peuvent s'exprimer par une rupture brutale du son (ambiance) sur un changement de plan indiquant un changement temporel pouvant s'accompagner d'un changement d'étalonnage de l'image (exemple: passage d'une lumière du jour à celle du soleil couchant).
Notes et références
- Jean Cocteau, La Belle et la bête - journal d'un film, édition du Rocher 1958, p. 58
Voir aussi
Lien externe
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