- Pine Gap
-
Pine Gap est le nom donné habituellement à la station de suivi de satellites (Joint Defence Facility Pine Gap) située au sud-ouest de la ville d'Alice Springs dans le Territoire du Nord en Australie. Située en plein centre du pays, la base est gérée conjointement par l'Australie et les États-Unis, suite à un accord signé en 1966. On considère qu'il s'agit de l'un des plus grands RSOC (Centre Régional d'Opérations SIGINT - ou de renseignement d'origine électromagnétique) au monde, un peu comparable dans son aspect et son rôle à ceux de Buckley Air Force Base, dans le Colorado et de Menwith Hill, au Royaume-Uni.
Sommaire
Un centre RSOC d'envergure
Ce vaste ensemble électronique très certainement souterrain dans sa plus grande partie, abrite huit radomes et emploie plus de 800 personnes. Le personnel américain de la base fait semble-t-il le plus souvent partie de la National Security Agency (NSA) ou d'une de ses filiales et de la Central Intelligence Agency (CIA).
Les nouveaux satellites SIGINT (RHYOLITE, AQUADACE, MAGNUM, ORION), développés par la CIA de 1967 à 1985, étaient dirigés à partir de Pine Gap. Ils ciblaient la télémétrie, les ondes radio VHF, les téléphones cellulaires, les messages des pagers ainsi que les liens de transmission des données informatiques[1].
Le renversement du Premier ministre travailliste Gough Whitlam, en 1975, qui envisageait la fermeture de la base, aurait pu être lié à cette décision[2]. Whitlam fut renversé un mois avant le renouvellement du bail[2], et une commission d'enquête australienne révéla que la Nugan Hand Bank (en), dans laquelle travaillait de nombreux agents de la CIA, avait participé à la campagne de déstabilisation contre Whitlam et financé ses opposants[2].
Alors que son rôle fondamental n'est pas connu avec certitude, on considère comme possible que la base soit chargée de suivre les opérations des nombreux satellites espions américains. Par suite, elle a été quelquefois la cible de protestations notamment très récemment pendant la guerre d'Afghanistan.
Les explications de Ball
En 1999, lorsque le gouvernement australien refusa de donner des explications à une commission du Sénat australien, celle-ci demanda quelques aperçus sur la base au professeur Des Ball de l'Australian National University, expert en renseignements militaires.
Selon le Professeur Ball, depuis le 9 décembre 1966, jour où les gouvernements australiens américains ont signé l'accord de Pine Gap, la base est passée de ses deux antennes d'origine à 18 antennes en 1999. Le personnel employé sur la base a lui aussi augmenté passant d'environ 400 au début des années 1970, à 600 au début des années 1990 pour approcher les 1000 au début du XXIe siècle. La plus grande expansion du site a eu lieu à la fin de la guerre froide.
Il expliqua que le principal rôle de la station était le recueil et le traitement des informations recueillies par les satellites de renseignements géostationnaires, indiquant que quatre types de signaux étaient exploités:
- la mesure télémétrique des armes de technologie avancée, comme les missiles balistiques, utilisée pour la vérification des moyens militaires.
- les signaux des radars anti-missiles et anti-aériens.
- les signaux envoyés aux satellites de communication.
- les émissions par micro-ondes telles que celles des appels téléphoniques à longues distances.
Il expliqua que la zone est partagée en trois secteurs: Un secteur de suivi des satellites, un secteur de recueil des signaux et un secteur d'analyse des signaux d'où les australiens avaient été écartés jusqu'en 1980. A l'heure actuelle, les australiens n'ont pas accès simplement à la "National Cryptographic Room" (de même que les américains n'ont pas accès à l'"Australian Cryptographic Room").
Chaque matin une commission: le Joint Reconnaissance Schedule Committee se réunit pour déterminer quels satellites seront surveillés pendant les prochaines 24 heures.
Avec la fermeture de la base de Nurrungar en 1999, une zone voisine de Pine Gap a été aménagée pour un contrôle par l'armée américaine de satellites à infrarouges chargés de surveiller la chaleur dégagée par des missiles et de donner la première alerte en cas de lancement de missile balistique.
Références
- Duncan Campbell (2001, rééd. 2005). Surveillance électronique planétaire, Editions Allia, Paris, 2005, p.49. (Publication et traduction du rapport Interception Capabilities 2000, publié pour le Parlement européen par le Bureau d'Evaluation des Options Techniques et Scientifiques (STOA). Publication originale en anglais, 2000.
- Fabrizio Calvi et Olivier Schmidt, Intelligences secrètes. Annales de l'espionnage, Hachette, 1988, p. 17-29
Sources
- 1999 Joint Standing Committee on Treaties. An Agreement to extend the period of operation of the Joint Defence Facility at Pine Gap. Report 26. Parliament of the Commonwealth of Australia, October 1999.
- 2002 Craig Skehan, "Pine Gap gears for war with eye on Iraq. Sydney Morning Herald, 30 septembre 2002.
- 2002 MR: Australian Anti Bases Coalition
- 2003 Australian Broadcasting Corporation, Pine Gap. Retranscription d'un programme diffusé le 4 août 2003.
- 2007 Pine Gap 6 http://pinegap6.livejournal.com/
- 2007 "Judge rejects Pine Gap house arrest bid", The Australian, 29 mai 2007.
- 2007. Sarah Smiles and Brendan Nicholson. "Pine Gap's wider missile role". The Age, 21 septembre 2007.
Voir aussi
- Renseignement d'origine électromagnétique
- Defence Signals Directorate, l'équivalent australien de la NSA
Catégories :- Espionnage
- Renseignement d'origine électromagnétique
- Service de renseignements de l'Australie
- Service de renseignements des États-Unis
- Région d'Alice Springs
Wikimedia Foundation. 2010.