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Appareil stéréoscopique
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Photographie numériqueUn appareil stéréoscopique (plus court : appareil stéréo) est un appareil photographique rassemblant deux chambres photographiques - et donc deux objectifs - placés côte à côte de manière solidaire dans un même boîtier, destiné à produire commodément et dans un même instant un couple stéréoscopique, c'est-à-dire deux photographies jumelles (mais non semblables) en vue de la restitution du relief ou, si l’on préfère, de la 3e dimension.
Sommaire
Histoire des appareils stéréoscopiques
La stéréoscopie a, jusqu’à présent, connu quatre grandes vagues correspondant à des changements techniques radicaux. Les appareils stéréoscopiques ont suivi l’évolution technologique, tout comme leurs cousins monoscopiques (ou monoculaires), mais toujours avec quelques années d’écart, temps nécessaire à la réflexion et à la conception de machines sérieuses et utilisables. De plus, les stéréoscopistes, peu enclins à la précipitation, aiment bien voir une technique se stabiliser quelque peu avant de se l’approprier et de l’adapter de manière définitive à leurs besoins spécifiques.
L’appareil stéréo des années 1850
L'appareil stéréoscopique des pionniers de la photographie est fabriqué par des ébénistes, tout comme les appareils « normaux ». Un même corps en bois noble, soigneusement construit, rassemble les deux chambres séparées par une cloison verticale médiane. Il appartient à l’usager de choisir ses objectifs chez l’opticien de son choix. Ces appareils sont rarement construits en série, et correspondent plutôt à des commandes individuelles de photographes de métier, selon l’usage qu’ils veulent en faire. Il n’est pas question, à cette époque, de photographie d’amateur : le photographe, stéréoscopiste ou non, doit préparer sur place son émulsion photographique, qu’il étale convenablement sur des plaques de verre appropriées au format de son appareil. Ces formats sont peu standardisés, ou pas du tout, mais la largeur de chaque élément du couple se situe autour de 8 cm, ce qui procure une sensation de relief assez prononcée, dont la clientèle des cartes stéréoscopiques alors très en vogue en Europe et en Amérique ne se plaint généralement pas. Une construction typique de cette époque est un corps en ébénisterie avec un tiroir de mise au point à crémaillère, qui porte les deux objectifs à monture en laiton, pourvus de diaphragmes parfois couplés par une biellette commune. Les bouchons jouent le rôle d’obturateur. Un bouchon double à charnière horizontale garantit un temps de pose égal des deux côtés.
L’appareil stéréo des années 1900
Dès la fin du siècle, la technique a changé, la clientèle aussi. Il est désormais possible d’acheter les plaques photographiques en boîtes cartonnées d’une douzaine, toutes prêtes à l’emploi. Il est apparu une clientèle nouvelle de voyageurs aisés, désireux de conserver des souvenirs vivants de leurs pérégrinations, mais aussi de fougueux jeunes gens à casquette ou à canotier, nettement moins argentés, mais tout autant curieux que leurs aînés de pratiquer un art ou un divertissement si nouveau et, disons-le, si astucieux. Ces deux catégories veulent des appareils aisément transportables. Cela les dissuade d’emporter avec eux de grandes chambres photographiques : ils se tournent donc en rangs serrés vers la stéréoscopie, par essence de petit format. Cette fois, les appareils sont bel et bien fabriqués en série, mais toujours avec des moyens artisanaux.
Aux plus fortunés sont proposés des appareils rigides, en bois ou en métal, gainés ou non. Les obturateurs, les diaphragmes, les rampes de mise au point sont soigneusement couplés par des systèmes de biellettes articulées sur des bagues concentriques entourant chacun des objectifs, eux-mêmes très élaborés, souvent de type Tessar ou équivalent. Les plus jeunes ont droit à des appareils moulés en bakélite dépourvus de tout réglage et munis d’objectifs simples.
Entre ces deux extrêmes, il existe toute une catégorie d’appareils stéréoscopiques à soufflet simple ou double, généralement construits en bois gainé. Les formats tendent enfin à se normaliser, et l’on rencontre bientôt de manière exclusive le 6 x 13 cm (double 6 x 6 cm), lancé en 1893, bientôt suivi du petit format 45 x 107 mm (double 4 x 4 cm).
Ces appareils et ces formats perdurent jusqu'en 1939, avec, vers la fin, une forte prépondérance de la pellicule par rapport aux plaques de verre, qui assurent pourtant une meilleure planéité.
L’appareil stéréo des années 1950
Changement de décor, là encore. Au sortir de la guerre, faute de mieux, on continue peut-être le 6 x 13 des années 1930, mais on regarde très fort du côté de l’Amérique qui vient d’inventer le Kodachrome. Des artisans ont l’idée de mettre du film cinéma 35 mm dans des appareils stéréo. Ainsi, on aura tout à la fois le relief et la couleur moderne ! Le Vérascope 40 de Jules Richard est lancé en 1939. C’est un appareil cher, mais très prisé, fabriqué par un atelier de mécanique de précision. Sa production restera toujours confidentielle. Il reste en vente jusqu'en 1967.
Il n’en est pas de même en Amérique, où le Stereo Realist va connaître, de 1946 à 1971, avec un apogée en 1954, un véritable engouement de la part d’un public averti ou succombant aux charmes d’une publicité tapageuse : comment résister, quand on voit un Realist entre les mains du président Eisenhower ou des plus grandes vedettes d’Hollywood, comme Harold Lloyd, Bob Hope ou Humphrey Bogart ? Après cette date, le quart de million environ d’appareils stéréoscopiques à film 35 mm produits aux États-Unis essentiellement, mais aussi en Europe et même au Japon pour les derniers d’entre eux, suffira à satisfaire les besoins des stéréoscopistes du monde entier jusqu’à l’aube du troisième millénaire.
L’appareil stéréo des années 2000
Beaucoup de stéréoscopistes du monde entier, soucieux de la qualité de leur production, continuent actuellement à pratiquer la photographie argentique, et particulièrement la diapositive, plus belle que jamais. Ils ont fini par s’équiper d’appareils 24 x 36 doubles, souvent reflex, fabriqués de manière tout artisanale par des spécialistes méticuleux, capables d’assembler deux appareils monoculaires du commerce, de les scier et de les réunir physiquement, mécaniquement, et même électroniquement si nécessaire.
Loreo, une entreprise de Hong Kong distribue toujours un appareil bas de gamme 24 x 36 capable de réaliser des vues stéréoscopiques sur une pellicule 135 ordinaire. Hormis les limitations de l'appareil (boîtier plastique, mise au point fixe), le fait d'avoir les deux vues sur le format original tend à privilégier les sujets à cadrage vertical.
Après 2005, la plupart des stéréoscopistes sont cependant passés à la stéréophotographie numérique, prise à l’aide de deux appareils numériques placés côte à côte sur une barrette de leur fabrication, et du plus grand nombre possible de couplages mécaniques ou, plus souvent, électroniques ou informatiques.
En 2009, il n’existe pas, sur le marché, d’appareil numérique stéréoscopique proprement dit, c’est-à-dire en un seul boîtier rigide.
Le prototype d'un appareil numérique stéréoscopique Fujifilm Finefix Real 3-D a cependant été présenté à la Photokina 2008 et au Salon de la photo de Paris qui a suivi. La base est fixe, assez large, mais surtout, la visée s'opère en relief sur un écran lenticulaire. La sortie de l'appareil est annoncée pour septembre 2009.
Quelques modèles typiques d’appareils stéréoscopiques
Vérascope Richard
Produit par Jules Richard des années 1890 à 1930, le Vérascope existait en format 45 x 107 mm ou 6 x 13 cm (et marginalement, en format 7 x 13 cm). Il était en laiton bleui chimiquement, et existait en de nombreuses versions, suivant les exigences du client. Viseur à cadre ou central optique, mise au point à rampe hélicoïdale ou pas de mise au point du tout, obturateur rapide ou non, magasin à plaques, dos film ou simples rainures pour châssis, les finitions étaient variées, et les prix aussi. Pour finir, les objectifs allaient du très ordinaire au plus raffiné.
Heidoscop et Rolleidoscop
Cheval de bataille de Franke et Heidecke durant les années 1920, bientôt délaissé au profit du Rolleiflex bi-objectif, mais monoculaire auquel il donne directement naissance dès les années 1930 (le prototype du Rolleiflex est un Rolleidoscop douloureusement amputé de moitié et tourné de 90°), le Heidoscop (à plaques ou pellicule) ou Rolleidoscop (à pellicule exclusivement) existe en 45 x 107 mm et en 6 x 13 cm. Les objectifs sont toujours des Tessar Carl Zeiss Jena. Le troisième objectif central assure une visée reflex (cadrage et mise au point) de grande précision. On n'a en quelque sorte jamais fait mieux en matière d'appareils stéréoscopiques, et même photographiques...
Stereo Realist
Sorti après la guerre dans des conditions d'approvisionnement difficiles, même dans son Wisconsin natal, ce solide appareil est construit autour du Kodachrome en cartouche de film 35 mm. Il en résulte un format double 23 x 21 mm presque carré et bien adapté à la stéréoscopie, à observer en visionneuse (stéréoscope), ou à projeter en lumière polarisée. Enfin on disposait tout à la fois du relief et de la couleur ! Visée centrale entre les objectifs, mais sans chambre de visée.
Vérascope 40
Dernier appareil des Ets Jules Richard avant que ceux-ci ne se consacrent exclusivement à la production d'instruments de mesure, le Vérascope 40 (ou Vérascope f40), bien que disponible dès 1938 ou 1939 (c'est prouvé par des témoignages directs et des photographies prises durant le deuxième conflit mondial), ne commence à être connu du public qu'après 1946. Encore est-il inaccessible à la plupart des bourses de cette époque. Cela ne facilitera pas sa diffusion. Il est exporté aux États-Unis sous le nom de Bush Verascope f40. C'est un appareil raffiné, pas du tout industriel. Visée d'époque, mais mise au point télémétrique. Capable de produire, souvent, des photographies excellentes, sur film 35 mm, en format double 24 x 30 mm.
Deux appareils stéréo 24 x 30 apparurent par la suite : le Belplasca (VEB Belca, Dresde, 1955) et le Fed-Stéréo (Fed, Kharkov, 1989), semi-automatique.
Autres
Appareils pour images gaufrées
La production d'images gaufrées (ou à réseaux lenticulaires) exige des appareils spécifiques comportant au moins trois objectifs, parfois bien davantage. Dans les années 1980 sont apparus, de manière épisodique, des appareils à quatre objectifs (Nimslo, Nishika), puis trois seulement, destinés à la production grand public d'images gaufrées.
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Stéréo-Club Français
- (fr) L'histoire de la Stéréoscopie, sur Galerie-Photo
- (en) Union Internationale de Stéréoscopie (ISU)
- (en) Liste détaillée des appareils stéréoscopiques, sur Stereoscopy.com
- (en) Le kit 3D Loreo
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