- Pierre de montmaur
-
Pierre de Montmaur
Pierre de Montmaur, né en 1576 et mort en 1650, est un poète français d'expression latine.
Sommaire
Biographie
D’extraction obscure, Pierre de Montmaur fait jésuite à Bordeaux, enseigna rapidement dans plusieurs collèges de l’ordre ; pour être finalement nommé en 1623 professeur royal de grec au Collège de France, à Paris.
Doué d'une mémoire prodigieuse mais jouant les ignares, d’une maigreur extrême mais d'un appétit féroce, il sut se faire admettre par ses bons mots à la table des grands, leur disant plaisamment :
- Fournissez les viandes et le pain, je me charge du sel.
Lors de ces dîners (qu'il disait fréquenter par pure avarice), il profère 1000 saillies, afin d’exaspérer les « gens bien » qui le vouent rapidement aux gémonies. Il disait ainsi d’un financier chez qui tout le monde allait pour sa table mais que l’on trouvait fort ennuyeux :
- On le mange, mais on ne digère pas.
Un autre jour à table en grande et joyeuse compagnie, qui parlait, chantait et riait tout ensemble, il s’écria :
- Eh ! Messieurs, un peu de silence ; on ne voit plus ce que l’on mange.
Il se plaisait à se désigner lui-même comme :
- Le plus grand parasite que le globe ait jamais porté !
et, faisant office de « poète-scribouille », prétendait vivre d’amour et d’eau croupie à croupetons,... etc.". Loin de l'eau croupie, il fut de fait le plus grand parasite des règnes des Louis XIII et Louis XIV.
Parasite littéraire également ? il pasticha les textes des Grands Anciens. Iconoclaste, pour échapper à un avenir qu’il jugeait terne, il s'adonne à la composition d’anagrammes et d'acrostiches faute de briller comme avocat ou écrivain. Malgré son titre de « Professeur royal », il exaspère rapidement par ses diatribes anti-nomenklatura les grands de son temps.
Grand lettré, flirtant avec le burlesque, il sut se faire, par ses railleries, beaucoup d’ennemis parmi les gens bien" de lettres et fut l'objet de leurs sarcasmes : on lui reprochait surtout sa pédanterie. Pour les exaspérer davantage, il se définissait comme le grotesque-pédant. On finit par lui donner pour emblème un âne au milieu de chardons, avec cette devise : "Pungant, dum saturent".
En 1643, Jean-François Sarrasin, publiant (en latin) sa satire du Bellum parasiticum se joignit à l'avocat Charles Feramus et à Ménage pour lancer la guerre des pamphlets contre le « parasite pédant ».
Ils sont bientôt rejoints par Scarron et Charles Sorel qui attaquent le malheureux en Français, cette fois-ci et le ridiculisent sous les noms de Macrinus, Gargilius, Gomor, Mogor, Faimmort, Orbilius Musca, Gastrimargue,...
Mais les attaques des satiristes ne sont pour le grand public que bataille de « cuistres contre cuistre » ; elles n'ont guère nui à sa fortune, car Montmaur, lorsqu'il mourut le 22 mars 1650, était nanti, selon Dubuisson-Aubenay, de «bénéfices, titres ou offices du Roi, rentes et beaucoup d'argent » (Journal des Guerres Civiles, I, 237).
La même année, un ouvrage anonyme paru à Paris, sonna le sommet de la crise, il s'agit du célèbre Parasire mormon, Histoire comique"[1]. Lui donna-t-il le coup de grâce ?
Postérité
Moins sévère que celle du XVIIe siècle, la critique contemporaine (voir Mark Bannister) le verrait plutôt s'inscrire dans une filiation humoristique qui ferait de lui, un descendant de Villon et un précurseur de Voltaire...
Bibliographie sommaire
- (la) N-M., Bernardin, De Petro Monmauro Graecarum Litterarum Professore Regio et ejus obtrectatoribus",Paris, 1895.
- (en) Mark Bannister, 'The Montmaur Affair: poetry versus pedantry in the seventeenth century', French Studies XXXIII (oct. 1979), pp. 397-410
- (en) De Smet, I. A. R. Menippean Satire and the Republic of Letters", 1581-1655 (Réedition Genève, 1996), ch. 7 'Montmaur the pedant-parasite: Menippean satire in the Parisian salons'
- Anonyme, Le Parasite mormon, Histoire comique, Paris, (1650)
Publié en fait par « un groupe d'amis » parmi lesquels on retrouve Jean Le Royer de Prade, Charles Sorel, Savinien de Cyrano de Bergerac, etc...
- Albert-Henri Sallengre, Histoire de Pierre de Montmaur, 2 tomes, La Haye, 1715.
- Claudine Nédélec & al., Discours sur les Œuvres de Monsieur Sarasin [et autres textes], dans L’Esthétique galante". Toulouse, Société de littératures classiques, 1989 [éd. par Alain Viala, Emmanuelle Mortgat, Claudine Nédélec, et Marina Jean].
Notes
Sources
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- Portail de la littérature
- Portail de la poésie
Catégories : Écrivain français du XVIIe siècle | Écrivain de langue latine | Poète néolatin | Naissance en 1576 | Décès en 1650
Wikimedia Foundation. 2010.