- Philippe Mongin
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Économiste et philosophe de l'économie, Philippe Mongin est directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et professeur à l'école des Hautes études commerciales (HEC). Depuis 2006, il est membre du Conseil d'Analyse Economique du Premier Ministre.
Sommaire
Biographie et travaux représentatifs
En 1969, il entre en l'École normale supérieure où il fait des études de lettres et surtout de philosophie, dont il est agrégé en 1973. En parallèle, il est élève à l'Institut d'études politiques de Paris, dont il est diplômé en 1971. Il prépare ensuite une thèse de troisième cycle sous la direction de Raymond Aron[1]. Soutenue en 1978, celle-ci constitue le premier travail de recherche français portant sur les manuscrits préparatoires au ''Capital'' que Karl Marx composa en 1857-1858 et qui sont connus sous la dénomination allemande de ''Grundrisse'' ("Ebauches")[2]. D'après les conclusions de P. Mongin, le projet fondamental de Marx, en matière de critique de l'économie politique, se comprend mieux à la lecture de ce brouillon génial qu'à celle des quatre livres publiés du "Capital", qui n'en présentent qu'une réalisation imparfaite et d'ailleurs en partie apocryphe.
Influencé par un long séjour d'études à l'Université de Cambridge entre 1975 et 1978, Philippe Mongin se tourne vers les formes contemporaines et mathématisées de théorie macroéconomique, puis microéconomique, auxquelles il consacre alternativement des recherches techniques, le plus souvent formalisées, et des études réflexives qui touchent tantôt à la philosophie des sciences, tantôt à la philosophie morale et politique. Dans les années 1980, il participe aux efforts collectifs suscités par Herbert Simon pour développer des concepts de rationalité limitée en rupture avec celui de rationalité optimisatrice qui domine l'économie néo-classique[3]. À partir des années 1990, il participe au mouvement international qui, sous l'influence d'Amartya Sen, vise à redéfinir les bases de l'économie normative en dépassant les limites étroites de l'économie du bien-être néo-classique. La contribution personnelle de P. Mongin consiste surtout à enrichir la théorie des préférences collectives de manière qu'elle rejoigne une forme généralisée d'utilitarisme[4]. Il tente de reformuler et de défendre cette doctrine en tenant compte de certaines objections qu'elle suscite traditionnellement, ainsi que des apports critiques supplémentaires de Sen et de ses successeurs. Simultanément, il lui oppose des difficultés nouvelles en démontrant un théorème d'impossibilité qui est aujourd'hui souvent repris dans la littérature spécialisée[5].
Ce programme de recherche en économie normative prend son essor à l'Université Catholique de Louvain, où P. Mongin est Professeur-invité entre 1991 et 1996, et où il collabore avec d'autres théoriciens des préférences collectives. Dans la même période, P. Mongin participe à un programme collectif de modélisation logique de la connaissance interactive, qui, en accord avec les recommandations d'Aumann, vise à fonder plus rigoureusement la théorie des jeux. Embryonnaire dans les années 1990, ce programme s'est beaucoup développé par la suite, notamment sous l'intitulé répandu aujourd'hui de théorie des jeux épistémique (epistemic game theory[6].
Depuis une dizaine d'années, le travail de P. Mongin se poursuit dans deux directions. Abandonnant l'économie normative stricto sensu, il s'est penché sur la formation du jugement collectif pris dans un sens large, susceptible de couvrir aussi les applications politiques et judiciaires. C'est précisément le sens que retient la théorie nouvelle de l'agrégation des jugements (judgment aggregation theory), dont il est devenu un spécialiste actif[7]. Par ailleurs, sans renier l'influence de la philosophie anglo-saxonne et de ses méthodes analytiques, il est revenu à des questionnements philosophiques larges; ainsi lorsqu'il s'interroge sur le rôle des jugements de valeur[8] et celui du principe de rationalité en sciences sociales[9].
P. Mongin est l'auteur de plusieurs monographies, d'une dizaine de recueils, et de plus d'une centaine d'articles, dont une moitié a paru dans des revues internationales d'économie théorique, de logique, de philosophie et de sciences sociales. Un grand nombre de ses travaux sont directement accessibles par l'internet.
Autres engagements
Pour le Conseil d'Analyse Economique, Philippe Mongin a travaillé sur le projet de revenu de solidarité active (RSA): "Sur le revenu de solidarité active"[8] et "Faut-il attribuer le RSA à 18 ans ?". Il a aussi commenté les rapports du CAE relatifs à la réforme de l'État, au coût du travail et à la valorisation du patrimoine.
Philippe Mongin est intervenu dans les controverses des années 2000 sur les mathématiques dans l'enseignement économique [9] et sur le principe de précaution au moment où s'est posée la question de sa valeur constitutionnelle [10][11].
Dans la grande presse, il a pris parti pour le "Contrat Nouvelle Embauche" de Dominique de Villepin en le rapprochant de la flexicurité [12], et plus récemment, il a défendu le RSA et son instigateur, Martin Hirsch, contre les attaques de la majorité parlementaire [13].
Page personnelle
Références
- Curriculum Vitae
- [1] Sur les Grundrisse, voir
- [2] P. Mongin, "Simon, Stigler et les théories de la rationalité limitée", Social Science Information/Information sur les sciences sociales 25, 1986.
- [3] Voir la monographie écrite avec C. d'Aspremont, Utility Theory and Ethics, Handbook of Utility Theory, I, Kluwer, 1998.
- [4] "Consistent Bayesian Aggregation", Journal of Economic Theory, 66, 1995.
- L'ouvrage collectif de M. Bacharach, L.A. Gérard-Varet, P. Mongin et H. Shin, Epistemic Logic and the Theory of Games and Decisions, Kluwer, 1997, synthétise les premiers résultats.
- [5] Voir " Factoring out the impossibility of logical aggregation ", Journal of Economic Theory, 141, 2008, et (avec F. Dietrich) "Un bilan interprétatif de la théorie de l'agrégation logique, Revue d'économie politique, 120, 2010.
- [6] Voir "Value Judgments and Value Neutrality in Economics", Economica, 2006.
- [7] Voir "Le principe de rationalité et l'unité des sciences sociales", Revue économique, 53, 2002, et "Retour à Waterloo. Histoire militaire et théorie des jeux", Annales. Histoire, sciences sociales, 63, 2008.
Catégories :- Économiste français
- Universitaire français
- Élève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm)
- Directeur de recherche au CNRS
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