Paralysies du sommeil

Paralysies du sommeil

Paralysie du sommeil

La paralysie du sommeil est le terme employé à la fois pour décrire l'atonie musculaire normale qui apparaît naturellement lors du sommeil paradoxal mais aussi le trouble pendant lequel la conscience est maintenue alors que le corps se paralyse durant l'entrée dans le sommeil (paralysie hypnagogique) ou lorsqu'il reste paralysé au réveil (paralysie hypnopompique). Pour différencier la paralysie naturelle du sommeil et le trouble, on peut se référer au trouble du sommeil comme étant l'éveil pendant la paralysie du sommeil.

Sommaire

La paralysie du sommeil normale

La paralysie normale du sommeil est due à des mécanismes dans le tronc cérébral, en particulier les neurones réticulaires, vestibulaires, et oculomoteurs, qui empêchent les mouvements corporels, bloquent l'influx sensoriel et fournissent au prosencéphale l'activité interne qui caractérise l'activité cérébrale pendant le sommeil paradoxal.
Pendant le sommeil paradoxal, phase pendant laquelle le cerveau est particulièrement actif, l'activité des muscles est bloquée, à part les muscles de la respiration, de la circulation sanguine et des mouvements oculaires rapides. Cela empêche que l'on vive physiquement les rêves, avec des mouvements induits qui pourraient s'avérer dangereux pour soi ou les autres.

Comme les yeux ne sont pas paralysés par ce système, cette exception a été employée pour montrer que le rêve lucide était un phénomène objectivement vérifiable.

Éveil pendant la paralysie du sommeil

Le trouble connu sous le nom de « paralysie de sommeil » peut se manifester aussi bien au moment de l'endormissement (état hypnagogique) que du réveil (état hypnopompique). La personne est réveillée, mais se retrouve complètement immobilisée et ne peut même plus respirer profondément. Seules les paupières peuvent encore bouger. La paralysie du sommeil est souvent accompagnée d'hallucinations, ce qui la rend particulièrement angoissante pour la personne qui en fait l'expérience. La paralysie du sommeil dure entre quelques secondes et plusieurs minutes mais rarement plus de 10 minutes. La personne revient ensuite spontanément à son état normal.

Causes possibles

On connaît peu de choses sur la physiologie du trouble de l'éveil pendant la paralysie du sommeil. Cependant, certains suggèrent que cela pourrait être lié à l'inhibition post-synaptique de motoneurones dans la région pontique du cerveau. En particulier, de bas niveaux de mélatonine peuvent stopper le courant de dépolarisation des nerfs, ce qui empêche la stimulation des muscles.

Ce trouble est fréquemment associé à la narcolepsie. Cependant diverses études suggèrent qu'environ 25% de la population générale l'expérimente au moins sous une forme légère une fois ou plus dans la vie[1]. Il a été noté que divers facteurs augmentent la probabilité de paralysie et d'hallucinations[2] :

  • Dormir sur le dos ;
  • Avoir des horaires de sommeil irréguliers, siestes ;
  • Stress important ;
  • Changement de style de vie ou d'environnement ;
  • Certains exhausteurs de goût, contenant notamment du glutamate de sodium[réf. nécessaire] ;
  • La lumière ambiante[réf. nécessaire].

Hallucinations connexes

Ces hallucinations varient généralement selon l'individu, mais certaines sont plus communes à l'expérience que d'autres :

La plus courante

  • Peur

Très courantes

  • Sensation de « présence » (souvent maléfique)
  • Sensation de pression, d'écrasement ou d'étouffement
  • Sentiment de danger ou de mort imminente

Assez courantes

  • Hallucinations auditives (respirations, bruits de pas, voix, grognements, bourdonnement, chants, etc.)
  • Hallucinations visuelles (dont silhouettes, ombres autour du sujet)

Moins courantes

  • Sensation de flottement
  • Hallucinations tactiles (par exemple, contacts ou saisie par une main)
  • Hallucinations agréables (par exemple, présence "protectrice")

Rares

  • Sensation de chute
  • Vibrations (avec parfois impression d'électrocution)
  • Interaction sexuelle

Solutions au trouble

Mettre fin à une paralysie du sommeil

Le fait de se concentrer sur les extrémités de son corps (le bout des doigts par exemple) et d'essayer de les faire bouger peut mettre fin à la paralysie. Mais en faisant disparaître la peur qui accompagne le phénomène, on fait aussi disparaître les expériences désagréables. En général, les épisodes de troubles se déroulent sur une période de temps limitée[réf. nécessaire]. Plus l'âge augmente et plus la probabilité de tels troubles diminue.

Apprendre à contrôler ses paralysies du sommeil

La paralysie du sommeil n'est pas obligatoirement un phénomène effrayant. Il semblerait que les sensations effrayantes, les hallucinations qu'expérimentent les personnes victimes d'une paralysie du sommeil ne viennent en fait que de leur état d'esprit. Le fait d'être paralysé provoque la panique et la panique déclenche des hallucinations désagréables. Plusieurs personnes étant victimes de paralysie du sommeil ont découvert qu'il était possible de contrôler les hallucinations durant une paralysie du sommeil[réf. nécessaire]. Il vous suffit d'imaginer par exemple que vous flottez à la surface d'un grand lac pour immédiatement sentir votre corps flotter dans de l'eau avec des sensations parfaitement reproduites. Chaque sensation imaginable peut-être ressentie pour peu que l'on garde son calme, sachant qu'une paralysie du sommeil ne représente aucun risque. Une paralysie du sommeil peut aussi conduire à un rêve lucide, c'est à dire un rêve où l'on sait qu'on rêve, dont il est alors possible de prendre le contrôle et où les sensations sont en général fidèles à la réalité.

Références culturelles

Dans l'art

On peut trouver en littérature quelques références à la paralysie du sommeil. Dans Roméo et Juliette (1595), Shakespeare attribue à la reine des fées Mab, non seulement toutes les illusions des songes, mais aussi les impressions d'étreinte et d'écrasement, les associant à la position de sommeil sur le dos[3] ; dans le Don Quichotte de Cervantes (1605), la servante Maritornes se réfugie dans le lit de Sancho Pança qui, « sentant cette masse sur son estomac, [...] crut qu’il avait le cauchemar »[4]. Dans le conte humoristique le Fantôme de Canterville[5] d'Oscar Wilde (1891), le fantôme se propose de faire subir ce traitement aux nouveaux propriétaires du château.

Les descriptions les plus claires d'états de paralysie du sommeil se trouvent dans les nouvelles Le Horla (1887) de Maupassant[6] et Le bras flétri (1896) de Thomas Hardy.

Moins évidentes sont les évocations parfois citées des romans Moby Dick (1851) d'Herman Melville[7], Les heureux et les damnés (1922) de Francis Scott Fitzgerald[8] ou de la nouvelle Les neiges du Kilimandjaro (1936) d'Ernest Hemingway[9].

La Nuit, par Ferdinand Hodler

En peinture, on citera essentiellement les différentes versions du tableau Le Cauchemar du peintre Heinrich Füssli et celui homonyme du peintre danois Nicolai Abraham Abildgaard (1800), qui représentent un démon assis sur le ventre d'une femme endormie. Dans le tableau La Nuit de Ferdinand Hodler, le personnage central est effrayé par une forme cauchemardesque drapée de noir.

Dans le folklore

Il a été établi[réf. nécessaire] que la paralysie du sommeil joue un rôle non négligeable dans la génération des témoignages d'enlèvements par les extraterrestres ainsi que dans d'autres événements en apparence paranormaux (visions de fantômes ou de démons par exemple).

Au Japon, la conscience pendant la paralysie de sommeil est désignée sous le nom de kanashibari (littéralement : « maintenu par une étreinte de fer », de kana : métal et shibaru : lier) ; en Chine, le phénomène est connu sous le nom de gui ya chuang « fantôme qui écrase [le dormeur contre] le lit » ; au Canada (Terre-Neuve), on parle de visite de la « vieille sorcière » (Ag Rog ou Old Hag) ; les Inuits appellent le phénomène augumangia en Inupik et ukomiarik en Yupik et l'attribuent aux esprits ; au Mexique, c'est la subida del muerto (le « mort qui monte dessus ») ; en Turquie, karabasan (le « gars noir ») ; en Algérie, on désigne ce phénomène sous le nom de jedma (« cauchemar ») ; au Maroc, on le désigne sous le nom de bough'tat (« celui qui te recouvre ») car on explique parfois le phénomène par la venue du « gars noir », très lourd, ou d'une vieille femme ou encore d'un djinn écrasant de son poids la poitrine du dormeur. Aux Antilles Françaises, c'est probablement l'origine de la croyance concernant les Dorlis, chiens volants qui peuvent pénétrer la nuit dans les cases pour épier et parfois violer les jeunes femmes (encore de nos jours on trouve des ciseaux disposés sur la porte pour s'en protéger). Dans les croyances russes traditionnelles, les symptômes de la paralysie de sommeil ont été attribués à la colère du domovoï, l'esprit de la maison, punissant des personnes pour mauvais devoir conjugal ou trahison.

Pendant l'époque médiévale de l'Europe, les attaques des victimes de la paralysie de sommeil ont souvent été expliquées par la présence de démons ou de sorcellerie. Le mot « cauchemar » (ou cauque-mar) viendrait de « caucher » signifiant presser, fouler ou s'accoupler et « mara » désignant un esprit de la nuit.

C'est aussi l'origine des légendes sur les incubes et succubes même si la composante sexuelle dans les hallucinations semble assez rare.

Dans la religion :

La catatonie des méditants indiens pourrait également relever d'une forme de paralysie du sommeil. Voir la présence constante de la question du sommeil dans "l'enseignement de Ramana Maharshi", Albin Michel, collection spiritualités vivantes.

Ne pas confondre

  • avec le cauchemar. Le terme cauchemar est passé dans le langage courant pour désigner le mauvais rêve. Certains l'utilisent encore en faisant référence à son étymologie (cauquemar). C'est le cas de certains articles traitant de psychiatrie et surtout de psychanalyse[10]. C'est le cas aussi dans l'art[11],[12],[13].
  • avec les terreurs nocturnes. La paralysie du sommeil génère des symptômes d'angoisse, de peur du même ordre que ceux des terreurs nocturnes (même sémiologie) mais il existe en plus des phénomènes hallucinatoires connexes, non décrits dans les terreurs nocturnes (du fait de l'amnésie de ces dernières), ainsi que le souvenir de l'épisode de paralysie. L'angoisse est une conséquence de la paralysie du sommeil alors que les terreurs nocturnes sont des équivalents nocturnes d'une attaque de panique.
  • avec la cataplexie, rencontrée dans la narcolepsie, où la personne éveillée s'écroule à cause d'une atonie musculaire généralement provoquée par une forte émotion.

Notes

  1. "Several recent surveys including our own suggest that between 25-30% of the population reports that they have experienced at least a mild form of sleep paralysis at least once and about 20-30% of these have had the experience on several occasions" dans Allan Cheyne, Sleep Paralysis and Associated Hypnagogic and Hypnopompic Experiences (lien)
  2. Voir par exemple Allan Cheyne dans Preventing and Coping with Sleep Paralysis lien
  3. « This is the hag, when maids lie on their backs / That presses them and learns them first to bear / Making them women of good carriage. » « C’est la stryge qui, quand les filles sont couchées sur le dos, les étreint et les habitue à porter leur charge pour en faire des femmes à solide carrure. » Shakespeare, Romeo et Juliette, Acte I, sc. IV., traduction François-Victor Hugo.
  4. « En esto, despertó Sancho, y, sintiendo aquel bulto casi encima de sí, pensó que tenía la pesadilla. » Miguel de Cervantès, Don Quichotte, première partie, chapitre XVI.
  5. « ...la première chose à faire certes serait de s’asseoir sur leurs poitrines, de façon à produire la sensation étouffante du cauchemar. » Oscar Wilde, Le Fantôme de Canterville.
  6. « Je sens bien que je suis couché et que je dors… je le sens et je le sais… et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me palpe, monte sur mon lit, s’agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre… serre… de toute sa force pour m’étrangler. Moi, je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes ; je veux crier, – je ne peux pas ; – je veux remuer, – je ne peux pas ; – j’essaie, avec des efforts affreux, en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m’écrase et qui m’étouffe, – je ne peux pas ! » Guy de Maupassant, Le Horla.
  7. Au chapitre 4, Ismaël se souvient d'une impression hallucinatoire qu’il avait eu enfant dans un état entre la veille et le sommeil. Mais l’immobilité y est présentée comme volontaire.
  8. Un cauchemar de Gloria, dans lequel elle sent une présence maléfique à la porte de sa chambre, peut évoquer la paralysie du sommeil.
  9. Atteint de gangrène, le personnage principal sent dans son délire la mort s'asseoir sur son torse et l'étouffer.
  10. Le cauchemar : clinique et théories par Guy Hanon dans FRENESIE, n°3, « coche-mare » printemps 1987. Revue de la Société Internationale d'Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse.
  11. Le cauchemar de Colin, lithographie de Langlume, ordre national de la pharmacie, collection Bouvet. Copyright Frénésie Ed.
  12. Le cauchemar, Füssli Johann, 1781 et 1802. Huile
  13. Cauchemar dans Histoire curieuse et pittoresque de Giraldo et Fornari, 1846. Collection part. M. Collée, copyright Frénésie Ed.

Voir aussi

Articles connexes

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