- Otite moyenne aigue
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Otite moyenne aiguë
L'otite moyenne aiguë (OMA) est une maladie fréquente, liée à une infection du conduit auditif, le plus souvent d'origine virale.
Sommaire
Généralités
Épidémiologie
L’otite moyenne aiguë (OMA) est la pathologie la plus fréquente de l’enfant avant l’âge de 6 ans et surtout entre 6 mois et 2 ans[1].
Elle est aussi l’une des premières causes de prescription d’antibiotiques[2].
A 3 ans, plus de 80% des enfants ont déjà présenté au moins une otite moyenne aiguë, et la moitié d’entre eux trois ou plus[1].
La raison de cette fréquence chez l'enfant tient à plusieurs facteurs :
- Défenses immunitaires immatures,
- Trompe d'Eustache courte, perméable, et horizontale,
- Fréquence des rhino-pharyngites (« rhume »),
- Hypertrophie des végétations adénoïdes (« végétations »), souvent infectées.
L’otite moyenne aiguë, bilatérale dans 40% des cas, prédomine d’octobre à avril, tout comme l’incidence des infections des voies supérieures[1].
Bactériologie
Les germes en cause sont le plus souvent :
- Haemophilus influenzae (40% des cas) : De nos jours de plus en plus souvent résistant à la pénicilline par production d'une enzyme : la béta-lactamase. Cette résistance concerne 40% des souches bacteriennes. Les OMA a haemophilus sont fréquemment associées à une conjonctivite (dans 75% des cas), ce qui peut permettre d'orienter le traitement en l'absence d'identitication du germe.
- Streptococcus pneumoniae (ou « Pneumocoque ») (35% des cas): Lui aussi très fréquemment résistant à la pénicilline, par modification des protéines de liaison à la pénicilline : ce sont les PSDP (pneumocoque de sensibilité diminuée aux pénicillines), particulièrement fréquents dans certaines situations :
- Enfant de moins de 2 ans,
- Vie dans une grande ville,
- Garderie en crêche, collectivité d'enfant,
- Traitement antibiotique, otite récente (il y a moins de 3 mois).
Les OMA à pneumocoque d'accompagne d'une fièvre très élevée (volontiers supérieure à 39°C).
- Moraxella Catarrhalis (10% des cas) : Quasiment toujours producteurs de béta-lactamases, donc résistant à la pénicilline.
- Les autres germes (Staphylococcus aureus, pseudomonas aeruginosa) sont beaucoup plus rares
Diagnostic
Le maître symptôme est l'otalgie (oreille douleureuse), mais qui n'est jamais évident chez les enfants ne parlant pas encore. On recherchera des signes indirects : enfant grognon, pleurant souvent, se touchant l'oreille, une diminution de l'appétit, des troubles du sommeil, des troubles digestifs, une conjonctivite, des antécédents d'otite, une vie en communauté, une prise récente d'antibiotiques, etc. La fièvre est en général comprise entre 38°5 et 40°C. L'enfant peut être amaigri, deshydraté. Des convulsions sont possibles : simples convulsions sans gravité (bien que très impressionnantes) liées à la fièvre dans l'immense majorité des cas, mais qui doivent faire évoquer une complication.
Otoscopie
L'examen du tympan se fait avec un otoscope, en comparant le tympan de l'oreille malade au tympan de l'oreille saine. L'OMA se divise en 3 stades de gravité croissante :
- Le stade congestif : Le tympan est rouge, inflammatoire, les vaisseaux sont très apparents. Sa transparence est diminuée, et le cône lumineux a disparu
- Le stade collecté : Le tympan est uniformément rouge vif, bombé, le relief des osselets a disparu. À ce stade, il existe du pus dans l'oreille moyenne, qui presse contre la membrane tympanique.
- Le stade perforé : Un déchirure, souvent dans la zone postéro-inférieure du tympan, fait sourdre du pus dans le conduit auditif externe.
Paracentèse
La paracentèse consiste à inciser le tympan pour débarrasser l'oreille moyenne du pus qui s'y est accumulé. C'est un geste simple, mais non dénué de risques (traumatisme du conduit auditif, otite externe, épidermose de la caisse du tympan) reservé à des indication précises :
- Nourrisson de moins de 3 mois,
- OMA très douloureuse malgré un traitement antalgique bien suivi,
- OMA compliquée (voir plus bas),
- Immunodépression,
- OMA résistante au traitement médical (persistance des signes après 72 heures d'antibiothérapie).
La paracentèse permet de recueillir le pus, de l'analyser, de trouver le germe, et de proposer un traitement optimal.
Traitement
La guérison est spontanée dans la majorité des cas, 80% en moyenne, entre le 7e et le 14e jour[2].
Il repose sur un traitement antalgique et une surveillance de l'enfant.
- Un antalgique/antipyrétique (type paracétamol) et anti-inflammatoires (type ibuprofène dés 3 mois).
Une antibiothérapie empirique, c’est-à-dire basée sur les dernières données épidémiologiques, est employée en deuxième intention afin de cibler au mieux le germe le plus probable (Amoxicilline ou Amoxycilline et acide clavulanique le plus souvent, à ne jamais employer en cas d'allergie aux pénicillines!).
Les mesures associées sont :
- Mouchage fréquent et désobstruction rhino-pharyngée au sérum physiologique.
- Pulvérisation d'un antiseptique nasal.
- Surveillance de l'enfant (douleurs et fièvre) qui doivent avoir cessé à 72 heures de traitement.
Dans tous les cas, l'enfant doit être revu à la fin du traitement (5 à 10 jours) pour s'assurer de la guérison et de l'absence de complications (0.1% des cas).
Complications
Elles sont devenues rarissimes depuis la large utilisation des antibiotiques.
- Mastoïdite,
- Paralysie faciale otogène,
- Labyrinthite,
- Méningite purulente,
- Empyème sous-dural,
- Abcès intra-cérébral,
- Thrombose veineuse intra-cérébrale.
Notes et références
- ↑ a , b et c « L’otite moyenne aiguë Etiopathogénie et traitement », A. Minet, N. Deggouj, C. Gilain, M. Gersdodff ; Louvain Med. : S410-S417, 1998 - http://www.md.ucl.ac.be/loumed/CD/DATA/117/S410-417.PDF
- ↑ a et b « Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et l’enfant » - Recommandations et argumentaire. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, octobre 2005. - http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/irh_argu.pdf
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