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Politique de rigueur
Une politique de rigueur est une politique économique consistant à donner la priorité à la croissance économique de long terme, en luttant contre l'inflation et contre l'accumulation insoutenable de déficits publics.
Une politique de rigueur vise également à lutter contre les déficits de la balance des paiements (commerce extérieur). Cet élément, qui a eu une grande importance en France au cours de la seconde moitié du XXe siècle lorsque le taux de change du franc était « attaqué », a perdu de son importance avec l'avènement de la zone euro (les partenaires économiques français se situant en majorité au sein de la zone euro, les variations du taux de change ont moins de conséquences).
La mise en pratique d'une politique de rigueur passe par la politique budgétaire (réduction du déficit public et des dépenses, et hausse de la fiscalité). Lorsque la maîtrise ou la réduction de l'inflation est recherchée, la politique monétaire devient plus restrictive (augmentation des taux directeur).
Selon les époques et les situations, on a aussi parlé de « politique de refroidissement » (par exemple en 1963 en France) ou de « politique restrictive ».
Sommaire
Motifs de la politique de rigueur
Le but des gouvernements qui mettent en place des politiques de rigueur est :
- d’éviter l'accumulation de déficits publics qui gonfleraient la dette publique et créeraient autant de dépenses et d'impôts futurs (schéma de Ponzi) ;
- de freiner l'inflation qui, trop élevée, perturbe le bon fonctionnement économique ;
- de limiter le sur-investissement et les bulles spéculatives.
Pour maîtriser l’inflation, le gouvernement cherche à éviter de trop fortes hausses de salaires qui porteraient les salaires à un niveau trop élevé rendant la production des entreprises non rentable, évitant ainsi une augmentation du taux de chômage. Les hausses de salaire peuvent engendrer un cercle vicieux avec l'inflation.
Sur le moyen et long terme, la restauration des comptes publics et de la balance des paiements favorisent la confiance dans l'économie, la stabilité du taux de change, et augmentent l'investissement et les flux d'IDE (entrée de capitaux étrangers). À terme, la compétitivité économique est améliorée et donc la quantité d'emplois dans l’économie (en particulier dans le secteur privé) est plus élevée.
Moyens de la politique de rigueur
Il existe traditionnellement plusieurs leviers pour une politique de rigueur selon les priorités visées (inflation et / ou réduction des déficits) et selon les causes des problèmes à résoudre (inflation par les coûts, inflation par un déséquilibre entre offre et demande, etc.).
Le gouvernement peut agir par la politique budgétaire (réduction des déficits et des dépenses).
La politique monétaire (principalement augmentation des taux directeur, augmentation du taux de réserves obligatoires des établissements financiers) permet de restreindre l'investissement et d’éviter les bulles spéculatives. Cet instrument-ci est souvent une prérogative de la banque centrale, qui, si elle est indépendante du gouvernement, peut contrer les effets néfastes d'une politique expansionniste menée par un gouvernement, à des fins électoralistes (court-termisme).
Le freinage de l'inflation et l'augmentation de l'offre
Une offre intérieure (c'est-à-dire la production des entreprises sur le territoire national) qui ne parvient pas à satisfaire la demande intérieure est source d'inflation et de déséquilibre de la balance des paiements (hausse des importations). Afin de réduire le déséquilibre, une politique de rigueur encouragera l'augmentation des capacités de production par une « politique de l'offre », et parallèlement pourra freiner à court terme la croissance des salaires.
L'État peut intervenir sur les salaires des ménages ; en bloquant l'évolution des salaires des fonctionnaires (qui représentent 23% des emplois en France[1]), et des salariés des entreprises publiques (s'il y en a) ou enfin l'évolution des minima sociaux, l'État permettra une baisse temporaire de la demande globale de consommation de la part des ménages.
Le freinage de la demande et donc de la consommation peut provoquer à court terme une diminution du taux de croissance du PIB : c’est le « prix à payer » pour accroître le taux de croissance de long terme.
Dilemme des politiques de rigueur
Une politique de rigueur pouvant provoquer à court terme un ralentissement de l’activité économique, les gouvernements qui privilégient des objectifs à court terme (politique électoraliste) ne mettront pas en place de politique de rigueur, repoussant ainsi les problèmes et aggravant les perspectives économiques.
Les politiques monétaires de rigueur
Les banques centrales sont généralement détachées des objectifs court-termistes des hommes politiques ; elles peuvent ainsi privilégier la croissance économique de long terme, et dans ce cadre s’assurer d’un niveau d’inflation compatible avec une croissance équilibrée.
Ainsi, la Banque centrale européenne (BCE) a pour objectif principal la maîtrise de l'inflation. Certains[réf. souhaitée] jugent qu'elle mène une politique de rigueur. On notera cependant que l'endettement des ménages a fortement augmenté depuis 2002 dans la zone euro, ce qui contredit la réalité d'une politique de rigueur menée depuis 2002 par la BCE.
Exemples de politiques de rigueur
Lors de la situation de crise de la France en 1958, Charles de Gaulle revenant au pouvoir, établira une politique de rigueur, déclarant[2] :
« Avec mon gouvernement, j'ai donc pris la décision de mettre nos affaires en ordre réellement et profondément. Le budget en est l'occasion, peut-être ultime, très bonne en tout cas. Nous avons adopté et, demain, nous appliquerons tout un ensemble de mesures financières, économiques, sociales, qui établit la nation sur une base de vérité et de sévérité, la seule qui puisse lui permettre de bâtir sa prospérité. Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l'épreuve. Mais le rétablissement visé est tel qu'il peut nous payer de tout. »En France, des politiques de rigueur permettant de maîtriser l’inflation provoquée par les chocs pétroliers eurent lieu sous les gouvernements Raymond Barre.
En France, le président François Mitterrand prit, en 1983–1984, le « tournant de la rigueur », après l'échec du programme commun.
Notes et références
- ↑ cf. Fonction publique française.
- ↑ Discours sur la politique de rigueur, 28 décembre 1958, Charles de Gaulle
Voir aussi
Articles connexes
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