Opération Godoria

Opération Godoria

Opération Godoria

Godoria est une opération militaire engagée par les Forces françaises stationnée à Djibouti en 1991.

Sommaire

Forces et secours prépositionnés

Du 23 mai au 13 juin 1991 les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) ont été engagées dans les opérations « Totem » et « Godoria » en Éthiopie et en République de Djibouti. Ces deux opérations totalement différentes dans leur genre ont toutes deux mis en exergue des missions revêtant aussi bien un aspect militaire qu'un aspect humanitaire. Elles ont ainsi montre la nécessité et les capacités opérationnelles des forces interarmées prépositionnées à Djibouti.

Mai 1991, à Addis Abeba tout s'accélère : le colonel Menghistu quitte l'Éthiopie. La rébellion, forte de ce départ, arrive aux portes de la capitale... Assab, le port, est sur le point de tomber !

Le 23 mai à 17 heures, deux MiG-27 des Forces armées éthiopiennes s'annoncent en détresse et se déroutent sur l'aéroport de Djibouti où ils demandent asile. Du 25 au 27 mai, les Forces françaises stationnées à Djibouti et deux avions du TAM (Transport aérien militaire) en renfort évacuent par un pont aérien baptisé « Totem » les ressortissants français d'Addis Abeba et de Dire Dawa. Au total, ce sont 355 personnes et familles de vingt nationalités différentes qui sont évacuées dans des conditions difficiles et précaires.

Le 26 mai ce sont par dizaines que les avions éthiopiens rejoignent l'aéroport d'Ambouli et par milliers que des soldats en armes arrivent aux frontières.

Secours tous azimuts

L'opération « Godoria » débute dans ce contexte où l'action militaire face à des troupes en armes doit s'associer à une action humanitaire à l'égard de 40 000 soldats et civils souffrant de fatigue, de faim et de soif. C'est la caractéristique principale de ce que fut Godoria où marsouins et légionnaires, aviateurs et marins durent affronter des situations parfois difficiles et périlleuses, souvent douloureuses, et où la capacité d'adaptation de tous fut exemplaire.

Fortes de leur expérience et de leur participation à l'évacuation des ressortissants de Mogadiscio en janvier, les FFDJ ont pu se porter au secours des Français d'Éthiopie dans un délai particulièrement bref, remplissant une mission soigneusement étudiée depuis longtemps et qui leur était confiée. Contexte connu, rapports étroits avec l'ambassade de France à Addis Abeba, proximité de lieu, moyens en place, tels sont les atouts majeurs qui ont permis aux FFDJ d'effectuer cette opération très rapidement et de façon optimale.

L'ETOM`88, renforcé pour l'occasion par un C-160 Transall de la Réunion et par un C-130 Hercules d'Orléans, effectua quatre rotations sur Addis Abeba et une sur Dire Dawa pour cette évacuation. Une équipe prépositionnée sur l'aéroport de la capitale avait pour mission d'établir un contact direct avec l'ambassade, d'accueillir les ressortissants, d'organiser leur départ et d'assurer leur sécurité. Arrivées à Djibouti, ces familles ont été accueillies par les différentes formations des FFDJ (Détachement Air 188, bataillon de commandement et de soutien), 5e régiment interarmes d'outre-mer, et 13e demi-brigade de Légion étrangère, et hébergées dans les unités avant leur départ pour la France.

Dans le même temps « Godoria » se déclenche lorsqu'à Doumeira, à l'extrême nord de la République de Djibouti, pénètrent des milliers de réfugiés en armes accompagnés de leur famille. Simultanément de nombreux aéronefs civils et militaires éthiopiens demandent à se poser à Djibouti pendant que quelques bateaux chargés de réfugiés arrivent aux abords de la République de Djibouti.

Dès le 27 matin, les opérations commençaient de toutes part, après que les autorités françaises eurent donné leur accord pour que les FFDJ viennent en aide à la République de Djibouti. Là encore, la rapidité d'action et la connaissance du terrain permettent au 5e RIAOM de porter de l'aide à l'armée nationale djiboutienne au nord pour stopper, dans un premier temps, la progression de ces réfugiés fortement armés dont les intentions étaient initialement mal connues...

La 13e DBLE se porte de son côté sur la frontière ouest de la RDD (République de Djibouti) à Galafi où le flux, un peu plus tardif, n'en est que plus important.

Cette action terrestre est doublée d'une opération en mer et au port où la Marine française prend en compte l'arrivée des bâtiments ayant à leur bord quelques 5 000 réfugiés et des armes nombreuses.

Le plus délicat pour tous reste, dans la première phase, de contrôler et de désarmer ces troupes encore constituées et d'empêcher les réfugiés de pénétrer trop en avant dans la République de Djibouti.

Les bonnes relations entretenues avec l'armée nationale djiboutienne et les contacts noués avec les réfugiés, doublés d'une posture tactique défensive appropriée permettent à tous de très rapidement remplir cette mission. Le Détachement Air, pour sa part, ainsi que l'unité Marine et le DETALAT (Détachement ALAT) participent de manière importante dès le 27 mai au soutien logistique apporté aux FFDJ et à l'acheminement des vivres et moyens nécessaires à la survie des réfugiés. Ils effectuent simultanément de très nombreuses évacuations sanitaires. Les missions opérationnelles ne manquent pas sur la base aérienne d'Ambouli : désarmement délicat des aéronefs (roquettes des Mi-24 notamment), mission de reconnaissance photo sur les frontières et vols de dissuasion dans les zones sensibles où les affrontements semblent possibles.

Deuxième phase

À partir du 28, l'opération entre dans sa deuxième phase sur le terrain : la régulation des trois flux de réfugiés (nord, ouest et maritime) afin de les faire transiter jusqu'aux abords de Ali Sabieh. L'acheminement des denrées nécessaires aux réfugiés commence alors à battre son plein ; les rotations aériennes (C-160 Transall - Puma) et maritimes sont incessantes.

Dans le nord, le 5e RIAOM et l'AND prennent en charge à Moulhoule deux convois de cent véhicules et de 4 500 réfugiés pour les escorter, assurer leur sécurité sur un axe particulièrement difficile et semé d'obstacles (Obock-Tadjourah-route de l'unité) et coordonner leur ravitaillement.

La 13e DBLE à l'Ouest effectue la même mission avec ses quelques 30 000 réfugiés par de nombreuses rotations entre Dikhil et le grand Bara.

Des unités de renfort venues de Daguet sont entre temps arrivées à Djibouti :

  • Le 2e RIMA qui s'installera à Djibouti ville
  • Le 17e RGP qui participera sur les deux axes à la dépollution des zones et à la destruction des munitions dangereuses.

Dès le 30 mai, les deux convois du nord sont remis sous la responsabilité de l'AND en liaison avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. À Dikhil, le travail de régulation se poursuit.

À la fin de la première semaine du mois de juin, dépollution, ratissage des zones, regroupement des matériels lourds, acheminement des armes sur Djibouti sont le lot des FFDJ. Au port, les bateaux continuent à débarquer des réfugiés...

Du 23 mai au 13 juin 1991, 13 000 armes et deux cents tonnes de munitions ont été contrôlées par la gendarmerie et la République de Djibouti et pour une bonne partie détruites par les légionnaires, marsouins et sapeurs des forces terrestres.

Entre temps, le 5 juin, une antenne chirurgicale avancée est acheminée sur Addis Abeba par C-160 pour venir en aide aux hôpitaux éthiopiens lourdement mis à contribution à la suite de l'explosion de dépôts d'hydrocarbures. Treize médecins et hospitaliers sont envoyés par les FFDJ et le BSS (Bâtiment de soutien santé) Rance, arrivé en renfort quelques jours auparavant.

Conclusions

Le 11 juin, le secrétaire d'État à la Défense, Monsieur Melik, vient alors visiter les FFDJ et constater le travail effectué qu'il s'agisse des missions opérationnelles, logistiques ou humanitaires. Il témoigne à tout le personnel son admiration devant l'ampleur de la tache accomplie, parfaitement conscient que les conditions climatiques sont difficiles dans ce territoire où la température avoisine fréquemment les 45 ou 50°C, et que plus de dix litres de boisson sont nécessaires chaque jour.

Que ce soit en mer sur les bateaux ancrés au large de Djibouti, dans les hôpitaux des districts ou sur le terrain au nord et à l'ouest, le service de santé a accompli une tache considérable, soignant, auscultant, pansant, opérant plusieurs milliers de civils et de militaires.

Régiment de soutien des forces, le 10e BCS aura eu pendant cette opération une mission discrète mais primordiale. En base de Djibouti, ses personnels ont conditionné, quinze jours durant, la quasi totalité des vivres acheminés sur le terrain et réceptionné la totalité des armement récupérés. Tous ces moyens auront été mis à contribution soit à son profit soit au profit des autres formations. Le soutien apporte à l'AND et aux réfugiés pour le ravitaillement en eau du convoi nord est à cet égard significatif.

Quant à la prévôté, elle aura été présente dans toutes les actions des FFDJ : accueil des ressortissants venant d'Addis Abeba, escorte de convois de réfugiés, établissement des procès verbaux de prise en compte du matériel récupéré par les autorités djiboutiennes, contrôles des armes et munitions.

Ces deux opérations menées tambour battant pendant trois semaines ont donc mis à contribution la totalité des quelques 3 800 militaires des FFDJ, terriens, marins, aviateurs et gendarmes. Elles ont pu être réalisées dans les meilleures conditions possibles, malgré des contraintes d'environnement importantes, par l'adéquation des moyens prépositionnés à Djibouti, leur connaissance du terrain, leur disponibilité et leur capacité d'adaptation.

Le 13 juin l'opération « Godoria » est achevée, le succès est manifeste. Les autorités djiboutiennes s'en ouvrent officiellement pour remercier la France et les FFDJ...

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