- Plumasserie
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La plumasserie est l'activité qui concerne la préparation de plumes d'oiseaux et leur utilisation dans la confection d'objets ou d'ornements souvent vestimentaires. Dans sa forme traditionnelle, la plumasserie est sans doute aussi ancienne que les sociétés humaines. Dans les civilisations occidentales, cette activité s'est peu à peu développée au point d'acquérir, en particulier au XIXe siècle, un statut commercial et industriel. Elle touche donc à des domaines aussi variés que l'ethnographie, l'art, la mode, le commerce ou la conservation de la nature.
Au XIXe siècle, de nouvelles variétés de plumes sont introduites, les plumes seront alors séparées en deux catégories; la "plume d'autruche" et toutes les autres variétés, la "plume de fantaisie".
La mode utilise l'usage de plumes comme pour la panache (faisceau de plumes) qui était également un ornement militaire, ou pour le bouquet de plumes qui orne la chevelure des femmes[1]. Elles servaient également à orner certains meubles comme les dais ou encore les impériales de lits.
On parle d'« industrie plumassière », les ouvriers et artisans concernés étant nommés « plumassiers ». Cette industrie a entraîné la chasse intensive de certains oiseaux entraînant le déclin ou la disparition de certaines espèces, les associations de protection des animaux comme la Société royale pour la protection des oiseaux ou la Ligue pour la protection des oiseaux ont été créé pour lutter contre ce phénomène[2]. Les paradisiers, les aigrettes et les grèbes huppés ont été l'enjeu de luttes importantes aux XIXe et XXe siècles. En 1910, il se vendit au marché de Londres 1 470 kilogrammes de plumes ce qui représentait la chasse de 290 000 aigrettes. Début XXIe siècle, la chasse aux oiseaux pour leurs plumes menace encore certaines espèces comme l'ibis rouge[2].
En 1865, un chroniqueur proteste « La mode qui, jusqu'ici, s'était montrée sous le dehors d'une capricieuse déesse, ambitionne décidément le titre de divinité cruelle... Ne s'avise-t-elle pas de coller aux chapeaux des femmes la tête, voire le corps des innocents oiseaux du ciel! Si les dames enfiévrées d'innovations s'étaient bornées à s'attifer d'animaux nuisibles, je n'élèverais pas la voix, et je prodiguerais même les encouragements à celles que je croiserais dans ma route, le chef accidenté de punaises ou le front paré de hannetons. Je fonderais en outre un prix annuel au profit de la modiste qui aurait le plus fréquemment employé le serpent à sonnettes dans la confection de ses marchandises. Mais quand je vois immoler sur les autels de l'élégance les gracieuses fauvettes et les rossignols mélodieux, je me fâche tout rouge et je demande que l'autorité s'oppose à ce carnage de passereaux »[3]. Il fut accompagné dans sa démarche par d'autres protecteurs de la nature et par la société Audubon fondée aux État-Unis, qui sera très active et ne baissera pas les bras devant l'augmentation de la demande de plumes provenant d'espèces de plus en plus menacées.
C'est en 1890 que l'industrie de la plume connut son plus vif succès, par exemple, à Paris on pouvait compter près de 800 maisons qui employaient 6 à 7 000 personnes. La quantité de travail était telle que les plumassiers ne s'occupaient que d'une sorte de plume à la fois; l'un s'occupant de la plume d'autruche blanche, l'autre de la noire, d'autres de la couleur.
La seconde moitié du XXe siècle signe la fin des plumes dans la mode, peu à peu des règlementations visant à protéger des espèces menacées s'installent et le chapeau est abandonné pendant les années 1960, entrainant avec lui la disparition des maisons des plumassiers. En France, seule la maison Lemarié a survécu et fournit toujours actuellement couturiers et modistes.
Sommaire
Traitement des plumes
La préparation des plumes se répartit en diverses tâches :
- Réception des plumes
- Dégraissage par plusieurs passages dans de l'eau savonneuse
- Lavage à l'eau claire
- Teinte (éventuelle)
- Blanchissement afin d'enlever le plus gros de la teinture.
- Mise en craie
- Lavages successifs
- Mise au bleu
- Ensoufrage des plumes.
- Dressage pour écarter les franges
- Examen de la largeur des plumes
- Frisage des plumes, s'il y en a besoin
- Assortiment en fonction de la teinte et de la taille désirée
Notes et références
- « Essais historiques sur les modes et la toilette française », volume II, Henri de Villiers, 1824
- Henri Jenn, « La plumasserie », dans L'OiseauMag, no 103, été 2011
- Florence Müller et Lydia Kamitsis, Les Chapeaux: Une histoire de tête, page 68
Florence Müller et Lydia Kamitsis, Les Chapeaux: Une histoire de tête, 9 bis, rue Abel Hovelacque, 75013 Paris, France, Dans le droit fil, coll. « Syros Alternatives », mai 1993, 120 p. (ISBN 2 86738 872 4)
Voir aussi
Articles connexes
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