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Nombres de Catalan
Les nombres de Catalan sont des entiers naturels qui se rencontrent souvent dans les problèmes de combinatoire. Ils forment une suite dont le terme d'indice n, appelé nème nombre de Catalan est défini par
(voir coefficient binomial). Les premiers nombres de Catalan (suite A000108 de l’OEIS) pour n=0, 1, 2, 3, ... sont
Tous les nombres de Catalan sont des entiers naturels parce qu'ils peuvent s'écrire sous la forme:
- pour n≥1,
Sommaire
Applications en combinatoire
Mots de Dyck
Cn est égal au nombre de mots de Dyck de longueur 2n. Un mot de Dyck est un mot formé de n lettres X et de n lettres Y, tel qu'aucun préfixe (mot obtenu en supprimant les dernières lettres à partir d'un rang quelconque) ne contienne plus de Y que de X. Autrement dit, lorsque nous parcourons un mot de Dyck de gauche à droite, le nombre de X rencontrés est toujours supérieur ou égal au nombre de Y. Par exemple, les mots de Dyck de la longueur 6 sont:
En l'occurrence, C3= 5.
Assimilant X à une parenthèse ouvrante et Y à une parenthèse fermante, un mot de Dyck de longueur 2n peut être vu comme une expression formée de n paires de parenthèses correctement assemblées: ((())), ()(()), ()()(), (())(), (()()). Les mots de Dyck peuvent être naturellement représentés comme des chemins dans un quadrillage de n+1 points par n+1 points, reliant certains points par les traits verticaux et horizontaux. Ces chemins commencent dans le coin inférieur gauche, et se terminent dans le coin supérieur droit, en allant toujours vers le haut ou vers la droite, mais ne passant jamais au-dessus de la diagonale principale. X représente alors un « déplacement vers la droite » et Y représente un « déplacement vers le haut ».
Nous pouvons compter les mots de Dyck avec l'astuce suivante due à D. André (principe de symétrie): intéressons nous aux mots contenant n X et n Y qui ne sont pas des mots de Dyck. Dans de tels mots, déterminons le premier Y qui brise la condition de Dyck, puis modifions toutes les lettres qui suivent ce Y, en échangeant X avec Y et vice versa. Nous obtenons un mot avec n+1 Y et n-1 X, et en fait tous les mots comportant n+1 Y et n-1 X peuvent être obtenus par ce moyen et de manière unique. Le nombre de ces mots est le nombre de façons de placer les n-1 X dans 2n emplacements et est égal àce qui donne le nombre de mots qui ne sont pas de Dyck; le nombre de mots de Dyck s'en déduit et est égal à
qui est le n-ème nombre de Catalan Cn.
Parenthèsages
Cn est également le nombre de façons différentes de placer des parenthèses autour de n+l facteurs. Pour n = 3 par exemple, nous obtenons 5 façons différentes de placer des parenthèses autour de 4 facteurs: a(b(cd)), a((bc)d), (ab)(cd), (a(bc))d, ((ab)c)d. De telles expressions peuvent être naturellement représentées par des arbres binaires complets ordonnés, et Cn donne également le nombre de ces arbres à n+1 feuilles.
Triangulations d'un polygone
Cn est également égal au nombre de différentes façons dont un polygone à n+2 côtés peut être partagé en triangles en reliant ses sommets par des segments de droite.
Partitions non croisées
Cn est également le nombre de partitions non croisées de l'ensemble {1, ..., n }. A fortiori, Cn n'excède jamais le nème nombre de Bell.
Chemins sous-diagonaux dans le carré
Cn est le nombre de chemins monotones le long des arêtes d'une grille à n × n carrés, qui restent sous (ou au niveau de) la diagonale. Un chemin monotone part du coin Sud-Ouest, arrive dans le coin Nord-Est, et est constitué d'arêtes dirigées à droite ou vers le haut. Un mot de Dyck encode un tel chemin de la manière suivante : X signifie « va à droite ! et Y signifie « monte ! ». Les diagrammes ci-dessous représentent le cas n = 4 :
Trajectoires de la marche aléatoire simple
Cn est le nombre de trajectoires de longueur 2n+1 d'une marche aléatoire simple qui ont la propriété d'aller de la hauteur 0 à la hauteur 1 en restant négatif ou nul lors des 2n premières étapes. On peut voir cela en faisant pivoter de 45 degrés le chemin entre les deux coins d'un carré décrit lors du premier exemple. C'est aussi le nombre de trajectoires de longueur 2n+2 allant de la hauteur 0 à la hauteur 0 en restant strictement positives lors des 2n+1 étapes intermédiaires, ou encore le nombre de trajectoires de longueur 2n allant de la hauteur 0 à la hauteur 0 en restant positives ou nulles lors des 2n-1 étapes intermédiaires. Dans ce dernier cas on peut coder la trajectoire par une suite de 2n + et de - (pour montée et descente), la condition de positivité se traduisant par le fait que cette suite est un mot de Dyck (car chaque préfixe a plus de montées que de descentes). Ainsi, pour la marche aléatoire simple, la probabilité que le premier temps de retour en 0, partant de 0, ait lieu à l'instant 2n+2, est le facteur 2 prenant en compte les trajectoires strictement négatives en plus des trajectoires strictement positives. De même, la probabilité que le premier temps d'atteinte de 1, partant de 0, ait lieu à l'instant 2n+1, est
Arbres planaires
Cn est le nombre d'arbres planaires enracinés à n arêtes. La bijection avec les mots de Dyck, ou encore avec les trajectoires de marches aléatoires, est donnée très visuellement par un parcours extérieur de l'arbre. La trajectoire obtenue est le graphe de la fonction qui à chaque coin (secteur angulaire délimité par un sommet et deux arêtes contigües issues de ce sommet) associe la hauteur du sommet (la distance du sommet à la racine). Les coins sont parcourus dans l'ordre correspondant au parcours autour de l'arbre (voir figure ci-contre). Chaque sommet est visité autant de fois qu'il y a de coins issus de ce sommet, i.e. le nombre de visites à un sommet est le degré de ce sommet ; à titre d'exception, le nombre de visites à la racine est son degré plus un (plus le retour final à la racine, qui revient à visiter 2 fois le coin origine). Ainsi le nombre de pas de la marche est la somme des degrés du graphe, i.e. deux fois le nombre d'arêtes du graphe.
Relation de récurrence et comportement asymptotique
Les nombres de Catalan satisfont la relation de récurrence
Ceci vient du fait que tout mot de Dyck w de longueur supérieure à 2 peut s'écrire de manière unique sous la forme
- w = Xw1Yw2,
où w1 et w2 désignent des mots de Dyck (éventuellement vides). La fonction génératrice des nombres de Catalan est définie par
et en utilisant la relation de récurrence ci-dessus nous voyons que
et par conséquent
Asymptotiquement, les nombres de Catalan se comportent comme
Histoire
La suite de Catalan fut décrite pour la première fois au XVIIIe siècle par Leonhard Euler, qui s'était intéressé au nombre de différentes façons de partager un polygone en triangles. La première publication sur ces nombres est due à Segner et la suite porte alors le nom de Nombre de Segner. Eugène Charles Catalan fit le lien avec le nombre d'expressions « parenthésées » et le nom de Catalan remplaça celui de Segner. L'astuce de comptage des mots de Dyck fut trouvée par Désiré André en 1887.
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