Pascal Lajoie

Pascal Lajoie
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Le Père Pascal Lajoie (29 mars 1826 - 3 janvier 1919), longtemps supérieur de l'Institut de vie consacrée des Clercs de Saint-Viateur, est l'une des figures les plus marquantes du clergé canadien.

Biographie

Il est né à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, d'une modeste famille terrienne.

Le premier ancêtre, venu de France au pays, un Drogue dit Lajoie, était arrivé en 1755, avec les soldats de Montcalm. Le père du futur religieux, Antoine Lajoie, cultivait le sol dans notre historique comté de Rouville. Le jeune Pascal suivit rapidement son cours d'études au collège de Chambly, que dirigeait alors le curé Mignault et qui est devenu aujourd'hui une académie commerciale.

À 18 ans, il l'avait terminé et se trouva prêt à entrer au grand séminaire de Montréal, où il passa deux ans et reçut la tonsure. Mais, comme il était encore bien jeune et que les responsabilités de la vie cléricale l'effrayaient un peu, on lui conseilla de se retirer pour le moment et d'attendre. En 1846, à 20 ans, il accepta les fonctions d'instituteur à Sainte-Elisabeth de Joliette. L'année suivante, en 1847, les Clercs de Saint-Viateur, amenés de France par Mgr Bourget, s'établissaient à L'Industrie, où Barthélemy Joliette, dont l'endroit devait plus tard porter le nom, vivait encore, gérant les droits seigneuriaux des de Lanaudière, sa femme étant de cette famille.

Le jeune Pascal Lajoie décida aussitôt de s'agréger à cet institut de religieux dont on disait déjà beaucoup de bien, et il en fut, dès 1847, l'un des tout premiers novices. Le Père Lajoie, ordonné prêtre, à Sault-au-Récollet, par Mgr Bourget, le 12 septembre 1852, a fourni une très longue carrière, puisqu'il est mort, en Belgique, le 1er mars 1919, à 93 ans d'âge, dans sa soixante-septième année de sacerdoce et sa soixante-douzième de vie religieuse.

Ce fut aussi une carrière des plus honorables pour le renom des Canadiens français. L'on s'en convainc aisément en énumérant tout simplement ses états de services : directeur au nouveau collège Juliette de 1852 à 1856, directeur du collège Chambly en 1856-1857, de nouveau directeur à Joliette de 1857 à 1860, maître des novices à Vourles en France de 1860 à 1864, curé de Joliette de 1864 à 1880, provincial au Canada de 1870 à 1880, vicaire général de l'institut en France de 1880 à 1890, et enfin supérieur général en France et en Belgique de 1890 à 1919, soit près de trente ans, jusqu'à sa mort.

À Joliette, où il a vécu ses premières années, un tiers de sa vie active environ, le Père Lajoie a été, encore jeune, l'homme de confiance de ses supérieurs et un supérieur lui-même que tous affectionnaient hautement. Il fut un vrai père pour ses enfants spirituels, un curé très estimé, un façonneur d'âmes et un manieur d'hommes. Après l'ancien grand-vicaire Manseau, l'âme de la fondation de Joliette avec M. Joliette lui-même, et comme les deux frères Beaudry, qui lui succédèrent, l'un en qualité de supérieur et l'autre en qualité de curé, le Père Lajoie a été sans conteste l'un des plus actifs artisans du progrès de ce centre alors naissant de l'Industrie, devenu, de nos jours, l'intéressante et jolie ville de Joliette. C'est pourquoi il a laissé là un souvenir quine s'est jamais effacé.

En mai 1929, dix ans après sa mort, on y rapportait, de la lointaine Belgique, ses restes vénérés, pour les déposer définitivement dans le cimetière de sa famille religieuse. Les citadins de Juliette leur firent une sorte d'ovation posthume et ce fut comme une véritable apothéose. C'était largement mérité ! En France ou en Belgique, vicaire général ou supérieur général de son institut, et cela pendant quarante ans, il avait su pareillement se faire profondément aimer. « Ce qui lui gagnait les cœurs, écrit le Père de Grandpré, c'était avant tout sa grande prudence et sa sage réserve. »

Plutôt taciturne, ne se livrant guère, en toute occasion il faisait preuve d'un jugement très sûr et éclairé. Il accueillait avec calme les observations qu'on lui faisait, tempérait l'ardeur des gens trop impétueux, et, quand il avait tout pesé, en peu de mots, d'une voix douce mais énergique, il arrêtait la décision à prendre. C'est par son sens pratique et sa pénétration de vues qu'il s'imposa au choix de ses confrères religieux de France, qui furent si heureux de l'appeler et de le maintenir à leur tête. On ne pouvait assez admirer sa tranquillité d'âme au milieu des épreuves qui l'assaillirent constamment.

Un jour, l'ancien premier ministre Mercier — c'était en mai 1891 — parlant à Saint-Genis-Laval, saluait le Père Lajoie, qui se trouvait au premier rang parmi ses auditeurs, en ces termes significatifs : "Je salue mon compatriote, le Père Lajoie, que je vois ici. C'est un Canadien qui nous fait honneur parmi vous, Français, comme il nous faisait honneur chez nous au Canada." En peu de mots, c'était tout dire. L'une des joies du Père, en Belgique comme en France, c'était de recevoir des Canadiens, des Joliettains surtout. Il se montrait toujours bon et accueillant, prévenant au possible et serviable envers tous. Mais, avec ceux-là, il se surpassait. Il ne croyait pas déchoir de sa haute situation en se faisant aimable pour les plus humbles.

Il revint de temps en temps au Canada, en 1897 par exemple, pour le cinquantenaire de "son collège", et en 1904, alors qu'il assista au sacre de Mgr Archambeault. C'était toujours une fête pour son cœur, comme aussi pour Joliette. Il connut bien des tristesses, des séparations pénibles, la persécution, l'exil, nombre de deuils, car il vécut trop longtemps pour ne pas voir mourir beaucoup de ses fils et de ses amis très chers. En Belgique, il subit la guerre et l'invasion jusque dans sa maison. Tout cela, il le supporta le cœur brisé, mais l'âme vaillante et forte. En 1918, il eut du moins la consolation de voir la fin de la guerre et le départ des envahisseurs.

Une autre joie pour lui, bien légitime, avait été de recevoir du pape Pie X, en 1912, à l'occasion de son soixantième anniversaire de sacerdoce, une lettre autographe, que lui porta, à Jette-Saint-Pierre, le cardinal Vincent Vannutelli en personne. Pour remplacer le Père Coutu, qui avait été son assistant pendant quinze ans, il appela auprès de lui, en 1918, le Père Roberge, qui est maintenant supérieur général. Ce fut la dernière de ses joies de le voir lui arriver à la Noël, le 25 décembre de cette année où finissait la guerre.

Quelques jours plus tard, le 3 janvier 1919, il tombait frappé par la maladie, l'épuisement de l'âge plutôt qu'autre chose, qui devait l'emporter le 1er mars suivant. Quelle vie en somme magnifiquement remplie que celle du Père Lajoie ! De tous les apôtres canadiens qui ont fait rayonner au loin, par leur zèle, l'esprit de foi de notre peuple, l'ancien supérieur général des Clercs de Saint-Viateur est certainement l'un des plus grands. Par sa longue vie, par les hauts postes qu'il a occupés dans son institut, par la sûreté de son jugement, son calme d'âme, sa maîtrise de lui-même, et, tout autant, par sa bonté de cœur, il a été et il reste un modèle de supérieur, de digne prêtre et de citoyen serviable à sa patrie.

Il a su faire aimer en France le nom canadien. Il a fait honneu" comme le disait Mercier, à son pays d'origine auquel d'ailleurs il fut toujours si attaché, qu'il aima si profondément et si hautement ceux-là qui eurent l'avantage de l'approcher là-bas au cours de quelque voyage.

Voir aussi

Bibliographie


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