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Q-ship
Les Q-ships (navires-Q) étaient des petits navires marchands dissimulant des armes lourdes destinés à attirer les sous-marins ennemis en surface, puisqu'une torpille ne se justifiait pas pour une si petite cible, afin de les couler.
Ils furent notamment utilisé lors des deux batailles de l'Atlantique, lors de la Première et Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
Ce sont de petits navires, cargos ou voiliers. Ils sont choisis pour leur aspect commun et ne doivent pas attirer l'attention.
Ils vont être armés de plusieurs canons. Le nombre et l'emplacement varient selon les navires. Le HMS Dunraven alignera ainsi un canon de 102 mm, 4 de 12 livres et 2 tubes lance-torpilles de 356 mm cachés dans la coque. Le Marguerite français aura, lui, 4 canons de 75 mm. L'Expédient, anglais, fut l'exemplaire le plus puissant de son genre, il était armé de deux canons de 10 à affût escamotables, de deux tubes de lancement de torpilles, d'un dispositif de mouillage de mines, d'un canons arrière à tir rapide de 12, un hydravion d'observation, des ponts et une coque blindés. Son coût de construction dépassa sept fois le budget initial.
Les canons sont camouflés derrière des cloisons amovibles, simulant des superstructures.
Précaution supplémentaire, leurs cales sont remplies de tonneaux vides, de poutres de bois ou autres matériaux susceptibles de leur permettre de flotter (et continuer même à combattre) s'ils venaient à être torpillés.
En plus des canons, on rajoute des mitrailleuses pour tirer sur l'équipage du sous-marin et, en particulier sur les servants de son canon ou les officiers présents sur le kiosque.
Certains porteront des tubes lance-torpilles, dans la coque.
On trouvera des armes plus originales, comme des filets dérivants garnis de mines, voire des dispositifs dispensant des gaz asphyxiants. Ces derniers étant destinés aux équipes attaquant le U-Boot à l'abordage. Cela paraît farfelu au premier abord, mais était basé sur la manière d'opérer des Allemands qui ordonnaient au capitaine du cargo arraisonné de venir à son bord, dans un canot, et avec ses documents. On imaginait alors que le canot pouvait régler son compte aux marins présents sur le pont du sous-marin et jeter à l'intérieur ces bombes à gaz. Il ne semble pas cependant que ceci soit réellement arrivé, même si des tentatives eurent lieu.
Les Français armeront de leur côté le même genre de bateaux-pièges que les Britanniques. Entre autres, les pseudos-cargos construits aux Ateliers et chantiers de Bretagne, à Nantes, et livrés en 1917, à l'initiative du Commandant Charcot[1]. Trois cargos de 52 mètres et 500 tonnes, armés de 4 pièces de 90 mm, d'un 47 mm et de mitrailleuses, dénommés Meg[2], Michel & René et Jeanne & Geneviève. Ils sont armés par des marins de la Marine nationale[3].
Ces navires embarquent des marins de la Marine nationale pour mettre en œuvre l'armement. Dans certains cas, l'équipage est entièrement militaire. Chez les Français, ils seront dénommés « équipes spéciales ». Ainsi, le 25 juin 1917, le voilier Normandy, armés par la 3e équipe spéciale, combat et coule un U-Boot au large de Cherbourg.
Leur utilisation
La technique choisie voit le Q-ship croiser sur une route utilisée par les navires marchands. Il est même prévu qu'il se déguise en neutre, arborant des couleurs de compagnies maritimes de ces pays. Il est simplement recommandé d'arborer le pavillon national réel avant d'ouvrir le feu.
Attaqués par un U-Boot, ils doivent se comporter comme un marchand, obéissant sans discuter à l'ordre de stopper. S'il est sous le feu du sous-marin, une partie de l'équipage, en civil, doit simuler une évacuation précipitée[4], pendant que l'autre reste, cachée, auprès des canons. Quand le sous-marin est assez proche, les fausses cloisons sont rabattues pour permettre le tir des canons.
Si c'est possible, le Q-ship cherche à éperonner son adversaire.
Le premier succès date du 24 juillet 1915. Le Prince Charles coule le U-36.
Le 19 août de la même année, le Baralong coule le U-27[5].
Les résultats
Au long du conflit, 180 Q-ships auront été armés par les Britanniques. Lors de 150 engagements, ils couleront 14 U-Boots, revendiqueront des dommages causés à 60 autres, pour le prix de 27 Q-ships coulés[6]. Jusqu'à la fin du conflit, les Britanniques nieront l'existence de tels navires.
La crainte de rencontrer ces bateaux-pièges conduira les Allemands à minimiser les risques en torpillant désormais sans avertissement le cargo rencontré.
Notes et références
- ↑ Explorateur polaire bien connu, commandant du Pourquoi-Pas ?
- ↑ Prénom de l'épouse du commandant Charcot
- ↑ ...qui auront droit à une allocation spéciale de 25 francs… pour achat de vêtements civils !...
- ↑ Il est même prévu une cage contenant un faux perroquet, emmenée par les fuyards et censée confirmer le caractère civil de l'équipage !
- ↑ Pour le sort réservé à l'équipage du sous-marin, on pourra consulter : Baralong Incident.
- ↑ C’est-à-dire qu'ils sont responsables de 10% des U-Boots coulés, soit moins que les champs de mines.
Sources
En dehors de l'article sur Wikipedia britannique, les ouvrages suivants ont été utilisés.
- Amiral Lepotier, Bateaux-pièges, Paris, 1964, France-empire,
- Paul Chack, Marins à la bataille, tome 4, Paris, 2002, Éditions du Gerfaut, (ISBN 2-901196)
Bibliographie
- Amiral Lepotier, Bateaux-pièges, Paris, 1964, France-empire,
- Paul Chack, Marins à la bataille, tome 4, Paris, 2002, Éditions du Gerfaut, (ISBN 2-901196)
- (en) Tony Bridgland, Sea killers in disguise, Leo Cooper, 1999, (ISBN 0-85052-675-2)
- (en) Deborah Lake, Smoke & mirrors, Q-ships against the U-Boats in the first world war, Sutton-Publishing, 2006, (ISBN 0-7509-4605-9)
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