- Opération Caesar
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L'Opération Caesar fut une mission secrète allemande qui se déroula à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son objectif était d'acheminer au Japon, par sous-marin, des réacteurs de Messerschmitt Me 262, du mercure ainsi que des scientifiques allemands et japonais, pour changer le cours de la guerre dans le Pacifique. Le sous-marin concerné était l'U-864, qui partit de Kiel fin 1944 et qui fut coulé le 9 février 1945 par le HMS Venturer au large de l'île de Fedje près de Bergen en Norvège.
Sommaire
L'Opération Caesar
Avec l'avance des troupes alliées et la capture de bases marines et aériennes, les derniers espoirs du régime nazi étaient d'une part les Vergeltungswaffen, armes de représailles telles que le V2, d'autre part l'acheminement des dernières découvertes militaires et technologiques à Penang pour changer le cours de la guerre dans le Pacifique et découvrir le front européen. Cet espoir se traduisit par la mise en place de l'Opération Caesar. Le 5 décembre 1944, l'U-864, sous marin de Type IX, partit du canal de Kiel, dans le Schleswig-Holstein. A son bord, les plans et des réacteurs de Me 262, des scientifiques japonais et allemands, et environ 65 tonnes de mercure réparties en 1 857 flasques d'acier, stockées dans les cales[1]. Sa route devait l'emmener de la Baltique en mer du Nord, pour contourner les îles britanniques puis l'Afrique par le cap de bonne Espérance: le voyage allait donc durer de longs mois, mais l'équipage partait confiant, car l'U-864 n'avait jusqu'alors pas connu d'avaries. Cependant, un échouage accidentel sur le fond de la mer força le capitaine de corvette Ralf-Reimar Wolfram à diriger son vaisseau à Bergen pour effectuer les réparations qui s'imposaient au bunker Bruno. L'opération secrète ayant été décryptée par les alliés et les réparations tardant, un raid fut mené le 12 janvier 1945 par la RAF: 32 Lancasters équipés de bombes Tallboy ainsi qu'un bombardier Mosquito[2].
Article détaillé : Bunker Bruno.La fin de l'U-864
Après son escale forcée à Bergen, l'U-864 repris sa route et se faufila dans le chapelet d'ile du Hordaland, utilisant le chenal naturel situé entre les îles Sotra et Askøy et se terminant par la petite ile de Fedje. Parallèlement l'HMS Venturer, basé à Lerwick, fut envoyé pour sa onzième patrouille à Fedje pour intercepter le sous marin allemand, qui avait déjà quitté Bergen et dépassé l'ile le 6 février. Mais le 8 février, une avarie au moteur tribord força l'U-864 à rebrousser chemin après avoir prévenu de son retour au bunker Bruno. La réponse allemande signala qu'une escorte sera mise à disposition le 10 février près du phare d'Hellisøy, au sud de Fedje. Inhabituellement bruyants, les moteurs diesel de l'U-864 furent détectés aux hydrophones par le Venturer le 9 février. Le Lieutenant James "Jimmy" S. Launders, commandant de bord, avait décidé de ne pas faire utiliser l'ASDIC pour ne pas trahir sa propre position. Plus tard, il remarqua le périscope de l'U-864 qui ne se savait pas encore traqué. Commença alors une attente inhabituelle dans ce genre d'affrontement, où l'équipage britannique attendit 45 minutes que le sous marin adverse fasse surface pour le torpiller. Détectant la présence du Venturer, l'U-864 se dirigea vers Bergen sans attendre son escorte, en zig-zaguant, et donc en se risquant à sortir régulièrement son périscope. Avec ses 22 torpilles, il pouvait aisément prendre le dessus sur les quatre torpilles du sous-marin britannique. Launders passa trois heures à décrypter le schéma de trajectoires de l'U-864 et à 12h12 fit tirer la première torpille. Les trois autres suivront, à un intervalle de 17 secondes chacune, au cours d'une plongée préventive pour éviter une réplique allemande. Détectant la première torpille, l'U-864 plongea pour l'éviter et se mit lui même sur la trajectoire de la quatrième après avoir évité les deux autres. Le sous-marin fut brisé en deux et repose désormais par 150m de fond, quatre kilomètres au large de Fedje, avec ses 73 membres d'équipage. A 12h14 Launders consigna dans le journal de bord une "forte explosion suivie de bruits de casse". C'est la seule fois dans l'histoire de la guerre qu'un sous-marin en coula un autre quand les deux étaient en plongée. Après la guerre le Venturer fut offert à la marine royale norvégienne et renommé KNM Utstein[2].
Une catastrophe écologique
Le seul témoin de l'époque était un jeune de Fedje, Kristoffer Karlsson, alors âgé de douze ans. Si le Venturer rentra sans encombre à Lerwick, l'identité du sous-marin coulé était incertaine. L'épave tomba dans l'oubli mais début 2003 un pêcheur de Fedje ramena dans ses filets une pièce mécanique qui ne laissait aucun doute sur son origine: un sous marin allemand. Très vite on pensa que cette épave pouvait être l'U-864, et on s'inquiéta du fait que si c'était bien celle-ci, alors elle était peut être une véritable bombe à retardement en raison de son chargement de mercure. l'U-864 est l'épave la plus dangereuse des 400 épaves norvégiennes datant de la Seconde Guerre mondiale.
L'épave fut localisée par le KNM Tyr au printemps 2003[3]. Les premières images de l'épave, lors de l'exploration menée par le navire Geobay, montrèrent un sous marin coupé en deux parties séparées de 40 mètres, avec les volets en position de plongée d'urgence [4].
Les flasques sont rouillées et certaines fuient[5]. La première flasque remontée avait perdu jusqu'à 4mm d'épaisseur sur les 5mm d'origine. Plusieurs kilos de mercure se sont répandus dans la mer depuis une vingtaine d'années (4 kilos estimés pour 2006), des traces matérielles ayant été découvertes jusqu'à 300 mètres de l'épave. Le taux de mercure dans la faune avoisinante est supérieur à ceux autorisés et le problème va en s'aggravant [6]. Il est interdit de pêcher dans cette zone.
Le projet d'enlever l'épave a vite été abandonné en raison du risque de briser et répandre toute sa cargaison, et de celui de faire exploser les nombreuses torpilles se trouvant encore à bord. Après trois ans d'études du problème et 6.5 millions de dollars dépensés, le gouvernement norvégien décida de construire un sarcophage de 100 000 mètres cube de sable et de 12 mètres d'épaisseur de béton pour isoler le sous marin sur une surface de 150 mètres de diamètre, comme cela a été fait à Tchernobyl et dans plusieurs endroits dans le monde[7],[8].
En 2006, sous l'impulsion de la NCA (Norwegian Coastal Administration, Kystverket) la zone fut cartographiée et de nouvelles analyses de la coque et de la faune ont eu lieu, pour un coût estimé à 31 millions de couronnes. En 2007 certaines zones polluées autour de l'épave ont été nettoyées et scellées, en attendant les opération finales, toujours en cours de discussion, qui pourraient commencer à l'été 2007[9]. Cependant, en mars de la même année, il a été découvert qu'une partie centrale de l'épave n'a pas été retrouvée et qu'elle est probablement distante des deux autres morceaux, avec une partie de la cargaison de mercure. Certains pensent qu'elle a été volatilisée par l'explosion, tandis que d'autres avancent que les torpilles n'étaient pas assez puissante pour faire autant de dégâts[10],[11].
Filmographie
- U-864, le dernier secret d'Hitler, Marc Brasse, France, 2007, 55 minutes.
- The Hunt for U864, Timewatch, Royaume-Uni, 2007.
Liens internes
Liens externes
Sources
- (en) Article du wikipédia anglais: Operation Caesar
Références
- (no) NRK (avec plan))
- (en) Timewatch, the hunt for U864, 2007
- (en) Uboat.net
- (en) Timesonline
- (en) Kysteverket (photo)
- (en) Naturvern
- (en) CBS News
- (en) BBC (avec schéma)
- (en) Kystverket
- (en) Bergens Tidende (avec plan)
- (no) Uboat.net
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