- Multiphonique
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La « production » de sons multiphoniques - on utilise parfois le terme de sons polyphoniques ou double son. est considérée comme une technique étendue avec laquelle un instrument généralement monophonique (saxophone, clarinette, trompette, trombone et flûte ...) est utilisé pour produire plusieurs notes (ou sons) simultanément. Il existe pour les instruments à vents et plus particulièrement les cuivres, trois techniques aux résultats très différenciés:
- jouer et chanter en simultané cf Didgeridoo
- jouer plusieurs notes en même temps
- filtrer buccalement les harmoniques du son instrumental de base cf diphonie
Cette technique apparue au XVIIIe siècle en occident (les aborigènes d'Australie les utilisant depuis plusieurs millénaires) consiste à jouer une note avec l'instrument et chanter une autre simultanément pour produisant deux sons distincts et par addition le renforcement d'harmoniques particulières faisant entendre trois, voire quatre sons. Plus un effet qu'une multiphonie le growl est le fait de colorer le son en chantant un son grave voire guttural. Une autre technique possible et fréquemment utilisée consiste en l'utilisation de doigtés alternatifs, ou pour les cuivres en jouant simultanément plusieurs notes d'une même série d'harmoniques.
Le tromboniste de free jazz allemand Albert Mangelsdorff s'est spécialisé dans l'utilisation de cette technique en chantant principalement au-dessus de la note jouée alors le compositeur tromboniste (franco slovène) Vinko Globokar a principalement travaillé en jouant et chantant à des intervalles très réduits.
Les techniques de chant diphonique sont utilisées afin d'obtenir un résultat similaire avec la voix en filtrant cette fois le timbre par les différentes cavités et faisant ressortir certaines harmoniques particulières. Cette technique est applicable et efficace aux trombone, tuba et trompette et est similaire à la technique principale du Didgeridoo[1].
L'Atelier de Recherche Instrumental de l'IRCAM (Institut pour la Coordination Acousitique Musique) à Paris a beaucoup contribué à mieux comprendre le fonctionnement des sons multiphoniques. On note les travaux de Michèle Castellengo et de Claudy Malherbe. L'instrument hésite entre plusieurs types d'émission, le plus souvent entre plusieurs rangs harmoniques. On peut différencier les doubles sons de la flûte des multiphoniques d'instruments à anche (hautbois, clarinette, basson, saxophone), beaucoup plus riches. Il est aussi possible de produire des sons multiphoniques aux instruments à cordes, surtout graves (violoncelle, contrebasse). Il faut effleurer la corde comme pour une harmonique, mais sur une position intermédiaire (par exemple le triton), et chercher la pression et la position d'archet idoine. Cette technique est cependant beaucoup plus délicate à produire que sur un instrument à vent. Certaines techniques des sons multiphoniques ne posent plus de problème à la plupart des interprètes depuis les années 70, et se sont largement répandues dans le répertoire contemporain et jazz depuis la fin du XXIe siècle.
Voir aussi
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