- Pacte de Najran
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Histoire du traité
Une délégation de 60 chrétiens vivant dans la communauté de Najran, à quelque 600 km de Médine, la cité où vivait Mahomet, se rendirent chez lui en délégation en l'an 631.
Les entretiens entre les représentants d'une communauté monothéiste avec le fondateur d'une autre durèrent trois jours. Ils permirent d'expliciter une fois pour toutes le modèle de l'éthique musulmane vis-à-vis de "l'autre" en religion.
La rencontre avec les chrétiens de Najran évoquée ci-dessus ne fut pas, loin de là, un événement isolé dans la vie de Mahomet, qui témoigne constamment de la permanence de ses relations interreligieuses. Un pacte antérieur conclu avec les chrétiens du Sinaï au monastère de Sainte Catherine (charte des privilèges), et dont la documentation existe encore aujourd'hui, en apporte la preuve.
Texte du traité
« “Au nom de Dieu clément et miséricordieux.”
Charte de protection donnée par Dieu et son apôtre à ceux qui ont reçu le Livre (sacré), aux chrétiens qui appartiennent à la religion de Najran ou à toute autre secte chrétienne. Il leur a été écrit par Mahomet, envoyé de Dieu près de tous les hommes, en gage de protection de la part de Dieu et de son apôtre, et afin qu’il soit pour les musulmans qui viendront après lui un pacte qui les engagera, qu’ils devront admettre, reconnaître pour authentique et observer en leur faveur. Il est défendu à tout homme, fût-il gouverneur ou détenteur d’autorité, de l’enfreindre ou de le modifier. Les Croyants ne devront pas être à la charge des chrétiens, en leur imposant d’autres conditions que celles qui sont portées dans cet écrit. Celui qui le conservera, qui le respectera, qui se conformera à ce qui y est renfermé, s’acquittera de ses devoirs et observera le pacte de l’apôtre de Dieu. Celui qui, au contraire, le violera, qui s’y opposera, qui le changera, portera son crime sur sa tête ; car il aura trahi le pacte de Dieu, violé sa foi, résisté à son autorité et contrevenu à la volonté de son apôtre : il sera donc imposteur aux yeux de Dieu. Car la religion que Dieu a imposée, et le pacte qu’il a fait, rendent la protection obligatoire. Celui qui n’observera pas ce pacte, violera ses devoirs sacrés, et celui qui viole ses devoirs sacrés n’a pas de fidélité et sera renié par Dieu et par tous les croyants sincères. La raison pour laquelle les chrétiens ont mérité d’obtenir ce pacte de protection de Dieu, de son envoyé et des croyants, est un droit qu’ils se sont acquis, et qui engage quiconque est musulman, d’obtenir cette charte établie en leur faveur par les hommes de cette religion et qui force tout musulman à y avoir égard, à lui prêter main-forte, à la conserver, à la garder perpétuellement et à la respecter fidèlement.- la protection de Dieu et la garantie du prophète Mahomet, envoyé de Dieu, s'étendent sur Najran et alentours, soit sur leurs biens, leurs personnes, la pratique de leur culte, leurs absents et présents, leurs familles et leurs sanctuaires, et tout ce qui grand et petit, se trouve en leur possession
- aucun évêque ne sera déplacé de son siège épiscopal,
- ni aucun moine de son monastère,
- ni aucun prêtre de sa cure,
- aucune humiliation ne pèsera sur eux,
- ni le sang d'une vengeance antérieure à la soumission,
- ils ne seront ni assemblés ni assujettis à la dîme,
- aucune troupe ne foulera leur sol
- et lorsqu'un d'eux réclamera son dû,
- l'équité sera de mise parmi eux
- ils ne seront ni oppresseurs ni opprimés
- et quiconque d'entre eux pratiquera dans l'avenir l'usure, sera mis hors de ma protection
- aucun homme parmi eux ne sera tenu pour responsable de la faute d'un autre »
Tel est le contenu du "pacte de Najran" après la soumission des chrétiens à l'autorité du prophète de l'islam"
Voir aussi
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