- Philippe Cohen-Solal
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Philippe Cohen Solal
À 20 ans, Philippe Cohen Solal connaissait assez de la musique qui s’écrivait alors, en France et dans le monde, pour devenir rapidement programmateur musical. À 95.2 FM (créée par Europe 1), il était aussi animateur, proposant quotidiennement des interviews de chanteurs et de groupes internationaux, avec une prédilection pour les musiques venues d’Angleterre. Les trois ans passés ensuite chez Polydor sont difficiles, étant donné les exigences commerciales de la firme. Avant d'être licencié, il produira tout de même Raft, un disque qui se vendra à 650 000 exemplaires.
Sa courte période de chômage lui permettra de découvrir Keziah Jones jouant devant une terrasse parisienne et de produire ses premières maquettes. C’est lui aussi qui présentera Zazie au label Mercury. Directeur musical pour Virgin, il travaillera sur les musiques de films d’Arnaud Desplechin, Nikita Mikhalkov, Lars Von Trier, Bertrand Tavernier ou Kieslowski et composera plus tard pour Tonie Marshall et Didier Le Pêcheur. À l’époque, ce sont les styles house et techno qui le passionnent. Il fonde sa première entreprise Science & Mélodie en 1992, spécialisée dans la composition de musiques pour l’image.
C’est enfin le lancement de ¡Ya Basta!, en 1995, qui reprend le titre du livre du sous-commandant Marcos. Philippe Cohen Solal, après s’être éloigné de la musique pop-rock pour cause de « starification débile », abandonne également aux outrances du marketing la techno/house. Les débuts de ¡Ya Basta! sont épuisants : son fondateur livre lui-même les cinq cents disques vinyle qu’il presse de chacun de ses artistes, créant partout des liens très personnels, jusqu’en Angleterre où il se fait une belle place.
Il a désormais trouvé son style : un mélange de musique acoustique et électronique au service de grandes traditions musicales (musique brésilienne, argentine, le bluegrass, la country, le tango). Son grand œuvre demeure le Gotan Project, du tango qui associe une partition électronique à différents instruments acoustiques, tel le bandonéon, créé avec un guitariste argentin exilé à Paris, Eduardo Makaroff et son déjà complice de Boyz from Brazil Christoph H. Müller. Il a signé sur son label David Walters, qui chante un électro-folk d’inspiration caribéenne et tout dernièrement Féloche, qui sortira cette année le premier album electro cajun avec une collaboration avec Dr. John de la Nouvelle-Orléans.
Philippe Cohen Solal affirme qu’un bon disque d’un bon label se distribue tout seul, sans grosse cavalerie ni attachés de presse : « contrairement au marketing, le bouche à oreille est indestructible ! » Il confie que les risques qu’il prend sont raisonnables, une grande partie de ses projets personnels étant financée par la musique pour images que sa société continue de produire pour le cinéma ou la publicité. Son credo est de faire des disques qui jouent sur la diversité culturelle pour plaire au monde entier, et non pas seulement aux Français. Dans son esprit, il ne s’agit pas du tout d’emprunter platement aux différentes traditions musicales, mais de leur renvoyer une image transformée de leur musique : « la vraie diversité, c’est de faire voyager sa musique à travers d’autres styles, d’autres rythmes et sonorités ! »
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Catégorie : Compositeur français
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