- Nouveau roman
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Le Nouveau roman est un mouvement littéraire des années 1953-1970[réf. nécessaire], regroupant quelques écrivains appartenant principalement aux Éditions de Minuit. Le terme fut créé, avec un sens négatif, par le critique Émile Henriot dans un article du journal Le Monde du 22 mai 1957, pour critiquer le roman la Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet. Le terme sera exploité à la fois par des revues littéraires désireuses de créer de l'actualité ainsi que par Alain Robbe-Grillet qui souhaitait promouvoir les auteurs qu'il réunissait autour de lui, aux Éditions de Minuit, où il était conseiller éditorial. Il précède de peu la Nouvelle Vague qui naît en octobre de la même année.
Sommaire
Définition
Dans Pour un Nouveau Roman, édité en 1963, Alain Robbe-Grillet réunit les essais sur la nature et le futur du roman. Il y rejette l'idée, dépassée pour lui, d'intrigue, de portrait psychologique et même de la nécessité de personnages.
Repoussant les conventions du roman traditionnel, tel qu'il s'était imposé depuis le XVIIIe siècle et épanoui avec des auteurs comme Honoré de Balzac ou Émile Zola, le nouveau roman se veut un art conscient de lui-même. La position du narrateur y est notamment interrogée : quelle est sa place dans l'intrigue, pourquoi raconte-t-il ou écrit-il ? L'intrigue et le personnage, qui étaient vus auparavant comme la base de toute fiction, s'estompent au second plan, avec des orientations différentes pour chaque auteur, voire pour chaque livre.
Avant eux, en 1956, Nathalie Sarraute avait déjà interrogé le roman et récusé ses conventions dans son essai l'Ère du soupçon. Son œuvre romanesque est la mise en pratique de sa réflexion théorique.
Notons qu'à la même époque, l'Oulipo, avec des armes différentes, tente, avec un même succès, de renouveler l'acte de l'écriture. Les Choses (1965) de Georges Perec peut se lire comme une mise en œuvre du programme du nouveau roman où les objets de consommation courante deviennent le vrai héros du roman plus que les protagonistes.
Le Nouveau Roman veut renouveler le genre romanesque qui date de la plus profonde antiquité. Le sentiment premier qui guide les nouveaux romanciers est donc le renouveau. Pour cela, l'intrigue passe au second plan, les personnages deviennent subsidiaires, inutiles, s'ils sont présents ils sont nommés par des initiales (c'est en cela que l'on voit l'influence de Franz Kafka, notamment avec Le Procès).
Tous ces changements supposent donc une lecture active, une réflexion approfondie et même la maîtrise d'une certaine culture utilisée par les auteurs et qui permet au livre d'exister en tant que tel.
Pourquoi alors ce changement, si brusque car suivant l'apogée romanesque du XIXe siècle, vient-il se placer dans le XXe ? Comme souvent, il faut lier littérature et histoire. Le XXe est marqué par les deux guerres mondiales et l'esprit des hommes est « encré » (d'après l'expression consacrée de Nathalie Sarraute), dans ce sentiment de vivre dans « l'Ère du soupçon ». Une révolution romanesque (car cela est sans appel) permet donc de traduire cette sensation de malaise et d'insécurité, mais aussi de casser la triste régularité d'une continuité littéraire jusque-là jamais remise en cause.
Une nouveauté relative
Les « nouveaux romanciers » mettent en pratique des solutions littéraires déjà testées par leurs prédécesseurs : Joris-Karl Huysmans avait en 1884, 70 ans auparavant, prouvé dans À rebours que l'intrigue n'est pas nécessaire dans le roman, Franz Kafka que la méthode classique de caractérisation du personnage est accessoire, James Joyce s'était débarrassé du fil conducteur du récit, ce que les auteurs du théâtre de l'absurde avaient fait du réalisme.
Si les « néoromanciers » ne constituent donc pas, à proprement parler, une avant-garde littéraire, ils poussent sciemment et systématiquement la déconstruction romanesque entamée par leur aînés. Chacun de leurs livres se veut novateur et devient le lieu d'une expérimentation inédite sur l'écriture.
Des styles et des projets très divers, au prétexte qu'ils remettaient en question les fondements traditionnels du roman, reçoivent ainsi l'étiquette « nouveau roman », suscitant d'importants débats au sein de la « nouvelle critique » contre la critique traditionnelle dans les journaux et les revues littéraires. Le jeu, ou « l'aventure de l'écriture » (Jean Ricardou), consiste à faire éclater les codes, notamment en s'imposant des contraintes motivées (et non pas gratuites).
La reconnaissance critique est au rendez-vous : Nathalie Sarraute reçoit le Prix international de littérature pour Les Fruits d'or en 1963. En 1967, Claude Simon obtient le prix Médicis pour l'un de ses romans les plus connus : Histoire, un collage de souvenirs mêlant l'Histoire et l'histoire personnelle de l'auteur, dont la ponctuation ignore volontairement les règles orthotypographiques.
Quelques « nouveaux romanciers »
- Alain Robbe-Grillet
- Nathalie Sarraute
- Claude Simon
- Claude Ollier
- Robert Pinget
- Jean Ricardou
- Gérard Bessette (apparenté par certains critiques[Qui ?])
- Jean Cayrol (apparenté par certains critiques[Qui ?])
- Tony Duvert (apparenté par certains critiques[Qui ?])
- Jean Lagrolet (apparenté par certains critiques[Qui ?])
- Kateb Yacine (apparenté par certains critiques[Qui ?])
- Michel Butor (romans de la première partie de son œuvre)
- Jean-Marie Gustave Le Clézio (romans de la première partie de son œuvre, jusqu'aux années 1970)
- Marguerite Duras (quelques ouvrages apparentés mais en marge du mouvement pour d'autres œuvres)
- Peter Handke, écrivain autrichien, s'est inspiré du Nouveau roman, notamment pour Le Colporteur (1967).
Notes et références
Voir aussi
Roger-Michel Allemand, Le Nouveau Roman, éd. Ellipses, 1996.
Articles connexes
- Roman
- Courants de la littérature française
- Littérature expérimentale
- Hélène Bessette
- Jean Echenoz
- David di Nota
- La Modification, roman de Michel Butor
Liens externes
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