- Pâques vaudoises
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Les Pâques vaudoises, appelées aussi "Pâques piémontaises" désignent une période de répression sanglante menée en 1655 contre les populations de vaudois de trois, puis d'une dizaine de vallées italiennes. Leur déroulement, avec l'hébergement forcé des troupes par les habitants et de nombreux sévices contre les populations locales, a préfiguré les dragonnades qui seront organisées en France une génération plus tard sous Louis XIV par le ministre de la défense Louvois au début des années 1680.
Sommaire
L'arrêt de janvier 1655 contre les trois vallées
La croisade de 1655 contre les vaudois repose, comme celle de 1545 (Luberon) et 1480 (Vallouise), sur une justification juridique et religieuse, même si elle est ensuite prétexte à viols, pillages et tortures: le docteur en droit Gastaldo, auditeur à la chambre des comptes, conservateur général de la sainte foi, chargé d'assurer l'observation des ordres publiés contre la prétendue religion réformée des vallées de Luserne, de Pérouse et de Saint-Martin, délégué spécialement à cet effet par son altesse royale, s'étant transporté à Luserne, y publia, le 25 janvier 1655 un arrêt demandant aux vaudois de quitter leurs vallées.
L'arrivée de 40.000 soldats dans les vallées
En avril 1655, les vaudois subissent des dragonnades et à Pâques, 40.000 soldats, renforcés par les milices communales et commandés par le marquis de Pianezza, sont lancés, tels des croisés, sur les vallées vaudoises. Parmi eux, des réfugiés irlandais qui avaient subi chez eux les persécutions de Cromwell, relate l'historien Gabriel Audisio.
L’occupation tourne rapidement au massacre, à Pra-du-Tour, à Villar, à Bobbi, à Rora, à Prali. Le 3 mai, le marquis de Pianezza célébrait sa victoire sur ces «hérétiques… simples bergers idiots… faux monnayeurs, apostats et sorciers».
L'exil des leaders vaudois
Un héros populaire, Josué Janavel, appela à la résistance, mais ce n’est qu’un feu de paille. Le 10 mai 1655, le Val Germanasca tombe, Janavel doit s’exiler, ainsi que le «modérateur» (responsable) Jean Léger, futur auteur d’une Histoire générale des Églises évangéliques des vallées du Piémont ou vaudoises (Leyde, 1669).
L'intervention de la communauté internationale
Les vaudois seront sauvés par la communauté internationale protestante. Oliver Cromwell décrète un jeûne national en l’honneur des martyrs, Milton écrit son sonnet sur Bloody Easter (« venge, ô Dieu, tes élus massacrés »). Le Danemark, la Hollande, Berne, Genève protestent et un flot de pamphlets et d’estampes anti-savoyardes envahit l’Europe. Londres envoie à Turin un ambassadeur extraordinaire, sir Samuel Morland, auteur de The History of the Evangelical Churches of the Valleys of Piemont (Londres,1658).
La France s’en mêle ensuite: Mazarin s’émeut de ce tapage, qui touche ses alliés protestants du moment, surtout lorsque la résistance locale reprend des forces avec Janavel et des officiers huguenots français. Janavel est blessé, son lieutenant Jahier tué et le 26 juillet 1655, les vaudois brûlent le couvent de La Tour. L’ambassadeur de France à Turin pousse à la paix. Le jeune duc de Savoie Charles-Emmanuel II accorde alors des «patentes de grâce» et un pardon général.
Janavel, qui veut continuer le combat, est désavoué. Il trouvera un nouveau rôle 30 ans plus tard lors de la glorieuse rentrée de 1688, qui voit 900 réfugiés vaudois à Genève parcourir 200 kilomètres à travers les crêtes, menés par le pasteur Henri Arnaud pour retrouver leurs villages du Piémont, en profitant du renversement d'alliance du Duc de Savoie à l'occasion de la ligue d'Augsbourg.
Sources
Articles connexes
Catégories :- Histoire moderne
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- Religion sous l'Ancien Régime
- Histoire du protestantisme
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