- Montagne (Révolution française)
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La Montagne (ses membres étant appelés les Montagnards) était un groupe politique de la Révolution française, à la Convention nationale, favorable à la République et opposé aux Girondins.
Pendant la Révolution française, les députés de l’Assemblée législative de 1791 les plus à gauche prirent le nom de Montagnards (formant le groupe de la Montagne) alors que les députés des bancs les plus modérés prenaient le nom de Plaine ou de Marais.
Si l’appellation « Girondins » pour qualifier le groupe des fidèles de Brissot renvoie à leur origine géographique bordelaise, celle de « Montagnards » continue de susciter des interrogations parmi les historiens. L'explication la plus courante est que ces députés siègent à gauche sur les bancs les plus élevés de cette assemblée, d’où la référence à la « Montagne » et à la « Plaine ». Cette opposition correspond plus généralement à la topographie politique parisienne puisque la gauche de l'Assemblée nationale était issue des milieux cléricaux des quartiers de la Montagne Sainte-Geneviève et se réunissaient au couvent des Cordeliers, tandis que la droite était issue des milieux financiers établis dans les quartiers de la plaine de la Rive droite (entre la Place Vendôme et le Palais royal) et se réunissaient au couvent des Feuillants[1]. Cette opposition se trouvait déjà dans un texte ancien que beaucoup de révolutionnaires connaissaient : la « Vie de Solon », issue des Vies parallèles, où Plutarque décrit en ces termes les divisions politiques à Athènes : « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie ; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire… ».
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Pierre-Louis Prieur, dit « Prieur de la Marne »
Favorables à la République, dominés par Georges Danton, Jean-Paul Marat et Maximilien de Robespierre, les montagnards connurent leur apogée au printemps de 1793 avec 300 députés à la Convention nationale, pour la plupart élus de la Seine et des grandes villes. Hostiles à la monarchie, favorables à une démocratie centralisée, les montagnards, proches de la petite bourgeoisie, s’appuyèrent sur les sans-culottes et combattirent âprement les Girondins, représentants de la bourgeoisie aisée, qu’ils finirent par évincer du pouvoir (2 juin 1793).
Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de Terreur. Les montagnards se scindèrent alors en plusieurs courants distincts, ceux qui étaient partisans d'une alliance avec le peuple et de mesures sociales - menés par Maximilien de Robespierre - et les tenants d'une Terreur ponctuelle - menés par Georges-Jacques Danton. Par ailleurs, plusieurs députés montagnards étaient proches des Enragés de Jacques Roux ou des Hébertistes menés par Jacques René Hébert.
Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures du club des Cordeliers. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794. Par la suite, ce fut au tour des Indulgents, qui menaient campagne pour renverser le gouvernement, mettre fin à la Terreur et négocier une paix rapide avec les monarchies coalisées, d'être éliminés. Arrêtés, ils sont condamnés à mort le 5 avril 1794 (4 germinal an II) et guillotinés.
Après la chute de Maximilien de Robespierre et de ses partisans le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), les montagnards (que l'on a pris l'habitude de qualifier de montagnards de l'an III, pour les distinguer des montagnards « dantonistes », qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux et réunis dans le groupe des Crêtois, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminés après les insurrections de germinal et de prairial.
Sous la Seconde République, les députés de l’extrême gauche (Armand Barbès, Alexandre-Auguste Ledru-Rollin) reprirent le nom de Montagne pour désigner leur groupe politique, tandis que les royalistes légitimistes les plus ultras, partisans de « l'appel au peuple » et convaincus que le suffrage universel aboutirait à rétablir la monarchie, adoptaient le nom de « Montagne blanche »[2].
Notes
- Louis Maitrier, Gauche-Droite, ou la localisation urbaine et l'origine des partis politiques, Paris, La Découvverte, 1997
- XIXe siècle, DUC/Albatros, Paris, 1987, p. 155, et R. Huard, « Montagne rouge et Montagne blanche en Languedoc-Roussillon sous la Seconde République », in Droite et gauche de 1789 à nos jours, Publications de l'université Paul-Valéry, Montpellier III, 1975, pp. 139-160. Stéphane Rials, Révolution et contre-révolution au
Bibliographie
- Alphonse Esquiros, Histoire des Montagnards, Librairie de la Renaissance, Paris, 1875 (édition de), 543 p.
- Albert Mathiez, Girondins et Montagnards, 1re édition : Firmin-Didot, Paris, 1930, VII-305 p. – Réédition en fac-simile : Éditions de la Passion, Montreuil, 1988, VII-305 p. (ISBN 2-906229-04-0)
- Jeanne Grall, Girondins et Montagnards : les dessous d'une insurrection : 1793, Éditions Ouest-France, Rennes, 1989, 213 p. (ISBN 2-7373-0243-9)
Voir aussi
Catégories :- Groupe politique de la Révolution française
- Convention nationale
- Fondation en 1793
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