- Ars industrialis
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Ars industrialis (« Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit ») est une association culturelle et philosophique française créée le 18 juin 2005 à l’initiative du philosophe Bernard Stiegler.
Active sur Internet et à travers diverses publications[1], cette association propose de développer une réflexion critique sur les « technologies de l’esprit » (industries de l’informatique et des télécommunications, notamment) et à interroger les impératifs économiques qui les sous-tendent.
Accueillant des membres et des adhérents à travers le monde, l’association se veut « européenne ». Son siège est à Paris.
Sommaire
Les réflexions d'Ars Industrialis[2]
Le capitalisme autodestructeur
L'association fait l'analyse d'un système économique, social et politique invivable à long terme : le capitalisme dans sa forme autodestructrice. Le comportement pulsionnel des consommateurs et des spéculateurs, à la vision court-termiste, les dérives du marketing, la pertes du sens de la vie concomitante à la dévaluation de la valeur esprit sont autant de signes de cette auto-destruction.
Ars Industrialis fait également état du processus de prolétarisation des individus, au sens où ceux-ci perdent le savoir qui étaient le leur, "inutile" du point de vue de la productivité économique, au profit de la professionnalisation[3]. Ce terme hérité de Hegel et Marx est ici utilisé non seulement pour désigner l'ouvrier qui a perdu son savoir-faire mais également l'ensemble des travailleurs ayant abandonné « la vie de l’esprit en tant qu’instance critique, c'est-à-dire rationnelle, capable de [...] s’auto-critiquer ». Ce phénomène est illustré par la déclaration d'Alan Greenspan, président la banque centrale des États-Unis où il reconnait qu'« il n’avait aucun savoir théorique du fonctionnement financier qu’il était censé administrer »[4]
Construire une économie de la contribution
Fort de ce constat, l'association travaille à imaginer les bases d'un système plus viable sans pour autant abandonner le capitalisme, faute d'alternative crédible : une économie de la contribution, favorisant l'émergence d'externalités positives et dont la meilleure illustration est le développement de l'open source et la "transformation comportementale"[5] dont il est le fruit.
La technologie numérique permet ainsi l'émergence d'une économie où consommateurs et producteurs peuvent être remplacés par des contributeurs. Ce fonctionnement en rupture avec l'économie de marché classique, ce partage, est analysé comme potentiellement porteur de processus de sublimation
« [une] économie productrice de désir, d’engagement et de responsabilités individuelles et collectives socialement articulées selon de nouvelles formes de sociabilités,ouvre un espace de lutte contre la dépendance, la désublimation, le dégoût de soi et des autres, et plus généralement, contre l’intoxication spéculative et l’addiction »
— Ars industrialis, Manifeste d'Ars Industrialis 2010
Signataires du manifeste accompagnant la création de l’association
Georges Collins, Marc Crépon, Catherine Perret, Bernard Stiegler, Caroline Stiegler.
Publications
- Marc Crépon et Bernard Stiegler, De la démocratie participative, éd. Mille et Une Nuits, 2006.
- Bernard Stiegler (avec Ars Industrialis), Réenchanter le monde. La valeur esprit contre le populisme industriel, Flammarion, 2008.
- Bernard Stiegler, Économie de l’hypermatériel et psychopouvoir, Entretiens avec Philippe Petit et Vincent Bontems, éd. Mille et Une Nuits, 2008.
- Bernard Stiegler, Pour une nouvelle critique de l'économie politique, éd. Galilée 2009.
- Bernard Stiegler, Alain Giffard et Christian Fauré, Pour en finir avec la mécroissance. Quelques réflexions d’Ars industrialis, Flammarion, coll. « Essais », 2009.
Notes et Référence
- site officiel d'Ars industrialis sous forme de textes, vidéos et podcast Ces publications sont pour la plupart disponibles sur le
- Manifeste d'Ars Industrialis dans sa version 2010, venant compléter et préciser les thèses tenues en 2005
- Socrate et les Hackers partie 1, entretien de Bernard Stiegler sur le thème de l'amateurisme, par opposition au professionnalisme impliquant une relation marchande Manifeste 2010, paragraphe 6 ou
- Manifeste 2010, paragraphe 6
- Manifeste 2010, 3e paragraphe
Liens internes
Liens externes
Catégorie :- Association ou organisme lié à la philosophie
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