Politique des îles Fidji

Politique des îles Fidji

Politique des Fidji

Fidji

Armoiries des Fidji
Cet article fait partie de la série sur la
politique des Fidji,
sous-série sur la politique.

 v ·  · m 

Portail politique - Portail national

La vie politique des Fidji est marquée par une division ethnique importante entre Fidjiens de souche (ou mélano-fidjiens) et Indo-fidjiens. Les deux grands partis, le SDL et les travaillistes reflètent aujourdhui cette division.

On y relève également une relative instabilité de régime puisque quatre coups dÉtat sy sont déroulés et trois constitutions ont été adoptées depuis 1970, date de son indépendance. La reconnaissance institutionnelle des droits des différentes communautés a été la cause, ou la justification, principale des coups dÉtat successifs. La constitution reconnaît en effet certains droits aux mélanésiens autochtones, leur accordant notamment le monopole sur la propriété de la terre.

Sommaire

1970-1977 : du temps de la Pacific Way

Durant les premières années dindépendance, les observateurs virent en Fidji un modèle de démocratie et dharmonie interethnique. Cette harmonie reposait sur le fameux concept inventé par Kamisese Mara de Pacific Way ou « voie pacifique »[1], autrement dit que dans un Pacifique Sud pacifié, tout problème trouvait sa solution dans la négociation, le consensus et la palabre.

La constitution de 1970

À la veille de lindépendance, Ratu Kamisese Mara (Alliance Party) et Sidiq Koya (National Federation Party) trouvèrent après de difficiles négociations un compromis sur de nouvelles institutions. Comme le voulait lAlliance Party de Mara, Fidji restait au sein du Commonwealth, en conséquence de quoi, le chef de lÉtat était le souverain britannique représenté sur place par un gouverneur général. Robert Forster qui occupait déjà ce poste depuis 1966 y fut confirmé jusquen 1973, date à laquelle Ratu George Cakobau, lui succéda. Le gouverneur général possédait un droit de dissolution de la Chambre de représentants sur proposition du Premier ministre

Le système législatif au départ unicaméral fut réformé en 1972 avec la création dun sénat. Ce sénat se composait à lépoque 22 membres dont 8 étaient nommés sur proposition du Grand Conseil des Chefs[2], 7 par le Premier Ministre, 6 par le leader de lopposition et 1 par le Conseil de Rotuma[3]. La chambre basse appelée Chambre des représentants était pour sa part constituée de 52 membres élus pour une période de 5 ans selon un double système de scrutin.

  • 27 de ses membres étaient élus au suffrage communautaire ou particulier, cest-à-dire que chaque communauté élisait ses propres représentants : 12 pour les mélano-fidjiens, 12 pour les indo-fidjiens et 3 pour les électeurs généraux, autrement dit les autres ethnies (Européens pour lessentiel).
  • les 25 autres membres étaient quant à eux élus dans un scrutin national au suffrage universel. Parmi ces 25 sièges 10 étaient réservés à des mélano-fidjiens, 10 à des indo-fidjiens et 5 à des membres généraux.[4]

Enfin lexécutif était à la charge du Cabinet composé du Premier ministre et de son gouvernement. Celui-ci était nommé par le gouverneur général sur proposition de la Chambre des représentants devant laquelle il était responsable.

Les élections générales de 1972

Cest dans un climat apaisé que se déroula la campagne électorale des premières élections générales depuis lindépendance. Les meetings de chacun des deux grands partis avaient lieu face un auditoire multiethnique, ceux de lAlliance Party débutant généralement par le salut traditionnel indien alors que les discours des leaders du NFP évoquaient en termes élogieux limportance de la tradition taukei (fidjienne).

Ces élections de 1972 virent lAlliance remporter une large victoire, grâce en particulier aux 24% dindo-fidjiens ayant voté pour ses candidats.

Partis Scrutin communautaire Scrutin national Total
Alliance Party 15 sièges (12 fidjiens + 3 membres généraux) 18 sièges (7 fidjiens+ 7 indiens + 4 membres généraux) 33 sièges
National Federation Party 12 sièges (12 indiens) 7 sièges (3 indiens + 3 fidjiens + 1 membre général) 19 sièges

Au lendemain des élections, Mara fut confirmé à son poste de Premier ministre. Côté indo-fidjiens, cette défaite du NFP fut imputée à son leader Sidiq Koya quun certain nombre de membres de son propre parti commencèrent à critiquer ouvertement, lui reprochant entre autres dêtre un yes man (trop servile , litt. "Oui M'sieur") trop conciliant envers Mara. Parmi ceux-ci, citons Karam Chand Ramrakha, Irene Jai Narayan ou Jai Ram Reddy. À ce désaccord politique sajoutait une rivalité religieuse, Koya étant musulman, les trois autres hindous.

Du côté de lAlliance Party, des dissensions se firent également sentir, en particulier de la part dun chef coutumier de Rewa, Sakeasi Butadroka. Elu au scrutin communautaire de 1972 et ministre de lindustrie, il critiquait la politique selon lui trop consensuelle de Mara envers le National Federation Party et les indo-fidjiens. En 1974, il quitta le gouvernement pour fonder son propre parti, le Fijian National Party (FNP) avec pour slogan "Fiji for the Fijians".

Ces oppositions croissantes au sein des deux grands partis devaient aboutir à la radicalisation de leur leader respectif et mettre un terme à leur « lune de miel » qui durait depuis lindépendance. En 1975 à la demande du NFP, une commission indépendante composée de constitutionnalistes britanniques rendit un rapport dans lequel elle proposait de libérer les sièges du scrutin national de toute contrainte ethnique. Mara sy opposa fermement. La même année Butadroka déposa à la chambre des représentants un projet de loi proposant le rapatriement immédiat de tous les indo-fidjiens vers leur pays dorigine, le prix du voyage et les dédommagements devant être à la charge du gouvernement britannique. Si Mara sopposa au projet de loi, il semble que ce fut lui qui poussa en coulisse Butadroka à la proposer. Par ce double jeu, Mara, en fin stratège politique, espérait que ces propositions extrémistes et cette rhétorique anti-indienne discréditent définitivement Butadroka. La presse proche de lAlliance Party[5] ne manqua du reste pas au lendemain de la présentation du projet de loi de qualifier ce dernier « stupide et raciste »[6].

1977-1987 : le temps des premières tensions

Les élections de 1977 et la première crise constitutionnelle

Si 24% des indo-fijiens avaient voté pour lAlliance Party au scrutin national des élections de 72, ce chiffre tomba à 16% à celles de 1977, nombre dentre eux reprochant à Mara de navoir pas souscrit aux recommandations de la Commission britannique. À cela sajouta une percée du Fijian National Party qui obtint deux sièges contre 24 pour lAlliance Party et 26 pour NFP de Sidiq Koya. Bien que sa majorité fut faible, ce dernier devait normalement et selon la constitution être appelé par le gouverneur général à former un gouvernement. Koya proposa alors à Mara de négocier la mise en place dun gouvernement de coalition. Mara feignit daccepter la négociation mettant au point dans le même temps avec son cousin George Cakobau, le gouverneur général, une tactique pour empêcher le NFP darriver aux affaires. Après quelques jours quelques peu confus, Cakobau nomma Mara premier ministre qui, sachant pertinemment quil ne pouvait gouverner sans majorité à la Chambre des représentants, demanda immédiatement à Cakobau de dissoudre lassemblée comme le lui permettait la constitution. Les électeurs furent ainsi de nouveau appelés à voter en septembre 1977. Pour ces élections, le NFP se présenta divisé avec dun côté les partisans de Sidiq Koya et de lautre la « faction hibiscus » que venaient de créer Karam Chand Ramrakha, Irene Jai Narayan et Jai Ram Reddy qui dénonçaient la naïveté politique de Koya. Miné par ces divisions le NFP nobtint que 15 sièges dont 12 occupés par des partisans de la faction hibiscus. LAlliance Party et Mara qui axèrent leur campagne sur le thème de lunion en se présentant comme les seuls garants de la stabilité politique du pays obtinrent une large victoire avec 36 sièges auxquels sajoutait 1 siège pour le National Fijian Party de Butadroka.

Les élections générales de 1982

Pour ces élections, un nouveau parti fit son entrée dans larène politique fidjienne. Il sagissait du "Western United Front" (WUF) dont le leader Ratu Osea Gavidi, représentait les intérêts des petits propriétaires terriens de la côte ouest de Viti Levu. Opposés à lomnipotence et le rôle influent du Grand Conseil des chefs sur la vie politique, la tradition constituait selon ses membres essentiellement mélano-fidjiens un frein au développement économique de larchipel[7]. Pour ces élections le WUF fit alliance avec le NFP avec pour slogan commun, « its time for change » (« il est temps de changer »).

Les élections donnèrent pour résultat une courte victoire de lAlliance Party avec 28 sièges contre 24 pour la coalition NFP/WUF et aucun pour FNP de Butadroka. Cette victoire de lAlliance Party fut en partie due au vote dune majorité dIndo-fidjiens de confession musulmane qui navaient quune confiance modérée en Reddy et le recul du FNP. Lalliance NFP/WUF dénonça au lendemain des résultats des fraudes électorales et laide financière quaurait reçue lAlliance Party de la part du gouvernement australien. Suite à cette défaite Koya se retira de la vie politique. Lui succéda à la tête du NFP, Jai Ram Reddy

La création du Parti travailliste fidjien et lespoir dune société plurielle

Le milieu des années 80 vit lémergence dun tout nouveau parti le "Fiji Labour Party" (Parti travailliste fidjien). Opposé à tout ostracisme et composé de membres appartenant à toutes les ethnies de larchipel, ce parti devait bouleverser la vie politique fidjienne. Sa création coïncida avec la multiplication de conflits sociaux dans les années 1983-1984 : grève des enseignants, des dockersCes conflits sexpliquent en grande partie par les difficultés économiques que rencontra alors Fidji (augmentation du chômage liée aux contrecoups du choc pétrolier de 1979 sur la fréquentation touristique, graves dégâts causées par le cyclone de 1984…). Sinspirant de la politique monétariste de lAmérique reaganienne des années 80, Mara répondit à ces difficultés par un plan daustérité et une dérèglementation de léconomie. Parallèlement, il dénonça ces conflits sociaux comme « une manipulation soviétique »[8]. Il tenta également de contrer les syndicats en créant des syndicats concurrents acquis à sa cause. Ce fut un échec, ces derniers ne rencontrant que peu de succès. Bien au contraire, les syndicats dont laction sappuyait jusqualors sur des revendications essentiellement salariales et sociales, se politisèrent de plus en plus pour finalement fonder en juillet 1985, le "Fijian Labour Party".

« Alors que la crise saggrave chaque jour, les syndicats ont fait de leur mieux pour travailler avec le gouvernement en place pour trouver des solutions équitables. La décision unilatérale de libéraliser les salaires a clairement indiqué que celui-ci ne souhaitait en aucune manière discuter avec les représentants des travailleurs fidjiens. En tant que responsable syndical, jai senti que nous devions réagir contre la politique du gouvernement, politique menaçant le bien-être non seulement de nos membres mais de lensemble des Fidjiens. Le moment est venu en effet de créer notre propre parti plutôt que de dépendre de la bonne volonté des partis qui ont fait la démonstration quils ne représentaient que leurs intérêts particuliers. (…)Notre but est de proposer une réelle alternative aux partis en place et de créer une force qui réponde aux besoins et aux aspirations des Fidjiens. Notre but est de créer une vraie démocratie dans ce pays, démocratie dont les principes sont bafoués. Enfin, je réitère la volonté du Fiji Labour Party de faire quelque chose pour les minorités qui ont été trop longtemps négligées. » Discours de Bavadra lors de son investiture à la présidence du parti en juillet 1985.[9]

Le programme du FLP sappuyait sur une plateforme nettement de gauche, avec pour projet la nationalisation des industries vitales du pays, un salaire minimumauxquels sajoutait une volonté de dépasser les clivages ethniques et fonder une conscience de classe multiethnique. Cest ainsi que si son président Timocy Bavadra était mélanésien, son secrétaire général Krishna Datt était quant à lui dorigine indienne.

1987-1999 : la fin du mythe de la Pacific Way

Les élections générales davril 1987 et les coups dÉtat du 14 mai et 25 septembre

Peu avant les élections, le Fijian Labour Party trouva un accord dalliance avec le National Federation Party miné depuis 1984 par des divisions internes qui virent la démission de Reddy puis le retour de Sidiq Koya avant que finalement un certain Harish Sharma prennent la tête du parti en 1985. Laccord entre les deux partis reposait sur lacceptation par le National Federation Party quun mélanésien, à savoir Timoci Bavadra, prenne la tête de la coalition en échange de quoi le parti travailliste acceptait de mettre en sourdine son programme économique. Il prévoyait également quen cas de victoire, le nouveau cabinet comprit autant de ministres dorigine indienne que mélanésienne.

La campagne électorale se déroula dans un climat tendu. Mara concentra ses critiques sur Bavadra à qui il reprocha dêtre « vendu aux Indiens et de trahir son propre camp ». Les élections eurent lieu début avril. La coalition FLP/NFP remporta 28 sièges contre 24 pour lalliance. Quant au WUF qui avait fait alliance avec certains dissidents du NFP, de même que les nationalistes de Butadroka nobtinrent aucun siège.

Ce fut une onde de choc dans tout le pays. Après près de 20 ans de règne sans partage, lAlliance Party de Mara était en passe de perdre le pouvoir. Mara reconnut publiquement sa défaite le 13 avril tandis que Bavadra était appelé à former le nouveau gouvernement. Sharma devint vice-Premier ministre tandis quun certain nombre dIndiens obtenaient des ministères clés. Autre nouveauté, Bavadra qui nétait pas un chef coutumier obtenait en vertu de la constitution, la présidence du Conseil de chefs.

Quelques jours après la nomination de Bavadra, certains de ces chefs coutumiers dont Butadroka ainsi que le numéro deux de lAlliance Party Apisai Tora se réunirent pour fonder un mouvement plus ou moins clandestin le "Taukei Movement" dont lobjectif était de renverser le gouvernement. Lors dun entretien donné au Times de Londres[10] Tora déclara ainsi « Nous allons retrouver nos droits vendus à Londres en 1970. Nous n'avons aucun besoin de votre système, votre démocratie. Nous n'accepterons jamais que l'on nous impose un pouvoir étranger. Les Indiens nous ont déjà écartés du pouvoir économique. Aujourd'hui nous voulons Fidji pour les Fidjiens. Nous avons accueilli ces indiens que les Britanniques nous ont imposés. Nous les avons laissés vivre en paix, se faire de l'argent sur le dos de notre générosité. Il n'y a jamais eu d'actes de réciprocité. Ils ne connaissent pas notre langue, nos coutumes. Il est temps pour eux de faire leur bagage et de partir »[11]

Le 23 avril, Tora lança un appel à la désobéissance civile alors que des manifestations étaient organisées dans les principales villes du pays. Les routes furent bloquées, des commerces indiens pillés, les maisons des principaux leaders du NFP brûléesBavadra fit arrêter Tora, accusant parallèlement la CIA et les services secrets australiens dêtre derrière les agitateurs[12]. Pendant ce temps Kamisese Mara se fit des plus discrets. Il se rendit même à Hawai'i début mai pour dit-il « visiter quelques amis ».

Ce fut finalement larmée qui à linstigation du Conseil des chefs et du Taukei Movement décida dintervenir. Le 14 mai au matin, une escouade de 10 soldats dirigée par un jeune lieutenant apparenté à la chefferie Bau, Sitiveni Rabuka, prit dassaut le Parlement. Dans le même temps dautres soldats semparaient des ministères principaux et du principal central téléphonique de lîle. À 15 heures sans quun seul coup de feu fût tiré, laffaire était terminée. Rabuka qui sautoproclama immédiatement Colonel fit une conférence de presse dans laquelle il annonça avoir pris le contrôle du gouvernement et la suspension de la constitution.

Dès le lendemain, la communauté internationale condamna officiellement le coup de force, le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher refusant de reconnaître le nouveau gouvernement. Fidji faisant partie du Commonwealth et le chef de lÉtat étant officiellement la reine Élisabeth se posait en effet le problème légal[13]. La Cour suprême fidjienne déclara ainsi le coup dÉtat illégal et anticonstitutionnel. Des négociations souvrirent entre celle-ci et le gouverneur général, Ratu Sir Penaia Ganilau qui le 23 septembre proposa le renvoi de Rabuka et la formation dun gouvernement dunité nationale comprenant également des indo-fidjiens. Mais le 25 septembre, Rabuka craignant de perdre les bénéfices du premier coup dÉtat annonça non plus la suspension de la constitution de 1970 mais son abrogation définitive et proclama la République fidjienne.

La République fidjienne 1987-1999

En décembre 1987, Fidji revint à un semblant de normalisation avec la formation dun gouvernement civil. Mara qui avait fini par se rallier aux putschistes en prit la tête alors que Rabuka conservait les portefeuilles de la Défense et de lIntérieur. Ce nest quen 1990 quune nouvelle constitution fut finalement adoptée venant institutionnaliser la domination politique des mélano-fidjiens sur les autres communautés.

Devenu une république, le chef de lÉtat était désormais un président nommé et issu du Grand Conseil des chefs pour une période de cinq années. Le premier président fidjien fut le précédent gouverneur général, Ratu Sir Penaia Ganilau. Le sénat fut élargi à 32 membres avec un nouveau mode de désignation puisque désormais 24 des sénateurs étaient nommés par le Conseil des chefs, 9 par le président de la République et 1 par le conseil des chefs de Rotuma. Quant à la chambre des Représentants, elle se composait désormais de 70 sièges dont 37 étaient réservés à des mélano-fidjiens, 27 à des indiens et 5 à des Membres généraux et 1 pour Rotuma tous élus au scrutin communautaire, le scrutin national étant aboli.

Les premières élections générales dans le cadre de ces nouvelles institutions eurent en 1992. Rabuka créa pour celles-ci un tout nouveau parti le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei[14] ou SVL venant remplacer lAlliance Party qui avait décidé au lendemain des coups dÉtat de 1987 de sauto-dissoudre. Le parti travailliste était quant à lui désormais dirigé par un indien, Mahendra Chaudhry. Il avait succédé à ce poste en 1991 à Kuini Speed, la veuve de Timocy Bavadra qui sétait éteint de mort naturelle en 1989.

Cest sans surprise que le SVL remporta une large victoire, avec 32 des 37 sièges réservés aux mélano-fidjiens plus celui de Rotuma, les 5 autres allant aux nationalistes de Butadroka. Les 27 sièges réservés au indo-fidjiens se répartirent en le National Federation Party qui en obtint 14 et les travaillistes 13. Enfin les 5 sièges des membres généraux revinrent aux "General Voters Party".

Rabuka fut appelé à former le nouveau gouvernement tandis que Mara était nommé président de la République.

En 1994, la Chambre des Représentants fut dissoute et les électeurs de nouveau appelés à voter. Cette dissolution fit suite à des oppositions internes au sein du SVL et plus particulièrement du Ministre des Finances de gouvernement Rabuka, Josefata Kamikamica. Il décida peu avant les élections de fonder son propre parti le "Fijian Association Party" (FAP) que rejoignit la veuve de Bavadra, Kuini Speed. Le FAP était favorable à un retour à plus de représentativité de la communauté indienne. Il faut dire quun grand nombre dIndiens, souvent les plus riches, sétait exilé après les coups dÉtat de 1987 soit en Australie soit en Inde et désormais les Mélanésiens étaient de nouveau majoritaires dans le pays. Parallèlement Fidji connaissait une forte récession due au départ de ces mêmes Indiens qui bien souvent détenaient les rênes de léconomie locale, mais également à la fuite des capitaux étrangers, larchipel souffrant dune réputation dÉtat ségrégationniste et instable.

Ces élections napportèrent que peu de changements par rapport à celles de 1992. Le SVL remporta 33 sièges, le FAP 5 sièges, le "General Voters Party" également 5 sièges, le NFP, 20 sièges et les travaillistes seulement 7 sièges soit une perte de 6 par rapport à 1992. Quant aux nationalistes de Butadroka, qui avaient de nouveau axé leur campagne sur le rapatriement de tous les Indiens, ils perdirent les 5 sièges remportés en 1992.

Rabuka fut confirmé à son poste de Premier ministre promettant de réformer la constitution. En 1995, Kamisese Mara toujours président de la République créa une Commission constitutionnelle composée de trois membres : un mélano-fidjien membre de lancien Alliance Party, Tomasi Vakatora, un universitaire Indo-fidjien, Brij Lal; lancien gouverneur général britannique en Nouvelle-Zélande et évêque anglican, Paul Reeves. Ils émirent un certain nombre de recommandations qui aboutirent à la réforme constitutionnelle de 1997. Par cette réforme Fidji revint à un système de double scrutin pour les élections de la Chambre des Représentants. Désormais sur 71 de ses membres, 46 étaient élus au scrutin communautaire (23 sièges étant réservés à des Mélano-fidjiens, 19 à des Indo-fidjiens, 3 à des membres généraux et 1 pour Rotuma). Les 25 autres membres étaient élus quant à eux au suffrage universel sans aucune restriction quelconque en ce qui concerne lappartenance ethnique et ce contrairement à lancien scrutin national institué par la Constitution de 1970.

1999-2006 : dun coup dÉtat à lautre

Le gouvernement Chaudhry et le coup dÉtat de mai 2000

En mai 1999, les élections législatives qui suivirent cette réforme portèrent pour la première fois de son histoire, un indo-fidjien à la tête du gouvernement en la personne de Mahendra Chaudhry. Ce gouvernement fut de courte durée puisquun an plus tard, en mai 2000, il fut renversé par un coup dÉtat mené par George Speight. Larmée dirigée par Frank Bainimarama imposa alors la loi martiale et, malgré des tentatives de mutineries, rétablit lordre. George Speight fut arrêté et condamné.

Le gouvernement Qarase et le coup dÉtat de décembre 2006

En juillet 2000, Laisenia Qarase fut nommé Premier ministre par intérim. En octobre 2000, son gouvernement fut déclaré inconstitutionnel par la cour dappel du pays. Cependant, il fut légalement élu comme Premier ministre en 2001 puis en 2006, après les élections législatives qui se tinrent du 6 au 13 mai.

Qarase se montra inflexible en refusant toute idée dalliance avec Mahendra Chaudhry, malgré la Constitution qui stipule l'obligation d'intégrer au gouvernement des membres de l'Opposition.

Le 5 décembre 2006, à 6H00 GMT, le gouvernement est renversé par larmée toujours dirigée par Frank Bainimarama. En janvier 2007, ce dernier se fait attribuer le poste de Premier Ministre par le président, Ratu Josefa Iloilovatu, et dirige un gouvernement "de transition". Le gouvernement est composé de civils (à la seule exception de Bainimarama lui-même), dont l'ancien premier ministre Mahendra Chaudhry, qui occupe le poste de Ministre des Finances. L'équipe de Bainimarama gouverne sans Parlement.

Des élections libres et démocratiques ont été promises pour "début 2009", suite à la préparation d'une "Charte du Peuple" (People's Charter), qui devra "rebâtir Fidji et en faire une nation libre de clivages raciaux, […] unie, bien gouvernée et réellement démocratique" [1], d'après le gouvernement Bainimarama.

Bainimarama affirme avoir renversé Qarase car celui-ci menait Fidji « sur le chemin de la destruction » [2]. Bainimarama reprochait au premier ministre, de tendance nationaliste indigène, ses politiques de « discrimination positive » au bénéfice des indigènes - qui, aux yeux de Bainimarama (lui-même indigène), exacerbaient les tensions interethniques. En 2001, Qarase avait déclaré devant le Grand Conseil des Chefs qu'il était nécessaire de "garantir la suprématie des intérêts des indigènes", souvent défavorisés sur le plan économique. Le gouvernement de Bainimarama, à l'inverse, déclare son intention de résoudre les tensions intercommunautaires en évitant toute politique économique fondée sur la différentiation ethnique, et en abolissant les listes électorales communautaires, pour les remplacer par des listes sans distinction ethnique entre les citoyens.

À ce jour, les Fidji demeurent suspendues du Commonwealth, et les membres du gouvernement et de l'armée ont été frappés de sanctions par certains pays, notamment la Nouvelle-Zélande. Les pays voisins maintiennent une pression continue pour exiger un retour rapide à la démocratie.

Notes et références

  1. Cest également le titre de son autobiographie parue en 1996
  2. Appelé en fidjien Bose Levu Vakaturaga
  3. Le sénat fut élargi en 1987 à 32 membres
  4. Chaque électeur quelle que soit son origine votait quatre fois, une fois pour élire son représentant ethnique au scrutin communautaire et trois fois au scrutin national, pour élire un mélano-fidjien, un indo-fidjien et un membre général. Chaque parti présentant ainsi au scrutin national des candidats des trois ethnies.
  5. Le Fiji Times
  6. William Sutherland, Beyond the politics of race, 1992
  7. Région la plus prospère du pays (canne à sucre, tourisme) la côte ouest est généralement considérée comme plus occidentalisé moins soumise au chefferie, bien que Gavidi soit lui-même un chef.
  8. Il est vrai que le début des années 80 fut marqué par une politique diplomatique que certains ont qualifié doffensive de la part de lUnion soviétique dans le Pacifique Sud (signature daccords de pêche avec le Vanuatu, le Kiribati…)
  9. Cité par William Sutherland, Beyond the politics of race, 1992.
  10. Précision pour ne pas confondre avec le Fiji Times
  11. Cité par William Sutherland, Beyond the politics of Race, 1992.
  12. Lune des premières mesure de Bavadra avait en effet été louverture dune ambassade soviétique à Suva
  13. La France isolée diplomatiquement dans la région (Rainbow Warrior, événements de Nouvelle-Calédonie) sempressa au contraire de reconnaître le gouvernement Rabuka
  14. Littéralement parti politique fidjien

Bibliographie

  • Huffer, Elise Grands Hommes petites îles, ORSTOM, Paris, 1993.
  • Sutherland, William, Beyond the politics of Race, 1992
  • Larmour, Peter, A Foreign Flower"? Democracy in the South Pacific, Pacific Studies, Vol. 17, 1994
  • Lal, Brij V., Before the Storm: An Analysis of the Fiji General Election of 1987, Pacific Studies Journal vol 12, 1988.
  • Tagupa, William E., The 1987 Westminster Constitutional Crisis in Fiji, Pacific Studies Journal vol 12, 1988.

NB : En dehors de louvrage de Sutherland, tous ces articles ou ouvrages sont téléchargeables sur différent serveurs (IRD; Scholarly Publication Center-Brigham Young University…) . Liens disponibles à cette adresse http://bibliotheque.langues-oceaniennes.org

Liens externes


  • Portail de l’Océanie Portail de lOcéanie
  • Portail de la politique Portail de la politique
Ce document provient de « Politique des Fidji ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Politique des îles Fidji de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Politique des iles Marshall — Politique des îles Marshall îles Marshall [[Image:|Armoiries des îles Marshall|100px]] Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Marshall, sous série sur la politique. Président Litokwa Tomeing Parlement Élections Partis… …   Wikipédia en Français

  • Politique des Îles Marshall — îles Marshall [[Image:|Armoiries des îles Marshall|100px]] Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Marshall, sous série sur la politique. Président Litokwa Tomeing Parlement Élections Partis politiques Politique étrangère …   Wikipédia en Français

  • Politique des îles marshall — îles Marshall [[Image:|Armoiries des îles Marshall|100px]] Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Marshall, sous série sur la politique. Président Litokwa Tomeing Parlement Élections Partis politiques Politique étrangère …   Wikipédia en Français

  • Politique des îles Marshall — Îles Marshall Cet article fait partie de la série sur la politique des Îles Marshall, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Politique des iles Salomon — Politique des îles Salomon Îles Salomon Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Salomon, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Politique des Îles Salomon — Îles Salomon Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Salomon, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Politique des îles salomon — Îles Salomon Cet article fait partie de la série sur la politique des îles Salomon, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Politique des îles Salomon — Îles Salomon Cet article fait partie de la série sur la politique des Îles Salomon, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

  • Politique des iles Pitcairn — Politique des îles Pitcairn Les Îles Pitcairn sont une dépendance démocratique à représentation parlementaire du Royaume Uni où la tête du gouvernement est le maire (actuellement Mike Warren). Le Local Government Ordinance de 1964 sert de… …   Wikipédia en Français

  • Politique des îles pitcairn — Les Îles Pitcairn sont une dépendance démocratique à représentation parlementaire du Royaume Uni où la tête du gouvernement est le maire (actuellement Mike Warren). Le Local Government Ordinance de 1964 sert de constitution. Instance politique… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1351919 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”