- Omar Ba
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Omar Ba est un écrivain francophone, né à Thiès au Sénégal. Il se fait connaître en publiant Soif d'Europe, témoignage d'un clandestin, récit qu'il présente comme autobiographique, mais qui semble être une reconstruction romancée de plusieurs vies d'immigrés en France et ailleurs. Auparavant Omar Ba avait écrit en 2006 un brulot contre le régime d'Abdoulaye Wade au Sénégal. Un livre intitulé "Pauvre Sénégal ! Un peuple en otage" dans lequel il fustige, sans mettre de gants, la gestion calamiteuse de ce pays par "une bande d'incompétents". L'ouvrage fut interdit de sortie au Sénégal.
Sommaire
Biographie
Omar Ba naît en 1982 à Thiès au Sénégal[1]. Plus précisément dans un village du nom de Touba Peycouck sis à quelques kilomètres de la deuxième ville du Sénégal. Il y fait ses études dans une école primaire où tous ses enseignants reconnaissent le grand potentiel du jeune garçon[réf. nécessaire]. Ses études secondaires se déroulent respectivement au CEM Diamaguène et au lycée Malick Sy, où il sort major de sa promotion au Baccalauréat. Omar Ba intègre ensuite l'université Gaston Berger de Saint-Louis où il étudie la sociologie, de 2001 à 2003. L’auteur arrive en France avec un visa d'étudiant et suit pendant deux ans des cours de sociologie à l'université de Saint-Étienne[1].
En 2005 il s'inscrit en cycle doctoral de sociologie des médias à l'EHESS. Il se fait connaître en publiant deux livres sur la condition des immigrés africains dans les pays du Nord[1]. Omar Ba fut tour à tour membre puis président du Réseau Action Jeunes. Un collectif de militants stéphanois destiné à défendre le droit des étrangers et des sans-logis. En mars 2005, une grande marche est organisée dans la ville de Saint-Étienne en soutien à Ichem, un jeune marocain violenté par des gardiens de la paix. Ladite marche se termina par une occupation pendant des heures du parvis de l’hôtel de ville stéphanois.
De septembre 2009 à Septembre 2011, Omar Ba officie en tant que correspondant dans l'Agglomération Evry-Centre-Essonne pour le compte l'hebdomadaire Le Républicain[réf. souhaitée]. Omar Ba est le parrain 2011, avec le musicien ivoirien Serges Kassy, de la campagne Pas d'Education, pas d'avenir, coorganisée par la Ligue de l'Enseignement et l'ONG Solidarité Laïque. La campagne est soutenue par le Ministère de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie Associative[réf. souhaitée].
Publications
Son « premier » livre[2], intitulé Soif d'Europe, témoignage d'un clandestin, porte sur les incroyables difficultés que les Africains qui veulent venir s'établir en France doivent endurer en passant par des filières clandestines. Il plaide pour une réflexion plus profonde sur les mesures tendant à limiter l'immigration. Contrairement à ce qui a été révélé çà et là dans la presse ce n'est pas ce livre qui lui valut d'avoir un titre de séjour. Omar Ba était déjà en règle avant de se faire publier (cf. dossier Préfecture de la Loire[réf. souhaitée]).
Le second, Je suis venu, j'ai vu, je n'y crois plus, paru en juin 2009, fait part de son désenchantement en décrivant les grandes souffrances de la vie en Europe pour les Africains, la dureté du climat, la solitude, la tristesse des villes, et leur exploitation comme main d'œuvre à très bas coût dans des conditions pires que l'esclavage. Montrant que l'Europe n'est pas du tout conforme au tableau idyllique qu'en donnent les films, les publicités et les organisateurs de ce qu'on peut appeler une nouvelle traite négrière, il conseille aux Africains de rester chez eux et de mettre en valeur leur propre pays.
Polémique
Des critiques doutant de la véracité des faits décrits par Omar Ba dans Soif d'Europe naissent dès 2008 parmi les internautes sénégalais, provoquant une première enquête menée par l'écrivain Bathie Ngoye Thiam qui conclut à l'imposture face aux nombreuses incohérences de son récit[3],[4] : « un brillant étudiant, sachant qu’il a un bel avenir devant lui, ne laisse pas tomber ses études pour aller risquer sa vie dans la mer. Et puis, comment peut-il abandonner ses études pendant plus de trois ans à essayer de se rendre en France, puis retourner au Sénégal et obtenir une bourse ? »
Après la parution de son deuxième livre en 2009, un journaliste du Monde, Benoît Hopquin, relaie l'enquête de Bathie Ngoye Thiam et met en évidence dans la biographie d'Omar Ba des invraisemblances permettant de mettre en doute le sérieux de ses propos[4] :
« Les descriptions des lieux, les noms des rues, les situations, en Libye, sur l'île italienne de Lampedusa, autour de l'enclave espagnole de Melilla, à Madrid, aux îles Canaries ou à Paris ne collent pas. Certains centres de rétention administrative n'existaient même pas au moment où il est censé les avoir fréquentés. La présentation des procédures espagnoles ou italiennes est fausse. [...] A l'aller, il aurait convoyé une voiture, embarqué à Marseille et débarqué au Maroc. Cette liaison maritime n'existe pas, assure-t-on au Port autonome de Marseille. »
En effet, son périple en Afrique se déroulerait en 2000 et 2002, date à laquelle il était étudiant à Saint-Louis selon ses camarades de l'époque[1]. Omar Ba reconnait que les dates sont fausses, mais précise que son récit est vrai et ce serait déroulé entre avril et décembre 2006, sur huit mois et non trois ans, bien que des témoins affirment l'avoir vu à Paris à cette époque[1] :
« Le dossier d'Omar Ba à l'EHESS contredit sa nouvelle histoire. L'étudiant était bien inscrit en 2005, avec des papiers parfaitement en règle. Il s'y est surtout fait remarquer par ses absences, conduisant sa directrice d'études à interrompre la collaboration. A l'automne 2006, alors qu'il était censé crapahuter comme clandestin loin de la France, il faisait le siège de l'EHESS, à Paris, pour obtenir sa réinscription. Il a alors fourni de fausses attestations et l'école l'a radié. Une restauratrice francilienne, qui a employé l'étudiant comme extra, assure également que son employé avait des papiers en bonne et due forme à cette époque. »
En réaction, les éditions du Cygne qui ont publié Soif d'Europe font part de la « supercherie » de l'auteur sur leur site en précisant que « le témoignage d'Omar Ba Soif d'Europe est (au moins en partie) une affabulation. Notre auteur, Omar Ba, n'a pas vécu une partie des événements décrits dans ce récit ». Elles déplorent également que leur « relation de confiance soit salie par la découverte de sa supercherie »[5].
Dans une lettre adressée au Parisien, Omar Ba finit par avouer : « J'ai arrangé ma biographie parce que je pensais que cela aurait plus d'impact. Mon témoignage ne repose pas uniquement sur des événements que j'ai vécus personnellement mais aussi sur des drames vécus par d'autres, des anonymes dont la voix est trop souvent tue ». Il assure « regretter amèrement aujourd'hui ce choix »[6].
Œuvres
- Pauvre Sénégal ! Une peuple en otage, Le Manuscrit, 2006, 200 p.
- Soif d’Europe, témoignage d’un clandestin, éditions du Cygne, 2008, 134 p.
- Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus, Max Milo éditions, 2009, 256 p.
- N'émigrez pas ! L'Europe est un mythe, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2010, 256 p.
Notes et références
- Contre-enquête sur un affabulateur » sur Le Monde. Mis en ligne le 7 juillet 2009, consulté le 15 juillet 2009 Benoît Hopquin, «
- Selon Bathie Ngoye Thiam, ce serait en fait son troisième livre (voir plus bas)
- « Soif d’Europe » : L'imposture d’un immigré » sur Afriqu'Echos Magazine. Mis en ligne le 16 juillet 2008, consulté le 15 juillet 2009 Bathie Ngoye Thiam, «
- Un "imposteur" repéré par la diaspora sénégalaise » sur Le Monde. Mis en ligne le 7 juillet 2009, consulté le 15 juillet 2009 Benoît Hopquin, «
- Omar Ba sur Éditions du Cygne. Mis en ligne le 7 juillet 2009, consulté le 16 juillet 2009
- Omar Ba, ex-sans-papiers : « J'ai arrangé ma biographie » » sur Le Parisien. Mis en ligne le 17 juillet 2009, consulté le 18 juillet 2009 Julien Heyligen, «
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