- Pierre martin (amiral)
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Pierre Martin (amiral)
Pierre Martin (amiral) Naissance 1852
Louisbourg (Canada)Décès 1820 Rochefort Origine France Arme marine Grade vice-amiral Service 1762 - Commandement armée navale de la Méditerranée Faits d’armes bataille du Cap Noli; combat des îles d'Hyères; Hommage nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile Autres fonctions préfet maritime Pierre Martin fut un amiral français de la Révolution et de l’Empire, né à Louisbourg (Canada) le 29 janvier 1752 et mort à Rochefort en 1820.
Sommaire
Les années de formation
Sa famille installée au Canada doit se réfugier en France en 1759 à Rochefort après la prise de Louisbourg lors de la guerre de Sept Ans. Il est d’abord mousse sur la flûte le Saint Esprit de la marine royale. Après cette première expérience, il suit une formation à l’école d’hydrographie et devient pilotin en 1769 et navigue à destination de l’océan Indien. Aide-pilote, il perd accidentellement un œil lors d’une campagne sur la frégate Terpsichore en 1775.
La guerre d’Amérique
Premier pilote sur le vaisseau le Magnifique, il participe à la bataille d'Ouessant en 1778 puis, sur le même bâtiment, fait toute la campagne de l’amiral d’Estaing : combats de la Grenade, de la Dominique au cours duquel il est blessé, opération de Savannah, etc.
En 1781, il sert sur la frégate Cérès dans l’escadre du marquis de Vaudreuil. Il devient officier auxiliaire (« officier bleu ») en 1782.
Au retour à la paix, il demeure dans la marine royale et sert sur différents bâtiments essentiellement aux Antilles. Il commande en 1785 la corvette Rossignol puis de 1786 à 1791 la corvette la Cousine basée à Gorée (Sénégal). Il bénéficie de la réforme de Castries et devient sous lieutenant de vaisseau en 1788.
Les promotions accélérées de la Révolution
Comme beaucoup de ses homologues formés comme pilotes et officiers bleus, il va bénéficier des avancements accélérés et faire partie des premiers promus de la marine révolutionnaire. Il est lieutenant de vaisseau début 1792 et commande la corvette l’Espoir toujours sur les côtes du Sénégal. Capitaine de vaisseau début 1793, il commande la frégate l’Hermione sur les côtes de France et s’empare d’un corsaire. Il est posté trois mois dans l’embouchure de la Loire pour appuyer les troupes républicaines contre les Vendéens. En septembre 1793, l’Hermione fait naufrage et sombre près du Croisic par la faute d’un pilote local. Martin est exonéré de toute faute par le conseil de guerre.
En novembre 1793 il est promu contre-amiral. En deux ans il est donc passé de sous lieutenant de vaisseau à contre-amiral. Notons qu’il sera loin d’être le seul en cela (son ami Nielly (Joseph-Marie Nielly ) suivit exactement le même parcours aux mêmes dates) : il faut en effet combler les vides dramatiques laissés par l’émigration quasi systématique des officiers aristocrates de l’ancien « Grand Corps ». Si de telles promotions accélérées peuvent surprendre, elles mettent aussi en évidence le fait tout aussi choquant que l’Ancien Régime interdisait toute nomination au-delà des grades subalternes à des marins compétents, infiniment plus expérimentés que nombre de petits messieurs du Grand Corps ayant trop souvent pour seul brevet leur naissance aristocratique.
Amiral en Méditerranée
Il est chargé au début 1794 du commandement en chef de l’armée navale de Toulon avec pavillon sur le vaisseau le Sans Culotte. Il dispose initialement de 7 vaisseaux, 4 frégates, une corvette et trois avisos mais reçoit rapidement le renfort de 8 vaisseaux en provenance des ports de l’Atlantique. Si nombre de capitaines servant sous ses ordres feront une carrière honorable par la suite (Gantheaume, Brueys, etc.) la flotte qui lui est confiée est peu reluisante : « Il est impossible de voir des navires plus mal armés en marins que ceux de Port la Montagne (Toulon) » écrit-il dans l’un de ses rapports au ministre. Après l’occupation de Toulon et la destruction d'une bonne partie de la flotte par les Britanniques et les Espagnols, les équipages ont été largement renouvelés mais sont sans aucune expérience. En 1795, il est chargé d’une opération sur la Corse alors occupée par les Britanniques. Il s’empare du vaisseau de 74 le Berwick puis combat les forces de l’amiral William Hotham au Cap Noli les 13 et 14 mars 1795. Il y perd deux vaisseaux mais l’escadre britannique aussi.
En juillet 1795, lors de la bataille des îles d'Hyères, disposant de 17 vaisseaux et 6 frégates, il attaque la flotte d’Hotham composée de 23 vaisseaux près des Îles d'Hyères. Il y perd le vaisseau l’Alcide qui explose lors du combat.
Il lance ensuite un certain nombre de petites divisions pour des missions particulières mais le gros de ses forces se trouve bloqué en rade de Toulon. Il est promu vice-amiral en mars 1796 mais quitte son commandement qu’il remet à Brueys en 1797.
Préfet maritime sous l’Empire
Il est alors nommé commandant des armes à Rochefort puis préfet maritime à la création de cette fonction en 1801. Il va y demeurer jusqu’à 1809. A la mort de Latouche Tréville (Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville), en 1804, nombre de capitaines et d’officiers demandent qu’il soit nommé pour lui succéder au poste de commandant de la flotte de la Méditerranée mais le ministre Denis Decrès qui ne compte pas ce marin rugueux et peu intrigant parmi ses protégés l’écarte. Il semble toutefois que Martin qui n’a pas particulièrement gardé un bon souvenir de son ancien grand commandement en Méditerranée et en mauvaise santé n’ait pas souhaité non plus donner suite à cet appel.
En 1809, il s’entend très mal avec le commandant de la flotte bloquée en rade de l’île d'Aix, le vice-amiral Zacharie Allemand qu’il avait déjà voulu destituer alors que ce dernier était sous ses ordres en 1795, capitaine de vaisseau peu discipliné et au caractère particulièrement violent. Il s’efforce toutefois de fournir à l’amiral des moyens de défense contre une attaque prévisible de brûlots par l’escadre de l’amiral Gambier. Après le désastre de la nuit du 11 au 12 avril 1809, il ne cache pas son désaccord sur la condamnation à mort du capitaine Laffon qui sert de bouc émissaire au conseil de guerre manipulé par le ministre soucieux avant tout d’épargner le seul vrai responsable du désastre, Allemand.
La disgrâce et la retraite
Ce comportement provoque la colère de Decrès qui le révoque et le tiendra éloigné de toute responsabilité jusqu’à la fin de l’Empire. Il est mis en retraite en 1814 mais réintégré lors des Cent Jours. La Seconde Restauration va dans un premier temps le considérer comme compromis avec « l’ogre » d’autant que Martin qui vivait toujours à Rochefort s’était efforcé de fournir à Napoléon des plans et moyens de s’échapper vers l’Amérique.
Toutefois, en 1817, son titre de comte sera confirmé par la monarchie restaurée. Il passe les dernières années de sa vie à Rochefort vivant très modestement n’ayant jamais utilisé ses fonctions pour s’enrichir. Il y meurt en 1820. Son nom est sur le pilier ouest de l’Arc de Triomphe.
Bilan
Pierre Martin, d’origine modeste, fut un marin de premier ordre. Comme ses pairs lors de la Révolution, il dut commander des armées navales en dessous du médiocre, mal approvisionnées, dotées d’équipages improvisés et sans entraînement. Il dût de ce fait se comporter de façon très prudente en Méditerranée en 1795/1796. Il commanda une flotte importante lors de deux combats majeurs dont, somme toute, il se tira fort bien, faisant preuve de courage et de détermination malgré les limites de son armée dont il avait parfaitement conscience. Le fait qu’il ait su ne pas subir de désastre dans ce contexte doit être considéré presque comme un exploit. Martin était un marin rugueux et peu policé mais un homme d’honneur, de rigueur morale et d’une grande intégrité. Qualifié de « modèle de probité et de simplicité », très estimé par ses équipages, ses officiers et ses pairs, étranger à toute forme d’intrigue, il ne pouvait que compter parmi les talents victimes d’un ministre de la marine qui était son anti-thèse.
Son épitaphe : « Passant, ci-git un homme de bien / Il protégea l’opprimé, secourut le pauvre. / Qu’il repose en paix à la source du bonheur / Promise par sa vertu. »
Vie privée
Pierre Martin s'est marié le 2 février 1776 à Magdelaine Martin née Schimellé avec laquelle il a eu une fille Marguerite (1776-1825)
Décorations et titres
- Grand Officier de la Légion d'Honneur 1804
- Chevalier de saint Louis 1791
- Comte d'Empire
Sources
- Six (Georges) : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire, Paris, Librairie Historique et Nobiliaire Georges Saffroy, 1934.
- Contre-amiral Granier (Hubert) Histoire des marins français (1789-1815), Marine Éditions, Nantes, 1998
- Thomazi (Auguste) : Les Marins de Napoléon, Tallandier, Paris 1978.
- Comte Pouget : la vie et les campagnes du vice-amiral comte Martin, Paris, 1852.
Liens externes
- Archives nationales (CARAN) – Service Historique de l’Armée de Terre – Fort de Vincennes – Dossier S.H.A.M. Côte : CC7 ALPHA 1 701.
- Côte S.H.A.M., état de services, distinctions sur web.genealogie.free.fr : Les militaires
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