Orgueil et prejuges (telesuite, 1995)

Orgueil et prejuges (telesuite, 1995)

Orgueil et Préjugés (télésuite, 1995)

Orgueil et préjugés
Titre original Pride and Prejudice
Genre Télésuite dramatique
Créateur(s) Simon Langton
Pays d’origine Royaume-Uni Royaume-Uni
Chaîne d’origine BBC One
Nombre de saisons 1
Nombre d’épisodes 6
Durée 50 minutes
Diffusion d’origine 24 septembre 1995 – 29 octobre 1995
Feuilletons télévisés

par période / genre / origine
Liste complète

Orgueil et préjugés (Pride and Prejudice) est une télésuite britannique en 6 épisodes de 55 minutes, créée par Simon Langton d'après le roman éponyme de Jane Austen et diffusée entre le 24 septembre et le 29 octobre 1995 sur BBC One.

Sommaire

Synopsis

Cette adaptation est très fidèle au roman d'origine de Jane Austen.

Dans un petit village de l'Angleterre sous George III, Mrs. Bennet veut marier ses cinq filles afin de leur assurer un avenir serein. Elle espère que l'une d'elles saura plaire à Mr Bingley, leur nouveau voisin riche. Malheureusement l'orgueilleux Mr. Darcy, ami influent de Bingley, voit d'un très mauvais œil son ami s'éprendre de Jane Bennett, la plus âgée des sœurs.

Elizabeth Bennet suit avec attention l'évolution des sentiments de sa sœur préférée tout en faisant attention à l'officier Wickham, un militaire séduisant qui ne la laisse pas indifférente.

Elizabeth est l'héroïne de cette mini série. « Elle est d'une vive intelligence, d'une sagesse éloignée de tout pédantisme qui lui permet de supporter sereinement et avec indulgence l'atmosphère provinciale étriquée dans laquelle il lui faut vivre. Son caractère naturellement gai la met en état de percevoir le côté humoristique ou grotesque de toute situation quelle qu'elle soit ».

Mais Elizabeth ne manque pas d'un certain orgueil, ou plutôt d'un certain sens de la dignité qui lui impose de défendre son entourage. C'est pourquoi lorsque Darcy, l'ami de Bingley, considère avec quelques mépris les façons de faire de sa mère et de ses sœurs, elle dit : « Je pourrais facilement lui pardonner son orgueil s'il n'avait mortifié le mien ». C'est de là que naît le « préjugé » qu'elle a contre Darcy qui est pourtant secrètement épris d'elle.

Elizabeth Bennett aimera-t-elle Darcy ? L'épousera-t-elle ?

Historique de la télésuite [1]

la genèse

Il s'est passé neuf ans entre le jour où Sue Birswisle a proposé à Andrew Davies, d'écrire une nouvelle adaptation de Pride & Préjudice, et la première diffusion à l'automne 1995. Le projet commença à prendre forme début 1993, la préproduction (recherche et choix des trente-quatre lieux de tournage, construction des huit décors en studio, casting, création des garde-robes adaptées aux caractère des personnages principaux, auditions, etc.) démarra début janvier 1994.

le scénario

Très fidèle au roman, jusque dans la reprise mot pour mot de certains dialogues, il porte la patte du scénariste Andrew Davies, qui est un partisan du "show don't tell" (montrez, ne racontez pas)et voulait non seulement restituer le ton et l'esprit du roman mais aussi exploiter au maximum les possibilités visuelles du récit, pour créer une œuvre télévisuelle aussi vivante que possible. Le passage d'une œuvre écrite à un support visuel nécessite des transpositions, si on veut arriver à monter ce qu'un récit raconte ou explique. C'est ainsi qu'il justifie la séquence d'ouverture totalement inventée[2] où l'on voit Darcy et Bingley galopant dans la campagne en direction de Netherfield, puis Élisabeth qui les regarde de loin faire la course, avant de retourner chez elle en bondissant : cette séquence donne un aperçu du caractère des personnages principaux (Bingley, impulsif ; Darcy méprisant les "manières campagnardes" ; Élisabeth, pleine de vitalité) et aussi de la nette différence de leur niveau socio-économique (ce qui est un des problèmes traités par le roman), en montrant le château puis la demeure plus modeste des Bennet. Comme dans la plupart des adaptations, le personnage de Darcy est largement développé, là où le roman suggère à peine, mais Élisabeth reste incontestablement le personnage principal. En outre, le fait que la série comporte six épisodes de cinquante minutes permet de conserver des personnages secondaires comme Maria Lucas, Mr et Mrs Hurst, les enfants Gardiner, et de prendre en compte, en les transformant en séquences visuelles, des éléments du récits et les nombreuses lettres que le roman contient : ainsi, dans le cinquième épisode, Mr Collins vient présenter ses "condoléances" aux Bennet, alors que c'est une lettre dans le chapitre 6 du Volume III (ch 48). Ce procédé permet aussi une lecture à deux niveaux : ce qu'on voit suggère parfois autre chose que ce que dit la voix off qui lit la lettre !

le tournage

Il dura cinq mois et fut précédé de deux semaines consacrées aux répétitions, à l'apprentissage des danses... Il débuta en juin 1994 dans le Linconshire et se termina le 1er Novembre à Warwick, près de Coventry (Darcy à Londres) L'action dure environ 15 mois, débutant un automne, s'achevant l'hiver de l'année suivante. Pour respecter autant que possible le passage des saisons qui rythme les relations entre les personnages, on commença en juin par les scènes situées au printemps, (qui prennent place à la fin de l'épisode 3 et au début du 4) : Chez Lady Catherine à Rosings Park (Belton House , près de Grantham, dans le Linconshire) et chez les Collins au presbytère de Hunsford (Old Rectory à Teigh, dans le Leicestershire). En juillet et août on tourna les scènes d'été ; d'abord celles de Pemberley à Lime Park (à la frontière Cheshire/Derbyshire)pour les extérieurs, et Sudbury (dans le Derbyshire) pour les intérieurs (fin de l'épisode 4 et début du 5) ; puis la plupart des scènes se passant à Longbourn à Luckington Court, dans le Wiltshire[3]. Septembre, à Londres, fut consacré aux répétitions des danses et au tournage en studio. Courant octobre, retour dans le Wiltshire, à Lacock[4] pour toutes les scènes se passant à Meriton, à Brocket Hall pour la scène du bal à Netherfield,(épisodes 1 et 2 et début du 3, et épisode 6)et à Luckington Court.

la structure

la construction générale

La série comprend six épisodes, avec une montée dramatique jusqu'à la demande en mariage de Darcy qui conclut l'épisode 3. En effet, pour Andrew Davies, le moteur du récit est l'intérêt de Darcy pour Élisabeth, et ce pratiquement dès leur première rencontre, lorsqu'elle lui jette un regard ironique après s'être entendue traiter de "passable, mais pas assez jolie pour [le] tenter" et va en rire avec son amie Charlotte. Il lutte en vain contre cette attraction, de plus en plus marquée malgré tous les reproches qu'il peut faire à sa famille, et qui aboutit à son arrogante demande en mariage.

Parallèlement, dans cette partie, Élisabeth, qui est restée sur sa première impression, le déteste cordialement et l'observe avec ironie et irritation, parfaitement inconsciente de l'effet qu'elle a sur lui. Elle croit aveuglément ce que Wickham lui raconte parce qu'elle a été blessée dans son orgueil par la méchante remarque initiale de Darcy. Toutes les conversations qu'elle a avec lui ont des allures de duel à fleurets plus ou moins mouchetés, qu'elle gagne, ce qui la rend encore plus séduisante pour lui, même si, à la fin de cette première partie, il part, humilié par son refus justifié.

Les trois épisodes suivants s'attachent à l'évolution des sentiments d'Élisabeth, qui passe du dépit de s'être laissée tromper par l'apparence, en ce qui concerne Wickham et Darcy, à la surprise, en entendant les éloges qu'en fait l'intendante de Pemberley, accentuée par l'attitude de Darcy lui-même. Andrew Davies suggère qu'il a essayé d'oublier Élisabeth (la scène dans la salle d'arme où il dit "je dois vaincre cela" !) mais, dès qu'il la revoit, après la sidération de la surprise, il cherche à lui montrer qu'il a tenu compte de ses reproches, et qu'il est prêt à renouer avec elle.

Elle passe successivement d'une émotion tendre (la soirée à Pemberley) à la détresse, (à l'idée devenue insupportable qu'il pourrait la mépriser à cause de Lydia); puis à la gratitude, en découvrant son rôle dans le mariage de Lydia, rôle qu'il a voulu garder secret (il ne veut pas se l'attacher par reconnaissance); à l'amour accepté enfin, qui lui permet de tenir tête à Lady Catherine, de faire le premier pas lorsqu'il revient après les fiançailles de Jane et Bingley, et de le défendre devant son père.

le découpage

Chaque épisode doit, pour des raisons évidentes, se terminer sur un élément important qui entretient le suspens, ou, au moins, l'intérêt.

Le premier épisode a valeur d'exposition. Outre la présentation de la famille Bennet, et des soucis matrimoniaux des deux ainées, qui voudraient bien se marier par amour, il montre la société étriquée de Meriton et le séjour de Jane et Élisabeth à Netherfield. Des scènes du roman sont fondues entre elles ou transformées : ainsi la promenade dans le parc est remplacée par la scène où Darcy regarde Élisabeth par la fenêtre de sa garde-robes (avec la première occurrence du thème musical spécifique aux relations Darcy/Élisabeth, ce qui suggère qu'il pense à elle en prenant son bain !) L'épisode s'achève par le retour des deux sœurs chez elles, Élisabeth très soulagée de s'en aller. Darcy regarde partir la voiture, affirmant à Miss Bingley qu'il ne regrette pas du tout le départ d'Élisabeth, mais la musique contredit ses paroles, puisqu'on entend à nouveau le thème romantique noté ci-dessus.

Le deuxième voit l'arriver de Mr Collins, occasion de scènes comiques, alternant avec la rencontre Darcy/Wickham, et la patiente et sournoise construction d'un Darcy injuste et cruel par ce dernier. C'est là que se situe le fameux bal de Netherfield, un mardi 26 novembre. L'épisode s'achève par la vision de Mrs Bennet en larmes en voyant s'en aller Collins et ses espoirs de le voir épouser Élisabeth.

Le troisième débute par l'annonce des fiançailles de Charlotte avec Mr Collins ... et s'achève, cinq mois plus tard, au presbytère de Hunsford par le deuxième refus d'Élisabeth d'une demande en mariage.

Le quatrième commence par monter un Darcy très dépité, passant la nuit à écrire sa lettre, puis la donnant à Élisabeth. Pour des raisons de construction dramatique, les deux parties de la lettre sont inversées : la partie consacrée à Wickham vient en premier, quand Darcy écrit, celle consacrée à Jane en second, ce qui permet de monter les réactions d'Élisabeth... Il s'achève par la visite des Gardiner et d'Élisabeth à Pemberley, aboutissant, en point d'orgue, à la rencontre imprévue sur la pelouse, suivie de celle où Darcy, résolument ouvert et agréable, se montre tout disposé à renouer avec une Élisabeth troublée, et émue lorsqu'il l'aide à remonter en voiture.

Au début du cinquième se situe la présentation de Giorgiana à Élisabeth (en l'absence des Gardiner, contrairement au roman)puis l'action s'accélère : le début d'amitié entre Giorgiana et Élisabeth, l'entente entre Darcy et Élisabeth, que Miss Bingley renforce sans le vouloir, sont interrompues parla nouvelle de l'enlèvement de Lydia. L'action de Darcy à Londres est présentée au spectateur à sa place chronologique, tandis qu'Élisabeth, qui ne connaît que ce qu'écrit son oncle, confie à sa sœur, à la fin de l'épisode, son trouble et sa crainte d'être méprisée par un Darcy auquel elle ne cesse de penser.

Le sixième commence avec la joie parfaitement inconvenante de Mrs Bennet de voir sa plus jeune fille mariée, ce qui contraste avec l'air sévère des témoins du mariage. Après le départ des jeunes mariés le temps semble s'étirer (courtes scènes muettes) puis s'accélère avec l'annonce du retour de Bingley. L'action est plus resserrée que dans le roman, les dialogues d'Élisabeth plus courts, que ce soient ceux avec Lady Catherine, avec Darcy au cours de sa deuxième demande en mariage, avec Jane pour lui annoncer ses fiançailles, et avec son père. En revanche est ajoutée la scène du double mariage, avec le texte officiel de la liturgie anglicane, qui permet de voir en arrière plan tous les invités : façon élégante de montrer qui accepte les deux unions, en y participant, qui les refuse (Lady Catherine, seule avec sa fille), qui est mis à l'écart (Les Wickham, dans leur chambre à Newcastle). Ce dernier épisode s'achève dans une ambiance enneigée[5] par le départ des deux calèches de noce, à deux chevaux pour Jane et Bingley, à quatre chevaux pour Élisabeth et un Darcy très souriant, maintenant, qui se penche vers sa femme pour l'embrasser, ce que Jane Austen aurait certainement jugé très "improper" !

Distribution

  • Colin Firth : Fitzwilliam Darcy
  • Jennifer Ehle : Elizabeth Bennet
  • Alison Steadman : Mrs. Bennet
  • Julia Sawalha : Lydia Bennet
  • Susannah Harker : Jane Bennet
  • Benjamin Whitrow : Mr. Bennet
  • David Bamber : Mr. Collins
  • Barbara Leigh-Hunt : Lady Catherine de Bourgh
  • Crispin Bonham-Carter : Charles Bingley
  • Anna Chancellor : Caroline Bingley
  • Adrian Lukis : George Wickham
  • Anthony Calf : Colonel Fitzwilliam
  • Lucy Scott : Charlotte Lucas
  • Lucy Briers : Mary Bennet
  • Polly Maberly : Kitty Bennet
  • Lynn Farleigh : Mrs. Phillips
  • Lucy Robinson : Mrs. Hurst
  • Rupert Vansittart : Mr. Hurst
  • Christopher Benjamin : Sir William Lucas
  • Lucy Davis : Maria Lucas
  • Nadia Chambers : Anne de Bourgh
  • Joanna David : Mrs. Gardiner
  • Tim Wylton : Mr. Gardiner
  • Emilia Fox : Georgiana Darcy
Ce qu'ont pensé les deux acteurs principaux de leur rôle.[6]

Colin Firth, qui a commencé par refuser, s'est finalement laissé convaincre par Sue Birtwistle qui était persuadée qu'il était parfait pour le rôle. Mais il a trouvé difficile de tourner par tranches, avec de longues périodes où il était absent. Ainsi, durant les 8 semaines de tournage à Longbourn, il n'est venu qu'une journée, avec la désagréable impression d'être dans une autre histoire, avec des gens qu'il ne connaissait pas du tout. Il ne s'est jamais senti physiquement aussi épuisé à la fin d'une prise qu'il l'a été avec Darcy, mais reconnait que les suggestions d'Andrew Davies à propos de ce que Darcy pense alors qu'il a un visage impassible, l'ont beaucoup aidé à habiter le personnage.

Jennifer Ehle désirait tellement jouer ce personnage, qu'elle adorait depuis son adolescence, qu'elle s'est délibérément foncé les sourcils la veille de son audition, pour paraître moins blonde. Le rôle fut assez écrasant : sur les cent jours ouvrables de tournage, elle savait qu'il n'y en aurait que cinq où elle ne serait pas sur les plateaux. Mais elle a trouvé merveilleux de pouvoir passer tout un été dans la peau d'Elisabeth Bennet.

Fiche technique

  • Scénario : Andrew Davies
  • Musique : Carl Davis
  • Musicien (pianoforte) : Melvyn Tan
  • Responsable des costumes : Dinah Collin
  • Mise en scène :Jane Gibson
  • Production : Sue Birtwistle
  • Chef de la production : Michael Wearing

Récompenses

Commentaires

Avatars de la télésuite

C'est Wickham qui inspira Daniel, le patron de Bridget, et Darcy - tel qu'il est interprété par Colin Firth - qui inspira Marc Darcy dans le livre Le Journal de Bridget Jones qui est un hommage indirect au roman, et à la série, Orgueil et Préjugés. Et Marc Darcy est interprété au cinéma par ... Colin Firth lui-même !

Quelques-uns parmi les principaux des 34 lieux de tournage 

Le téléfilm a été tourné à divers endroits : Le village de Lacock dans le Wiltshire, appartenant au National Trust a servi pour Meriton, Lyme Park , pas très loin de Stroke on Trent a servi pour l'extérieur de Pemberley et Sudbury Hall près d'Uttoxeter dans le Derbyshire pour l'intérieur ; Belton House, une magnifique demeure de l'époque de la Restauration dans le Linconshire, appartenant aussi au National Trust a servi pour Rosings, The Old Rectory à Teigh, dans le Leicestershire, propriété de Barry et Tor Owen a servi pour Hunsford et Edgecote Hall près de Brandbury pour Netherfield, (sauf la scène du bal). Luckington Court dans la même région que Lacock, a servi pour Longbourn.

Différences dans le traitement des deux personnages principaux, entre la série et le roman éponyme.

Contrairement au roman où tout, ou presque, est vu à travers le regard et les réflexions d'Élisabeth, la série fait la part belle à Darcy, mettant en évidence ce qui n'est qu'esquissé, ou sous-entendu, dans le roman. Ainsi, Darcy est souvent montré en train de fixer Élisabeth (ça commence au bal de Meriton[7]) quand il n'est pas en caméra subjective ![8]

L'importance des regards comme moyen de communication est mise en évidence dans la série : dans une société corsetée comme celle de la Régence anglaise, où le contact physique est réduit à une poignée de main entre hommes et femmes (et encore !) la chaleur d'un regard a des connotations quasi sexuelles.[9] Et là où le roman présente des réflexions ou des remarques, l'image montre des attitudes.

La personnalité de Darcy apparaît à travers la mise en image d'éléments narratifs du roman, comme les scènes qui ponctuent la lecture en voix off de sa lettre à Elisabeth,[10] ou le montrent en "ange de justice" [11] lorsqu'il se lance à la recherche de Lydia et Wickham, alors qu'Élisabeth n'apprend cela qu'après le mariage, par la lettre de sa tante Gardiner, ne découvrant d'autres aspects de ce complexe personnage que dans les conversations qu'ils ont après leurs fiançailles. [12] Cette complexité apparaît aussi grâce aux scènes ajoutées : on le voit chasser, fréquenter une salle d'armes, beaucoup se déplacer à cheval ou en voiture : Londres, Ramsgate, le Kent, Le Herfordshire, le Derbyshire, les distances entre ces lieux demandent du temps et des moyens. Ces éléments de la vie d'un homme riche, Jane Austen n'avait pas besoin de les évoquer, de son temps ses lecteurs les connaissaient. Mais Andrew Davies a aussi voulu montrer, et cela n'est pas explicite dans le roman, que Darcy est un jeune homme qui peut avoir besoin de se libérer parfois du carcan des responsabilités qui lui incombent, en temps que propriétaire d'un très vaste domaine et tuteur de sa jeune sœur. C'est ainsi qu'il justifie la fameuse scène de la plongée dans le lac comme "un court répit dans ses obligations et l'agitation de son âme tourmentée et malheureuse" [13] Symboliquement, on pourrait dire que Darcy, lorsqu'il rentre chez lui, dans son domaine, qui a des allures de paradis hors du monde[14], a besoin de se laver des souillures du monde extérieur !

Cependant le caractère indépendant, spirituel et enjoué d'Élisabeth est aussi mis en valeur, de même que sa vivacité et son énergie physique : on la voit courir, sauter une barrière, dévaler les escaliers, faire de longues promenades solitaires, on la sent vibrante et pleine de vie, et c'est cette énergie qui attire Darcy, qui n'a jamais eu l'occasion, jusqu'alors, de rencontrer une personne aussi peu conventionnelle, aussi à même de lui tenir tête, aussi peu intimidée par sa richesse et sa position dans le monde ! Comme Darcy, on la voit observer (avec un sourire ironique et des yeux rieurs) la société qui l'entoure, sans beaucoup d'illusion sur les gens. Dans le troisième épisode, elle dit à sa sœur, au cours d'une de leurs conversations intimes, quand elle a appris que Bingley ne reviendrait plus [15] "Il y a peu de personnes que j'aime, et encore moins dont je pense du bien. Plus je vais et moins le monde me satisfait". Darcy aurait pu dire cela ! Mais comme elle est douée pour le bonheur, elle préfère hausser les épaules, ou en rire si cela peut l'aider ; Darcy, qui a tendance, lui, à regarder les autres avec un certain mépris, apprendra, grâce à elle, à changer son regard, et peut-être, à se prendre moins au sérieux : à la fin du téléfilm - à la sortie de la cérémonie de mariage - on le voit rire pour la première fois.

notes

  1. The Making of Pride and Prejudice, de Sue Birtwistle & Susie Conklin, Penguin Books 1995 ISBN 0-14-025157-X
  2. voir aussi son interview dans le Making of, bonus du Collector Orgueil et préjugés, édité par KOBA FILM VIDEO 2008
  3. cette propriété privée, située près de Chippenham, dans le Wiltshire, et dont la propriétaire s'est montrée très coopérative, a été investie pendant 8 semaines de tournage, sans compter les semaines de préparation de l'intérieur et du jardin avant le tournage, et les quinze jours pour les scènes automnales (la deuxième déclaration de Darcy et la scène entre Elisabeth et Lady Catherine tournées fin octobre)
  4. le journal du tournage du vendredi 14 octobre 1994 est détaillé p 88 à 93 de The Making of P & P op. cit.
  5. Dans The Making of P & P, on parle de "Chrismas Weeding", = mariage à Noël
  6. éléments d'interview dans The Making of Pride and Prejudice de Sue Birtwistle & Susie Conklin, op. cit.
  7. Dans le roman, c'est plus tard, à la réception chez les Lucas, que Darcy commence à observer Élisabeth, (chapitre 6)
  8. C'est à dire que le spectateur est invité à la voir par les yeux de Darcy, comme il la voit.
  9. cela est évident dans la scène à Pemberley au cinquième épisode, très étoffée par rapport au récit du chapitre 3 du volume III (ch 45)
  10. Un peu racourcie par rapport au texte , Volume II, chapitre 11(ou Ch 34)
  11. C'est le terme employé dans The Making of Pride & Prejudice de Sue Birtwisle & Susie Conklin (op.cit.) pour mettre en évidence cette action quasi héroïque de Darcy, s'élançant à la poursuite de l'homme qui a failli ruiner la réputation de sa sœur l'année précédente, l'achetant en quelque sorte, en payant son brevet d'officier et la dot de Lydia, et cela par amour pour Elisabeth - sachant que s'il épouse Élisabeth, cet homme honni deviendra son beau frère !
  12. Livre III, chapitres 17 et 18 (ou ch 59 et 60)
  13. "A bref respite from duty and from the tumult of his tormented and unhappy feelings" The Making of P & P p 5
  14. C'est bien ce qu'il est dans le roman, dont la dernière phrase de l'avant dernier chapitre dit :"Élisabeth pensait avec délice au moment où ils pourraient quitter une société qui leur plaisait si peu à l'un comme à l'autre, pour aller jouir du confort et de l'élégance de Pemberley, dans l'intimité de leur vie familiale"
  15. dans le roman, c'est au chapitre 1 du Volume II, (ou ch 24) et p 133 dans l'Edition Penguin classics 2003 ISBN 978-0-14-143951-8

Voir aussi

Lien externe

(fr+en) Orgueil et préjugés sur l’Internet Movie Database

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