Pascin

Pascin

Julius Mordecai Pincas

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portrait de Jules Pascin.

Julius Mordecai Pincas dit Jules Pascin est un peintre né le 31 mars 1885 à Vidin, en Bulgarie et mort le 2 juin 1930 à Paris.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille aisée de négociants et de financiers, fils d'un juif espagnol et d'une Italienne, sa famille désapprouve ses activités artistiques, il vécut et reçut sa formation à Vienne, Budapest, Berlin, et Munich, avant de venir s'installer à Paris, où il prend le nom de Pascin, anagramme de Pincas.. Celui qui fut appelé le Prince de Montparnasse et le Prince des trois monts[1], fait partie des peintres de l'École de Paris.

Vivant très à l'aise à Munich grâce à sa collaboration comme illustrateur au journal satirique allemand Simplicissimus, il arrive à Paris le 24 décembre 1905, année où les "Fauves" triomphent au Salon d'automne. La colonie artistique allemande du Dôme et de la Rotonde accueillent à bras ouverts "l'inquiétant Pascin"[2].

Influencé d'abord par le Fauvisme, puis par le Cubisme dont il se détourne très vite, il s'affirme comme le dessinateur insatiable des nuits parisiennes dont les mensualités toujours versées par la revue "Simplicissimus" lui permettent d'être un animateur sans compter. Son ami et compagnon de débauche, le dessinateur Henri Bing le décrit comme "un anarchiste déguisé en dandy".

Au cours de l'automne 1907, il se lie avec Hermine-Lionette Cartan dite Hermine David, femme peintre de talent. Il occupe un atelier à Montmartre près de celui occupé par Van Dongen. De 1908 à 1912, il participe au Salon d'automne avec des dessins ou des aquarelles. En 1909, il rencontre Cécile Vidil dite Lucy, modéle de Marquet et de l'Atelier Matisse, qui devient sa seconde maîtresse.

Avant la guerre de 1914-1918, il doit quitter la France en raison de sa nationalité, la Bulgarie étant une nation hostile à la France, et se rend début octobre 1914 aux États-Unis où il bénéficie d'une certaine notoriété depuis l'Exposition Internationale d'Art Moderne de New-York (1912). En compagnie du graveur américain George Overbury Hart dit Pop Hart (1868-1933), il part, début février 1915, pour le carnaval de La Nouvelle-Orléans. Le 25 septembre 1918 Pascin épouse Hermine David, qui l'a rejoint au printemps 1915. Pascin obtient la nationalité américaine le 30 septembre 1920. Fixé à New-York, se liant d'amitié avec Alfred Stieglitz, il voyage beaucoup, rapportant des dessins et des aquarelles de Cuba, du Texas, de la Floride et de Caroline du Sud.

En octobre 1920, Pascin revient à Paris et s'initie à la gravure avec Jean-Gabriel Daragnès. Il expose chez Berthe Weill, au Salon des Indépendants et, retrouve Lucy dans son ancien logemement, rue Joseph Bara, qu'elle habite avec son mari le peintre norvégien Per Krohg, filleul d'Edvard Munch.

En août 1921, il se rend en Algérie et en Tunisie où il reviendra en 1924 et en 1926. A partir de 1922, Pascin envoie régulièrement des oeuvres au Salon de l'Araignée fondé en 1920 par Gus Bofa et effectue des séjours dans le Midi (Cassis, Marseille...). En 1923, Pascin vend plusieurs de ses oeuvres à Albert Barnes. Il livre une aquarelle "Famille tunisienne" pour illustrer le n°8 du Crapouillot ; jusqu'en 1930, il fournira huit autres livraisons à cette revue où écrit son ami le critique Pierre Mac Orlan et qui édite également des œuvres d'Hermine David.

Dans son roman A Moveable Feast[3], Ernest Hemingway a écrit un chapitre intitulé: avec Pascin au Dôme racontant sa rencontre, au printemps 1924, avec le Prince de Montparnasse accompagné de deux modèles. La description de cet épisode par Hemingway est considéré comme l'une des images typiques du Montparnasse de l'époque. On le voit partout, dans les cabarets de Montmartre et de Montparnasse, il est de tous les bals, déguisements, fêtes et banquets.

En 1925, il va en Italie. Pour ne pas perdre la nationalité américaine, Pascin retourne, en août 1927, aux Etats-Unis. Il réside un an à New-York où Lucy le rejoint en janvier 1928.

En 1929 il part pour l'Espagne et le Portugal avec Lucy.

Il est l'ami de critiques artistiques - André Warnod (auquel il fera découvrir les ateliers les plus désespérément russes), André Salmon, Georges Charensol, Florent Fels -, de romanciers - Pierre Mac Orlan...

Il prit pour modèle, entre autres, sa femme Hermine David et sa maîtresse Lucy Krogh ainsi que les pensionnaires des maisons closes et des lieux mal famés de la faune montmartroise, et couvrit ses carnets de dessins voluptueux et nostalgiques, parfois érotiques et toujours nimbés d'une indicible tristesse.

Rongé par l'alcool, partagé dans ses affections, il en vint à perdre son équilibre et le 2 juin 1930, le jour même du vernissage de son exposition à la Galerie Georges Petit qui devait lui amener de nouveaux succès, il se suicida à 45 ans à Paris dans son atelier du 36 boulevard de Clichy, dans des conditions atroces : s'ouvrant les veines des deux bras il écrivit avec son sang Adieu Lucy sur les murs de l'atelier, puis comme la mort ne venait pas il se pendit avec une ficelle et se brisa la nuque. Lucy Krogh découvre le corps trois jours plus tard. Le Paris des arts était consterné et le jour de ses funérailles un grand nombre de galeries fermèrent. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris le 7 juin. Sur la tombe est gravé un poème d’André Salmon : Homme libre héros du songe et du désir de ses mains qui saignaient poussant les portes d’or esprit et cahir Pascin dédaigna de choisir et maître de la vie il ordonna la mort[4].

Son œuvre

Son expérience de dessinateur satirique, sa connaissance de l' expressionnisme allemand sont évidentes dans ses premières oeuvres où certains portraits rappellent Otto Dix ou Grosz avec un trait moins incisif et moins cruel. Il évoluera rapidement vers des couleurs pastellisées, presque irréelles qu' il accorde avec justesse au thème du corps féminin, centre de sa production.

Parmi les peintres de l' École de Paris, Pascin occupe une place à part, son art s'impose par sa vérité expressive et sa douceur mélancolique, il décrit avec indulgence le monde interlope des filles, à l'aide d'une touche nacrée, légère aux couleurs irisées, dans les tons de gris , de rose, d' ocre, de bleu-violacé , les corps alanguis aux formes estompées qui dégagent un lourd parfum d'érotisme. Ces femmes saisies dans leur intimité sont en fait le miroir du mal de vivre de Pascin.

Son graphisme vibrant, le trait ne dessinant que vaguement les contours du corps, lui permet de rendre ses modèles baignés dans une lumière qui reflète plus un état d'âme que la réalité d'un corps. A ce titre il peut apparaître comme un continuateur sans complaisance des maîtres du XVIII siècle et de leur goût de la liberté et du libertinage.

Ses oeuvres sont conservées dans tous les principaux musées du monde, et nombreuses sont les galeries qui présentent régulièrement son travail.
Pascin a illustré également de nombreux livres, de Mac Orlan, Paul Morand entre autres.

Ses œuvres

Liste non-exhaustive

  • Femme au corset (1905)
  • Au café (1906)
  • Hermine au lit
  • Le déjeuner (1923)
  • Portrait de Jean Oberlé (1924)
  • Mère et enfant
  • Modèle couché (1925)
  • Portrait de Mimi Laurent (1927-28)
  • Nu de dos sur canapé (1929)

Expositions récentes

  • l'École de Paris 1904-1929, la part de l'autre, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 2000-2001.
  • Musée Maillol, Février - Juin 2007, Pascin Le Magicien du Réel.

Galerie

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Notes et références

  1. Montparnasse, Montmartre, Mont de Vénus
  2. cf. Pierre Cabanne, « L'Epopée du Cubisme », La Table Ronde, 1963, p.123.
  3. « Paris est une fête », Gallimard, 1964, Trad. Marc Saporta.
  4. Jules Pascin (1885/1930) à la Galerie Roussard, Montmartre

Bibliographie

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  • André Bay, « Adieu Lucy. Le roman de Pascin », Albin Michel, 1984, ill., 426p.
  • Georges Charensol, Les grands maîtres de la peinture moderne, Ed. Rencontre.
  • Gaston Diehl, « Pascin », Flammarion, Coll. Les maîtres de la peinture moderne, 1968, ill., 96p.
  • Stéphen Lévy-Kuentz, Pascin et le tourment. Coll. Les essais, La Différence 2001
  • Joann Sfar, Pascin, L'Association, 2005 (Biographie imaginaire).

Filmographie

"Pascin l'impudique", de François Lévy-Kuentz (60'). Prod Lapsus/France5/Paris première. 2000

Liens externes

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