- Politique de l'australie blanche
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Australie blanche
La politique dite de l'Australie blanche est une politique migratoire ayant court en Australie de 1861 à 1973, qui privilégiait l'immigration européenne au détriment des autres continents, en particulier l'Asie.
Les origines
Les Britanniques, qui s'installent en Australie à partir de 1788, voient dans cette immense territoire en partie tempéré et presque vide une colonie propice au peuplement britannique. L'objectif profond est donc de créer sur ce continent austral une nation blanche et anglo-saxonne à l'image de la Grande Bretagne : en plus des nombreux convicts emmenés de force sur ces terres lointaines jusqu'en 1868, les colons libres sont de plus en plus nombreux à venir au XIXe siècle. Pourtant la population blanche australienne est encore peu nombreuse, la nation est en gestation et cherche à éviter d'être minorisée sur « son » territoire. Certaines menaces vont se profiler et inquiéter sérieusement la population australienne.
La ruée vers l'or, qui débute en Australie en 1851 avec la découverte de gisements sur le continent. Elle attire des travailleurs et des aventuriers du monde entier, dont un grand nombre de chinois : 40 000 en 20 ans. Les anglo-saxons sont de plus en plus hostiles à cette population, qui se replie sur sa communauté et qui est souvent plus efficace et moins exigeante que les travailleurs blancs. Accusés de concurrence déloyale dans un pays où la population souffre du chômage à partir de 1855, ils sont de plus en plus pris à partie par les australiens. De violentes émeutes anti-chinoises éclatent en 1854, en 1857, puis dans la province de la Nouvelle-Galles-du-sud en 1860 et 1861. Le gouvernement de la province réagit en novembre 1861 en limitant fortement l'immigration chinoise. Il est peu à peu suivi par les autres provinces, qui vont jusqu'à interdire la nationalité australienne aux chinois. Les manifestations et émeutes anti-chinoises se reproduisent dans les années 1870 et 1880.
À partir de 1868, des planteurs australiens font appel à des mélaniésiens des autres îles (îles Hébrides, Nouvelle-Calédonie...) pour cultiver la canne à sucre et le coton dans le Queensland, souvent dans de mauvaises conditions de travail, en de nombreux points proches de l'esclavage. Un débat fait rage entre australiens, qui défendent chacun leurs intérêts et leur vision de l'Australie. Le parti travailliste australien accuse ces étrangers d'être responsables du chômage, tandis que certains milieux économiques (notamment les grands planteurs) prétendent que ces travailleurs sont de toute façon les seuls à accepter de travailler dans de si mauvaises conditions et à accepter de travailler pour si peu d'argent.
Quant aux aborigènes, leur pouvoir de nuisance pour les australiens blancs demeure très faible jusque dans les années 1960, c'est pour cela qu'ils ne sont pas les premiers visés par les lois sur l'Australie blanche. Ils subissent une chute vertigineuse de population, passant de 300 000 individus en 1788 à 89 000 en 1933. Chassés de leurs terres, victimes de l'alcoolisme, de maladies ou de massacres, ils sont incapables de résister à la pression blanche. À partir de 1869, ils sont quand même soumis à une politique d'assimilation, les enfants indigènes métis devant être élevés dans une famille blanche ou dans un orphelinat.
La législation
En 1901, toutes les provinces avaient déjà légiféré sur l'immigration chinoise : La Nouvelle Galles du sud en 1861, le Queensland en 1877, L'Australie Occidentale en 1886, en enfin les États de Victoria et de la l'Australie méridionale en 1888. En 1901, le Royaume-uni, voulant éviter une révolution à l'américaine par une population de plus en plus consciente de son identité, crée le Commonwealth d'Australie. Le nouveau parlement australien fait voter la Loi de Restriction Relative à l’Immigration en 1901, qui impose un test minimal d'anglais ou d'autres langues européennes, qui est choisie selon les capacités du candidat. S'il parle anglais, le test peut se faire dans une langue européenne qu'il ignore. Ce test ne se base donc pas officiellement sur des critères raciaux. Certaines professions sont légalement interdites aux non-européens, les services postaux par exemple. Ce système satisfait à la fois les syndicalistes qui cherchent à éloigner la concurrence des travailleurs étrangers, ainsi que l'opinion nationaliste, qui veut conserver une population strictement anglo-saxonne.
La fin de l'Australie blanche
La population, presque exclusivement d'origine britannique jusque dans les années 1960, accueille après 1945 un grand nombre de grecs, d'italiens et d'allemands. Ces blancs non anglo-saxons s'intègrent relativement bien. À partir des 1945, la politique d'immigration discriminatoire est de plus en plus mal vue, l'holocauste nazi ayant discrédité les sélections raciales. Pendant la guerre aussi, l'Australie avait accueilli sur son sol des réfugiés indonésiens et philippins, ainsi que des soldats noirs américains, et le contact avec ces populations avait été positif. L'abolition des lois discriminatoires intervient aussi dans un contexte global d'évolution des mentalités : les États-Unis suppriment les quotas migratoires en 1965. Le test linguistique en Australie est aboli en 1958, et toute discrimination se basant sur des critères raciaux, nationaux et religieux disparait en 1973. Seul le critère des compétences est retenu. L'immigration devient donc massive à partir de cette période, et provient surtout de l'Asie : la Chine, l'Inde, le Viet-Nam, les Philippines, l'Indonésie, le Liban, etc... L'Australie se déclare donc peu à peu comme un pays multiculturel, et au début des années 1980, 20 % de la population est née en Asie. Le débat est pourtant loin d'être clos en Australie : en décembre 2005, de violentes émeutes anti-libanaises ont eu lieu à Sydney, où agissaient des jeunes nationalistes australiens.
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Catégorie : Démographie de l'Australie
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