Orgue de cinéma

Orgue de cinéma
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Console d'orgue de cinéma

L'orgue de théâtre ou orgue de cinéma est un instrument de musique de la famille des orgues à tuyaux, largement développé à partir de la fin du XIXe siècle que l'on trouvait et que l'on trouve encore quelques fois dans les théâtres et les grandes salles de cinéma pour accompagner les films muets, mais aussi la danse, la chanson, la musique d'ambiance pendant les entractes et autres manifestations sociales, le divertissement et le concert.

Il n'est pas synonyme d'orgue de variété, ce dernier étant généralement électronique et pourvu d'une section rythmique automatique. Sur l'orgue de théâtre, l'organiste doit tout faire avec ses mains et ses pieds.

L'origine de cet instrument est le « orchestral organ » de Robert Hope-Jones conçu vers 1890. Le but était d'imiter les timbres des instruments d'orchestre, aligner le son de l'orgue sur ce dernier. On y trouve donc le témoignage d'un concept d'orgue très différent de l'orgue d'église et de concert classique.

Sommaire

Caractéristiques de l'orgue de théâtre

  1. L'orgue de cinéma est le plus souvent un orgue en salle. Les tuyaux sont enfermés dans des pièces en dur, lui conférant une sonorité sèche. Ces salles sont le plus souvent placées de part et d'autre de la scène / de l'écran.
  2. Les tuyaux cachés : L'orgue de théâtre n'a pas de tuyaux visibles en façade ni de tuyaux à ciel ouvert. Tous les tuyaux sont enfermés dans des boîtes expressives appelées "chambres" et quel que soit le nombre de rangs de tuyaux, ils sont tous expressifs. Il y a autant de "chambres" que la place dans le local le permet, au minimum deux chambres[1]. Généralement la chambre principale (main chamber) contient les tuyaux de pédale. La décoration des ouvertures visibles des chambres sont laissées libres à la guise du décorateur du cinéma. Seule la console est l'élément visible au public.
  3. Les divisions : Un orgue de théâtre aura, au minimum 2 claviers, un Solo et un Accompagnement. Les claviers ne correspondent pas aux chambres, mais contiennent chacun des jeux des deux (ou plus) chambres[2]. Le clavier d'accompagnement aura tous les jeux en 16' 8' et 4', et peu de 2'2/3 et 2', sauf les tibias. Le clavier de solo aura tous les jeux de 8' et les tibias sur toute l'étendue (de 16' à 1').
  4. Les trémolos : sur l'orgue de théâtre, les trémolos sont rapides et profonds, et chaque famille de jeux a son trémolo. Il peut même y en avoir plusieurs (un lent et un rapide) ou bien un trémolo réglable (en vitesse et en amplitude) pour un même rang. Il peut y avoir aisément six trémolos différents et plus. L'usage des trémolos est indispensable : il permet d'imiter les vibratos des instrumentistes de l'orchestre et de compenser la sécheresse de l'acoustique.
  5. Le rôle musical de l'orgue de cinéma, fondé sur le principe de l'orchestre donne aux claviers une dimension différente : chaque clavier a le rôle de mettre à disposition de l'organiste des sonorités différentes pour changer rapidement et combiner ces sonorités à son gré, comme le fait un compositeur avec un orchestre. Le nombre de claviers décide donc de l'ergonomie de l'orgue et est relativement indépendant du nombre de rangs (on rencontre par exemple une console à cinq claviers sur un orgue de neuf rangs). Le plus souvent, les claviers sont munis d'un second jeu de contacts en fin de course, le second-touch, qui permet à l'organiste d'ajouter des jeux à une note déjà enfoncée. Certains orgues plus petit recoivent un piano dans tout son ambitus au premier clavier, que l'on nomme piano-style. Le plus souvent, le clavier de piano est alors divisé en basses et dessus.
  6. Le combinateur est un élément indispensable de l'orgue de cinéma, puisqu'il permet de changer très rapidement de sonorités préprogrammées. Il est conçu à l'américaine, c'est-à-dire que chaque combinaison s'applique uniquement à un clavier. Il contient aussi des pistons réversibles (ajout et retrait des jeux contenus dans le piston à la registration actuelle) et bien entendu des pistons généraux.
  7. Quasiment toujours, l'orgue de théâtre est à traction electro-pneumatique, ce qui permet d'avoir une rapidité de jeu fulgurante et est rendu nécessaire par le grand nombre d'extensions (utilisation mutliple d'un même jeu), situation ingérable par une traction mécanique.
  8. Les orgue de théâtre sont généralement à haute pression, de 5 pouces (120 mmCE) pour les Vox humana à 30 pouces (680 mmCE) pour les tubas. Cela ajoute encore à la rapidité d'établissement du son.
  9. Les jeux sont sensiblement différents de ceux de l'orgue classique. Alors que l'orgue classique se fonde sur les principaux (le plein-jeu), l'orgue de théâtre se fonde sur les tibias (jeux intermédiaires entre la flûte et le bourdon, mais beaucoup plus forts) qui sont cependant étagés comme l'orgue classique (16 - 8 - 5 1/3 - 4 - 2 2/3 - 2 - 1 3/5 - 1 1/3 - 1). Cet étagement est obtenu uniquement par extension d'un même rang, les quintes (5 1/3, 2 2/3, 1 1/3) et les tierces (3 1/5, 1 3/5) sont donc harmoniquement fausses puisque tempérées, contrairement à l'orgue classique où les mutations sont justes. Ceci n'est d'ailleurs guère génant, puisqu'au tibia manque quasiment toutes les harmoniques, et que par ailleurs ce jeu est traditionnellement joué et même accordé avec son trémolo.
  10. Les anches sont typées, beaucoup plus orchestrales et variées que les anches de l'orgue classique. Les jeux d'anches imitatifs de l'instrument réel portent le préfixe Orchestral. On trouve couramment Clarinette, Orchestral clarinet, Orchestral oboe, Trombone, Tuba, Bugle, Trompette, Hautbois, Cor, Orchestral horn, Post Horn (Clairon postal), Saxophone, Vox humana, Orchestral flûte... C'est jeux d'anches utilisent couramment les diaphones, inventions de Robert Hope-Jones, avec ou sans ce nom, puisque la mise en ouvre du principe du diaphone permet l'utilisation plus facile des hautes pressions et la différenciation des timbres des anches.
  11. À part l'étagement harmonique des Tibias, il n'y a pas de mixtures, mais surtout une profusion de rangs étendus en 16, 8 et 4 pieds. Un grand nombre de ses timbres se retrouve dans l'orgue de barbarie (violons, trombone). Mais l'ensemble (chorus) ressemble assez peu à l'orgue symphonique classique. L'orgue de théâtre est donc plus proche de l'orgue de foire (automatique) que de l'orgue d'église.
  12. La quasi-totalité des orgues de cinéma contiennent au moins une percussion tonale (vibraphone, carillon, xylophone, célesta, chrysoglotte (son de boite à musique), piano)
  13. Dans la majorité des orgues de théâtre on trouve toujours une section de percussions et autres accessoires (Toys) : cymbales, grèle, caisse claire, grosse caisse, charleston, triangle, woodblock… Vous y trouvez aussi un klaxon, une sirène de bateau, le bruit de la mer, l'effet d'orage, les sabots de chevaux, tous commandés par des boutons indépendants à la console et trahissant le rôle premier de cet orgue : la sonorisation des films muets. Ces accessoires étaient indispensables pour sonoriser les films muets de l'époque.
  14. Utilisation de métaux nobles pour les tuyaux: étain très épais (quelquefois 5mm! pour un 8') et notamment cuivre et laiton rarissime dans l'orgue classique.
  15. Profusion des jeux "célestes", c'est-à-dire des rangs doublés et légèrement désaccordés pour produire un effet de chorus : flûtes célestes, gambes célestes (strings), etc.

Répertoire

L'orgue de théâtre est avant tout un instrument cherchant à imiter l'orchestre. On y joue donc le répertoire qui lui est propre, essentiellement improvisé : variété, cinéma, beaucoup de transcriptions et du jazz. Du fait de sa ressemblance timbrale avec l'orgue romantique, il n'est pas interdit d'y jouer Franck ou Vierne, à la rigueur Widor. L'on peut aussi tout à fait s'essayer à interpréter Lefébure-Wely. Le célèbre Virgil Fox y a même osé du Bach, mais le résultat est discutable.

Console

Console de l'orgue Barton (13 rangs) du théatre Ann Arbor's Michigan Theatre

La console typique de l'orgue de théâtre en forme de fer à cheval (horse shoe), souvent décorée à l'excès avec des moulures dorées style rococo, boîte à bonbon lumineuse… La sobriété est interdite. L'appel des jeux se fait dans tous les cas avec des langues de chat et un indispensable combinateur. Chaque langue de chat est réalisée dans une couleur propre à la famille de jeux (fonds, anches, strings, percussions) et possède un signe distinctif (un point de couleur généralement) qui indique dans quelle chambre est situé le jeu (Main, Solo...) ainsi un diaphone de solo est différencié d'un diaphone de Main. C'est important pour que l'organiste utilise la bonne pédale d'expression pour faire varier ses jeux. Les trémolos sont repèrés pour chaque rang: Tibia tremolo, clarinet tremolo, vox tremolo...

La console de l'orgue de cinéma est souvent doté d'un second siège, le Howard-Seat (La chaise Howard), qui permet au public de suivre plus aisément le jeu des pieds. Cette console est placée fréquemment sur un podium placé sous la scène. La console montée sur la scène alors que l'organiste joue est un effet courant.

Construction

L'apogée de l'orgue de théâtre se situe dans la première moitié du XXe siècle. C'est l'époque où l'on maîtrise bien la traction électro-pneumatique ce qui a été l'élément déterminant pour favoriser l'inventivité et l'imagination des facteurs. Un des fondements de cet orgue est que l'on parle en rangs et non plus en jeux : un rang permet d'avoir plusieurs registres selon le système unit. On a donc beaucoup moins de rangs réels que de jeux disponibles à la console. Par exemple, l'étagement harmonique des Tibias ou Tibias clausa peut n'être qu'une série de reprises sur un seul rang pouvant compter jusqu'à 105 tuyaux et couvrant ainsi toute la tessiture du 16 au 1 pied.

Il en est de même pour les anches qui, en ravalant simplement de 12 tuyaux dans le grave et dans l'aigu, peuvent ainsi être déclinés en 16, 8 et 4 pieds. Le style musical de l'orgue de théâtre n'est pas affecté par ces reprises puisqu'on y fait plus entendre de la musique homophonique que polyphonique. La forme des pièces les plus typique consiste en une pompe (basse et accompagnement main gauche) qui soutient une mélodie (main droite). Il n'y a théoriquement aucune doublure d'octave qui pourrait faire entendre les « trous ». Les improvisateurs prennent en compte cette caractéristique lorsqu'ils développent d'autres formes (mélodie à la main gauche par exemple).

Claviers particuliers

Très souvent, on trouve au moins un clavier équipé du Second Touch (double enfoncement permettant un renforcement de registration par l'ajout d'un ou plusieurs jeux, suivant que l'on joue avec un appui normal ou un appui plus fort). Il s'agit d'un système électro-mécanique très ingénieux que l'on retrouvera par la suite dans les claviers modernes des synthétiseurs sous le nom d'« after touch ». Il permet donc soit un sforzando sur une / des notes déjà jouées, soit un jeu plus fort en actionnant directement la second touch.

Par ailleurs, la construction des claviers permet des effets plus courants sur ce type d'orgue comme les glissandi.

Un orgue de cinema est généralement constitué de la manière suivante ...

2 chambres expressives (l'une dite accompagnement, l'autre solo) avec la disposition suivante :

Section Accompagnement :

  • Principal (16-8-4-2 et mutations ; la basse est un diaphone à l'attaque particulièrement nette et précise...)
  • Flûte (ouverte 16 à 2 ou 1 avec parfois des mutations)
  • Gambe (16-8-4 le plus souvent)
  • Céleste (8-4)
  • Une anche douce type clarinette (8 ou 8 à 4)
  • percussions tonales (célesta, clochettes, etc.)

Section Solo :

  • Tibia (bourdon très puissant 16-8-4 parfois 2)
  • Voix humaines
  • Tubas (16-8-4)
  • Saxophones, Trompettes, Horn, etc.
  • ètagère à joujoux (toys-counter)

La pédale reprend généralement les basses 16-8 des divers rangs, et permet d'actionner des percussions telles que tambours, grosse caisse ou cymbale.

L'orgue de cinéma a de deux à cinq claviers et de deux (!) à plusieurs dizaines de rangs (voire 70 rangs). Les petits orgues de cinéma commencent cependant avec environ 6 rang.

Parenté et filiation

L'orgue de cinéma ne fut pas construit systématiquement dans les cinémas muets. Le piano y était probablement plus souvent l'instrument de prédilection. Un instrument à cheval entre ces deux instruments fut le Photoplayer, piano automatique pourvu de deux mécaniques à rouleaux qui permettait de changer l'un d'eux pendant que l'autre jouait. Ce dernier était pourvu d'effets comme cloches, tambours et sirènes qu'il fallait le plus souvent activer à la main.

Dès les années 1930 nait un parent dont le son se rapproche beaucoup, au moins la parenté entre les tibias et le son de l'orgue Hammond est assez évidente. L'orgue de variétés (à pédalier court et claviers réduits et décalés) fut une variante électronique dans les années 60 et 70, Wurlitzer le produisant aussi. Quelques fabriquants d'orgues digitales produisent quelques modèles d'orgue de cinéma ; enfin, l'ordinateur permet la production d'orgues virtuels dédiés à l'orgue de cinéma comme le Miditzer.

Noms célèbres

Les organistes

Les têtes d'affiche de l'orgue de cinéma : John Atwell - Charlie Balogh - Knight Barnett - Dan Bellomy - Jesse Crawford - Tommy Desserre - Ken Double - Jelani Eddington - Tony Fenelon - Paul Fitzgerald - Virgil Fox - John Giacchi - Simon Gledhill - Ryan Heggie - Dennis James - Neil Jensen - David Johnston - Jean-Philippe Le Trévou - Lance Luce - Kylie Mallett - Chris Mcphee - Jonas Nordwall - Chris Powell - Jim Riggs - Rosa Rio - Patti Simon - Walt Strony - Ray Thornley - Brett Valliant - Lew Williams - Clark Wilson - Reginald Dixon - Sydney Torch - Phil Kelsall - Robert Wolfe - Nigel Ogden - Leon Berry - Ronald Curtis - George Wright - Rob Richards - Quentin Maclean - Bernard Dargassies...

Peu d'organistes, comme Virgil Fox, Quentin Maclean, Jack Moelmann, Dr Carol Williams et Bernard Dargassies, appartiennent notoirement aux "deux mondes", mais Marcel Dupré, Pierre Cochereau et Jean Guillou ont donné des concerts sur de tels instruments lors de leurs tournées aux États-Unis.

Les facteurs

Rudolph Wurlitzer Company, John Compton, Morton, Christie, Barton, Welte

Notes

  1. Certains instruments neufs, à usage privé, ou reconstruits, possèdent une unique chambre.
  2. Cela est rendu possible grace au système Unit: les jeux sont placés sur un vent unique, une simple boite faisant office de sommier, chaque tuyau est commandé individuellement

Articles connexes

Liens externes

  • Weltefreunde Orgue de la radio de Hamburg
  • Cinéma Babylon à Berlin Seul orgue d'Europe continentale dans son cínéma d'origine
  • Laukhuff Orgue de cinema de Laukhuff
  • [1] Orgue de cinéma de Bernard Dargassies
  • [2] Orgue de cinema avec console piano-style
  • [3] Orgues Wurlitzer virtuels avec trois modèles gratuits (150, 160c et 216)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Orgue de cinéma de Wikipédia en français (auteurs)

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