- Apophtegmes des Peres du desert
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Apophtegmes des Pères du désert
Les apophtegmes des Pères du désert (Apophtegma Patrum ou Apophthegmata Patrum en latin - Paroles des Pères) sont un ensemble de préceptes, d'anecdotes, et de paroles, attribués aux ermites et aux moines qui peuplèrent les déserts égyptiens au IVe siècle. Les apophtegmes illustrent la vie spirituelle, l'éthique et les principes ascétiques et monastiques des Pères du désert. Transmis oralement en copte, ils furent mis par écrit aux IVe et Ve siècle et compilés en grec dans la première moitié du Ve siècle par Pallade dans son Histoire lausiaque et Théodoret dans son Histoire religieuse. Rufin proposa une traduction latine des apophtegmes dans son Histoire des moines d'Égypte. Les recueils connurent un grand succès et furent traduis dans presque toutes les langues de l'Église ancienne et médiévale, notamment en copte, arménien, amharique et syriaque. Ces textes, qui sont considérés comme un classique de la littérature chrétienne des premiers siècles, nourrirent la spiritualité monastique du christianisme médiéval oriental et occidental.
Sommaire
Origines
Au IVe siècle, des fidèles ayant rompu avec la civilisation de leur époque quittèrent les villes pour les déserts du nord de l'Égypte. En quelques décennies, les cabanes et les grottes dans lesquelles s'étaient installés les premiers ermites attirèrent tellement d'hommes voulant partager leur vie que de véritables communautés monastiques se constituèrent, comme celles de Scété, de Nitrie ou des Cellules (Kellias). Le renom de sainteté dont jouissaient les grands anachorètes attirait dans leur solitude non seulement une foule de disciples, mais encore un grand nombre de visiteurs venus de toutes les parties de l'Europe pour recueillir sur leurs lèvres la doctrine authentique des voies spirituelles. Lorsqu'un fidèle arrivait dans l'un de ces centres monastiques, la règle était qu'il se mette à l'école d'un "ancien" ou "vieillard", ce mot ne désignant pas un homme âgé, mais celui qui, par une pratique intense du désert, était devenu expérimenté, apte à discerner l'authentique de l'apparent[1]. Avec cet ancien, le novice apprenait à se libérer des replis égoïstes et à discerner les esprits pour devenir lui même un homme spirituel. La ligne de force de cet enseignement était l'autorité particulière reconnue à la parole. Les apophtegmes proférés par le vieillard était considérés comme charismatiques mais leur efficacité dépendait totalement de la foi avec laquelle ils étaient accueillis par le disciple.
Les paroles des anciens furent colportées oralement pendant des décennies puis mises par écrit et indexées dans la première moitié du Ve siècle. On forma deux types de recueils, l'un consistait à grouper les apophtegmes suivant un classement thématique correspondant aux vertus ou pratiques de la vie du désert, l'autre à les classer selon les noms des Pères auxquels il se référaient. Les scribes chargés de l'œuvre ne se contentèrent pas de recopier les modèles, mais exercèrent une activité de compositeur, ajoutant ou retranchant des pièces selon les opportunités, afin que le texte remplisse au mieux la fonction à laquelle ils le destinaient[2]. Ce fut l'origine des livres connus plus tard sous le nom de Verba Seniorum qui furent traduits en de nombreuses langues à partir du milieu du VIe siècle. Certains apophtegmes suivirent une ligne indépendante ; ainsi pour Daniel de Scété (CPG 7363), Arsène de Scété (CPG 5552) et d'autres.
Auteurs
Les Pères du désert sont principalement des moines, appelés abbas (Pères), mais aussi quelques femmes, appelées ammas (Mères). Parmi elles, Amma Sarra, Synclétique et Eugénie. Quelques évêques éminents sont mentionnés, Athanase d'Alexandrie, Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Épiphane de Salamine, Grégoire de Nazianze, mais également des séculiers comme Eucharistos le séculier ou le corroyeur de Saint Antoine. Si de nombreux apophtegmes sont nominatifs (au risque de ne pas permettre la distinction entre deux "abba Moïse" ou deux "abba Jean"), innombrables sont, dans les recueils thématiques, les apophtegmes anonymes : "un abba romain", "un grand personnage", "un ancien", "l'évêque d'une certaine ville", "un frère", "un moine", "le disciple d'un grand ancien" etc.
Ci dessous, la liste, légèrement complétée, des Abbas et Ammas pour lesquels quelques apophtegmes sont présentés dans l'ouvrage "Parole des anciens : Apophtegmes des pères du désert" de Jean-Claude Guy :
- Abraham
- Achille
- Agathon
- Alonios
- Ammoès
- Ammonas
- Ammoun
- Anoub
- Antoine
- Apphy
- Arès
- Arsène
- Athanase d'Alexandrie
- Benjamin
- Bessarion
- Cassien
- Chomaï
- Coprès
- Cronios
- Cyrille
- Cyrus
- Daniel
- Dioscore
- Doulas
- Élie
- Éphrem
- Épiphane de Salamine
- Eucharistos le séculier
- Isaac le Thébain
- Isidore
- Isidore le Prêtre
- Ischurion
- Jacques
- Jean Colobos
- Jean disciple de Paul
- Jean de Perse
- Jean de Thébaïde
- Jean le Thébain
- Joseph de Panépho
- Joseph de Thèbes
- Longin
- Lucius
- Macaire le Citadin
- Macaire l'Égyptien
- Marc l'Égyptien
- Marc disciple de Silvain
- Marcianus
- Théodore de l'Ennaton
- Matoès
- Milésios
- Mios
- Moïse l'Éthiopien
- Motios
- Nétras
- Nicétas
- Nicon
- Nil
- Nisthérôos
- Nisthérôs le Cénobite
- Olympios
- Or
- Pambo
- Paphnuce
- Paul le Cosmète
- Paul le Grand
- Paul le Simple
- Philaerios
- Pierre le Pionite
- Pior
- Pistamon
- Poemen
- Sarra
- Sérapion
- Silvain
- Sisoès
- Sopatros
- Synclétique
- Théodore de Phermé
- Théodote
- Théonas
- Théophile l'Archevêque
- Timothée
- Tithoès
- Xanthias
- Zacharie
- Zénon
Littérature chrétienne
Au cours des siècles, les apophtegmes furent transposés du désert aux couvents et monastères dans le but de contribuer à la formation spirituelle des moines. Le compilateur, qui devint alors auteur, les regroupait en une suite de chapitres dont la fonction était de faire surgir une doctrine, les Pères étant retenus plus pour ce qu'ils disent que ce qu'ils sont[3]. Une autre fonction fut inaugurée avec les premiers grands docteurs de la spiritualité monastique (Jean Cassien, Isaïe de Scété, Dorothée de Gaza...) qui ne se contentèrent pas de regrouper les paroles mais explicitèrent et actualisèrent le sens de telle ou telle parole prenant appui sur elle pour élaborer un enseignement[3]. La fonction des apophtegmes n'était plus d'ouvrir à un dialogue, ni de faire surgir une doctrine, mais de fonder une spiritualité en l'appuyant sur une tradition. Plus tard, les apophtegmes ne furent plus utilisés pour fonder une doctrine mais seulement pour la confirmer ou l'illustrer, et entrèrent dans la catégorie des exempla, comme c'est le cas dans le Traité de la Perfection chrétienne du Père Rodriguez au XVIe siècle[4].
Références
Bibliographie
- Thomas Merton (trad. Marie Tadié), La sagesse du désert : Apophtegmes des Pères du désert du IVe siècle, Éditions Albin Michel, 2006, (ISBN 978-2226172754).
- Lucien Regnault, Les Pères du désert : à travers leurs apophtegmes , Éditions de Solesmes, 2005 (ISBN 978-2852741126).
- Jean-Claude Guy, Paroles des anciens : Apophtegmes des pères du désert, Éditions du Seuil, 2000 (ISBN 978-2020043946).
- Derwas Chitty, Et le désert devint une cité, Éditions Abbaye de Bellefontaine, 1997 (ISBN 978-2855890319).
- Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, Les Sentences des Pères du désert, vol. I, II, III, IV, Éditions Abbaye Saint-Pierre Saint-Céneré, 1966-1976.
- Clavis Patrum Græcorum, CPG 5560-5615.
Liens internes
Liens externes
- L'étude de Brémond sur les Pères du désert, comprenant de nombreux apophtegmes
- Une page d'apophtegmes sur le site d'un monastère orthodoxe
- Sentences des Pères, en grec
- Apophtegme de ce que fut le gnosticisme
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