Nakhichevan

Nakhichevan

Nakhitchevan

République autonome du Nakhitchevan
Naxçıvan Muxtar Respublikası
Flag of Nakhichevan - Variant.svg
Drapeau
Carte de localisation du Nakhitchevan
Administration
Statut politique République autonome de l'Azerbaïdjan
Capitale Nakhitchevan
Gouvernement
- Président du
parlement

Vasif Talıbov
Géographie
Superficie 5 500 km²
Démographie
Population  (2005) 373 000 hab.
Densité 67,8 hab./km²
Langue(s) Azéri
Autres
Fuseau horaire UTC +4

Le Nakhitchevan (en azéri : Naxçıvan ; en arménien : Նախիջեվան) est une région du Caucase qui constitue aujourd'hui une république autonome d'Azerbaïdjan, dont la ville principale et chef-lieu porte le même nom : Nakhitchevan.

Le Nakhitchevan a des frontières directes avec l'Iran, l'Arménie et la Turquie, mais il est sans continuité territoriale avec le reste de l'Azerbaïdjan (c'est une exclave de ce pays). Les tensions persistantes avec l'Arménie entravent toute communication directe entre l'Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, accentuant l'isolement de ce dernier. Mais cette région est épargnée par la guerre entre ces deux voisins, en partie grâce à la Turquie qui bénéficie d'un statut de garant selon les termes du traité de Moscou signé entre les Kémalistes et les Soviétiques en 1921[1].

Sommaire

Étymologie

D'après le philologue allemand du XIXe siècle Johann Heinrich Hübschmann, le nom « Nakhitchevan » signifie littéralement en arménien « l'endroit de la descente », référence biblique à la descente de Noé depuis son arche sur le mont Ararat voisin. Hübschmann note toutefois que ce nom n'était pas utilisé sous l'Antiquité et que le nom d'origine était plutôt « Naxcavan ». Le préfixe « Naxc » provient d'un nom et avan (ou van) signifie « ville » ou « village » en arménien[2].

Histoire

Le Nakhitchevan a changé de domination à plusieurs reprises à travers l'histoire : arménienne, perse, arabe, mongole, turque, chorasmienne, ottomanne, soviétique et azérie.

Les khanats de Nakhitchevan et Erevan avaient été annexés par la Russie en 1826.

Au moment de l'intégration de l'Arménie orientale dans l'Union soviétique, la population du Nakhitchevan décida par référendum en 1921 le rattachement de la région à l'Azerbaïdjan, avec un statut de Région autonome[3]. Ce rattachement fut effectué avec l'accord de Lénine et confirmé par Staline dans l'accord signé en mars 1921 entre la République socialiste soviétique de Russie et la Turquie[4].

Le Nakhitchevan, qui était peuplé de plus de 50 % d’Arméniens avant la Première Guerre mondiale, a perdu quasiment toute sa population arménienne pendant l’ère soviétique à cause de mouvements d’émigration et d’une politique pro-azérie dans l’exclave : le ressentiment qui en découle côté arménien est également un facteur de tension dans les relations arméno-azéries jusqu'au XXIe siècle. La population arménienne du Nakhitchevan, estimée à 15 % en 1926 préfère quitter la République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan pour la République socialiste soviétique d'Arménie voisine.

Fin 1947, le leader kurde azerbaïdjanais Jafar Bagirov proposa à Staline de rétablir un district autonome kurde, non plus à Latchin comme entre 1921 et 1932, mais dans le district de Norachen, dans la RSSA du Nakhitchevan. Ce district aurait été limitrophe du district turc à forte population kurde d'Iğdır et de Nor Bayazit (actuelle ville de Gavar) qui auraient pu ultérieurement y être annexés[5].

Les 30 et 31 décembre 1989, près de 4 000 manifestants détruisent les installations frontalières avec l'Arménie et l'Iran sur 130 kilomètres, et exigent des terres et la libre circulation. Au départ, la réaction du gouvernement soviétique est inexistante et les insurgés croient en leur impunité. En une semaine, la révolte embrase tout l'Azerbaïdjan et la chasse aux Arméniens commence. Le 15 janvier 1990, l'état d'urgence est décrété et le KGB envoie des renforts — 15 000 hommes des troupes d'élite.

Le 20 janvier 1990, le Nakhitchevan proclame son indépendance « totale ».

Fief du clan de Heydar Aliyev, l'enclave devient, dès le début des années 1990, la plaque tournante de nombreux trafics, un des passages les plus fréquentés des filières de l'opium à destination des laboratoires turcs.

Le 27 septembre 1997, le gouvernement d'Azerbaïdjan a soumis au Conseil de l'Europe le projet de Constitution de la République autonome du Nakhitchevan. À cet effet, la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) a été saisie[6].

Géographie

Le Nakhitchevan est une région aride, semi-désertique et montagneuse situé entre la rivière Araxe et les montagnes du Zanguezour : l'Araxe marque la frontière avec l'Iran et les monts Zanguezour avec l'Arménie. Le Nakhitchevan a une superficie de 5 500 km². Le point culminant du Nakhitchevan est le mont Kapydjik (3 904 m). La montagne du Serpent (appelée aussi Ilandag) culmine à 2 415 m.

Démographie

Le Nakhitchevan est peuplé de 373 000 habitants (estimation 2005), aujourd'hui en grande majorité d'origine turque (au sens large) et tatare, de religion musulmane chiite et de langue azérie. Des minorités russe et kurde subsistent. La population arménienne de la région a été expulsée en représaille à la guerre azerbaidjano-arménienne au Haut-Karabagh dans les années 1990.

Culture

Le territoire compte des joyaux de la culture arménienne dont le cimetière de Julfa et ses milliers de khatchkars datant des XVe et XVIe siècles[7]. Il fut entièrement détruit par l'armée azerbaïdjanaise en décembre 2005[7] et il n'en reste aujourd'hui plus aucune trace.

Le Nakhitchevan possède ne nombreux monuments de la période des Khanats[réf. nécessaire], notamment des caravansérails, des mosquées et des mausolées.

Il existait au Nakhitchevan, un réseau traditionnel de canaux d'irrigation souterrains plus connus sous le nom de chaheriz. Ces canaux souterrains, entièrement creusés à la main, permettaient de recueillir et d'amener à la surface l'eau de la nappe phréatique pour être consommée par les populations et pour l'agriculture. Ces systèmes d'approvisionnement en eau étaient largement utilisés mais ils ont été abandonnés après l'introduction de systèmes modernes de canalisation. Ces anciennes techniques de construction et de maintenance du réseau étaient connues sous le nom de kankan. Un programme de restauration financé par l'OIM a permis de commencer à réhabiliter ces anciens réseaux, et fin août 2004, 24 techniciens avaient été formés et 10 chaheriz remis en fonction, assurant l'approvisionnement en eau de 34 villages.

Notes et références

  1. Gérard Chaliand (trad. Annick Pélissier), La dette de sang: un Arménien traque les responsables du génocide 1921-1922, Editions Complexe, 2006 (ISBN 9782804800963) p. 53-54.
  2. Bill Crouse, « Noah's Ark: Its Final Berth » dans Archaeology and Biblical Research, vol.5, n°3, été 1992 [lire en ligne (page consultée le 21 octobre 2008)].
  3. (en) Tim Potier, Conflict in Nagorno-Karabakh, Abkhazia, and South Ossetia: A Legal Appraisal, p. 4. (ISBN 90-411-1477-7).
  4. Service canadien du renseignement de sécurité, L'Azerbaïdjan et l'Arménie: le territoire ou la paix ?, Commentaire n° 18, mars 1992.
  5. (en) Arthur Bagirov, « Stalin's Kurdish project », 31 octobre 2007, Russky Predprinimatel.
  6. Comission de Venise : Avis sur le projet de constitution de la République autonome du Nakhitchevan. Consulté le 3 juin 2008.
  7. a  et b Photos du cimetière avant la destruction et vidéos des soldats azerbaïdjanais détruisant les stèles. Consulté le 3 juin 2008.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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