- Musique mani
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Manele
La musique de type mani, appelée plus familièrement en roumain manea (se lit comme "magna") au singulier et manele (se lit comme « manélé ») au pluriel, est un style musical apparu au milieu des années 1990. À partir du début des années 2000, elle s'est imposée de plus en plus comme le courant le plus important du paysage culturel de la Roumanie post-communiste pour les jeunes, les populations rurales et les populations pauvres des villes.
Les chanteurs distribuent la plupart du temps leur musique gratuitement sur internet et font payer les concerts dans des boîtes de nuit. Pour les fans, une personne qui se prête à l'écoute de ce type de musique s'appelle un « manéliste » (manelist) et les meilleurs artistes portent le nom de « rois des manele » (regii manelelor) ou encore reines pour les femmes.
La musique mani s'écoute aussi en République de Moldavie, mais les artistes sont de Roumanie. Elle existe ou a existé sous une forme plus ou moins moderne, sans devenir encore aussi populaire, en Bulgarie sous le nom čalga, en Serbie sous le nom turbo-folk, en Albanie sous le nom tallava, en Turquie sous le nom arabesk, en Grèce sous le nom laika. En Espagne, Italie, France et aux États-Unis elle est présente uniquement à travers la diaspora roumaine.
Sommaire
Genre
Alors que les manélistes voient leur musique comme un état d'esprit, une définition encyclopédique pour cette musique récente n'existe pas encore. Une manea peut se définir comme une pièce musicale avec des rythmes inspirées la plupart du temps de la musique orientale (Empire ottoman et Moyen-Orient) ou de la musique tzigane et toujours avec une forte composante moderne inspiré de la musique pop ou de la musique électronique. Certains artistes se tournent vers la musique house voire même plus rarement vers la musique rap, avec des musiques qui commenent par « 2006 est là » et « devine qui est revenu casser toutes les ventes (topurile) » reprises aux chanteurs de rap.
La différence principale par rapport aux autres types de musique est l'utilisation d'un message faisant appel a un certain nombre de valeurs comme l'argent, les femmes, les ennemis et l'amour vulgarisé, avec le message supplémentaire implicite qui dit que les valeurs précédentes sont suffisantes et complètes pour définir un système de valeurs.
Elle est parfois considérée en Roumanie comme un mélange kitch de plusieurs styles à savoir : tsigane, pop, oriental et parfois roumain traditionnel.
On compte de nombreux admirateurs chez les jeunes, la population rurale et les classes moyennes et pauvres des villes, mais aussi beaucoup de détracteurs chez certains intellectuels et promoteurs de la musique traditionnelle roumaine telle qu'elle était chantée au siècle dernier. Ces personnes pensent que la musique mani est une déformation inculte et stupide de la « vraie » tradition et organisent des campagnes sous des slogans de type « refusez la connerie et la misère ».
Histoire
Les manele modernes sont nées dans le milieu des années 1990. Les initiateurs de ce mouvement disent s'inspirer largement des musiques d'amour chantées en Empire Ottoman (surtout en Turquie) avant le XXe siècle.
En effet, le style mani moderne a été initialement inventé et chanté par la communauté tsigane de Roumanie et il est né dans les quartiers pauvres de Bucarest comme Ferentari dans le secteur 5 peuplé à 80 % de Roms, avant de devenir rapidement un style accepté par un grand nombre de Roumains. Les chanteurs de manele ont voulu créer une alternative à la musique traditionnelle tsigane en se servant des nouveaux outils à leur disposition pour améliorer les mélodies.
Cependant, il ne faut pas considérer les manele comme de la musique tsigane, les deux étant bien différents. Le style de musique avec ce nom était présent en Roumanie dans la première moitié du XXe siècle, mais il disparu et son existence fut complètement oublié pendant la période communiste. De même, la musique qui existe de nos jours n'a que très peu en commun avec celle du début du siècle dernier.
Les thèmes
Les manele utilisent souvent les mêmes thèmes dans leurs paroles. Il s'agit de thèmes vulgaires, de mauvais goût mais aussi d'amour et de fêtes dont les mots font souvent appel aux instincts de base et sont souvent présentés de façon extrême, sans nuance.
Les thèmes qui reviennent en majorité sont :
- Banii, « l'argent », thème plus que récurrent, les chanteurs aiment dire dans leurs chansons qu'ils en ont beaucoup et qu'ils le dépensent sans compter. Parfois ils accusent leurs ennemis de les empêcher de s'enrichir.
- Femeile si durerea, « les femmes et la douleur », bien sûr ils sont toujours accompagnés des plus belles femmes et ont beaucoup de succès en amour ou au contraire ont un chagrin d'amour presque parfait où les autres hommes sont des pervers quant eux sont blessés et plein de douleur.
- Dusmanii si prietenii, « les ennemis et les amis », comme on peut s'en douter les manele n'ont pas que des admirateurs. Dans leurs chansons ils adoptent différentes attitudes envers leurs ennemis : haine, amour ou moquerie. Ils parlent aussi des amis, dont les mérites sont infinis.
- Dragostea si ura, « l'amour et la haine », sur ce point les chansons sont de véritables déclarations d'amour romantique ce qui ajoute à l'ambigüité du style manea. Les rois des manele disent aussi connaître le vrai amour. Souvent les ennemis sont décrits comme des hommes conduits par la haine et qui ne veulent que faire du mal.
- Sexu' si Mafia, « le sexe et la mafia », certains chanteurs se réclament ouvertement de clans mafieux dans leurs chansons !
Les chanteurs de manea adoptent un style particulier, mode ultra fashion (jeans délavé, maillot moulant, beaucoup de gel dans les cheveux...), signes extérieurs de richesse (chaînes en or, dollars et euros qui dépassent des poches inspirés à la fois de la réalité vestimentaire des gitans riches et du style ostentatoire « bling-bling » présent dans le rap américain). Dans les clips où ils apparaissent, on retrouve le stéréotype grosse voiture et jolies filles. Les artistes qui gagnent le plus d'argent se prêtent parfois à des actes de charité ou des concerts de charité.
Exemple de vers
- Le thème de l'argent et des amis :
- « Plutôt que d'aller en Espagne ou Italie / Je fais mieux d'aller à Constanţa / J'ai là-bas plein d'amis / Et le garçon retourne full » (plein d'argent).
- Le thème de l'argent et des femmes :
- « Tu donneras mille pièces d'argent / Si tu aimes m'avoir / Je donne cent, je donne mille aussi / Juste si ce n'était pas tromperie. »
- Dai o mie de parai / Daca-ti place sa ma ai / Dau si-o suta, dau si-o mine / Numai teapa sa nu fie. - N. Guta & Claudia.
- Le thème de la douleur, des amis et des ennemis :
- « Tant que l'on vit sur terre / On ne trouvera pas la paix / Des ennemis j'en ai au kilogramme / Et des amis au gramme. »
- Pe pamant tu cat traiesti, / Liniste n-ai sa gasesti, / Dusmai am cu kilogramu' / Si prieteni cu gramu'. - C. Ionita.
- Le thème de l'argent, des ennemis et de la mafia :
- « Ne me provoquez pas mes ennemis / Vous savez que je suis le chef de l'argent / Si je me fâche vous savez ce que je vais faire / Je vais vous enterrer avec tout l'argent [que vous avez]. »
- Le thème de l'amour et de la douleur :
- « Dieu, prends mes jours difficiles / Pour que je puisse vivre heureux / Même si je n'aurai plus / Qu'un seul jour à vivre. »
- Le thème de l'argent et des femmes :
- « J'ai été en Italie / J'ai amené la voiture / Je drague les filles avec / Quand la lune est pleine. » Zorile din Galaţi - Am Fost In Italia.
- Ce morceau passe en revue tous les ennemis de Băsescu et fait l'éloge de cet ami du peuple:
- « Băsescu est bon joueur / mais il est proche du peuple / une seule chose compte / tous les Roumains votent pour lui. »
- Basescu e jucator, dar e apropae de popor, un singur lucru conteaza, toti romanii il voteaza.
Anti-Manele
Les manele ont tellement pris de l'importance que beaucoup de voix s'élèvent pour les interdire. Des campagnes anti-Manele se sont mises en place en Roumanie, ils reprochent au manea sa vulgarité, sa mauvaise influence sur les jeunes et la mauvaise image qu'ils renvoient de la culture roumaine. Ces détracteurs parlent ni plus ni moins de « subcultura » (sous-culture) !
Les détracteurs font des remarques quant au niveau perçu de pénétration de cette musique dans leur ville et disent parfois vouloir l'interdire, ne comprenant pas d'où ce type de musique vient et comment elle a pu corrompre un nombre aussi important de gens. Les détracteurs considèrent parfois les manélistes similaires aux homosexuels, aux tsiganes, aux athées et aux rappeurs.
Ces campagnes ne sont pas à prendre à la légère au pays du grand poète Mihai Eminescu, des politiques proposent des lois pour interdire les manele des radios. En 2005, un virus a été créé pour contaminer les ordinateurs qui avaient ce genre musical dans leur répertoire. Si le virus détectait le nom de certains chanteurs bien connus, il s'activait !
Les manele comptent » aussi de nombreux ennemis dans la communauté Roms elle-même. En effet, pour les plus traditionnels, l'utilisation de matériel électronique pour la musique est considérée comme un crime. Cependant les vrais musiciens tsiganes tendent à disparaître au profit des chanteurs de manele [réf. nécessaire].
La manea est exclue de toute représentation qui pourrait s'apparenter à la Roumanie. Malgré son succès, le genre est interdit de concours comme l'Eurovision.
Les grands noms
On compte des dizaines de chanteurs qui sont très prolifiques. La plupart des chanteurs ne sortent pas ou très peu d'albums car ils distribuent leur musique gratuitement via de nombreux sites spécialisés sur le net. Une fois connus, ils vivent de leurs passages dans les boîtes de nuit de Bucarest ou des soirées de mariage, source traditionnelle de revenus pour les tsiganes.
Quelques grands noms : (les chanteurs n'utilisent que des pseudonymes)
- Florin Salam
- Adrian Minune (Adrien le Magnifique) appelé aussi Adi De Vito, à cause de sa ressemblance avec l'acteur. L'un des premiers dans le genre et le plus connu.
- Carmen Serban, rare femme à avoir percé dans le style (assez machiste au départ).
- Nicolae Guţă
- Sorin Copilul de Aur (Sorin l'Enfant d'Or). A commencé à chanter à 12 ans avec Nicolae Guţă, connu pour sa voix qu'il peut placer très haut.
- Vali Vijelie (Vali la Tempête).
- Laura Vass, connu pour ces duos avec Sorin Copilul de Aur (Sorin l'Enfant d'Or).
- Sorinel Puştiu (Sorinel le Gamin).
- Florin Peşte (Florin le Maquereau).
- Denisa
- Liviu Puştiu (Liviu le Gamin).
- Susanu, style plus pop.
- Play AJ
- Costi, pop aussi.
- Viorel de la Constanţa (ville de Roumanie)
- Zorile din Galaţi (l'Aube de Galaţi).
- Adriano Prinţul Manelelor (Adrien Prince des Mani).
- Don Genove
- Costel Ciofu
- Ştefan de la Bărbuleşti
- Cristi Rizescu
- Mirela
- Jean de la Craiova
- Brandy
- Meda
- Sinan Vasliyu
- A-Tentat, groupe difficile à définir car si la musique est du manea, les paroles sont des parodies de manele et tombent dans une caricature grossière ce qui les classe parfois dans les groupes Anti-Manele.
Certains chanteurs se produisent déjà dans plusieurs pays d'Europe exclusivement dans des soirées qui réunissent la diaspora roumaine : en Espagne, Italie, France et aux États-Unis.Liens externes
écouter sur internet
- Manele Manele FM
- Manelomania (écouter sur internet)
- Radio BOSS România (écouter)
- Radio X-Pert România manele non-stop sur 96.6 FM et sur internet
autres
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