- Oeuvre protection des enfants et de la jeunesse
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Œuvre de protection des enfants juifs
Originellement l'OPEJ est l'œuvre de Protection des Enfants Juifs.
L'OPEJ a été créée pour venir en aide aux enfants cachés pendant la guerre d'où son nom. Aujourd'hui certains documents font état d'« œuvre de Protection de l'enfance et de la jeunesse ». Il s'agit aujourd'hui d'une association d'intérêt public reconnue par le conseil d'État, qui œuvre en direction de l'ensemble de la jeunesse de France.
Ses actions sont principalement des actions d'éducation spécialisée et de protection de l'enfance. De fait, cette association mène une action de protection de l'enfance et de la jeunesse, et d'utilité publique. Elle bénéficie d'une Reconnaissance d'utilité publique depuis 1951. Elle est par ailleurs habilitée à ester en justice dans l'intérêt des enfants ou pour défendre leur cause.
Sommaire
- 1 Contexte historique
- 2 Une philosophie éducative
- 3 Les structures d'accueil et de prise en charge
- 4 Références
- 5 Voir aussi
Contexte historique
Dans les années 1940, l'administration française et l'application de la législation antisémite, livrent en 1942 aux Allemands les Juifs étrangers des camps d'internement. Elle contribue à en envoyer plusieurs dizaines de milliers à la mort dans les camps d'extermination via le camp de transit de Drancy.
Entre 1942 et 1943, dans la clandestinité, des groupes de résistants favorisent la création du S.E.R.E. (Service d'Évacuation et de Regroupement d'Enfants). En septembre 1943 l'ensemble du territoire est sous contrôle allemand, y compris l'ancienne zone d'occupation italienne, où les Juifs étaient jusqu'alors épargnés. L'administration nazie prend davantage en charge la traque des Juifs, pendant que Vichy doit composer avec une opinion de plus en plus réticente face aux persécutions et que la Résistance juive se structure. Mais la Milice continue d'arrêter ou d'assassiner sur place, et rien n'interrompt le rythme des convois, dont le dernier quitte le camp de Drancy le 31 juillet 1944.
Dès septembre 1944, L'OPEJ succède au S.E.R.E., et les enfants sont regroupés dans des Maisons d'Enfants de Déportés, créées à leur intention. En juin 1945, l'OPEJ se constitue en Association (Loi 1901). Sa mission essentielle consiste alors à sauver des enfants juifs dont les parents avaient été déportés ou avaient disparu. Ces enfants menacés d'arrestation et de déportation, sont mis à l'abri dans des familles et institutions non juives.
L'histoire raconte que à « la libération de Toulouse, Jean Brauman oblige les prisonniers allemands à nettoyer la villa où siégeait la Kommandantur afin d’y installer un home d’enfants, le « Château » où prendra naissance l’OPEJ »[1].
Par nature, l'Œuvre n'avait cessé d'être un baromètre de la vie juive. Les événements qui marquent la communauté juive en France et dans le monde, auront évidemment des répercussions dans les Maisons d'Enfants de l'OPEJ : la révolution en Hongrie, la crise de Suez et les événements dans les pays d'Afrique du Nord et du pourtour méditerranéen conduisent l'OPEJ à accueillir dans ses établissements des enfants réfugiés, désemparés.
Depuis plus de 50 ans, des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes ont trouvé à l'OPEJ l'éducation, le réconfort et la protection qui ont facilité leur intégration dans la société.
L'OPEJ, ses institutions, ont évolué avec les mutations sociologiques de la communauté juive de France. Évolution de la population, mais aussi bien sûr, évolution des structures et des modes de prise en charge, liés à l'évolution de la législation sociale.
Des années 1990 aux années 2000 l'OPEJ a connu une mutation profonde.
Il s'agit aujourd'hui d'une association d'intérêt public reconnue par le conseil d'État, qui œuvre en direction de l'ensemble de la jeunesse du pays.
Une philosophie éducative
L’OPEJ a pratiqué à temps l’ouverture nécessaire en offrant au plus grand nombre des valeurs et en accueillant des enfants et des jeunes de toutes origines culturelles et cultuelles. L'OPEJ a comme concept-clef de sa philosophie éducative : « Le personnalisme communautaire ».
Le personnalisme communautaire
Les personnalistes ont l'ambition, pour remédier à cette « crise de l'homme au XXe siècle, et XXI », de susciter une « révolution spirituelle », transformant simultanément les choses et les hommes, qui devait trouver son inspiration philosophique dans une conception « personnaliste » de l'homme et de ses rapports avec la nature et la société, et se traduire par la construction d'un nouvel ordre, au delà de l'individualisme et du collectivisme, orienté vers une organisation « fédéraliste », « personnaliste et communautaire » des rapports sociaux.
Article détaillé : personnalisme.Le personnalisme est un courant d'idées recherchant une troisième voie humaniste entre le capitalisme libéral et le marxisme. Il aura une influence importante sur les milieux intellectuels et politiques français des années 1930 aux années 1950.
« Personnalisme communautaire » mais que l'on s'entende sur ce terme il s'agit là de communauté au sens de « communauté humaine » et ne renvoie aucunement au « communautarisme » ou « spécifiquement à l'identité juive ». Il s'agit donc tout bonnement de ce concept de la philosophie aristotélicienne. Concept qui nous dit que l'« on est homme ou femme que par le groupe, le groupe n'est groupe que par ce qu'il est composé d'hommes et de femmes » et que « l’individu n'est supérieur en rien au groupe, le groupe n'étant supérieur en rien à l'individu ».
La protection des individus
Les statuts de l’OPEJ indiquent que pendant des dizaines d’années (60 ans), elle a servi de refuge à des enfants et des jeunes victimes de persécutions raciales ou politiques, ainsi qu’à des enfants de familles transplantées qui ont quitté leur pays d’origine dans la perspective de s’installer en France.
Cette préoccupation « de l'individu » et « du groupe » s'inscrit dans une histoire particulière et en cela l'OPEJ est spécifique. Historiquement des hommes et des femmes ont été « interpellés » et évidemment plus qu'intellectuellement sur cette question puisque certains membres de l'OPEJ sont d'anciens déportés. Ce qui explique le « J » de juif. Mais que l'on ne s'y trompe pas ce n'est pas un repli mais bien une ouverture. L'OPEJ est pour TOUS ces acteurs un renoncement à un « repli sur la douleur », à un « communautarisme » ou à « l'oubli » et le choix de s'ouvrir fort de sa compréhension et de ses connaissances de « phénomènes tant sociétaux qu'individuels », en intervenant dans divers activités dont la prévention spécialisée auprès de tous et en particulier auprès des enfants et des adolescents.
Dans son premier article, les statuts précisent qu’aujourd’hui l’OPEJ a pour but de venir en aide à des enfants, des adolescents et des jeunes en difficulté, notamment ceux considérés comme mineurs en danger, conformément aux dispositions légales et réglementaires relatives à la Protection de l’Enfance en Danger.
Les structures d'accueil et de prise en charge
La prévention spécialisée à l'OPEJ
Article détaillé : prévention spécialisée.L'OPEJ a été conventionnée pour un club de prévention spécialisée dans le 19e arrondissement de Paris placé sous l'autorité publique du département de Paris, ainsi que pour deux autres clubs de prévention : l'un à Sarcelles et l'autre à Garges-les-Gonesse, placés tout deux, sous l'autorité publique du département du Val-d'Oise.
Dans le cadre de cette activité, l'OPEJ est membre du CNLAPS[2].
La prévention est basée sur la libre adhésion et le respect de l'anonymat ; cette action éducative de prévention est menée par des équipes professionnelles et pluridisciplinaires (éducateurs, psychologues, assistants sociaux, animateurs). Ils interviennent auprès d'enfants, d'adolescents et de jeunes en difficulté personnelle, familiale, sociale ou professionnelle. Les jeunes en rupture, en situation de marginalité ou d'isolement sont l'objet de toutes leurs préoccupations. La relation individuelle est un élément facilitateur qui permet d'élaborer un projet avec le jeune. Les équipes éducatives interviennent également sur des problèmes tels que l'échec scolaire, le chômage, la délinquance ou la toxicomanie.
Le Club du Canal : le club de prévention spécialisée de l'Opej dans le 19e arrondissement de Paris
« Le Club du Canal » est le nom du service travaillant dans le cadre d'une mission de service public de protection de l'enfance confiée par le département de Paris à l'OPEJ dans le 19e arrondissement de Paris. Ce service doit son nom à son secteur d'intervention proche du canal de l'Ourcq.
En plus des projets d'accompagnement individuels et des projets collectifs habituels à un club de prévention spécialisée classique, centré sur le travail de rue, ce service s'est fait connaître au début des années 2000, pour avoir travailler autour de l'écriture et de l'expression des jeunes des quartiers populaires.
- Un atelier a vu le jour suite à « l’idée, lancée un jour à de jeunes adolescents d’un quartier difficile de Paris, comme une boutade par l’animatrice de l’atelier écriture et l’équipe éducative d’un club de prévention spécialisée, de continuer à écrire au cœur du désert, n’est pas restée lettre morte. Mémoire, ressourcement culturel, identité, et au final pacification avec le milieu scolaire sont les étoiles filantes qui accompagneront bientôt ces « Touaregs » de l’urbain sur les traces de Théodore Mono »[3].
- Un travail sur la langage des jeunes a vu le jour : « C’est un langage à prendre en considération tout comme le savoyard, le breton ou le corse, n’hésitent pas à plaider des spécialistes. Pour d’autres observateurs ce parler est au contraire une machine à exclure supplémentaire qui ne fait que refermer un peu plus le ghetto sur les jeunes des quartiers. Pour tous en tout cas le phénomène existe. Et il faut au moins le respecter, le comprendre et s’en occuper »[4].
- Un atelier musique : Que ce soit dans les quartiers comme celui de la Goutte d’Or, dans un club de prévention quelque part dans Paris, ou bien auprès de jeunes autistes, ou encore au chevet d’enfants dans le coma, la musique apporte le calme, la joie, la sérénité, le réconfort, du bonheur tout simplement et des soins très concrèts. In Ed. Lien social, Publication n° 670 du 19 juin 2003 - Thèmes : Souffrance, Musique, Quand la musique fait lien : Lise Nathanson, coordinatrice de l’équipe de prévention spécialisée du Canal, dans le XIXe arrondissement de Paris (OPEJ), évoque son expérience d’un atelier musical avec des pré-ados et des adolescents. Si le rap, qui est un combat social, a sa place dans l’atelier, il est indispensable de leur révéler qu’il existe autre chose et qu’ils peuvent réussir ensemble un spectacle de qualité. Une reconnaissance extrêmement gratifiante pour ces jeunes[5].
À partir des années suivantes jusqu'en 2008, ce service a développé et intensifié une approche particulière des collèges.
- Une intervention au cœur des colléges. Ce service ne travaille plus uniquement autour des établissements et simplement en lien avec un C.P.Eou une assistante sociale scolaire. Il participe de deux actions menées au cœur même des établissements du 19e arrondissement parisien[6].
Le club de Garges : le club de prévention spécialisée de l'OPEJ à Garges-les-Gonesses
Le club de Garges s'est fait connaitre pour son travail en réseau dans les années 2000. Depuis une petite quinzaine d’années, les intervenants de diverses institutions médico-sociales d’un même département du 92 (France) se réunissent mensuellement et se coordonnent. Il s’agit de mettre en place des actions communes en direction des usagers. Un exemple de travail en réseau.
« Il y a 14 ans dans le Val-d’Oise à Soisy-sous-Montmorency, le personnel du centre Imagine [lire encadré], qui apportait des soins aux personnes toxicomanes, a senti la nécessité de s’ouvrir aux autres gens de terrain, aux professionnels concernés par les problématiques de prévention et de marginalisation. Les éducateurs des clubs de prévention de Garges-les-Gonesses dans le Val-d’Oise également — comme l’Œuvre de protection de l’enfance et de la jeunesse (OPEJ) — ressentaient la nécessité de travailler avec des spécialistes en toxicomanie. L’idée de créer un réseau autour de l’usager est ainsi née. Le réseau a un nom, l’Intergargeoise, mais malgré ses 14 années d’existence il n’a pas de statut juridique, et pourtant il est reconnu par les partenaires sociaux et par la ville qui le soutiennent dans ses projets. Les contacts (adresse, réunions, infos) sont assurés par Christine Lautran-Davoux, psychiatre et Franky Struyve, cadre-infirmier, tous deux employés à Imagine. » in Ed.Lien social; Numéro 647, Le travail en réseau dans le Val-d’Oise, Toulouse, 19 décembre 2002.
Le club de Sarcelles : le club de Prévention spécialisé de l'OPEJ à Sarcelles
Un Service d'Action Educative en Milieu Ouvert (A.E.M.O.)
Article détaillé : AEMO.L'AEMO est une mesure judiciaire civile (ordonnée par le Juge des Enfants) au bénéfice d'un ou de plusieurs enfants d'une même famille. Elle consiste en l'intervention à domicile d'un travailleur social pour une durée variable (de 6 mois à 2 ans renouvelable jusqu'au 18 ans de l'enfant).
Une AEMO s'inscrit dans le domaine plus large de l'enfance en danger. Il s'agit pour le travailleur social (éducateur spécialisé ou assistant social) de supprimer la notion de danger par une action éducative directement dans la famille (dans le cas d'un danger latent), ou bien dans le cadre d'une protection hors famille (dans le cas d'un danger patent).
Le travailleur social référent de la mesure peut être amené à rencontrer toutes les personnes en contact direct avec l'enfant (Instituteurs, médecins, animateurs, assistante sociale etc) afin d'étayer son travail et accéder à une vision globale du contexte de vie de l'enfant. Il doit avant tout en avertir la famille et tenter d'obtenir son accord.
À l'échéance de la mesure, le travailleur social rédige un rapport au juge des enfants afin de rendre compte de son action. Le Juge convoque la famille et le travailleur social réfèrent en audience de cabinet afin de décider de la suite à donner à cette mesure: renouvellement ou main-levée.
Une mesure d'AEMO s'impose à la famille (elle peut faire appel de la décision), mais il s'agit avant tout d'un travail de confiance qui doit s'établir entre la famille et le travailleur social, et ce, dans l'intérêt de ou des enfants.
Ce Service a été créé en 1974 à la demande des travailleurs sociaux de Gorges-lès-Gonesse et de Sarcelles. Il bénéficie d'un agrément de l'Aide Sociale à l'Enfance et de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Le travail de l'AEMO consiste à un accompagnement éducatif et psychologique au sein de la famille. Une équipe de travailleurs sociaux, mandatés par les pouvoirs publics, intervient à leur demande ou sur la sollicitation d'autres institutions, auprès d'enfants et d'adolescents qui vivent dans leur milieu familial. Ce service d'AEMO est situé à Gorges-lès-Gonesse mais intervient également auprès d'enfants et de familles de Paris et des départements limitrophes.
Des maisons d'enfant
Maison d'Enfants OPEJ à Rueil-Malmaison
Maison d'Enfants OPEJ à Château de Maubuisson
Maison des familles et des cultures
La Maison des familles et des cultures a été créée en 2003 par l'OPEJ pour répondre au réel besoin de soutien familial. C'est un espace d'écoute et de libre expression ouvert à tout parents.
La mission est de restaurer les liens sociaux et culturels de la famille en repositionnant les parents et les enfants dans leurs rôles. Ce lieu offre des espaces ouverts et confidentiels.
L'équipe est constituée de professionnels de terrain, engagés, aux compétences multiples : médiateurs, psychologues, juriste, médecins, travailleurs sociaux...
Une démarche suivie se repositionner dans son rôle de parent avec des valeurs éducatives fortes est un travail personnel. Aussi, notre action maintient les parents comme acteurs de leur propre évolution, véritables initiateurs des changements qui interviendront dans leur rapports à leur famille et à la société.
OPEJ
La maison des Familles et des Cultures
46, boulevard Voltaire
75011 Paris
Tél. : 01 43 57 11 01
Fax : 01 43 57 31 19Maguen Noar
Des pôles d'Action au service des enfants, adolescents, jeunes adultes et familles. Une équipe de professionnels vous propose un accompagnement socio-éducatif et psychologique dans un lieu d'accueil et d'écoute chaleureux et convivial.
- Un point Accueil Jeunes
- Un centre de Documentation d'Information et d'Orientation
- Un service d'Action Sociale Étudiants
- Un espace intermédiaire entre l'enfant, la famille et l'école.
- Accueil, écoute, médiation, orientation et accompagnement
- Ateliers pédagogique et créatifs
Références
- ↑ Organisation juive de combat. Résistance/Sauvetage. France 1940-1945, Coordination éditoriale de Catherine Richet. Préface de Jean Mattéoli. Messages de Georges Loinger, de Toto Giniewski et de Serge Klarsfeld. Message de soutien d’Elie Wiesel. Introduction de Lucien Lazare. Éditions Autrement. Septembre 2006.
- ↑ Comité National de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée
- ↑ Comment des jeunes courent le monde pour retrouver une place, Écrire sur le sable et rêver d’y marcher, Lien social, Numéro 548, 19 octobre 2000]
- ↑ La langue des cités est-elle fréquentable ?, Lien social, Numéro 608, 7 février 2002
- ↑ La musique dans un club de prévention, Lien social,n° 670 du 19 juin 2003
- ↑ Ecole et prévention spécialisée, Lien social, n° 897 du 18 septembre 2008
Voir aussi
Ouvrages
- « OPEJ », Encyclopédie Quid, 2007
- Organisation juive de combat. Résistance/Sauvetage. France 1940-1945, Coordination éditoriale de Catherine Richet. Préface de Jean Mattéoli. Messages de Georges Loinger, de Toto Giniewski et de Serge Klarsfeld. Message de soutien d’Elie Wiesel. Introduction de Lucien Lazare. Éditions Autrement. Septembre 2006.
- Le travail en réseau dans le Val-d’Oise, Lien social, Numéro 647, Toulouse, 19 décembre 2002.
Liens externes
- (fr) : Historique sur le site de l'œuvre
- (fr) Maison des enfants juifs déportés, Izieu
- (fr) : Vidéo sur l'œuvre aujourd'hui
- Portail de l’éducation
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